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DIVINEMENT, adverbe.

Publié le 16/01/2016

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DIVINEMENT, adverbe.  

D'une manière divine. 

I.—  [Correspond à divin I]  Est-ce Hercule qui inspire divinement les archontes de Crotone et leur dicte en toute circonstance ce qu'ils ont à faire (PAUL CLAUDEL, Sous le rempart d'Athènes, 1927, page 1131 ). 

II.—  [Correspond à divin II] 

A.—  Comme le ferait Dieu, de la manière propre à Dieu : 

Ø 1. Jésus a prêché; Jésus a prié; Jésus a souffert. Nous devons l'imiter dans toute la mesure de nos forces. Oh! nous ne pouvons pas prêcher divinement; nous ne pouvons pas prier divinement; et nous n'aurons jamais la souffrance infinie.

CHARLES PÉGUY, Le Mystère de la charité de Jeanne-d'Arc,  1910, page 157. 

B.—  Par la grâce, la volonté, la puissance, l'action de Dieu; par Dieu. L'assistance divine assurée à l'exécution d'un dessein divinement inspiré (FRÉDÉRIC OZANAM, Essai sur la philosophie de Dante, 1838, page 102 ). Divinement conduits, Bérulle et ses disciples font à leur tour progresser la religion du monde (ABBÉ HENRI BREMOND, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, tome 3, 1921, page 94) : 

Ø 2. Ce bien éternel et surnaturel, auquel la grâce nous donne part dès ici-bas, ce bien spirituel (c'est-à-dire qui procède de l'union au Saint-Esprit) est la fin propre de cette société divinement instituée, et supérieure à toute société humaine, qu'est l'Église, corps mystique du Christ. 

JACQUES MARITAIN, Primauté du spirituel,  1927, page 219. 

C.—  Conformément à sa condition divine (Confer divin II B 3 b par extension). L'exigence d'exister divinement ( JACQUES MARITAIN. Humanisme intégral, problèmes temporels et spirituels d'une nouvelle chrétienté,  1936, page 242 ). 

III.—  [Correspond à divin IV]  Par hyperbole. 

A.—  [Par opposition au caractère imparfait qui est généralement attaché à tout ce qui est humain ou terrestre; correspond à divin IV A] 

1. [Au plan de l'esthétique dans le sens général \" science du beau \"]  À la perfection, excellemment, merveilleusement. 

a) Dans le domaine artistique et intellectuel.  Boîte divinement sculptée, colonnades divinement ouvragées; parler divinement une langue, coudre divinement. Tous ces autres détails si divinement peints au premier livre des annales (ANDRÉ CHÉNIER, Amérique,  1794, page 131 ). Tous les poètes ont aimé les chats. Baudelaire les a divinement chantés (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Sur les chats, 1886, page 1061 ). 

b) [À propos de l'aspect physique de quelqu'un; dans le langage galant, en parlant d'une femme, de sa beauté, de ses attraits, de sa mise]  Femme divinement élancée et jeune; corps jeune, divinement frais; bras divinement fait, épaule ronde et divinement blanche. Elle se mouvait si divinement que je croyais voir un bel astre (ALFRED DE MUSSET, La Confesssion d'un enfant du siècle, 1836, page 132 ). Des femmes divinement mises et divinement belles (HONORÉ DE BALZAC, Les Illusions perdues,  1843, page 178) : 

Ø 3.... elle (...) se coiffait avec des anglaises pour cacher sa figure qui était complètement de travers, très laide et fanée. Mais elle s'habillait divinement. 

SIBYLLE-GABRIELLE-MARIE-ANTOINETTE DE RIQUETTI DE MIRABEAU, COMTESSE DE MARTEL DE JANVILLE, DITE GYP, Souvenirs d'une petite fille,  1927, page 213. 

2. [Au plan de l'esthétique dans le sens étymologique \" science du sentiment \"] 

a) [À propos de certaines qualités de coeur ou d'esprit]  D'une manière digne de Dieu ou des dieux : 

Ø 4.... le jugement défavorable sur Camille avait été unanime et le pressentiment divinement juste. Et cela en dépit de la bonne impression que, derrière vitres et rideaux, on avait eu de M. et Mme.  Le Pesnel...

PIERRE DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie,  1939, page 144. 

b) [En parlant de certains sentiments ou de jouissances très diverses]  D'une manière tellement parfaite, tellement pure, tellement intense, que cela ne paraît plus naturel mais surnaturel. Là, je fus divinement bercé dans les bras blancs et doux de la sainte amitié (MAURICE DE GUÉRIN, Poésies,  1839, page 97 ). La beauté merveilleuse, inexplicable, divinement ingénue de la princesse à quatorze ans (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  1864, page 45) : 

Ø 5.... la voix ardente et sombre 

S'en allait si blessée, et si triste dans l'ombre, 

Oh! si divinement triste que l'on eût dit 

Une larme sur le visage de la nuit!... 

ALBERT SAMAIN, Le Chariot d'or,  1900, page 16. 

3. [Pour exprimer l'excellence, perçue au seul plan sensoriel, de certaines choses] 

a) Dans le domaine de la gustation.  Elle [la liqueur] était fine divinement, chaude encore, et moelleuse, sucrée (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous,  1923, page 107 ). 

Remarque : À noter la postposition de l'adverbe divinement dans cet exemple alors qu'on le rencontre généralement antéposé. 

b) [Dans le domaine des conditions atmosphériques en tant qu'elles produisent une impression sur l'homme]  Faire divinement beau (Dictionnaire général de la langue française (ADOLPHE HATZFELD, ARSÈNE DARMESTETER)). 

Remarque : Également enregistré dans DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE  (PAUL ROBERT. 

B.—  Par extension.  [Par opposition au caractère rationnel et naturel que l'on attache à ce que l'on connaît et s'explique; à propos de quelque chose d'inconnu et de mystérieux que l'on s'explique mal ou pas du tout, et que l'on tend de ce fait à attribuer à quelque cause surnaturelle; correspond à divin IV B]  Car, né sur les coteaux, mon âme s'est liée d'une douce amitié divinement nouée avec les champs, les bois, les ondes, le soleil (MAURICE DE GUÉRIN, Poésies,  1839, page 128 ). Les feuillages (...) contenaient dans leur substance divinement rajeunie par la nuit, des odeurs végétales entièrement neuves (JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 2, 1933, page 57 ). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 169. 

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