Dictionnaire en ligne: ÉNONCÉ, substantif masculin. A.— Généralement dans la langue de la procédure judiciaire. Action d'énoncer, fait d'énoncer. Synonyme usuel : énonciation : Ø 1. Mon avocat m'a quitté en disant : « le président du jury va lire les réponses. On ne vous fera entrer que pour l'énoncé du jugement. » ALBERT CAMUS, L'Étranger, 1942, page 1199. B.— Résultat de l'action d'énoncer; termes dans lesquels on énonce quelque chose. Énoncé de la question, d'une vérité. Je pense, mon ami, que le simple énoncé de cet événement doit me dispenser de phrases et de commentaires (LÉON BLOY, Journal, 1895, p 169) : Ø 2.... l'énoncé d'un fait ne peut être que vrai ou faux. Il n'en serait pas de même pour une proposition quelconque; si cette proposition est l'énoncé d'une convention, on ne peut pas dire que cet énoncé soit vrai, au sens propre du mot, puisqu'il ne saurait être vrai malgré moi et qu'il est vrai seulement parce que je veux qu'il le soit. HENRI POINCARÉ, La Valeur de la science, 1905, page 225. Ø 3. Énoncés imparfaits, évidemment, comme toutes choses humaines, mais pourtant susceptibles du degré de précision qu'on demande à de bonnes formules juridiques, ou à des lois relatives aux phénomènes naturels. ANDRÉ LALANDE, La Raison et les normes, 1948, page 6. · Simple énoncé (des faits). Ce qu'on énonce sans explication ou développement (confer Dictionnaire de l'Académie Française 1835-1932). — Spécialement. 1. DROIT. " Faux énoncé. Énoncé par lequel on rapporte un fait reconnu faux " (Dictionnaire général de la langue française (ADOLPHE HATZFELD, ARSÈNE DARMESTETER)). Énoncé d'une loi, d'un jugement. Formule exacte ou fixe exprimant la loi, le jugement. 2. MATHÉMATIQUES, SCIENCES. Ensemble des données exposant ce que l'on doit résoudre, démontrer. Énoncé d'un théorème, du problème. — Anaïs, au tableau. Lisez l'énoncé. C'est un problème assez compliqué (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine à l'école, 1900, page 120 ). · Par extension. Désormais, l'énoncé du problème est tout clair : que veut-on, quand on veut vraiment tout ce qu'on veut? (MAURICE BLONDEL, L'Action, Essai d'une critique de la vie, 1893, page 133 ). 3. LINGUISTIQUE. Segment de la chaîne parlée produit par un seul locuteur et situé entre deux silences. On décrira les unités syntaxiques présentes (...) en allant des plus petites aux plus grandes, soit dans l'ordre : le mot, le syntagme, l'énoncé minimum et le discours (MAURICE COYAUD, Introduction à l'étude des langages documentaires, 1966, page 23 ). La phrase est un énoncé analysé, l'énoncé est une production linguistique « brute », antérieure à l'observation (Le langage (sous la direction de Bernard Pottier) 1973) : Ø 4. L'énoncé simple est l'unité fonctionnelle d'énonciation, constituée naturellement par le nucléus, et par des transferts variés. L'énoncé complexe est l'unité d'énonciation construite d'énoncés simples par coordination. SYSTÉMATIQUE DES ÉLÉMENTS DE RELATION (BERNARD POTTIER), Linguistique générale. 1974. Ø 5. Dès le XVIIe. siècle, l'on voit apparaître dans les dictionnaires français les fragments observés de discours appelés citations. Ceci, à l'intérieur du système puriste et prescriptif de l'époque classique, ces énoncés étant retenus non dans l'intention de décrire, mais dans celle de montrer des modèles. Le terme même d'exemple (...) atteste qu'il en reste quelque chose. ALAIN REY, Le Lexique: images et modèles du dictionnaire à la lexicologieParis, Colin, 1977, page 35. · Énoncé réduit. " Énoncé de phrase complexe plus long qu'un syntagme mais syntaxiquement trop incomplet pour former une phrase " (Mise au point des normes de rédaction de la rubrique d'analyse synchronique des articles du TLF, pour le tome 6, 17 janvier 1977); confer en outre TLF, tome 4, préface, page VIII. SYNTAXE : Énoncé minimal, minimum, expansionnel, complet ou incomplet (THINÈS-LEMP. 1975). Énoncé grammatical, sémantique. