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DÉPOURVU, -UE, participe passé, adjectif et substantif.

Publié le 07/01/2016

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DÉPOURVU, -UE, participe passé, adjectif et substantif.  

I.—  Participe passé de dépourvoir* 

II.—  Emploi adjectival. 

A.—  Domaine concret et domaine intellectuel. 

1. [Construction avec de]  Qui n'a pas, ne possède pas (un attribut possible, une caractéristique). Plantes dépourvues de chlorophylle; corsage dépourvu de dentelles. (Quasi-)synonyme : sans; antonyme : pourvu (de). Terrains vagues, souvent dépourvus de palissades (LÉON-PAUL FARGUE, Le Piéton de Paris,  1939, page 67 ). Liaisons (...) dépourvues de lendemains (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances,  1946, page 200) : 

Ø 1. Les façades occidentales des églises romanes étaient originairement dépourvues de tours.

ALBERT LENOIR, L'Architecture monastique.  1956, page 61. 

SYNTAXE : Fleurs dépourvues de corolle; cheminée dépourvue d'ornements; talons dépourvus d'éperons; paysage, région, îlot dépourvu de pierres, d'ombrage, de végétation; une espèce humaine dépourvue d'histoire. 

—  Spécialement.  [En parlant d'objet de fabrication humaines]  Qui n'est pas équipé (de). Appartement dépourvu du chauffage central; maisons dépourvues d'électricité, de provisions, de réserves, de caves. Antonymes : équipé (de), doté (de). Même dépourvues de prétention artistique, les maisons les plus ordinaires (...) durent contribuer à une physionomie d'ensemble (LOUIS HOURTICQ, Histoire générale de l'art, La France, 1914, page 385 ). 

—  Par extension.  Qui manque (d'une possession normale, des attributs habituels...). Adulte dépourvu de ressources; personne dépourvue de dents; ouvrier dépourvu d'outils. Le plus grand nombre des hommes en est dépourvu [d'imagination] (EUGÈNE DELACROIX, Journal,  1857, page 44 ). La crête la plus haute, la plus dépourvue de chemins (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre,  1956, page 270) : 

Ø 2. —  Mon vieux Templerot! s'exclamait cet homme disert, soudain dépourvu de mots.

—  Sacré Jacques! répondait le curé...

HERVÉ BAZIN, Vipère au poing,  1948, page 149. 

SYNTAXE : Pays dépourvu de marine de guerre; monde disloqué et dépourvu d'orientation; êtres dépourvus de la beauté physique, privés de ressources et dépourvus de domicile. 

2. emploi absolu.  [En parlant d'une personne, de la vie, etc.]  Démuni, sans ressources. Une vie toute dépourvue; adolescents dépourvus et sans avenir; le plus dépourvu des hommes; pauvre et dépourvu. Antonyme : nanti. Deux soeurs (...) fort dépourvues (...) [et non] mariées (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Génie latin,  1909, page 40) : 

Ø 3. Il y a eu dans le monde autant de pestes que de guerres. Et pourtant pestes et guerres trouvent les gens toujours aussi dépourvus. Le docteur Rieux était dépourvu, comme l'étaient nos concitoyens, et c'est ainsi qu'il faut comprendre ses hésitations...

ALBERT CAMUS, La Peste,  1947, page 49. 

B.—  [Avec un jugement de valeur; en parlant du comportement, des sentiments ou de l'activité humaine]  Privé, dénué (d'un élément utile, agréable...). Phrases, paroles dépourvues de sens; livre dépourvu d'intérêt; séjour dépourvu de charmes. Cette génération finira mal. Elle est entièrement dépourvue d'enthousiasme (PROSPER MÉRIMÉE, Lettre inconnue, 1870, page 143 ). La plus jolie servante du monde était dépourvue d'attraits (MARCEL AYMÉ, Uranus,  1948, page 214) : 

Ø 4.... les marionnettes ne se mouvaient que péniblement, avec des gestes ébauchés, dépourvus de netteté et de coupant..

ALEXANDRE ARNOUX, Zulma, l'infidèle.  1960, page 245. 

SYNTAXE : Personne dépourvue d'amour-propre, de bonhomie, de cordialité, de dignité, de toute délicatesse, d'humanité, de scrupules; âme dépourvue d'ambition, de charité, de douceur, d'espérance, d'idéal, d'indulgence, de moralité, de tendresse; adulte dépourvu d'expérience, d'instruction, d'intelligence, de principes, de sagesse; jugement, rapprochement, raisonnement dépourvu de fondement, de justesse, de logique, de nuances; désignation, expression dépourvue d'intérêt scientifique, de signification; réponse dépourvue d'aménité. 

