Dictionnaire en ligne: ÉCHEVEAU, ÉCHEVEAUX, substantif masculin. A.— Domaine concret. 1. Assemblage de fils repliés plusieurs fois sur eux-mêmes et attachés de telle sorte qu'ils ne se mêlent pas. Écheveau de fil, de chanvre, de coton, de lin; dévider, tenir un écheveau. Maintenir l'écheveau (Confer dévidage exemple). Anne-Marie l'écouta, pelotonnant sa laine devant un écheveau passé au dossier d'une chaise (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, 1931, page 94 ). On reconnaissait les fileuses à la chaleur de leur teint... d'admirables écheveaux sortaient de leurs mains (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1932, page 20 ). Jenny tenait dans ses bras un paquet d'écheveaux de laine brune, à mettre en pelotes (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, Épilogue, 1940, page 877) : Ø 1. Ah! ces jeunes filles brodeuses d'autrefois, blotties dans l'ample jupe de leur mère, sur un dur petit tabouret! L'autorité maternelle les liait là des années, des années — elles ne se levaient que pour changer l'écheveau de soie — ... GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, page 270. — Spécialement. ARTILLERIE. vieux. Assemblage de crins qui composait le ressort de certaines armes balistiques. C'était lui-même qui bandait les écheveaux des balistes. Pour qu'il y eût, dans leurs tensions jumelles, une parité complète, on serrait leurs cordes en frappant tour à tour de droite et de gauche, jusqu'au moment où les deux côtés rendaient un son égal (GUSTAVE FLAUBERT, Salammbô, tome 1, 1863, page 80 ). 2. [Par analogie] a) [de forme] Assemblage d'éléments d'une certaine longueur. Un écheveau de barbelés, de cheveux, de nerfs, de racines, de vermicelle. Des écheveaux de gros boudins noués d'une faveur, des quenouilles de saucissons de foie succulents, des chaînes de saucisses rouges suspendues à tous les crocs de la boutique (BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 251 ). b) [d'apparence; en parlant de quelque chose qui évoque la souplesse, le moelleux d'un écheveau de fil] Écheveau de brume. Puis comme vous suiviez les écheveaux de fumée qui s'élevaient (...) une secousse plus brutale vous a averti que vous étiez arrivé à Dijon (MICHEL BUTOR, La Modification, 1957, page 96 ). B.— Par métaphore et au figuré. 1. Assemblage d'éléments, concrets ou abstraits, embrouillés. Synonyme : enchevêtrement. a) Domaine concret Ursus, un moment dérouté dans l'écheveau brouillé des ruelles, parvint à rejoindre (...) le cortège (VICTOR HUGO, L'Homme qui rit, tome 2, 1869, page 181 ). L'instinct (...) de ses chiens (...) qui, le nez au sol, pouvaient démêler sans erreur l'écheveau des traces et des voies du gibier (PAUL VIALAR, L'Homme de chasse, 1961, page 356) : Ø 2. Mais le croquis s'embrouillait d'un tel écheveau de lignes, se chargeait d'une si grande confusion de détails sommaires, qu'elle n'y distinguait rien. ÉMILE ZOLA, L'Œuvre, 1886, page 236. b) Domaine abstrait Écheveau complexe, compliqué, embrouillé, emmêlé; démêler l'écheveau. Perrico (...) avait, fil à fil, débrouillé tout l'écheveau d'une intrigue (PAUL-JEAN TOULET, Le Mariage de Don Quichotte, 1902, page 234 ). Je sens là un noeud ou un écheveau de pensées qu'il faudrait réussir à défaire (DICTIONNAIRE DE CULTURE RELIGIEUSE ET CATÉCHISTIQUE (LOUIS E. MARCEL), Journal, 1922, page 282 ). 2. Déroulement d'une continuité. Écheveau de souvenirs. Je jalouse le sort des plus vils animaux Qui peuvent se plonger dans un sommeil stupide, Tant l'écheveau du temps lentement se dévide (CHARLES BAUDELAIRE, Les Fleurs du Mal, 1857-61, page 52) : Ø 3. Ce fut d'abord [dit Trielle] la période du monsieur qui (...) voulant la paix à tout prix, use l'un après l'autre tous les écheveaux de patience dont la Providence l'a pourvu... GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Les Femmes d'amis, Le Fils, 1885, page 124. — Locution. Dévider l'écheveau, dévider son écheveau. Parler sans interruption. Et devinez, reprit-il [M. le curé] , dévidant son écheveau avec une aisance où les souvenirs de la jeunesse n'étaient pas sans mêler quelque douceur (FERDINAND FABRE, Mon oncle Célestin, 1881, page 119 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 201. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 114, b) 357; XXe. siècle : a) 431, b) 306.
