FANTOCHE, substantif masculin.

 Fantomal, -ale, -aux,  adjectif,  rare. a)  Qui tient de l'apparition. L'imagination du paysan préfère donner le frisson en évoquant des êtres plus irréels : lavandières de nuit, fantômes et processions fantomales (PIERRE-LOUIS MENON, ROGER LECOTTÉ, Au Village de France, tome 2, 1954, page 95 ).  Par analogie.  Qui évoque une apparition. Ce monde si triste, où tout laissait suinter, comme un brouillard, la forme de son âme humide, dans cette lumière fantomale (HENRI BOSCO, Le Mas Théotime,  1945, page 106 ). b)  Au figuré.  Qui est irréel. Il s'est trompé en cherchant la vie véritable dans la vie même, alors que la vie des hommes est fantomale, et seule réelle la vie des âmes (MARIE-JEANNE DURRY, Gérard de Nerval et le mythe,  1956, page 116 ). Remarque : La documentation atteste fantômnal, -ale, -aux,  adjectif.  variante rare. Elles sont toutes comme lapidifiées [les femmes d'Odilon Redon] et, quoique fantômnales, toutes ont ce profil arrêté de l'Ange de la certitude (PAUL DUVAL, DIT JEAN LORRAIN, Sensations et souvenirs,  1895, page 216 ). 2. Fantomatique, adjectif.  Qui est relatif au fantôme. La clarté pâle, lente, du jour, lui donnait un aspect fantomatique, une beauté d'apparition (PAUL BOURGET, Le Sens de la mort,  1915, page 192 ). Alors qu'un être aimé est victime au loin d'un accident entraînant la mort, il [l'homme] est averti d'une manière surnaturelle —  nous disons maintenant supranormale —  par un vague pressentiment, un rêve ou une vision fantomatique (RENÉ WARCOLLIER, La Télépathie,  1921, page 5 ).  Au figuré    Qui est sans réalité. La vision très fantomatique et uniquement abstraite sans aucune conviction que je m'en forme [d'un colosse] (FRANCIS PONGE, Le Parti pris des choses,  1942, page 56 ). Et toute la réalité du souvenir devient fantomatique. Mais cette irréalité formulée dans les songes du souvenir n'atteint-elle pas le rêveur devant les choses les plus solides? (GASTON BACHELARD, La Poétique de l'espace,  1957, page 67 ). 

FANTOCHE, substantif masculin.  

A.—  Marionnette articulée, actionnée à l'aide de fils. Synonyme : pantin. Les fameux fantoches du théâtre Séraphin qui ont joui, à juste titre, d'une réputation presque européenne pendant le premier quart du dix-neuvième siècle, appartenaient évidemment à ce genre de marionnettes [mués à l'aide de fils] (HENRI-RENÉ D'ALLEMAGNE, Histoire des jouets,  1902, page 254 ). Les jolis fantoches [des poupées] avaient tenu une telle place dans le coeur de l'enfant [Carmen] (JEAN-BALTHASAR MALLARD, COMTE DE LA VARENDE, Dans le Goût espagnol,  1946, page 179 ). 

—  Par extension.  Mannequin. Aux fenêtres des étages, déjà, des fantoches en paille vêtus d'uniformes et pendus représentaient le kaiser (MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14,  1935, page 424) : 

Ø 1. «... ce sont des hommes de paille habillés de guenilles, (...) pour éloigner les oiseaux des cerises et des raisins. » En six coups de pied il fit rouler au milieu de la route, les six grotesques fantoches, qui s'épatèrent sur la poudre avec ces gestes irrésistiblement comiques de marionnettes dont on a abandonné les fils.

THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse,  1863, page 81. 

—  Par métaphore. Nous nous agitions sur la même marche de l'escalier. Nous étions des fantoches aux ficelles également tendues (GEORGES DUHAMEL, Confession de minuit,  1920, page 69 ). 