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 450. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 772, b) 365; XXe. siècle : a) 643, b) 672. Forme dérivée du verbe "énoncer" énoncer ÉNONCER, verbe transitif. A.— [En parlant d'un document légal] Donner, indiquer comme information : Ø 1. L'acte de naissance énoncera le jour, l'heure et le lieu de la naissance, le sexe de l'enfant, et les prénoms qui lui seront donnés, les prénoms, noms, profession et domicile des père et mère, et ceux des témoins. Code civil des Français (ou Code Napoléon) 1804, article 57, page 12. B.— Usuel. [En parlant d'une personne] Exprimer, formuler en termes nets et précis l'objet de sa pensée par le langage ou l'écriture. Énoncer un jugement, une opinion, un principe. Ce n'est pas tout que de bien penser, il faut savoir bien énoncer ce que l'on pense (Dictionnaire de l'Académie française. 1798-1932). Si ces écrivains avaient eu quelque idée claire dans la tête en s'exprimant ainsi, c'eût été celle que je viens d'énoncer en d'autres termes (PIERRE CABANIS. Rapports du physique et du moral de l'homme, tome 1, 1808, page 174 ). Annie parlait d'une voix posée et nette, se bornant à énoncer les faits, sans faire de commentaires (ROGER VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, page 197) : Ø 2.... parce que surtout les traits particuliers que je relevais en elle, si j'essayais de les énoncer, se formulaient précisément dans les mêmes termes : un grand nez, des yeux bleus, (...) je me dis : cette dame ressemble à Mme. de Guermantes... MARCEL PROUST, Du Côté de chez Swann, 1913, page 174. SYNTAXE : Énoncer clairement, correctement, formellement; énoncer un avis, ses griefs, des faits; clause, proposition énoncée dans un texte, à tel paragraphe, à tel article. PARADIGMES. (Quasi-)synonymes : concevoir, exprimer, formuler, penser, prononcer. — Spécialement. en matière de sciences ou de loi. Exprimer ce qui fait l'objet d'une proposition. Énoncer une hypothèse, une loi, une maxime, un problème, un théorème. La tête penchée, elle se laissait diriger. Même sa voix, qu'on avait pu croire faite uniquement pour énoncer la règle des participes, avait changé (ÉDOUARD ESTAUNIÉ, L'Ascension de Monsieur Baslèvre, 1919, page 87 ). · Énoncer faux. " Avancer quelque chose contre la vérité " (Dictionnaire de l'Académie Française). — Emploi pronominal. 1. à sens passif. Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement (ALBERT THIBAUDET, Réflexions sur la littérature, 1938, page 25 ). Ce nouveau problème s'énonce à partir des données de l'observation statistique (FRANÇOIS PERROUX, L'Économie du XXe. siècle. 1964, page 334 ). 2. réfléchi, vieilli. Exprimer ce que l'on a à dire. Un auteur qui s'énonce très clairement pour lui-même est quelquefois obscur pour son lecteur (NICOLAS-SÉBASTIEN ROCH, DIT DE CHAMFORT, Maximes et pensées, 1794, page 72 ). La directrice s'énonçait majestueusement (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine à l'école, 1900, page 160 ). Remarque : On rencontre dans la documentation a) Énonçable, adjectif, rare. Qui peut être énoncé. Assertions énonçables. J'ai toujours soutenu (...) qu'il fallait se garder de traiter dans ce domaine [la prière] l'interprétation comme contingente par rapport à des faits, à des vérités énonçables (Marcel, Journal, 1920, page 258). Attesté dans le Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (Paul Robert) Supplément 1970, Grand Larousse de la langue française en six volumes b) Énoncement, substantif masculin, rare. Action d'énoncer. Synonyme : énonciation. La soirée se passe en jeux patients on entendait le bruit des jetons, l'énoncement des cartes (Anna de Noailles, La Nouvelle espérance, 1903, page 56). Terme absent des dictionnaires. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 457. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 577, b) 268; XXe. siècle : a) 685, b) 892.
