Définition: ÉVAPORATION, substantif féminin.

Définition: ÉVAPORATION, substantif féminin. A.— Emploi concret. 1. [Désigne un phénomène naturel] a) Passage progressif de l'eau à l'état gazeux à partir de la surface libre d'une étendue d'eau, du sol ou d'un végétal. Évaporation lagunaire, évaporation spontanée des eaux. On a trouvé que l'évaporation du feuillage d'un grand chêne montait à des milliers de tonneaux par an (JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 84 ). Le Kara Bogaz ne tarderait pas à s'assécher si l'eau de la Caspienne ne s'engouffrait dans le chenal pour compenser la perte de niveau provoquée par l'évaporation dans le golfe (JEAN STOCKER, Le Sel, 1949, page 42) : Ø 1.... les journées sont presque toujours belles. Elles se lèvent parfois dans le brouillard (...) il se dissipe de lui-même, en laissant des milliers de gouttes d'eau suspendues aux buissons, ou aux épis, qui se mettent à fumer légèrement, dès que le soleil est assez fort pour provoquer leur évaporation. HENRI BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, page 120. Remarque : 1. Certains dictionnaires techniques mentionnent dans ce même sens, évapotranspiration, substantif féminin " Évaporation biologique ou physiologique ". Une partie de la dissipation des eaux superficielles ou contenues dans le sol se fait par des processus biologiques d'évapotranspiration (DICTIONNAIRE DE LA GÉOGRAPHIE (PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE PIERRE GEORGE), 1970). 2. La documentation atteste des exemples où l'évaporation concerne des phénomènes physiologiques. Évaporation cutanée. Dans l'alimentation, l'eau tient une place importante (...) Elle est éliminée par l'évaporation pulmonaire, la sueur, l'urine, les matières fécales (MAXIME MACAIGNE, Précis d'hygiène, 1911, page 213). Le vent du nord-est règne toujours et ralentit un peu notre évaporation (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Terre hommes, 1939, page 230). b) Par métonymie. La vapeur qui se forme à la surface d'un liquide, d'un corps solide. Le soleil maintenant (...) séchait sur eux leurs dolmans détrempés (...) et petit à petit, de leurs bras, de leurs jambes, de leurs épaules (...) de leurs larges derrières tendus, une évaporation se dégageait (GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, 2e. partie, IX, page 199 ). Je cherchais la mer, réfugiée (...) derrière une évaporation qui dépolissait le soleil (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Paysages et portraits, 1954, page 109 ). 2. [Désigne un phénomène artificiel, provoqué volontairement] Passage progressif d'un liquide à l'état gazeux sous l'action d'une source de chaleur ou d'un corps qui provoque sa vaporisation. Évaporation dans le vide, d'une solution; courbe d'évaporation; lois de l'évaporation. L'évaporation a pour objet, soit de concentrer une dissolution, soit de séparer un ou plusieurs liquides des matières fines avec lesquelles ils sont mélangés ou combinés (LOUIS SER, Traité de physique industrielle, tome 2, 1890, page 355 ). La cristallisation des sels est due à l'évaporation de l'eau qui les avait dissous (HÉLÈNE METZGER, La Genèse de la science des cristaux, 1918, page 172 ). La vaseline est le résidu de l'évaporation lente des huiles de graissage légères (JEAN-JACQUES CHARTROU, Pétroles naturels et artificiels, 1931, page 145) : Ø 2. L'évaporation d'un liquide consiste en ce que certaines molécules quittent la surface de séparation pour pénétrer dans l'espace occupé par la phase gazeuse. Le nombre de ces molécules est proportionnel à la vitesse moyenne d'agitation thermique. MARIE SKLODOWSKA, MADAME CURIE, L'Isotopie et les éléments isotopes, 1924, page 192. SYNTAXE : Évaporation active, lente; évaporation à siccité; appareil, cycle, fourneau, poêle, surface, vitesse d'évaporation; capsule, machine à évaporation. Remarque : La documentation atteste un emploi analogique en physique où l'évaporation concerne une particule élémentaire. À une température donnée, la sortie des électrons du métal, leur évaporation, n'est pas indéfinie (J. MERCIER, Radio-électricité, tome 1, 1937, pages 94-95).p. 94-95). Spécialement. Opération par laquelle on obtient le sel marin à partir de l'eau qui le contient. L'eau salée remontée au jour, il s'agit de séparer l'eau du sel. C'est à l'évaporation que l'on fait appel pour effectuer cette séparation. L'eau s'échappe sous forme de vapeur, le sel reste dans le récipient (JEAN STOCKER, Le Sel, 1949, page 55 ). 3. Par analogie. Ce qui se dégage d'un corps et se répand au dehors en gardant son individualité ou en disparaissant Ce n'est pas de l'air qu'on respire ici... c'est une évaporation de myrthe et de roses! (EUGÈNE LABICHE, Les Trente millions de Gladiator, 1875, I, 1, page 7 ). B.— Au figuré, rare. 1. Le fait de disparaître, de se fondre dans une autre réalité. Évaporation du temps. Un narguilhé à côté de soi (...) des choses dans la tête qui ne seraient plus qu'à moitié des idées, une toute douce évaporation de son être dans un bonheur de nuage (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Manette Salomon, 1867, page 44 ). Elzélina (...) repliée, couvait la lente évaporation de son plaisir (ALEXANDRE ARNOUX, Roi d'un jour, 1956, page 89 ). Hélas, le génie est une question de dosage immédiat et de lente évaporation (JEAN COCTEAU, Poésie critique1, 1959, page 133 ). 2. Vieilli. Légèreté d'esprit. Il y a un peu d'évaporation dans son fait (Dictionnaire de l'Académie française. ). Des deux côtés on a reconnu ses torts et (...) on tâche de se corriger, en diminuant de part et d'autre ses évaporations (PROSPER MÉRIMÉE, Lettres à la comtesse de Boigne, 1870, page 233 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 93.