Dictionnaire en ligne: ÉDREDON, substantif masculin.

Dictionnaire en ligne: ÉDREDON, substantif masculin. A.— Vieux. Duvet de l'eider*. Couvre-pied, lit, oreiller d'édredon. Le montagnard écossais, suspendu dans les airs par une corde au haut d'un rocher des Orcades, dérobe à l'eider l'édredon de son nid (JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 233 ). C'est le plus touchant des spectacles de voir l'oiseau de l'édredon, l'eider, s'arracher son duvet, pour coucher, couvrir son petit (JULES MICHELET, L'Oiseau, 1856, page 19 ). B.— Par métonymie. Couvre-pied rempli de ce duvet ou d'un duvet quelconque ou de plume. Édredon rouge; édredon de soie; s'étendre, se coucher sous un édredon, ramener l'édredon sur ses jambes. Je suis enfoncé sous les édredons de la province. On me jette une lettre sur mon lit (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1865, page 213 ). Enfoui sous les couvertures et l'édredon jusqu'à l'oeil gauche (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Pilote de guerre, 1942, page 301) : Ø Dans un lit immense, capitonné de soie, des cheveux clairs étaient épars sur l'oreiller, un visage se dessinait en demi profil, de longs cils, la courbe d'un nez aux narines frémissantes (...) et, sur l'édredon doré, un bras nu, mollement déployé. GEORGES SIMENON, Les Vacances de Maigret, 1948, page 167. — Locution argotique. · Faire l'édredon. [En parlant d'une prostituée] Dévaliser le client (confer Dictionnaire de la langue verte (HECTOR FRANCE) 1907; Lucien Rigaud, Dictionnaire du jargon parisien, 1878, page 127). · Voleuse (ou dégringoleuse) à l'édredon. Prostituée qui vole son client. Les voleuses à l'édredon (...) cachent sous cet objet mobilier les vêtements de leur victime [après en avoir extrait les valeurs] et filent vivement, persuadées que le malheureux volé ne pourra les poursuivre dans le costume sommaire où elles l'ont laissé (HOGIER-GRISON (PSEUDONYME COLLECTIF), Le Monde où l'on vole, 1887, page 283 ). — Par comparaison ou par métaphore (Quasi-)synonymes : coussin, matelas. La lune couchée au loin sur un édredon de molles nuées (VICTOR HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, page 340 ). Des touffes de cresson pareilles à des édredons verts (GUSTAVE FLAUBERT, La Tentation de Saint Antoine, 1849, page 382 ). Hier, le train fendait prudemment (...) des édredons de neige (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Paysages et portraits, 1954, page 122 ). Remarque : On rencontre le verbe pronominal réfléchi s'édredonner, création d'auteur Attesté chez les GONCOURT au sens de « se couvrir comme avec de l'édredon » : (Journal, 1859, page 679). Attesté chez PONGE au sens de « prendre l'aspect de l'édredon » : le ciel se duvette, se plumette, s'édredonne (Le Grand Recueil, page 74 dans DICTIONNAIRE DES MOTS SAUVAGES (MAURICE RHEIMS) 1969). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 163.