DÉRATÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif.

DÉRATÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif.  

I.—  Participe passé de dérater* 

II.—  Emploi adjectival.  [En parlant d'un chien]  Qui a été privé de sa rate pour pouvoir courir plus vite : 

Ø 1. Dès que la rate a été enlevée, les animaux cessaient de grossir, ce qui fait qu'au bout de 2 jours on reconnaissait le chien dératé à sa plus petite taille parce que les autres qui étaient de même taille au moment de l'opération l'avaient dépassé en grosseur.

CLAUDE BERNARD, , Cahier de notes (1850-1860),  1860, page 35. 

III.—  Emploi comme substantif.  [Précédé d'un verbe de mouvement]  Comme un/une dératé(e). Très vite. La femme courait comme une dératée dans les labours (JEAN GIONO, Le Grand troupeau,  1931, page 34) : 

Ø 2. Pour faire un bon farceur (...) il faut savoir des choses dans sa tête; et d'abord savoir marcher. (...) Une supposition : un qui s'en irait à Valbuisson comme un dératé chercher le courrier pour Claquebue, qu'est-ce qui arriverait? en s'en revenant il tirerait la jambe...

MARCEL AYMÉ, La Jument verte,  1933, page 97. 

—  Par extension.  De toutes ses forces : 

Ø 3.... à quoi pense-t-il, ce Dieu, de laisser croire comme ça qu'il est avec tout le monde? Pourquoi nous laisse-t-il tous, tous, crier côte à côte comme des dératés et des brutes : « Dieu est avec nous! » « Non, pas du tout, vous faites erreur, Dieu est avec nous! ».

HENRI BARBUSSE, Le Feu,  1916, page 311. 

 Fréquence absolue littéraire : 14. 

Forme dérivée du verbe \"dérater\"

 dérater

DÉRATER, verbe.  

A.—  Emploi transitif.  [Le complément d'objet désigne un chien]  Enlever la rate pour faire courir plus vite. On a quelquefois dératé des chiens, pour voir s'ils en seraient plus agiles (Dictionnaire de l'Académie française.  1835, 1878). 

—  Par métaphore : 

Ø 1. Je viens en coureur; on n'a pas encore eu le temps de me faire dérater; voilà pourquoi je m'essouffle.

ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Les Gardes forestiers,  1865, II, 7, page 190. 

B.—  Emploi pronominal réfléchi ou, pluriel rarement intransitif, populaire.  Courir le plus vite possible. Je me suis élancé au galop (...) il fallait que je me désosse! (...) je rassemblais (...) des idées (...) tout en dératant! et dans la fièvre du galop il me montait une vache suspicion (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit,  1936, page 632) : 

Ø 2.... l'instant foireux où tous les magasins relâchent leurs petits maniaques, leurs employés trop ingénieux... Tous les folichons sont en bombe! (...) Ils se précipitent, ils sont nu-tête, ils cavalent derrière l'omnibus! (...) Ils se dératent, ils se décarcassent! (...) Ils courent comme des zèbres.

LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit,  1936 page 536. 

Remarque : On rencontre dans la documentation le substantif masculin dératage.  Course. C'est ça qui nous a manqué! ... Toujours! ... Quelque chose de fixe! Ça ne sera plus comme depuis vingt ans! un dératage perpétuel! Mon Dieu! Toujours à la chasse aux « cent sous! » et les clientes qui ne payent jamais! (LOUIS-FERDINAND CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 363). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 3