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Définition: ÉTOFFE, substantif féminin.

Publié le 03/02/2016

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Définition: ÉTOFFE, substantif féminin. A.— Matière textile servant à l'habillement, à l'ameublement. Synonyme : tissu. Étoffe de coton; étoffe imprimée; coupon d'étoffe. Les mouflons du corral avaient été dépouillés de leur laine, et cette précieuse matière textile, il ne s'agissait donc plus que de la transformer en étoffe (JULES VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, page 311 ). À travers la souple et floconneuse étoffe de son complet, il respirait le bien-être par tous ses pores (ANDRÉ GIDE, Les Caves du Vatican, 1914, page 822) : Ø 1. Des satins clairs et des soies tendres jaillissaient d'abord (...). Puis, venaient des tissus plus forts, les satins merveilleux, les soies duchesse, teintes chaudes, roulant à flots grossis. Et, en bas, ainsi que dans une vasque, dormaient les étoffes lourdes, les armures façonnées, les damas, les brocarts, les soies perlées et lamées, au milieu d'un lit profond de velours... ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 487. Ø 2. Pierre, qui d'ordinaire ne s'occupait guère de ces détails, tâtait les étoffes, les froissait dans ses mains d'un air soupçonneux, ne trouvant rien d'assez beau pour sa promise. On fit choix d'une étoffe de soie, couleur gorge de pigeon, à reflets mauves et bleus, qui bruissait doucement et coulait dans leurs doigts, comme une eau changeante. ÉMILE MOSELLY, Terres lorraines, 1907, page 201. SYNTAXE : Étoffe de fil, de laine, de soie; étoffe fine, légère, transparente; étoffe épaisse, lourde; étoffe grossière, précieuse; étoffe brochée, brodée, satinée, unie; étoffe chatoyante, moelleuse; étoffe irrétrécissable, lavable; lisière d'une étoffe; métrage, pièce, rouleau d'étoffe; acheter, lever des étoffes; marchand d'étoffes. 1. [Par analogie d'aspect] De vieux troncs d'arbres (...) apparaissaient vêtus d'un incomparable velours vert, étoffe superbement feutrée de fines mousses moelleuses au tact (JULES MICHELET, L'Insecte, 1857, page XVII. ). Devant lui une terre vêtue de soleil, l'étoffe claire des prés, la laine des bois, le voile froncé de la mer (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Courrier Sud, 1928, page 14 ). — Spécialement. BEAUX-ARTS. " Draperies des figures peintes ou sculptées " (Jules Adeline, Lexique des termes d'art, 1884). La plus surprenante de ces statues (...) était celle de Moïse. Enveloppé d'un manteau dont l'étoffe aussi flexible qu'un véritable tissu, ondoyait en de souples plis (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Oblat, tome 2, 1903, page 120 ). 2. Par métaphore. Il n'est aucune forme d'art où n'apparaisse (...) ce souci de doubler la soie brillante de l'imagination avec l'étoffe solide de la science (PAUL BOURGET, Essais de psychologie contemporaine, 1883, page 181 ). Les anciennes idées qui faisaient bon usage, qui étaient taillées dans des étoffes comme on n'en fait plus (PAUL NIZAN, Les Chiens de garde, 1932, page 206) : Ø 3.... notre destin est un destin spatial et temporel. Il n'est pas un de nos actes qui ne soit taillé dans cette étoffe étendue et durable dont la réflexion moderne tend à penser qu'elle n'est qu'un même tissu sous deux éclairages. EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 299. Remarque : On rencontre dans Teilhard de Chardin l'expression étoffe de l'univers qui sert à désigner la matière dont l'univers est constitué. Historiquement, l'étoffe de l'univers va se concentrant en formes toujours plus organisées de matière (Le Phénomène humain, 1955, page 44). — Locutions et expressions figurées. · Ne pas épargner, ne pas plaindre l'étoffe. User largement de la matière, des moyens dont on dispose. Celle-ci (...) avait donné (...) des témoignages d'une admiration frénétique. Elle excellait en ce genre, et comme on le pense, elle n'y épargna pas l'étoffe cette fois (LOUIS REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale, 1842, page 80 ). · Tailler en pleine étoffe. Se servir sans contrainte (de quelque chose), avoir toute liberté pour agir. Le Cid, pour les Espagnols, était, depuis des siècles, un personnage épique : aussi le poëte dramatique, Guilhem de Castro, se sent à l'aise avec lui et y taille en pleine étoffe (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, tome 7, 1863-69, page 266 ). B.