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Dictionnaire en ligne: EMPARER (S'), verbe pronominal.

Publié le 23/01/2016

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Dictionnaire en ligne: EMPARER (S'), verbe pronominal. A.— [Le complément désigne une chose] 1. Prendre possession de quelque chose. a) Se rendre maître de quelque chose, prendre (par la force, l'habileté, la ruse, etc.) un bien appartenant à autrui. S'emparer d'un pays, d'une ville; s'emparer d'un trésor. Sans un coup de feu, les Anglais s'emparent de la Nouvelle-Amsterdam et du territoire de la Nouvelle-Hollande (PAUL MORAND, New-York, 1930, page 13 ). Aux premiers coups de feu, huit groupes devaient occuper les garages, s'emparer des autos (ANDRÉ MALRAUX, La Condition humaine, 1933, page 193) : Ø 1. Il n'y a point de propriété assurée partout où un despote peut s'emparer, sans leur consentement, de la propriété de ses sujets. JEAN-BAPTISTE SAY, Traité d'économie politique, 1832, page 133. — Au figuré. Prendre possession de quelque chose (par la pensée, les sens) en arrivant à la pleine connaissance, à la pleine conscience de celle-ci. Les religions orientales m'offrent encore un grand travail à faire avant que j'aie pu m'en emparer comme de la mythologie grecque (BENJAMIN HENRI CONSTANT DE REBECQUE, Journaux intimes, 1804, page 98 ). Elle voyait aussitôt les dalles noires et blanches du vestibule, (...) elle respirait l'odeur fraîche, un peu sure, des couloirs (...) elle s'emparait de la maison tout entière, à travers l'espace (GEORGES BERNANOS, La Joie, 1929, page 601 ). b) Prendre d'autorité possession d'une chose à laquelle d'autres pourraient légitimement prétendre (Confer accaparer II). S'emparer des emplois, du pouvoir. Naturellement Octave s'empara du rôle de Lucidor [l'Épreuve de Marivaux] , me laissant celui de maître Blaise, le paysan (ANDRÉ GIDE, Journal, 1932, page 1147 ). D'un bout à l'autre du comptoir, toutes les chaises tournantes étaient occupées (...); des ménagères déterminées à s'emparer de la première place vide, gardaient leurs emplettes sur les bras (GABRIELLE ROY, Bonheur d'occasion, 1945, page 124) : Ø 2. Il faudra nous dire comment une caste d'ignorance titrée a pu, sous l'autorité de la compagnie de Jésus, s'emparer des grands postes de l'armée et s'y maintenir... GEORGES CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, page 314. · S'emparer de la conversation. L'accaparer. L'autre n'aimait point qu'on s'emparât de la conversation. Elle n'avait point reçu Madame Baudouin pour l'écouter, mais pour en être écoutée (LOUIS-ÉMILE-EDMOND DURANTY, Le Malheur d'Henriette Gérard, 1860, page 172 ). c) Utiliser à son profit quelque chose quand l'occasion s'en présente. — [En parlant d'un fait, d'un événement] Tirer parti de. Le parti de la marquise Raversi s'empara de ces propos de la duchesse et les répéta beaucoup, espérant fort qu'ils choqueraient le prince (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, page 111 ). L'adversaire abattu, le comble de l'habileté était bien de s'emparer du cadavre, d'en faire un symbole de loyalisme gouvernemental (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 561 ). — Dans le domaine des idées. Utiliser quelque chose emprunté à d'autres, faire sien. Sans doute aurions-nous pu nous emparer du mot « supernaturalisme », employé par Gérard de Nerval (ANDRÉ BRETON, Les Manifestes du Surréalisme, 1er. Manifeste, 1924, page 44 ). L'idée de perfection à atteindre, qui a animé tout l'art grec dans le plan physique et dont s'est emparé le christianisme pour la transposer dans le plan moral (ÉLIE FAURE, L'Esprit des formes, 1927, page 262 ). 2. Par extension. Saisir quelque chose avec décision, rapidité. Elle se traînait d'une si piteuse façon, qu'il ne me fallut pas beaucoup de vertu pour m'emparer de ses seaux et pour les emporter à sa place (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 3, 1855, page 200 ). Un homme va empoigner une fourche, un autre s'empare d'un bâton, un autre encore va prendre son fléau (CHARLES-FERDINAND RAMUZ, Derborence, 1934, page 170 ). Costals s'empara d'un volume de la bibliothèque rose, les Vacances, qui se trouvait sur la table (HENRI DE MONTHERLANT, Pitié pour les femmes, 1936, page 1123 ). B.