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entre gens de même sexe sont un péché, mais un péché parmi tous les autres, l'adultère, la zoophilie, etc.

Publié le 06/01/2014

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entre gens de même sexe sont un péché, mais un péché parmi tous les autres, l'adultère, la zoophilie, etc. Puis, vers le xiiie siècle, appuyé sur saint Paul et saint Augustin, on commence à concentrer le regard sur cette abomination. Toutefois, l'opprobre porté sur les sodomites fluctue. Avec la Renaissance souffle un léger vent d'ouverture. La redécouverte des thèmes antiques permet à de nombreux artistes de s'aventurer sur des terrains interdits jusqu'alors. En se plongeant dans la culture grécolatine, on redécouvre le tendre penchant qu'avaient Achille pour Patrocle, Apollon pour Hyacinthe, Hercule pour Hylas (ou Hilas) ou Zeus pour le jeune échanson Ganymède. Ces thèmes, reproduits sur les toiles, nous donnent des indices sur les préoccupations de ceux qui les ont peintes. Avec d'autres, le jeune Léonard de Vinci connaîtra, à Florence, la honte d'un procès pour « sodomie active » sur un jeune apprenti. Cela ne l'empêchera pas de continuer sa vie entouré d'une cour de jeunes gens plus beaux les uns que les autres. Michel-Ange ne cachera pas son amour fou pour Tomaso dei Cavalieri. Comme on l'a vu, le xvie siècle est aussi celui de la crispation religieuse. La haine de l'homosexualité y a sa part. On la retrouve souvent à l'oeuvre dans la détestation que peuvent avoir les amis de Luther ou de Calvin pour le clergé romain au célibat fort suspect à leurs yeux, sans parler de leurs charges contre les monastères. À Genève, à Strasbourg, sous la nouvelle loi du Dieu réformé, la lutte est impitoyable contre tout manquement aux moeurs, l'adultère, la bigamie ou, bien sûr, horreur de l'horreur, le péché abominable. Le côté catholique ne vaut pas mieux, même si les limites de la réprobation sont souvent floues. Un poète du temps, Marc Antoine Muret (1526-1585), professeur de Montaigne, maître de Ronsard, est accusé d'hérésie et de sodomie. Il doit fuir Paris, trouve refuge à Toulouse d'où des accusations identiques le chassent. Il trouve enfin un asile dans le seul lieu curieusement sûr : Rome. En tout cas le pape décide de le protéger mordicus. Sur le tard, Muret lui rendra la politesse : il entrera dans les ordres. Il y terminera ses jours, humaniste chargé de gloire et d'honneurs. Les libertins D'autres que lui connaîtront une fin moins heureuse. Avançons d'un pas dans la chronologie pour quitter le siècle d'Henri III et aller jusqu'au début de celui qui nous intéressera bientôt : le xviie. Attardons-nous sur un chapitre de son histoire culturelle : les libertins. La dénomination dira sans doute quelque chose à de nombreux lecteurs. On la trouve souvent dans les manuels de littérature. Ils nous enseignent qu'au xviie siècle, le mot (dérivé du latin libertinus, affranchi) désigne des écrivains ou des philosophes qui professent des idées hardies en matière religieuse, parfois proches de l'athéisme, souvent déistes et n'hésitant pas à moquer les dogmes catholiques. Ils ajoutent que ce n'est qu'au xviiie siècle que le terme - et son corollaire le libertinage - prendra la connotation sexuelle que l'on continue à lui attribuer. Voire. Sur le plan philosophique, un des promoteurs les plus radicaux de ce courant s'appelle Lucilio Vanini. Il est italien, né dans les Pouilles en 1585. Il entre dans les ordres puis parcourt l'Europe pour y répandre des idées qui, peu à peu, deviennent de plus en plus audacieuses : il finit par réussir à démontrer que toutes les religions sont des impostures et à remettre en cause l'immortalité de l'âme. Dans la vie, il est d'un épicurisme qui le pousse à ne refuser aucun des excès de la chair, surtout ceux qu'il peut pratiquer avec des garçons : « Je suis philosophe, dira-til à ses juges, il est normal que je pratique le péché philosophique. » Comme Muret dont nous parlions peu avant, il fuit Paris pour Toulouse. Il y finira. En 1619, il est brûlé pour l'ensemble de ses crimes. Auparavant, à cause de celui de blasphème contre Dieu et la vraie foi, on lui a arraché la langue. On prétend que le cri terrible qu'il poussa alors s'entendit dans toute la ville. À Paris, juste après, dans les années 1620, sous le jeune Louis XIII donc, ceux que