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Navarro acquiesça.

Publié le 06/01/2014

Extrait du document

Navarro acquiesça. -- Oui. Mais la composition exacte est encore un mystère. Stephenson grimaça. -- Quoi ? fit Navarro. -- Si la drogue produit cet effet-là, répondit Stephenson, vous ne pouvez pas la lâcher comme cela dans la ature. Elle doit faire l'objet d'essais dans les règles. Une drogue capable d'ouvrir des portes dans l'esprit... eut être très dangereuse. Si elle donne vraiment accès à des expériences de vies passées, elle peut ramener la surface des souvenirs effacés dont il vaudrait sûrement mieux qu'ils le restent. Les souvenirs de vies ntérieures réapparaissent en général à cause d'un traumatisme, et ramener ces... ces épiphanies psychiques isquerait de vous déséquilibrer et d'expédier brutalement votre esprit vers, je ne sais pas, une sorte de chaos rimitif. Vous pourriez devenir quelqu'un que vous n'avez pas du tout envie d'être, et avoir une vie infernale... Cette perspective n'inquiétait apparemment pas Navarro. -- Il y a des bons trips et des mauvais trips. Des tas de gens préfèrent ça à pas de trip du tout. Stephenson était stupéfait. -- Oui... mais c'est un trip qui peut en faire des épaves mentales ! Navarro haussa les épaules. -- La vie, c'est une suite de choix, non ? -- Alors tout cela... rétorqua Stephenson. Alex... me kidnapper pour m'amener ici... Vous pensez vraiment u'il peut vous aider à retrouver la formule de cette drogue ? -- Pourquoi pas ? Il se rappelle tout le reste. Navarro agita le journal. -- Les écrits d'Eusebio sont très éclairants pour ce qui concerne son expérience. La seule chose qu'il n'a as écrite, c'est la manière de fabriquer cette drogue. -- Mais McKinnon l'a trouvée, ajoutai-je. Il a retrouvé la tribu dont parle Eusebio dans son journal. -- Oui. C'était son obsession. Pendant des années, il a suivi la piste d'Eusebio. Et il y est arrivé. Navarro me jeta un regard glacial. -- Et vous êtes venus jusqu'ici, vous l'avez tué et vous m'avez enlevé la drogue. Il en fallait plus pour m'émouvoir. -- Et vous, vous vous êtes mis à la poursuite d'Alex. -- Je ne voulais pas perdre des années, et la tribu de McKinnon ne voulait pas qu'on la trouve. Je savais ue la mission d'Eusebio se trouvait sur le territoire des Wixaritari. Ça figure dans son journal, et c'est de là que cKinnon a commencé à suivre sa piste. La tribu venait des montagnes autour de San Luis Potosi, et ils 'étaient enfuis vers l'ouest pour échapper aux conquistadors. C'est là, à Durango, qu'Eusebio a fondé sa ission. Puis les jésuites ont été expulsés par le roi d'Espagne et les Indiens se sont retrouvés à la merci des ineurs qui voulaient les utiliser comme esclaves. Ils se sont éparpillés à nouveau et ont fini par s'égailler un eu partout. On en trouve encore quelques-uns çà et là. De nos jours, on les appelle les Huichol... « J'ai engagé des anthropologistes pour essayer de retrouver la piste de McKinnon, poursuivit-il. Nous ommes allés vers le sud, où nous avons parlé à des tribus Huichol et Lacandon, dans la forêt proche du hiapas. Là où McKinnon prétendait avoir découvert la formule. Nous avons retrouvé des Indiens qui se appelaient l'avoir rencontré, qui se souvenaient de lui, de son vieux journal et des questions qu'il posait. Puis la iste s'est refroidie. Nous n'avons pas retrouvé la tribu qui nous intéressait, encore moins le chaman qui lui vait montré comment fabriquer la drogue. Qui sait ? Peut-être avait-il menti, quant à l'endroit où elle se rouvait. Tout ce qui me reste, c'est ça... Navarro prit un petit tube en acier, scellé, de la taille d'un gros cigare. -- Là se trouve le reste de ce que McKinnon m'a donné. -- Alors vous avez commencé à enlever des chimistes pour les obliger à la fabriquer, avançai-je. -- Ils en étaient incapables. Tous. Ils n'ont pas pu identifier tous les composants, ni les réactions chimiques ui produisaient la drogue. Je perdais patience. C'est alors que j'ai entendu parler d'Alex et de ses séances ans votre cabinet, docteur, dit-il à l'adresse de Stephenson. Son regard se tourna de nouveau vers moi. -- Et j'ai appris qu'Alex était votre fils, dit-il, le visage illuminé. Les astres étaient