Dictionnaire en ligne: DÉBIT1, substantif masculin. A.— Découpage du bois en pièces prêtes à l'emploi. Le débit du châtaignier en planches ou en échalas est plus profitable qu'en bois à brûler (Dictionnaire de l'Académie française. ). Le débit, la coupe et le polissage des bois (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Monsieur Bergeret à Paris, 1901, page 88 ). B.— Par analogie. 1. Vente continue au détail. Cela n'est pas de débit; marchandises, étoffes de débit, de bon débit, de mauvais débit (Dictionnaire de l'Académie Française). Le rapide débit de cette partition [la Création] augmenta de quelques centaines de louis la médiocre fortune de l'auteur (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1817, page 162) : Ø 1.... peut-être, à y bien regarder, est-ce le recueil [les Émaux et Camées] qui depuis les grands succès des Musset, des Hugo, des Lamartine, a eu le plus de débit... CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, tome 6, 1863-69, page 332. — Par métonymie. a) " Droit de vendre certaines marchandises dont le gouvernement s'est réservé le monopole " (Dictionnaire de l'Académie Française). " Il obtint un débit de tabac " (Dictionnaire de l'Académie Française). b) Établissement où l'on vend au détail certaines marchandises dont l'État a le monopole ou qui sont grevées d'impôts spéciaux. Débit de boisson(s), de liqueur(s) de tabac. Je demandai (...) un bureau de poste, un débit de tabac, de poudre et de cartes (HONORÉ DE BALZAC, Le Médecin de campagne, 1833, page 49) : Ø 2. Ils entrèrent dans une boutique parfumée d'une odeur de kirsch et d'absinthe... Cependant on fermait le débit; il fallait sortir. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Les Désirs de Jean Servien, 1882, page 102. · Débit de prunes (vieilli). Petit établissement où l'on vend des fruits à la liqueur, des liqueurs : Ø 3. On les voit promener leur misère à travers tous les débits de prunes et achever d'user leurs manches sur les tables de marbre des cafés! JULES VALLÈS, Le Réfractaire, 1865, page 22. 2. a) Vieux, péjoratif. Action de dire, de raconter. De vaines causeries, de vains projets, de vains débits de nouvelles (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND,Mémoires d'Outre-Tombe, tome 2, 1848, page 563) : Ø 4.... j'avoue que, toutes les fois qu'il [Mareste] exploitait son propre fonds, sa conversation me plaisait bien davantage. La moitié du temps, les idées dont Beyle lui avait recommandé le débit sortaient tout de travers de sa tête... ÉTIENNE-JEAN DELÉCLUZE, Journal, 1824, page 33. b) Moderne. Manière plus ou moins rapide de s'exprimer oralement (confer élocution). M. de Charlus parlait de soi avec emphase, sur un ton qui n'était nullement celui du débit ordinaire (MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 2, 1921, page 380) : Ø 5.... [le père Paneloux] parla d'un ton plus doux et plus réfléchi que la première fois et, à plusieurs reprises les assistants remarquèrent une certaine hésitation dans son débit. (...) Cependant, sa voix s'affermit peu à peu. ALBERT CAMUS, La Peste, 1947, page 1399. — MUSIQUE. " Récitation précipitée qui ressemble à la parole " (Dictionnaire de l'Académie Française). 3. Quantité de fluide fournie en un temps donné. Un puits (...) dont le débit devait être de cinq cents litres à la minute (ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 596 ). La lymphe interstitielle, dont la composition est réglée par le débit de l'artère nourricière de l'organe (ALEXIS CARREL, L'Homme cet inconnu, 1935, page 89 ). Je contrôle (...) le débit d'oxygène, car nous montons vite : six mille sept cents mètres (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Pilote de guerre, 1942, page 281 ). — Par extension. Production en un temps donné. L'industrie motrice peut augmenter son débit pour utiliser à plein et au mieux ses capitaux fixes (FRANÇOIS PERROUX, L'Économie du XXe. siècle. 1964, page 149 ).