— TECHNOLOGIE. Matière servant à la fabrication de différents objets. 1. IMPRIMERIE. Les étoffes. Matériel nécessaire à l'impression. Confer Charles-Louis Carabelli, [Langage de l'imprimerie] . — Par extension. Somme demandée par l'imprimeur en plus des frais d'impression pour couvrir ses frais généraux de matériel et de fonctionnement et réaliser un bénéfice. Les privilèges d'imprimerie (...) prélèvent sur notre profession une sorte d'impôt représenté par ce qu'on appelle « les étoffes », c'est-à-dire le tiers du prix de main d'oeuvre (GÉRARD DE NERVAL, Léo Burckart, 1839, page 308 ). Les bénéfices que doit faire un imprimeur, ce monde de choses exprimées en langage d'imprimerie par le mot « étoffes » (HONORÉ DE BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, page 556 ). 2. MÉTALLURGIE. a) Alliage de fer et d'acier utilisé par les serruriers, taillandiers, couteliers pour la fabrication des gros instruments tranchants. b) Alliage dont se servent les potiers d'étain. Ces sens sont attestés dans Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842, DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)-Grand Larousse encyclopédique en dix volumes, DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892, Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, ARSÈNE DARMESTETER), DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT. c) Alliage d'étain et de plomb qu'utilisent les fabricants de tuyaux d'orgue. Ceux [les tuyaux d'orgue] qu'on ne voit pas sont en étoffe, alliage de plomb et d'étain (HENRI BOUASSE, Instruments à vent, 1930, page 277 ). d) Alliage de fer et d'acier utilisé pour la fabrication des canons. Mes canons y furent célèbres [à Aranjuez] dont j'avais de toutes les couleurs et de toutes étoffes, jusque-là que le comte-duc en fut jaloux (PAUL-JEAN TOULET, Le Mariage de Don Quichotte, 1902, page 96 ). 3. TANNERIE. Solution de sel marin et d'alun dans laquelle on fait tremper les peaux. Attesté dans Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842, DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle et du XX-20e. siècle (Pierre Larousse), DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892. C.— Au figuré. Ce qui constitue la personnalité d'un être humain ou la caractéristique d'une chose, produit de l'esprit humain. Être de la même/d'une autre étoffe que. 1. [En parlant d'une personne] Ce qui constitue la personnalité, ce qui définit les qualités ou les tares intellectuelles, morales de quelqu'un. Paresseux et gourmand, voilà dans quelle étoffe le gaillard est taillé! (THÉODORE DE BANVILLE, Odes funamb, 1859, page 146 ). Vraiment, c'est une chose absurde et injuste qu'on n'ait pas donné à notre corps l'étoffe de notre caractère (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1865, page 208 ). Cent fois vous serez touché des larmes de théâtre, et des morts de théâtre, enfin de toutes choses qui sont votre étoffe, mais que vous détachez de vous comme un vêtement, que vous suspendez sur l'acteur, qui court au malheur à votre place (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1935, page 1284) : Ø 4.... tout cela ramenait la pensée de celui qui la regardait vers la lignée qui lui avait légué cette insuffisance de sympathie humaine, des lacunes de sensibilité, un manque d'ampleur dans l'étoffe qui à tout moment faisait faute. MARCEL PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, page 688. — Locutions et expressions. · Être de basse, de mince étoffe (vieux). Être de naissance, de condition modeste(s). Il pourrait se faire, grâce à la conscription, que cet homme [un prisonnier français] fût d'une étoffe plus ou moins distinguée (JOSEPH, COMTE DE MAISTRE, Correspondance, 1811-14, page 295 ). Pour fuir la cour du roi Pétaud, Ou les croquants de mince étoffe, On emportait dans son château Son singe — avec son philosophe (LOUIS BOUILHET, Dernières chansons, 1869, page 84 ). · Avoir l'étoffe de. Avoir l'aptitude, les qualités (bonnes ou mauvaises) nécessaires pour