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DÉGAINE, (DÉGAINE, DÉGAÎNE) substantif féminin.

Publié le 13/12/2015

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DÉGAINE, (DÉGAINE, DÉGAÎNE) substantif féminin.  

A.—  [Généralement avec un déterminant adjectif ou complément prépositionnel de précisant le type d'allure] 

1. Populaire ou familier et péjoratif.  Façon de se tenir, allure (généralement mauvaise ou excentrique). Dégaine louche, dégaine de noceur. Je prends leur allure, une dégaine peuple, ouvrière, carrée, lourde (LÉON FRAPIÉ, La Maternelle,  1904, page 93 ). Ta dégaine de tocard, ta gueule pas bien franche, tes airs de cochonnier sournois (MARCEL AYMÉ, Clérambard,  1950, IV, 1, page 190) : 

Ø 1. Tout autour de lui, des Anglais foisonnaient : des dégaines de pâles clergymens, vêtus de noir de la tête aux pieds, avec des chapeaux mous...

GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, À rebours,  1884, page 176. 

2. En particulier, souvent ironiquement.  Allure, comportement dénotant un écart recherché, étrange ou en marge par rapport à la norme sociale. [Ils] commençaient à l'admirer, précisément à cause de sa dégaine étrange et de sa façon nouvelle de relever ses lunettes (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Lucien Leuwen, tome 3, 1836, page 19 ). L'essentiel en ces courtes fantaisies [certaines petites ballades de Victor Hugo] c'est l'allure, la tournure, la dégaîne cléricale (THÉOPHILE GAUTIER, Histoire du romantisme, 1872, page 56 ). Ces yeux bleus, le crâne chauve, cette dégaine de pédéraste soigné? (ELSA TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs,  1945, page 322) : 

Ø 2. Il y avait (...) un prêtre américain; du moins c'est ainsi que le courrier l'a baptisé en voyant sa dégaine...

HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Correspondance, tome 2, 1800-42, page 308. 

3. [En parlant d'une chose ou d'un animal]  Rare. J'ai fini par lui couper [au chien] une patte de derrière et une patte de devant : ça lui faisait une si drôle de dégaîne (...) que j'en riais à crever (EUGÈNE SUE, Les Mystères de Paris, tome 3, 1842-43, page 46 ). Son pantalon avait exactement la même dégaine que celui de M. de Coëtquidan (HENRI DE MONTHERLANT, Les Célibataires, 1934, page 741 ). 

B.—  Par extension, familier.  Allure originale (volontiers sympathique ou attirante). Dégaine vieille France. S'imaginerait-on jamais, à voir ma pimpante dégaine, que la faim, logée dans mon ventre, y tire, —  la bourrelle! —  une corde qui m'étrangle (LOUIS BERTRAND, DIT ALOYSIUS BERTRAND, Gaspard de la nuit,  1841, page 101 ). C'est votre dégaine de paysan qui vous sauve, et vos yeux de loup amoureux (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Vagabonde,  1910, page 216 ). Amalric. —  Un regard m'a suffi. La même que je reconnaissais. La même dégaine (PAUL CLAUDEL, Partage de midi, 1906, I, page 1075 ). 

—   [Avec un complément nom de chose en emploi métaphorique]  Cette dégaine de ballon captif l'apparentait [Apollinaire] au personnage Dimanche du Nommé Jeudi de Chesterton (JEAN COCTEAU, La Difficulté d'être,  1947, page 157 ). 

Fréquence absolue littéraire Dégaine : 22. 

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