DIVERTISSEMENT, substantif masculin.

DIVERTISSEMENT, substantif masculin.  

A.—  [Correspond à divertir A]  Généralement péjoratif, vieux. 

1. Action de divertir, de détourner à son profit. Divertissement de fonds. Synonyme : détournement. 

—  Spécialement.  DROIT.  Détournement par un cohéritier ou un conjoint d'une partie de la succession ou des effets de la communauté : 

Ø 1. Les termes divertissement et recel ne sont pas définis par la loi. (...) Le premier terme insiste sur l'idée de détournement, le second sur celle de dissimulation. (...) de nos jours, on ne parle plus guère que de recel, le terme divertissement étant de moins en moins employé.

Nouveau répertoire de droit, Paris, Dalloz, 1965, au mot succession. 

2. Au figuré, littéraire.  Élément qui détourne des choses sérieuses. Synonyme moderne : diversion. Elle [la femme] fait un divertissement qui peut nuire à notre concentration et compromettre les expériences que nous voulons tenter (MAURICE BARRÈS, Un Homme libre,  1889, page 31 ). 

—  Spécialement.  [Par référence à la conception pascalienne du divertissement]  Occupation, ensemble de données qui détourne l'Homme de l'essentiel et l'éloigne des problèmes propres à sa condition : 

Ø 2. Ce qui longtemps m'a surtout frappé dans une vie, c'est le divertissement, tel que Pascal l'a défini : ce que nous inventons pour ne pas penser à nous-même et à l'horreur de notre condition (...) depuis les peuples qu'il faut asservir, si nous sommes César, jusqu'aux êtres qu'il faut posséder, si nous sommes Don Juan.

FRANÇOIS MAURIAC, Mémoires intérieurs,  1959, page 142. 

B.—  [Correspond à divertir B]  Non péjoratif, courant. 

1. Généralement au singulier (précédé de l'article défini).  Action de se divertir, ensemble des choses qui distraient, occupent agréablement le temps. Il eut [Napoléon] plus que tout autre la capacité du divertissement (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Lys rouge, 1894, page 54 ). 

Remarque : Dans ce sens, on rencontre chez Sand (Le Meunier d'Angibault, 1845, page 250) la variante régionalisme divertissance, substantif féminin : On ne songe pas à se coucher, on a peur de se réveiller trop tard et de perdre un tant si peu de la divertissance. 

—  Rare. Mettre en divertissement. Réjouir. Cette seule idée met en divertissement et en joie tous mes amis (CHARLES DU BOS, Journal,  1927, page 259 ). 

2. Occasion, moyen de se divertir, passe-temps agréable. Non, répondit don Quichotte, je n'aime pas la chasse, qui est un divertissement barbare (PAUL-JEAN TOULET, Le Mariage de Don Quichotte,  1902, page 51) : 

Ø 3. Félicien s'accoudait à la fenêtre de la cuisine et c'était déjà un divertissement que de l'entendre demander son certificat de bonne vie et moeurs.

MARCEL AYMÉ, Le Nain,  1934, page 133. 

—  En particulier.  Fête, réunion, spectacle organisé pour la distraction d'un groupe de personnes. Divertissement de cour, royal. N'avions-nous pas sur cette terre nos réunions, nos divertissements, nos fêtes et surtout notre jeunesse (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND,Mémoires d'Outre-Tombe, tome 1, 1848, page 251 ). 

3. Emplois spéciaux. 

a) THÉÂTRE (comédie, opéra).  Intermède dansé et/ ou chanté à l'entracte ou à la fin d'une oeuvre lyrique ou dramatique. Molière, maître de ballet, arrangeur de divertissements (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  1862, page 1123) : 

Ø 4. Quant à moi, je n'écoute point un opéra, je le regarde : j'arrive pour le divertissement, et je me sauve après.

EDMOND ABOUT, Le Nez d'un notaire,  1862, page 15. 

b) LITTÉRATURE.  Petite pièce écrite pour distraire la société, jeu littéraire de salon. Un recueil nouveau de divertissements de société, facéties et calembours (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le crime de Sylvestre Bonnard,  1881, page 271 ). 

c) MUSIQUE.  

—   Pièce légère pour instrument. Les divertissements de Mozart (confer François Mauriac, Journal 2, 1937, page 136). 

—  Divertissement de la fugue. Petite phrase musicale servant de transition entre les thèmes principaux. Synonyme : épisode.  [La contre-exposition de la fugue] (...) est séparée de l'exposition par un court divertissement ou épisode (ANDRÉ GEDALGE.  Traité de la fugue : première partie, de la fugue d'école, antérieur à 1938, page 108 ). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 509. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 493, b) 539; XXe.  siècle : a) 572, b) 1 110.