accomplir certains actes, remplir certaines fonctions. Il y avait dans ce marin l'étoffe d'un diplomate. Il y a dans chaque Grec l'étoffe d'un marin (EDMOND ABOUT, La Grèce contemporaine, 1854, page 169 ). Le bon juge avait suffisamment l'étoffe d'un avocat pour que des électeurs aient pu y tailler un député (ALBERT THIBAUDET, Réflexions sur la littérature, 1936, page 59) : Ø 5. C'étaient de ces natures naines qui, si quelque feu sombre les chauffe par hasard, deviennent facilement monstrueuses. Il y avait dans la femme le fond d'une brute et dans l'homme l'étoffe d'un gueux. Tous deux étaient au plus haut degré susceptibles de l'espèce de hideux progrès qui se fait dans le sens du mal. VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 194. · Avoir de l'étoffe. Faire preuve de grandes qualités intellectuelles et morales, d'une personnalité affirmée. Antonymes : manquer d'étoffe, être de mince étoffe. La reine de Naples s'était beaucoup formée dans les événements, disait l'empereur. Il y avait chez elle de l'étoffe, beaucoup de caractère et une ambition désordonnée (EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 1, 1823, page 635 ). Je préfère cent fois un révolutionnaire convaincu (...) à un libéral. Il y a de l'étoffe dans le premier. Il n'y en a pas dans le second (LÉON DAUDET, Au temps de Judas, 1920, page 81 ). 2. [En parlant d'une manifestation de l'esprit humain, sentiment, pensée, etc.] Ce qui constitue le fond, la matière d'une chose. Les paroles du comte (...) répondaient aux sentiments de chasteté, de délicatesse qui sont pour ainsi dire l'étoffe des premières amours (HONORÉ DE BALZAC, Le Lys dans la vallée, 1836, page 141 ). On ne voit pas de quoi serait faite l'étoffe des rêves de Beethoven, si elle ne l'était de l'étoffe même de cet univers, avec lequel nous faisons corps (ROMAIN ROLLAND, Beethoven, tome 1, 1937, page 21) : Ø 6. Tandis que le philosophe (...) se fonde (...) sur ce fait que la religion catholique, comme toute autre forme religieuse, est fausse et constitue une superstition, l'esprit clairvoyant du politique sachant que la superstition, le préjugé, la croyance sont l'étoffe et l'unique tissu du réel, se préoccupe uniquement de rechercher quelle forme du préjugé est utile à la réalité française... JULES DE GAULTIER, Le Bovarysme, 1902, page 300. — Spécialement. [En parlant d'un ouvrage de l'esprit] Ce qui en constitue le sujet, la matière. Retourné au journal, où l'on m'a communiqué des notes manuscrites sur la Russie. Bonne étoffe d'article! (JULES BARBEY D'AUREVILLY, Memorandum 2, 1839, page 279 ). Beaucoup de destinées qui sont dramatiques ne fournissent pas l'étoffe d'un roman, parce qu'elles manquent de péripéties (FRANÇOIS MAURIAC, Plongées, 1938, page 10) : Ø 7. De là est venu ce défaut (...) dans les tragédies françaises : cette parcimonie de scènes et de développements, ces faux retardements, et puis tout à coup cette hâte d'en finir, mêlée à cette crainte que l'on sent presque partout de manquer d'étoffe pour remplir le cadre de cinq actes. ALFRED DE VIGNY, Lettre à Lord... sur la soirée du 24 octobre et sur son nouveau système dramatique, 1829, page 269. Remarque : On rencontre dans Huysmans étoffiste, substantif masculin Peintre habile dans l'art de bien représenter les étoffes. La patte même de l'ancien étoffiste n'y est plus. Les robes qu'il brossait dextrement jadis sont en bois tubulé et en fer (Art moderne, 1883, page 159). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 2 340. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 2 272, b) 4 231; XXe. siècle : a) 3 802, b) 3 463. Forme dérivée du verbe "étoffer" étoffer ÉTOFFER, verbe transitif. A.— Emploi transitif. 1. Confectionner, garnir (quelque chose) en employant toute l'étoffe nécessaire. La couturière n'a pas bien étoffé cette robe (Dictionnaire de l'Académie française. 1878-1932). 