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HUME (David)

Publié le 02/04/2015

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HUME (David)

De petite noblesse écossaise, il est né à Edimburg en 1711. Après des études de droit abandonnées, une tentative dans le commerce, il se fixe à La Flêche en 1734 et retourne en Angleterre en 1737 ; de 1739 à 1740, il publie sans succès son ouvrage fondamental Traité de la nature humaine ; il reprendra l'exposition de sa théorie de la connaissance en 1748 (Essais philosophiques sur l'entendement humain) et de sa théorie morale en 1751 (Recherche sur les principes de la morale). Des Essais moraux et politiques (1741, 1742, 1748) ; des Discours politiques, 1751, lui procurent le succès, mais c'est avec son Histoire d'Angleterre (1754, 1756, 1759) qu'il connaît

la gloire. Il mène une vie d'homme de lettres et fréquente les salons parisiens (1763, 1765) à l'occasion d'un poste de secrétaire d'ambas­sade ; il accueille Rousseau à Londres. Sous-secrétaire d'État en 1768, il se retire en Écosse en 1769. Ses opinions religieuses (cf. Histoire naturelle de la religion, 1757) lui valurent de vives oppositions (mai 1755 : mis en accusation devant l'Assemblée générale des Églises d'Écosse) et c'est par testament qu'il fait obligation morale à son neveu de publier les Dialogues sur la religion naturelle (rédigés à partir des années 1750), après le refus de son ami A. Smith de s'en charger. Il meurt en 1776.

1.   Dans le Traité de la nature humaine, qui a pour sous-titre Essai pour introduire la méthode experimentale dans les sujets moraux, Hume entend appliquer à la connaissance de l'homme la méthode de Newton. Le but de l'auteur n'est pas anthropologique, mais épistémologique : « Quand nous prétendons expliquer les principes de la nature humaine, nous proposons en fait un système complet des sciences, construit sur une base presque entièrement nouvelle, la seule sur laquelle elle puisse s'établir avec vérité. « Hume paraît ainsi prendre place dans la problématique instaurée par la subjectivité cartésienne ; mais sa position est plus radicale : la méthode expérimentale exclut la recherche du fondement dans la réflexion sur soi d'une conscience, la scientificité et sa certitude sont fondées dans la seule observation de ce qui se. passe effectivement quand on connaît. Pour Descartes, le sujet est le point d'Archimède de la science, pour Hume, la nature humaine et ses principes (c'est-à-dire dans nos opérations mentales, ce dont la constance permet qu'on s'en serve pour expliquer le reste) constituent toute la légitimité de la connaissance ; il s'agit d'un fait, non d'un fondement absolu. Loin de faire du sentiment de soi de l'individu un point de départ, Hume en fait une croyance, un faisceau d'impressions, explicable par l'action des principes de la nature humaine.

2.   Toutes les perceptions de l'esprit humain sont ou des impressions, ou des idées ; sont des impressions (c'est-à-dire des données indépassables) nos sensations, passions et émotions, telles qu'elles font leur première apparition dans l'âme ; les idées sont les images effacées des impressions ; des idées secondaires peuvent être images d'idées primaires (idées de réflexion), ce sont les passions ou les émotions (appelées parfois impressions de réflexion). Il s'ensuit que toutes nos idées naissent des sensations ; entre l'idée et la sensation, il n'y a qu'une différence de degré, et la vivacité de l'impression est en quelque sorte le sentiment de la réalité. Les idées forment la mémoire et l'imagination en s'associant soit au hasard, soit selon quelque régularité. Celle-ci provient de ce que certaines associations sont régies par trois principes : ressemblance, contiguïté, causalité ; il

s'agit là de principes de la nature humaine, qui sont à l'origine de la composition de toutes nos idées, à partir des complexes d'idées simples fournies par la sensation.

Le problème fondamental consiste alors à expliquer dans le détail le processus de la formation des idées complexes ; Hume est célèbre par le traitement qu'il donne ainsi à la cau­salité (la causalité est un principe d'association, mais elle est aussi une idée complexe). Considérée en elle-même, l'idée d'une chose ne fournit aucune autre idée qu'elle-même ; toute idée de cause ou d'effet suppose une perception immédiate (de notre mémoire ou de nos sens) et une inférence qui de cette perception nous fait passer à sa cause ou à son effet ; autrement dit, la présence d'une impression nous conduit immédiatement à une autre idée ; on ne peut expliquer cette connexion nécessaire que par l'expérience, et un autre principe de la nature humaine, l'habitude.

Si la causalité n'est qu'une croyance (c'est-à-dire une idée vive, unie ou associée à une impression présente), toute la métaphysique qui se sert de l'idée de cause nécessaire pour prouver l'existence de Dieu est détruite ; mais elle entraîne dans sa ruine le réalisme : la réalité des choses hors de nous n'est qu'une croyance inférée par habitude à partir de nos impressions, comme l'est celle du sujet (l'âme) auquel nous rapportons notre impression. La philosophie humienne est une critique du rationalisme dogmatique. Elle en détruit aussi les conséquences morales : « La vertu est toute action ou qualité de l'âme qui excite un sentiment de plaisir et d'approbation sur ceux qui en sont témoins « ; le droit et la justice ne sont que des vertus artificielles dépendant des circonstances, et le gouvernement n'est pas fondé sur un contrat explicite qui le légitime, c'est une convention implicite, qui ne dépasse pas son utilité présente pour la société.

·      Le rationalisme a fait de Hume le type même de l'empi­riste à combattre ; sa doctrine entrainerait l'absence de vérité absolue, de nécessité absolue, de morale absolue, elle ferait perdre à la science sa dignité en la rapportant à l'imagination et à la croyance. En montrant la voie d'une critique radicale de la pensée et du dogmatisme métaphy­sique, il a ouvert la voie à Kant. On l'a accusé de cultiver le scepticisme ; il se qualifie lui-même de « sceptique mitigé « : le scepticisme absolu est un dogmatisme injustifié, et la critique philosophique n'empêche pas notre vie courante d'être guidée par des croyances fondamentales.

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