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ÉPITHÈTE, substantif féminin et adjectif.

Publié le 31/01/2016

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ÉPITHÈTE, substantif féminin et adjectif.  

A.—  Substantif féminin.  Terme ou expression servant à qualifier un être ou une chose. 

1. Terme généralement de la classe des adjectifs, ou plus rarement, expression de valeur équivalente, placés auprès d'un substantif pour qualifier, caractériser l'être ou la chose nommés. Épithètes accumulées; choix d'épithètes; ajouter une épithète. Julien (...) appelle le soleil « le dieu aux sept rayons ». Où avoit-il pris cette singulière épithète? (JOSEPH, COMTE DE MAISTRE, Les Soirées de Saint-Pétersbourg, tome 1, 1821, page 100 ). Il passe pour avoir le tact fin, car il découvrira l'épithète heureuse, le trait saillant ou le mot hasardeux qui fait tache (GUSTAVE FLAUBERT, La Première éducation sentimentale,  1845, page 265) : 

Ø 1. Vous me comblez quand vous louez mes épithètes, mais que dois-je dire alors devant vos « yeux sacrés », vos « cheveux tremblants », « fleurs humides », etc. C'est tout simplement beau, d'une beauté de rêve...

PAUL VALÉRY, Lettres à quelques-uns,  1945, page 12. 

a) En particulier. 

—  Épithète de nature. Celle qui exprime une qualité permanente, intrinsèque de l'être ou de la chose désignés, ou, spécialement, littérairement, celle qui se rencontre abondamment dans certaines oeuvres littéraires. L'épithète de nature (...) convient en toute circonstance à un objet [le ciel immense] (PRÉCIS DE STYLISTIQUE FRANÇAISE  (JULES MAROUZEAU) Lexique.  1933, page 77 ). 

·    Épithète de caractère, homérique. Épithète qui exprime une caractéristique individualisante, comme celles, invariables, qui, chez Homère, permettent par elles-mêmes d'identifier un personnage (confer le Sage Nestor). L'obsession d'une épithète invariable, homérique, par une cadence, une alliance de syllabes inaltérablement accolées et fondues (ALEXANDRE ARNOUX, Rêveries d'un policier amateur,  1945, page 279 ). 

—  Épithète de circonstance. Celle qui exprime une qualité actuelle, occasionnelle de l'être ou de la chose désignée. L'épithète de circonstance (...) n'est attribuée que dans un cas considéré [un joli visage] (PRÉCIS DE STYLISTIQUE FRANÇAISE  (JULES MAROUZEAU) Lexique 1933, page 77 ). 

b) Spécialement. 

—  GRAMMAIRE.  Confer infra B. 

—  Vieux.  [Dans les dictionnaires de la langue poétique dits gradus (ad Parnassum), pour aider l'élève à composer des vers latins]  J'ouvrais le « Gradus ad Parnassum », je lisais toutes les épithètes de la mouche : « volucris, acris, nigra » (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Vie de Henry Brulard, tome 1, 1836, page 150 ). 

2. Par extension.  Appellation, qualificatif laudatif ou dépréciatif donné à quelqu'un. Épithète flatteuse, louangeuse, injurieuse, malsonnante; accabler, flétrir quelqu'un d'épithètes; lancer à quelqu'un des épithètes. Il (...) appela madame Pignoux en la gratifiant des épithètes les plus grossières (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  1858, page 119 ). Oui, mon cher petit homme, répondit Cerise, employant avec son mari cette épithète amicale (PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 2, 1859, page 166) : 

Ø 2.... les fouaciers ne répondirent que par des injures, donnant aux bergers plusieurs épithètes diffamatoires, et les appelant rustres, brèche-dents et malotrus.

ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Rabelais,  1909, page 53. 

SYNTAXE : Épithète rare, heureuse, singulière, bien choisie; entasser, trouver des épithètes. 

B.—  Substantif féminin et adjectif,  GRAMMAIRE.  (Fonction) épithète. Fonction d'un terme (adjectif ou équivalent d'adjectif, adverbe, locution, etc.) ou d'un membre de phrase (proposition relative ou comparative) quand ils sont constituants du groupe nominal (par opposition à la fonction attribut ou prédicative composante du groupe verbal). 

1. [Appliqué à l'adjectif qualificatif]  Joint directement au substantif qu'il détermine, sans l'intermédiaire d'un verbe exprimé ou sous-entendu. Adjectif épithète; accord, place de l'épithète; épithète antéposée, postposée. L'épithète est un jugement, et le plus insinuant de tous, car il se glisse avec le mot (JOSEPH JOUBERT, Pensées, tome 1, 1824, page 455 ). Certains adjectifs en fonction d'épithète changent de sens selon qu'ils sont antéposés ou postposés (Dictionnaire de linguistique (JEAN DUBOIS, MATHÉE GIACOMO, LOUIS GUESPIN, CHRISTIANE MARCELLESI, JEAN-BAPTSITE MARCELLESI)  1972). 

2. [Appliqué à une proposition déterminant]  Fonction d'épithète ou de complément déterminatif de l'antécédent. La proposition épithète est une proposition relative qui détermine l'antécédent du relatif à la manière d'un adjectif (GASTON CAYROU, PIERRE LAURENT, MARIE-JEANNE LODS, Le Français d'aujourd'hui, Paris, Armand Colin, 1949, page 372) 

Remarque : On rencontre dans la documentation les dérivés a) Épithéter, verbe transitif, rare. Qualifier d'une épithète (confer Goncourt, Journal, 1880, page 85). b) Épithétisation, substantif féminin, néologisme, linguistique \" Transformation qui enchâsse une phrase formée de la copule être et d'un adjectif dans le syntagme nominal d'une autre phrase au moyen d'une relativisation, suivie d'un effacement du relatif et de la copule \" (Dictionnaire de linguistique (JEAN DUBOIS, MATHÉE GIACOMO, LOUIS GUESPIN, CHRISTIANE MARCELLESI, JEAN-BAPTISTE MARCELLESI) 1972). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 501. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 627, b) 777; XXe.  siècle : a) 862, b) 659. 

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