DÉPLOIEMENT, substantif masculin.

DÉPLOIEMENT, substantif masculin.  

A.—  Action de déployer; résultat de cette action. Déploiement d'ailes. Je retournais à mon lit, avec volupté, retrouvais l'indépendance, la liberté de faire de grands déploiements de jambes (HENRI DE MONTHERLANT, La Petite Infante de Castille,  1929, page 616 ). Ils ont rejoint leurs navires, et ils sont partis simplement, sans artillerie, sans déploiement d'étendards (ALBERT T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol,  1933, page 163) : 

Ø 1. Augustin n'ayant jamais assisté aux cérémonies de l'extrême-onction, ne servait à rien. Il voyait des déploiements de linges, des déblaiements de tables...

JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 2, 1933, page 323. 

B.—  Par extension. 

1. Extension, étalement sur un grand espace. Alors, Fontan s'installa sur la table, avec un grand déploiement de plume, d'encre et de papier (ÉMILE ZOLA, Nana,  1880, page 1304) : 

Ø 2. Devant les restaurants, les terrasses, disproportionnément élargies par le déploiement des chaises et des tables, faisaient l'obstruction plus complète...

ANDRÉ GIDE, Le Prométhée mal enchaîné,  1899, page 338. 

—  Spécialement. Le 14 août (...), le déploiement stratégique des Allemands sur leur base devait être terminé (MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, tome 1, 1931, page 243 ). Les milliers de manifestants (...) qui, malgré les déploiements de la police, obstruaient toutes les rues (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 449 ). 

2. Étendue. Déploiement de lointains, d'horizons. Cette plage au déploiement superbe et infini (JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Reflets sur la sombre route, 1899, page 217 ). Sur le large déploiement de la plaine (...) suinte et coule dans l'herbe le grand front de troupeau des autres (JEAN GIONO, Le Grand troupeau,  1931, page 248 ). 

C.—  Au figuré. 

1. Large mise en oeuvre. Ils avaient à lutter contre de tels périls, qu'il y fallut un déploiement de courage sans exemple (FRANÇOIS GUIZOT, Histoire générale de la civilisation en Europe depuis la chute de l'Empire romain jusqu'à la Révolution française,  1828, page 34 ). Il en était venu (...) à implorer du hasard (...) quelque entreprise qui demandât le déploiement de ses forces morales et physiques inactives (HONORÉ DE BALZAC, La Fille aux yeux d'or,  1835, page 358) : 

Ø 3. Verdun formidablement assailli, formidablement défendu, n'avait exigé de vous que le déploiement de vos magnifiques qualités militaires...

PAUL VALÉRY, Variété IV,  1938, page 81. 

2. Étalage, exhibition. Je lis dans Taine (...) le récit des fêtes et des moeurs de la Renaissance (...) il y a quelque temps, tout ce déploiement de richesses m'eût laissé froid (ANDRÉ GIDE, Journal,  1891, page 21 ). Le brutal déploiement de la force autrichienne (CHARLES MAURRAS, Kiel et Tanger,  1914, page XVII) : 

Ø 4.... elle nous avait fort dégoûtés par le déploiement d'une douleur sublime. Ayant enterré sa grand'mère, huit jours auparavant, elle avait décidé de nous étonner du faste de sa piété filiale et nous avait servi, toute la journée, une larmoyante gueule...

LÉON BLOY, Journal,  1902, page 117. 

—   [Sans complément du nom]  La solitude humaine conçue sous l'aspect de gigantesques forces hostiles s'abattant avec un déploiement inutile sur un être courbé (CHARLES DU BOS, Journal,  1923, page 219 ). 

3. Développement, épanouissement. Il [le Gothique] est, en un mot, le déploiement de l'âme dont l'architecture romane énonce le repliement (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, La Cathédrale,  1898, page 67 ). Imaginez qu'un heureux déploiement de cette tendance nouvelle (CHARLES MAURRAS, L'Avenir de l'intelligence,  1905, page 96 ). La civilisation qui a pour but le déploiement de la nature humaine (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 9, 1911, page 23) : 

Ø 5.... si même il [Hitler] était allé encore plus loin on eût assisté seulement au déploiement de plus en plus ample d'un dynamisme irrésistible et au renforcement de plus en plus violent des principes cyniques qui, seuls, étaient capables de servir ce dynamisme.

ALBERT CAMUS, L'Homme révolté,  1951, page 255. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 241. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 174, b) 214; XXe.  siècle : a) 438, b) 497.