2. Par extension. Rendre (quelque chose) plus volumineux, plus important en nombre ou en proportions. Embarquer ces volontaires sur des bateaux, (...) puis (...) les diriger vers le front, où ils étofferaient nos unités (MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, tome 2, 1931, page 449 ). Chez l'un d'eux, Thomas Moore, j'ai fait l'apprentissage de mon premier métier; il avait alors des favoris gris qui étoffaient un visage maigre et grave (JACQUES CHARDONNE, Le Ciel dans la fenêtre, 1959, page 37 ). — Spécialement. · BEAUX-ARTS. Étoffer une statue. Lui donner plus d'ampleur, en l'agrémentant de draperies flottantes. Attesté dans DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892, Grand Larousse encyclopédique en dix volumes-Larousse de la Langue française. · ART CULINAIRE. Étoffer un poisson, une volaille. Les garnir de farce. L'oiseau ainsi préparé, il s'agit de l'étoffer (JEAN-ANTELME BRILLAT-SAVARIN, Physiologie du goût ou Méditations de gastronomie transcendante, 1825, page 346 ). 3. Au figuré. Rendre (quelque chose) plus important, lui donner plus de matière, de force, d'intensité. Rien ne me gêne autant que la renommée d'un paysage (pour l'oeuvre d'art, il n'en va pas de même : l'admiration l'étoffe et l'épaissit...) (ANDRÉ GIDE, Journal, 1946, page 288 ). Les parfums remplissent l'air immobile et semblent étoffer le silence (ALBERT T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1963, page 184 ). — Spécialement. · [En parlant d'un son, en particulier du timbre de la voix] Lui donner plus de puissance. L'exercice commençait (...). Tout cela eût été bien ridicule, sans cette basse profonde du canon, cet accompagnement continuel qui donnait de l'aisance et de l'ampleur à nos manoeuvres, étoffait les commandements trop grêles (ALPHONSE DAUDET, Contes du lundi, 1873, page 162 ). Les fraîches voix de ces choristes invisibles, qu'à certaines représentations de gala on fait soutenir et étoffer la voix fatiguée d'un vieux ténor (MARCEL PROUST, Chroniques, 1922, page 92 ). · [En parlant d'une oeuvre littéraire ou musicale] La rendre plus dense, plus riche; lui donner plus d'ampleur. Je devrais étoffer certaines répliques du « Cousin », un peu trop rapides (JULES RENARD, Journal, 1908, page 1209 ). Dans l'instrumentation du quatuor, Génin affectionne l'usage de pédales graves dont il étoffe la partie du deuxième violon (LIONEL DE LA LAURENCIE, L'École française de violon, 1923, page 418) : Ø ... les chroniqueurs, par contre, désireux de dépasser le journalisme, donneraient volontiers deux litres de leur sang pour être, de leur vivant, élevés à la dignité d'historiens. C'est pourquoi ils étoffent et étayent les faits quotidiens de considérations générales. PAUL MORAND, Chroniques de l'homme maigre, 1941, page 150. Étoffer un personnage. Lui conférer plus de caractère, plus d'importance. Je ne parle jamais d'Évariste, je ne le dilapide, je ne l'éparpille pas; je l'étoffe depuis près d'un demi-siècle; il a acquis une densité prodigieuse (ALEXANDRE ARNOUX, Algorithme, 1948, page 305 ). B.— Emploi pronominal. 1. [En parlant du corps] Devenir plus gros, plus important dans ses proportions. Achetés petits, d'une apparence de sangliers presque, ils [les porcs] ne tardent pas en s'étoffant à se charger de viande (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, page 218 ). Je grandis, je grossis, je m'étoffais à tel point que Marcelline me retrouve (LOUISE DE VILMORIN, La Lettre dans un taxi, 1958, page 87 ). 2. [En parlant d'un ensemble de personne ou de choses] Devenir plus fourni. Voici l'assiégeant, un petit groupe qui s'étoffe vite (ALEXANDRE ARNOUX, Algorithme, 1948 page 214 ). — Au figuré. Il [Gilles de Rais] fut despotique et violent, faible pourtant lorsque les louanges de ses parasites s'étoffèrent (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Là-bas, tome 2, 1891, page 96 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 3 DÉRIVÉS : Étoffement, substantif masculin. a) Assemblage d'étoffes. De vieilles petites créatures, sèches et ratatinées, emballées dans un étoffement carré de grosses étoffes de laine (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1856, page 258 ). b) BEAUX-ARTS. Action d'étoffer, de donner de l'ampleur aux draperies. Le peintre de très charmants tableaux, le dessinateur de modes [Watteau le fils] , qui, dans une toilette de femme, a apporté une espèce de style grandiose, et qui (...) étonne par l'ampleur de ses étoffements superbes (EDMOND DE GONCOURT, La Maison d'un artiste, 1881, page 176 ).

