exotisme

L'exotisme dans la littérature apparaît avec les premiers grands voyages à travers le monde, c'est-à-dire au XVIII' siècle. Les récits de voyage se font plus nombreux: les jésuites rapportent leurs impressions de Chine, le navigateur Bougainville publie la relation de son périple vers Tahiti. Le goût pour l'exotisme se confond alors avec une aspiration à se représenter la Nature originelle, paradisiaque, telle que le "bon sauvage" aurait pu la préserver. L'engouement est si fort que le personnage de "l'étranger", qui apporte au roman sa "touche exotique" mais aussi sa lucidité et sa naïveté, devient un ingrédient obligé des romans et des contes à la mode. On se souvient des Lettres persanes de Montesquieu ou de L'Ingénu de Voltaire. Paul et Virginie, en 1787, publié par un disciple de Rousseau, Bernardin de Saint-Pierre est le modèle du genre. Avec le Romantisme et l'insatisfaction qu'il manifeste à l'égard d'une société qu'il considère ennuyeuse et figée, l'exotisme ouvre la voie du rêve et permet d'échapper à un quotidien souvent décevant. Chateaubriand connaît ainsi un véritable triomphe avec la publication d' Atala en 1801. Ses successeurs se tourneront vers l'Espagne (Carmen de Mérimée, Ruy Blas de Victor Hugo), vers l'Orient (Salammbô de Flaubert) ou l'Italie (La Chartreuse de Parme de Stendhal). Mais c'est avec Baudelaire que l'exotisme se transforme en idéal, c'est-à-dire qu'il devient vraiment inaccessible. Baudelaire envisage le voyage vers les îles chaudes et parfumées pour finir "Le spleen de Paris', mais cette issue se révèle illusoire, la seule échappée restant la mort.