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FANGE, substantif féminin.

Publié le 11/02/2016

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FANGEUX, -EUSE, adjectif.  

A.—  Rempli ou couvert de fange. Chemin, terrain fangeux; mare fangeuse. Les piétinements de la foule avaient transformé la neige en un sorbet fangeux (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Mort du père, 1929, page 1354) : 

Ø Ce fut ainsi qu'ils entrèrent dans leur retraite, fangeux, grelottants, écoeurés par l'odeur de cette mer de boue qu'ils venaient de traverser.

ÉMILE ZOLA, Madeleine Férat,  1868, page 158. 

B.—  Au figuré.  Abject. Littérature fangeuse; âme, vie fangeuse. Elle ignore l'abîme fangeux des caresses (JULES BARBEY D'AUREVILLY, Memorandum 1,  1837, page 164 ). La paillardise, la calomnie, le chantage et le maquerellage le plus fangeux sont mes pratiques (LÉON BLOY, Journal,  1893, page 98 ). 

Remarque : On rencontre dans la documentation fangeusement, adverbe.  De manière abjecte. Te voilà riche, (...) eh bien, je ne te donne pas deux mois pour devenir fangeusement égoïste (HONORÉ DE BALZAC, La Peau de chagrin, 1831, page 196). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 184. 

 

FANGE, substantif féminin.  

A.—  Boue épaisse. Fange d'un marais. Le sol, nouvellement labouré, était si trempé, qu'hommes et chevaux ne pouvaient se tirer de la fange (PROSPER DE BARANTE, Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, tome 4, 1821-24, page 75 ). La pluie, ruisselant par torrents, change en une fange abominable la neige qui recouvre la terre (ALFRED DE MUSSET. dans Le Temps,  1831, page 43) : 

Ø 1. On arrive à un marigot d'eaux quasi bourbeuses (...); aussi, posant un pied sur un soliveau, je prends un fort élan; mon pied glisse et je m'étale tout de mon long dans le bourbier. J'en sors couvert d'une fange infecte, et cherche à me changer aussitôt...

ANDRÉ GIDE, Voyage au Congo,  1927, page 793. 

B.—  Au figuré, littéraire.  État de déchéance, souillure morale. Croupir, se traîner, se vautrer dans la fange. D'autres cyniques étonnèrent la vertu, Voltaire étonne le vice. Il se plonge dans la fange (JOSEPH, COMTE DE MAISTRE, Les Soirées de Saint-Pétersbourg, tome 1, 1821, page 276 ). Une nation est illustre; elle goûte à l'idéal, puis elle mord dans la fange, et elle trouve cela bon (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 489) : 

Ø 2.... moi dont la vie est condamnée désormais à l'opprobre; moi dont on dit, dont on dira : « C'était une fille perdue qui n'a pas su se réhabiliter, et qui devait tôt ou tard retourner à la fange d'où l'amour d'un grand coeur l'avait retirée. »

PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 5, 1859, page 77. 

—  Spécialement. 

1. Condition sociale inférieure. Naître dans la fange, sortir de la fange, tirer quelqu'un de la fange. C'est un préjugé de croire qu'un honnête homme ne pouvait pas épouser une honnête fille, fût-elle née dans la fange (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Monsieur Sylvestre,  1866, page 155 ). 

2. Propos insultants et grossiers : 

Ø 3. —  Ça pue pourtant assez!

—  Eh! fit l'autre qui le prit de haut, c'est toi qui pues! T'as l'blair bien délicat, ce matin! Pour sûr que j'aime mieux être ici q'dans tes chaussures!

Il y eut querelle, ces dames échangèrent de la fange. 

GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Le Train de 8 h 47,  1888, 2e.  partie, page 173. 

·    Locution. Couvrir quelqu'un de fange, rouler, traîner quelqu'un dans la fange. Insulter quelqu'un grossièrement. Je continue à être roulé dans la fange. La Gironde m'appelle Prud'homme. Cela me paraît neuf! (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance,  1869, page 99 ). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 562. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 1 081, b) 1 484; XXe.  siècle : a) 812, b) 182. 

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