« étendue et durable dont la réflexion moderne tend à penser qu'elle n'est qu'un même tissu sous deux éclairages. EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 299. Remarque : On rencontre dans Teilhard de Chardin l'expression étoffe de l'univers qui sert à désigner la matière dont l'univers est constitué.

Historiquement, l'étoffe de l'univers va se concentrant en formes toujours plus organisées de matière (Le Phénomène humain, 1955, page 44). — Locutions et expressions figurées. · Ne pas épargner, ne pas plaindre l'étoffe.

User largement de la matière, des moyens dont on dispose.

Celle-ci (...) avait donné (...) des témoignages d'une admiration frénétique. Elle excellait en ce genre, et comme on le pense, elle n'y épargna pas l'étoffe cette fois (LOUIS REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale, 1842, page 80 ). · Tailler en pleine étoffe.

Se servir sans contrainte (de quelque chose), avoir toute liberté pour agir.

Le Cid, pour les Espagnols, était, depuis des siècles, un personnage épique : aussi le poëte dramatique, Guilhem de Castro, se sent à l'aise avec lui et y taille en pleine étoffe (CHARLES- AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, tome 7, 1863-69, page 266 ). B.— TECHNOLOGIE.

Matière servant à la fabrication de différents objets. 1.

IMPRIMERIE.

Les étoffes.

Matériel nécessaire à l'impression.

Confer Charles-Louis Carabelli, [Langage de l'imprimerie] . — Par extension.

Somme demandée par l'imprimeur en plus des frais d'impression pour couvrir ses frais généraux de matériel et de fonctionnement et réaliser un bénéfice.

Les privilèges d'imprimerie (...) prélèvent sur notre profession une sorte d'impôt représenté par ce qu'on appelle « les étoffes », c'est-à-dire le tiers du prix de main d'oeuvre (GÉRARD DE NERVAL, Léo Burckart, 1839, page 308 ).

Les bénéfices que doit faire un imprimeur, ce monde de choses exprimées en langage d'imprimerie par le mot « étoffes » (HONORÉ DE BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, page 556 ). 2.

MÉTALLURGIE. a) Alliage de fer et d'acier utilisé par les serruriers, taillandiers, couteliers pour la fabrication des gros instruments tranchants. b) Alliage dont se servent les potiers d'étain. Ces sens sont attestés dans Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842, DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, Grand dictionnaire universel du XIXe.

siècle (Pierre Larousse)-Grand Larousse encyclopédique en dix volumes, DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892, Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, ARSÈNE DARMESTETER), DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT. c) Alliage d'étain et de plomb qu'utilisent les fabricants de tuyaux d'orgue.

Ceux [les tuyaux d'orgue] qu'on ne voit pas sont en étoffe, alliage de plomb et d'étain (HENRI BOUASSE, Instruments à vent, 1930, page 277 ). d) Alliage de fer et d'acier utilisé pour la fabrication des 2. »

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