l'on appelle « les libertins » sont quelques jeunes aristocrates joyeux drilles. Ils s'appellent Maynard, Saint-Amant, Boisrobert. Une bande de poètes remuants qui pensent qu'il est temps, dans les années qui suivent le long cauchemar des guerres de Religion, de respirer un peu ; qui passent plus de nuits à la taverne qu'à l'étude, qui riment avec grâce, mais quand ça leur vient ; et qui entendent profiter de toute leur liberté, y compris sexuelle. C'est le cas du plus célèbre d'entre eux à l'époque, Théophile de Viau (1590-1626). Son nom est bien oublié aujourd'hui, et pendant longtemps on ne l'a cité qu'à travers les vers méchants que Boileau, quelques décennies après sa mort, écrivit sur lui : Tous les jours à la cour un sot de qualité Peut juger de travers avec impunité, À Malherbe, à Racan, préférer Théophile... Lisez l'élégante poésie de celui-là, passez aux pensums du pesant Malherbe et vous verrez à quel point Boileau peut être injuste, ou à quel point les goûts changent. Quoi qu'il en soit, notre Théophile, de son vivant, est le prince des poètes, il est célèbre, aimé, charmant. Il a un défaut, il aime les hommes, beaucoup, souvent, son cher Des Barreaux, poète comme lui, et bien d'autres. La petite bande aime à rire, elle se commet dans une farce, le Parnasse satyrique, un recueil de textes irrévérencieux à l'égard de tous les pouvoirs, paillard, obscène, mais plein de vigueur, de drôlerie et de santé (1622). La coupe du vice est pleine. Le père Garasse, un jésuite, tombe sur l'ouvrage et en fait son prétexte. Il a enfin trouvé l'occasion d'en finir avec ces esprits forts qui défient le Vrai et se complaisent dans l'erreur. Garasse, c'est le modèle du dévot, de l'esprit borné, c'est la méchanceté incarnée, c'est la bigoterie dans ce qu'elle a de détestable. C'est aussi un homme d'une intelligence retorse et un polémiste redoutable. Il lance une campagne haineuse. Théophile en sera la principale victime. Pour des raisons d'irréligion, pour de complexes raisons politiques aussi (le poète est lié au grand opposant du moment, à la cour de Louis XIII). Et aussi pour ses moeurs. « Mon Dieu je me repens d'avoir si mal vécu / Je fais voeu désormais de ne foutre qu'en cu », plaisantait le gaillard dans le Parnasse satyrique. Avec Garasse sur le dos, le temps de rire est passé. Un procès est intenté. Théophile réussit à se cacher, mais il est condamné à mort par contumace et son effigie est brûlée. Plus tard, on le retrouve et on le colle en prison. Dans un sursaut d'énergie, grâce à quelques appuis, il réussit à retourner les juges et à sortir de sa geôle, mais il est épuisé de ce qu'il y a vécu. Il meurt un an plus tard. Les libertins se terrent, le parti dévot triomphe. Entendons-nous bien maintenant sur le sens que l'on peut donner à ces deux dernières histoires. Elles lient libertinage et homosexualité. À l'époque, et surtout dans la tête des juges, cela allait de soit : le désordre des moeurs était la preuve de l'horreur à laquelle conduisait forcément l'impiété. Il serait aventureux aujourd'hui d'aller sur la voie d'une généralité aussi idiote : la liberté de pensée ne conduit évidemment pas à l'homosexualité. L'inverse est tout aussi vrai : l'homosexualité n'a pas forcément partie liée avec la liberté de pensée. Nombre d'homosexuels en matière politique et religieuse furent et sont d'un conformisme étouffant. Bien des esprits libres furent et sont des hommes et des femmes résolument hétérosexuels. Il se trouve que Vanini et Théophile étaient à la fois adeptes d'une forme de libre-pensée et de l'amour des hommes et qu'ils sont morts à cause des deux. Il est juste de ne pas l'oublier. 1 Op. cit. 2 La Guerre de Cent Ans, op. cit. 21 La marche vers l'absolutisme François Ier avait posé les fondations du système. Louis XIV en parachèvera la construction. Il fera de son royaume un univers dont il sera le centre absolu, et du xviie siècle celui de l'absolutisme. Il ne prend le pouvoir qu'en 1661. Pourtant l'empreinte sur notre histoire nationale de cette forme politique est tellement forte qu'on a l'habitude, dans les livres, de ne lire la période qui précède que comme une lente montée qui y conduit. Le règne de Louis XIII et le gouvernement à poigne de son ministre Richelieu ; la minorité de Louis XIV et le ministère de Mazarin ; et aussi les émeutes, les périodes d'instabilité qui secouent