— [Le complément désigne une personne ou un attribut de la personne] 1. Se rendre maître de quelqu'un, le saisir, le capturer. Six gendarmes s'emparent du paysan, l'emmènent lié et garroté entre deux voleurs de grand chemin (PAUL-LOUIS COURIER, Lettres de France et d'Italie, 1825, page 783 ). Le protonotaire apostolique s'empara de moi, me jeta en travers de ses genoux et, les yeux au ciel, me fessa méthodiquement (HERVÉ BAZIN, Vipère au poing, 1948, page 12 ). — [En parlant d'une partie du corps] Saisir. Conan, (...) s'emparait sans hésiter d'un bras plaisant, quand on avait eu l'imprudence de répondre à son sourire (ROGER CRÉTIN, DIT ROGER VERCEL, Capitaine Conan, 1934, page 168 ). Il traversa la chaussée et s'empara de la dextre de Pierrot en manifestant une grande cordialité (RAYMOND QUENEAU, Pierrot mon ami, 1942, page 139 ). 2. Par extension. Retenir quelqu'un, lui ôter la liberté de partir, d'agir comme il l'entend. À peine étions-nous arrêtés sur la place, que le maître d'école s'empara de nous et se mit à nous faire les honneurs de son village (EDMOND ABOUT, La Grèce contemporaine, 1854, page 51 ). J'ai (...) de gros souliers jaunes, un col de la veille, pas de manchettes... Mme. Mühlfeld néanmoins s'empare aussitôt de moi et me contraint d'être trop aimable, par crainte d'être impertinent (ANDRÉ GIDE, Journal, 1917, page 624 ). 3. Au figuré. a) [Le sujet désigne une personne ou un attribut de la personne] Soumettre quelqu'un à son influence, se rendre maître de quelqu'un. S'emparer de l'attention, de l'esprit, de la volonté; s'emparer du regard de quelqu'un. Une voix prenante, conquérante, qui s'emparait des intelligences et des coeurs (ÉMILE ZOLA, Vérité, 1902, page 6 ). Louis, (...) n'avait pas de prédisposition marquée : le père s'empara de ce garçon tranquille et le fit pasteur en un tournemain (JEAN-PAUL SARTRE, Les Mots, 1963, page 3) : Ø 3. Après s'être emparé de la vie de cet homme, elle s'empara de son esprit, qu'elle pétrit à son gré et façonna comme un bloc de cire. Elle (...) réussit à effacer en lui jusqu'au dernier vestige des idées révolutionnaires. JULES SANDEAU, Mademoiselle de la Seiglière, 1848, page 62. b) [Le sujet désigne des idées, des sentiments, des sensations; un état physique ou moral] Prendre possession de quelqu'un sans qu'il puisse s'y opposer, l'envahir. Je regardai Morhange. Il me regarda, et soudain un rire, un rire fou, s'empara de nous, nous secoua une bonne minute (PIERRE BENOÎT, L'Atlantide, 1919, page 124 ). Un flot de tendresse s'empara de lui, un grand élan d'amour, de pitié; il eût voulu serrer ce malheureux dans ses bras (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Sorellina, 1928, page 1203 ). Gilbert, que faisait Gilbert? l'image de Gilbert s'empara de la jeune fille avec une telle violence, qu'elle en fut bouleversée (MARCEL ARLAND, L'Ordre, 1929, page 81) : Ø 4.... la folie, c'est sûrement lorsqu'une seule pensée s'empare de l'esprit, et ne permet plus à la succession des objets de varier les idées. GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Corinne ou l'Italie, tome 3, 1807, page 177. SYNTAXE : Amour, angoisse, détresse, jalousie, panique, trouble qui s'empare de quelqu'un; idée, pensée, sommeil, tremblement qui s'empare de quelqu'un. Remarque : On rencontre dans la documentation le substantif masculin emparement. Action de s'emparer. M. Dupin (...) montre d'abord l'illégalité de l'arrestation; le duc d'Enghien n'a point été arrêté en France; il n'était point prisonnier de guerre, (...) c'était un emparement violent de la personne, comparable aux captures que font les pirates de Tunis et d'Alger (François-René de Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, tome 2, 1848, page 146). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 3 363. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 6 716, b) 4 682; XXe. siècle : a) 3 123, b) 4 180.

« MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 561 ). — Dans le domaine des idées.

Utiliser quelque chose emprunté à d'autres, faire sien.

Sans doute aurions-nous pu nous emparer du mot « supernaturalisme », employé par Gérard de Nerval (ANDRÉ BRETON, Les Manifestes du Surréalisme, 1er. Manifeste, 1924, page 44 ).

L'idée de perfection à atteindre, qui a animé tout l'art grec dans le plan physique et dont s'est emparé le christianisme pour la transposer dans le plan moral (ÉLIE FAURE, L'Esprit des formes, 1927, page 262 ). 2.

Par extension.

Saisir quelque chose avec décision, rapidité.

Elle se traînait d'une si piteuse façon, qu'il ne me fallut pas beaucoup de vertu pour m'emparer de ses seaux et pour les emporter à sa place (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 3, 1855, page 200 ).

Un homme va empoigner une fourche, un autre s'empare d'un bâton, un autre encore va prendre son fléau (CHARLES- FERDINAND RAMUZ, Derborence, 1934, page 170 ).

Costals s'empara d'un volume de la bibliothèque rose, les Vacances, qui se trouvait sur la table (HENRI DE MONTHERLANT, Pitié pour les femmes, 1936, page 1123 ). B.— [Le complément désigne une personne ou un attribut de la personne] 1.

Se rendre maître de quelqu'un, le saisir, le capturer.

Six gendarmes s'emparent du paysan, l'emmènent lié et garroté entre deux voleurs de grand chemin (PAUL-LOUIS COURIER, Lettres de France et d'Italie, 1825, page 783 ).

Le protonotaire apostolique s'empara de moi, me jeta en travers de ses genoux et, les yeux au ciel, me fessa méthodiquement (HERVÉ BAZIN, Vipère au poing, 1948, page 12 ). — [En parlant d'une partie du corps] Saisir.

Conan, (...) s'emparait sans hésiter d'un bras plaisant, quand on avait eu l'imprudence de répondre à son sourire (ROGER CRÉTIN, DIT ROGER VERCEL, Capitaine Conan, 1934, page 168 ).

Il traversa la chaussée et s'empara de la dextre de Pierrot en manifestant une grande cordialité (RAYMOND QUENEAU, Pierrot mon ami, 1942, page 139 ). 2.

Par extension.

Retenir quelqu'un, lui ôter la liberté de partir, d'agir comme il l'entend.

À peine étions-nous arrêtés sur la place, que le maître d'école s'empara de nous et se mit à nous faire les honneurs de son village (EDMOND ABOUT, La Grèce contemporaine, 1854, page 51 ).

J'ai (...) de gros souliers jaunes, un col de la veille, pas de manchettes... Mme.

Mühlfeld néanmoins s'empare aussitôt de moi et me contraint d'être trop aimable, par crainte d'être impertinent (ANDRÉ GIDE, Journal, 1917, page 624 ). 3.

Au figuré. a) [Le sujet désigne une personne ou un attribut de la personne] Soumettre quelqu'un à son influence, se rendre maître de quelqu'un.

S'emparer de l'attention, de l'esprit, de la volonté; s'emparer du regard de quelqu'un.

Une voix prenante, conquérante, qui s'emparait des intelligences et des coeurs (ÉMILE ZOLA, Vérité, 1902, page 6 ).

Louis, (...) n'avait pas de prédisposition marquée : le père s'empara de ce garçon tranquille et le fit pasteur en un tournemain (JEAN- PAUL SARTRE, Les Mots, 1963, page 3) : Ø 3.

Après s'être emparé de la vie de cet homme, elle s'empara de son esprit, qu'elle pétrit à son gré et façonna 2. »

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