B.—  Au figuré.  Homme sans caractère ni volonté, qui se laisse mener par autrui et ne peut être pris au sérieux. Nous sommes tous des lâches, moi le premier, qui ne crie pas à Bauër, Mendès et La Jeunesse : « Vous êtes tous des fantoches ridicules... » (JULES RENARD, Journal,  1897, page 446 ). Le ministre de la guerre d'alors était un hurluberlu et un incapable, de ces fantoches de congrès radical comme il en foisonne en régime électif (LÉON DAUDET, La Recherche du beau,  1932, page 199) : 

Ø 2. Devant un tel infantilisme, il n'y avait évidemment rien d'autre à faire qu'à rire, ce que nous fîmes sans nous gêner. Le pauvre fantoche s'en alla d'un air digne, au fond beaucoup plus ennuyé que nous, car le colonel l'avait menacé de le relever de ses fonctions, et il n'en menait pas large.

FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances,  1946, page 285. 

—  Par extension, littéraire.  Personnage de théâtre, de roman dénué de consistance et de vraisemblance. Le factice et le saugrenu de cette pièce me donne envie de gifler mes voisins; (...) De Max n'est visible qu'entre le neuvième et le dixième tableau. Bon, d'ailleurs; donnant un semblant d'existence à ce fantoche déclamatoire et odieux (ANDRÉ GIDE, Journal,  1907, page 238 ). Il [Stendhal] agite en personne ses fantoches, dont il se compose une troupe sociale fort complète, où les emplois sont définis comme dans l'ancien théâtre (...). Ces types sont plus convenus que ceux de Balzac (PAUL VALÉRY, Variété II,  1929, page 84 ). 

—  Emploi adjectival.  [En parlant d'une personne]  Qui est dénué de consistance, ne mérite pas d'être pris au sérieux. Julius après tout ne lui déplaisait pas, si fantoche qu'il lui parût (ANDRÉ GIDE, Les Caves du Vatican,  1914, page 732 ). Les articles, d'une vengeresse inouïe, consacrés par Maurras à son juge fantoche [Fredin] , augmentèrent l'hilarité générale (LÉON DAUDET, Vers le roi,  1920, page 259 ). 

·    En particulier. Gouvernement, régime fantoche. Qui n'a aucune autonomie, qui est l'instrument de puissances étrangères ou de la puissance occupante. Tous les acteurs ont violemment attaqué « le gouvernement fantoche », « les laquais de la Cour » (Le Monde, 20 juillet 1965 dans le Dictionnaire des mots nouveaux (PIERRE GILBERT)  1971). 

Remarque : 1. La documentation atteste fantochement, adverbe, rare. D'une façon grotesque et dérisoire. Cette colère, (...) qui (...) me fit (...) D'un pied fantochement vainqueur, Écraser cette pauvre montre (Paul Verlaine, Œuvres complètes, tome 3, Invectives, 1896, page 409). 2. Confer l'homonyme fantoche, au mot fantaisie A 2 b β  remarque. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 91. 

Fantomatique, adjectif.  Qui est relatif au fantôme. La clarté pâle, lente, du jour, lui donnait un aspect fantomatique, une beauté d'apparition (PAUL BOURGET, Le Sens de la mort,  1915, page 192 ). Alors qu'un être aimé est victime au loin d'un accident entraînant la mort, il [l'homme] est averti d'une manière surnaturelle —  nous disons maintenant supranormale —  par un vague pressentiment, un rêve ou une vision fantomatique (RENÉ WARCOLLIER, La Télépathie,  1921, page 5 ).  Au figuré    Qui est sans réalité. La vision très fantomatique et uniquement abstraite sans aucune conviction que je m'en forme [d'un colosse] (FRANCIS PONGE, Le Parti pris des choses,  1942, page 56 ). Et toute la réalité du souvenir devient fantomatique. Mais cette irréalité formulée dans les songes du souvenir n'atteint-elle pas le rêveur devant les choses les plus solides? (GASTON BACHELARD, La Poétique de l'espace,  1957, page 67 ).