le royaume durant ce grand demi-siècle ne seraient qu'une sorte de répétition générale qui prépare la période suivante ou plutôt la rend indispensable. C'est une façon de considérer les choses. Elle peut s'entendre. On va essayer de montrer qu'elle n'est pas la seule. Repères - 1610 : assassinat d'Henri IV, Louis XIII enfant, régence de Marie de Médicis - 1624 : le cardinal de Richelieu au conseil du roi - 1642 : mort de Richelieu - 1643 : mort de Louis XIII, régence d'Anne d'Autriche pour Louis XIV ; gouvernement de Mazarin - 1648-1653 : la Fronde ; révoltes des parlements, des nobles, des princes - 1661 : mort de Mazarin, début du règne effectif de Louis XIV Reconstruction Pour comprendre où nous voulons en venir, il faut d'abord dérouler le fil des événements tels qu'ils se sont passés. On vient de l'écrire, la période qui nous intéresse se conclut en 1661, le jour où un jeune homme de vingt-trois ans décide de faire seul, et dans sa plénitude, le métier qui est le sien : roi. Elle commence là où nous avions laissé le déroulé chronologique de notre histoire, en 1598, c'est-à-dire à la signature de l'édit de Nantes, qui clôt les horribles guerres de Religion. Henri IV est enfin reconnu comme roi par à peu près tout le monde, il peut s'atteler à une tâche qui n'est pas simple : tenter de reconstruire un royaume en ruine. Un de ses amis fidèles, un rigoureux protestant, le seconde dans cette oeuvre : Sully (1559-1641), le premier grand homme d'État de ce siècle. On ne le sort jamais dans les manuels qu'avec sa célèbre maxime en bandoulière : « Labourage et pâturage sont les mamelles dont la France est alimentée. » L'image est hardie, mais réductrice : le brave Sully s'est occupé du reste du corps aussi. Tout était à refaire : relancer le commerce, sécuriser les routes, développer de nouveaux secteurs économiques et trouver beaucoup, beaucoup d'argent pour payer les millions de dettes accumulés : les guerres ont coûté cher. Le ministre fait des prodiges, il réussit à ramener le budget à l'équilibre. Il n'a rien négligé pour cela, et surtout pas d'augmenter les impôts, moyen très sûr de se rendre impopulaire. De leur vivant, le roi et son ministre le seront énormément. Henri est sauvé par le destin, en quelque sorte, en se faisant assassiner, en 1610, dans son carrosse bloqué à Paris dans un embouteillage, par un catholique fanatique dont chacun connaît le nom : Ravaillac. Pour la postérité, c'est imparable. L'assassinat crée un choc dans un pays qui ne veut pas revivre ce qu'il a trop connu au siècle précédent. De ce traumatisme national la légende peut naître. Comme l'écrit Yves-Marie Bercé, un des grands spécialistes de cette période1 : « Henri IV appartenait désormais à l'imagerie merveilleuse de l'histoire rêvée », celle du monarque débonnaire régnant sur un pays heureux et de la poule au pot. Louis XIII enfant, régence de Marie de Médicis Louis XIII adulte, ministère de Richelieu Pour l'histoire politique, en revanche, l'assassinat est une catastrophe : son fils aîné, devenu aussitôt le nouveau roi Louis XIII (1601-1643), n'a que neuf ans. Il faut une régence. La reine mère, Marie de Médicis, l'assure. Assure est un grand mot. Elle met beaucoup d'énergie à vider consciencieusement les caisses royales et donne les clés du pays à un étrange aventurier italien nommé Concini, marié à son amie d'enfance, une créature de roman nommé la Galigaï qui finira brûlée pour sorcellerie. Le jeune roi grandit de son côté sans que personne ne se préoccupe beaucoup de son éducation. On le laisse passer son temps à la chasse, il n'aime que ça. Il est sentimental. Il s'entiche de son fauconnier, un nobliau de vingt-trois ans son aîné, sans grande intelligence politique, mais très bel homme. Le jeune Louis en est fou : il le fait connétable et duc de Luynes et, après avoir éliminé Concini, le met au pouvoir. Luynes a le bon goût de mourir assez vite, lors d'un siège, en 1621, foudroyé non par un boulet mais par la scarlatine - on ne peut pas être parfait tout le temps. La première place est libre pour le deuxième des grands hommes d'État du siècle après Sully : le cardinal de Richelieu (1585-1642). Il rêvait, enfant, d'être homme de guerre. Il est devenu par hasard homme d'Église (on le fait évêque parce que son frère, à qui était destinée la place, a préféré devenir moine). Il campe à jamais le type