—   [Construction négative]  N'être pas dépourvu de....  Posséder (tel caractère). Esprit non dépourvu de finesse, de sens critique pratique ou moral, d'intérêt. Un jeune rabbin, qui n'était dépourvu ni d'ingéniosité, ni d'orgueil, ni d'un certain talent littéraire (JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, Petite histoire des Juifs,  1928, page 119 ). Les grands n'étaient pas toujours dépourvus d'âme et le peuple avait beaucoup d'esprit (JACQUES CHARDONNE, Le Bonheur de Barbezieux,  1938, page 12) : 

Ø 5.... il [Sully Prudhomme] se mêlait difficilement, et resta toujours isolé, bien qu'ayant collaboré aux divers Parnasses dont le premier contient son chef-d'oeuvre peut-être, les Écuries d'Augias, où le poète si correct prouva magistralement qu'il n'était dépourvu ni de chaleur ni de couleur.

PAUL VERLAINE, Œuvres complètes, tome 4, Mémoires d'un veuf, 1886, page 265. 

SYNTAXE : Personne non dépourvue d'agréments, d'attentions, d'attraits, de brillant, de charmes, de curiosité, de désirs, de desseins, d'imagination, de mémoire, de motifs, de qualités, de raison, de séduction, de sensibilité, de talents, de valeur. 

III.—  Emploi comme substantif. Au dépourvu,  locution adverbiale. 

A.—  Vieux.  [Avec des verbes d'état être, se trouver...]  À un moment où l'on manque du nécessaire. (Quasi-)synonyme : à court ou de court. Le ménage Bélisaire se trouvait lui aussi tout à fait au dépourvu par suite de ses frais de noces et d'installation (ALPHONSE DAUDET, Jack, tome 2, 1876, page 336) : 

Ø 6. Me voilà en face d'un avenir qui n'offre rien de solide, et presque au dépourvu dans le présent, car la maladie de mon ermite, la perte de mon temps, les remèdes (...) ont fort entamé ma réserve...

AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Monsieur Sylvestre,  1866, page 127. 

B.—  Moderne.  [Avec les verbes d'état, les verbes prendre, saisir, et des verbes désignant un phénomène]  Sans que l'on soit en mesure de réagir, de résoudre la difficulté, etc. Prendre, saisir quelqu'un au dépourvu. Surprendre. Prendre la prudence de quelqu'un au dépourvu; cette visite, cette proposition le prend au dépourvu. (Quasi-)synonymes : à l'improviste, inopinément. L'argent dont il pouvait avoir besoin pour ce voyage qui le prenait au dépourvu (HONORÉ DE BALZAC, Béatrix,  1839-45, page 107 ). Labarthe (...) objecta qu'il fallait pourtant prévoir, combiner, ne pas se laisser prendre au dépourvu par les circonstances (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Orme du mail.  1897, page 177) : 

Ø 7. Je le voyais venir depuis un bon moment, mais j'étais quand même prise au dépourvu.

—  Je vous le propose : c'est oui ou c'est non?

SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins,  1954, page 72. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 988. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 1 355, b) 881; XXe.  siècle : a) 1 159, b) 1 876. 

 

Forme dérivée du verbe \"dépourvoir\"

 dépourvoir

DÉPOURVOIR, verbe transitif.  

Vieux.  [Seulement à l'infinitif et aux temps composés]  Priver, dégarnir de ce qui est nécessaire. Il ne faut pas dépourvoir de munitions une place de guerre (Dictionnaire de l'Académie française.  1798-1932). 

—  Emploi pronominal. Il s'est dépourvu de tout pour élever ses enfants (Dictionnaire de l'Académie française.  1798-1878). 

Remarque : Ces exemples lexicographiques repris ou adaptés par de nombreux dictionnaires ne correspondent à aucun usage attesté dans la documentation Les dictionnaires les plus récents (DICTIONNAIRE DE FRANÇAIS CONTEMPORAIN  (JEAN DUBOIS), Pet IT DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE  (PAUL ROBERT), Grand Larousse de la Langue française en six volumes, Dictionnaire de la langue française Lexis, Larousse 1975) n'ont pas d'entrée dépourvoir. 

 

 

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