Dictionnaire en ligne: ÉBATTRE (S'), verbe pronominal.

Dictionnaire en ligne: ÉBATTRE (S'), verbe pronominal. A.— [Le sujet désigne un animé; généralement suivi d'un complément de lieu] 1. [Le sujet désigne une personne et surtout un enfant] S'amuser, folâtrer en gesticulant et en exprimant sa joie de vivre. Les marmots s'ébattent innocemment sur la pelouse (VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée-d'Antin, tome 1, 1811, page 298) : Ø 1. Les petites filles porteront, entre deux et cinq ans, beaucoup les robes princesse, dont la coupe se prête mieux que toute autre à les vêtir avec ampleur : car il faut qu'à cet âge, Jeanne, Marguerite ou Noémi s'ébattent et se roulent sur les tapis sans se relever chiffonnées ou tout en paquet. STÉPHANE MALLARMÉ, La Dernière mode, 1874, page 814. — Par analogie. [Appliqué à une chose qui se déplace en tous sens] Un immense lac où s'ébattent quantité de barques de pêcheurs (ANDRÉ GIDE, Carnets d'Égypte. 1939, page 1075 ). — Spécialement, vocabulaire amoureux. S'ébattre (avec quelqu'un). Prendre des ébats amoureux (avec quelqu'un). Nos amoureux ont été vus de loin (...) tandis qu'ils s'ébattaient sans soupçonner de témoins (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, tome 5, 1851-62, page 31 ). 2. [Le sujet désigne un animal et plus particulier un volatile] Aller de-ci de-là, s'ébrouer en agitant ses ailes. Des canards s'ébattent dans les petits étangs; des oies (...) lustrent leurs plumes à coup de bec (MAXIME DU CAMP, En Hollande, 1859, page 152 ). B.— Domaine abstrait. 1. [Le sujet désigne une personne] Se montrer très à l'aise dans une situation, un état d'esprit que l'on entretient avec complaisance. Je regardais Philippe fixement pendant qu'il s'ébattait dans cette malice amère (ALFRED DE VIGNY, Mémoires inédits, 1863, page 110 ). 2. [Le sujet désigne un inanimé abstrait] Se divertir, vagabonder dans le rêve et l'imagination. Ma pensée s'ébattait dans les étranges et chimériques régions de la lune (CHARLES BAUDELAIRE, Histoires extraordinaires, traduit de Edgar Poe. 1857, page 181) : Ø 2. Aussi le travail y est-il un besoin, une nécessité indispensable. La pensée ne trouve guère à s'ébattre dans ces âpres campagnes, elle rentre forcément chez elle et se jette dans l'intellectuel, ne pouvant toucher au réel sans se piquer. MAURICE DE GUÉRIN, Correspondance, 1839, page 60. — [Le sujet désigne l'expression écrite de la pensée] Donner libre cours à sa fantaisie, à son imagination, s'exprimer avec aisance et sans contrainte. J'avais laissé ma plume s'ébattre au hasard (...) Je m'étais assis (...) devant une feuille de papier blanc, résolu à écrire n'importe quoi (ANDRÉ GIDE, Ainsi soit-il, ou Les Jeux sont faits, 1951, page 1173 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 164.