« Quoi qu’ilensoit, notre Théophile, deson vivant, estleprince despoètes, ilest célèbre, aimé,charmant.

Ilaun défaut, ilaime leshommes, beaucoup, souvent,soncher DesBarreaux, poètecomme lui,etbien d’autres. La petite bande aimeàrire, ellesecommet dansunefarce, le Parnasse satyrique , un recueil detextes irrévérencieux àl’égard detous lespouvoirs, paillard,obscène, maisplein devigueur, dedrôlerie etde santé (1622).

Lacoupe duvice estpleine.

Lepère Garasse, unjésuite, tombesurl’ouvrage eten fait son prétexte.

Ila enfin trouvé l’occasion d’enfiniravec cesesprits fortsquidéfient leVrai etse complaisent dansl’erreur.

Garasse, c’est lemodèle dudévot, del’esprit borné,c’estlaméchanceté incarnée,c’estlabigoterie danscequ’elle ade détestable.

C’estaussi unhomme d’uneintelligence retorseetun polémiste redoutable.

Illance unecampagne haineuse.

Théophile ensera laprincipale victime.Pourdesraisons d’irréligion, pourdecomplexes raisons politiques aussi(lepoète estliéau grand opposant dumoment, àla cour deLouis XIII).

Etaussi poursesmœurs. « Mon Dieujeme repens d’avoir simal vécu /Je fais vœu désormais dene foutre qu’encu »,plaisantait legaillard dans le Parnasse satyrique . Avec Garasse surledos, letemps derire estpassé.

Unprocès estintenté. Théophile réussitàse cacher, maisilest condamné àmort parcontumace etson effigie estbrûlée.

Plustard, onle retrouve eton lecolle enprison.

Dansunsursaut d’énergie, grâceàquelques appuis,ilréussit àretourner lesjuges et àsortir desageôle, maisilest épuisé decequ’il ya vécu.

Ilmeurt unanplus tard.

Leslibertins seterrent, le parti dévot triomphe. Entendons-nous bienmaintenant surlesens quel’onpeut donner àces deux dernières histoires.Elleslient libertinage ethomosexualité.

Àl’époque, etsurtout danslatête desjuges, celaallait desoit : ledésordre des mœurs étaitlapreuve del’horreur àlaquelle conduisait forcément l’impiété.Ilserait aventureux aujourd’hui d’aller surlavoie d’une généralité aussiidiote : laliberté depensée neconduit évidemment pasàl’homosexualité. L’inverse esttout aussi vrai :l’homosexualité n’apas forcément partieliéeavec laliberté depensée.

Nombre d’homosexuels enmatière politique etreligieuse furentetsont d’un conformisme étouffant.Biendesesprits libres furent etsont deshommes etdes femmes résolument hétérosexuels.

Ilse trouve queVanini etThéophile étaientà la fois adeptes d’uneforme delibre-pensée etde l’amour deshommes etqu’ils sontmorts àcause desdeux.

Ilest juste denepas l’oublier.

1 Op. cit.

2 La Guerre deCent Ans,op.cit.. »

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