dans l'alignement. Un arma parfait. -- Comment ? demanda Stephenson. Comment avez-vous appris que je soignais Alex ? Mon travail n'est as public... -- Vous faites autorité en matière de réincarnation, docteur. J'en sais probablement plus que vous sur otre propre travail. Il eut un sourire suffisant, glacé. -- Les ordinateurs de l'université ne sont pas aussi bien protégés qu'on le pense. Un hacker n'a eu aucun al à me faire accéder à votre disque dur. J'ai lu tout ce qui concernait votre travail du moment, tous les mails à otre « cercle fermé » de chercheurs... J'étais toujours en train de penser ce que Navarro nous avait expliqué à propos de cette drogue. Elle permettait de revivre des vies antérieures. Et il allait s'en emparer grâce à l'expérience de vie antérieure de quelqu'un (mon fils !), qui était la réincarnation du type qui avait possédé la formule. Le sang battait derrière mes tempes. Navarro s'approcha de Stephenson et lui passa un bras autour du cou. -- Docteur, j'ai besoin de vous pour obtenir cette formule d'Alex. Vous allez m'aider à prouver que je n'ai pas perdu mon temps. Je peux être très généreux. Je peux aussi être très désagréable. Il prit le menton de Stephenson et serra très fort. -- Et pour bien me faire comprendre, je veux que vous regardiez très attentivement... Il est dommage que tout cela ne soit que des mots, pour vous, poursuivit-il en se tournant vers moi. Au moment où votre âme s'apprête à faire son dernier voyage. Un voyage sans retour... Navarro ouvrit un coffret de bois recouvert de sculptures complexes. Il en sortit un tuyau de silicone, un bol en terre cuite, un bâton de bois sculpté et cinq fioles en grès. Il s'accroupit et se mit à verser dans le bol le liquide contenu dans les fioles, tout en marmonnant des paroles incompréhensibles. La concoction, qui avait la consistance de la boue, prit une teinte écoeurante de moutarde. Ses hommes prirent position à ma gauche et à ma droite, et m'entraînèrent vers une lourde chaise de bois. Je décidai de ne pas leur faciliter la tâche. Je bousculai le premier d'un coup de l'épaule droite, à la manière d'un linebacker. Mon poids nous entraîna tous les deux jusqu'au mur, contre lequel je l'écrasai du mieux que je pus, expulsant l'air de ses poumons. C'est alors que je sentis une douleur fulgurante au bas du dos. Le second tueur m'avait frappé à la volée avec un tuyau métallique. Il remit ça aussitôt, au même endroit. Je tentai de me retourner, mais le comparse que j'avais poussé contre le mur me saisit les bras et les immobilisa. Le voyou au tuyau de métal le balança une troisième fois, pour faire bonne mesure. La douleur m'arracha un hurlement et je m'écroulai sur le sol en gémissant. Ils me soulevèrent en me prenant par les aisselles et me traînèrent jusqu'à la chaise. Navarro se tenait à côté. Ils m'attachèrent. Mon dos qui enflait déjà appuyait douloureusement contre le dossier de bois, ce qui n'arrangeait rien. Un des voyous me prit le menton d'une main et m'écrasa le nez de l'autre pour m'obliger à ouvrir la bouche. D'un geste adroit, Navarro m'introduisit le tuyau dans la gorge. Je résistai au besoin de cracher, mais je ne pouvais pas respirer. Ma gorge essaya en vain d'expulser le corps étranger qu'on y insérait de force. Navarro retint le bout du tuyau jusqu'à ce que je sois obligé de déglutir. Alors il continua de le pousser vers mon estomac. L'homme me lâcha le nez, ce qui me permit de respirer à fond plusieurs fois. Puis les deux voyous s'écartèrent de la chaise et Navarro vint se placer en face de moi. -- Vous m'avez vraiment emmerdé dans cette vie, et je ne tiens pas à ce que votre âme vienne me créer des problèmes dans le futur. Après votre mort, elle doit en effet passer de votre corps dans celui de quelqu'un d'autre. D'une vie à l'autre. Mais l'âme peut aussi être anéantie. Il faut pour cela qu'elle abandonne le corps et ne trouve pas le chemin du retour. Et que la douleur soit telle qu'elle n'ait d'autre choix que de s'éteindre, comme si l'on avait soufflé une flamme. Il souleva le bol. -- Cela forcera votre âme à quitter votre corps. Puis ça l'attaquera avec une telle violence, une telle brutalité, que la seule manière pour elle de mettre fin au supplice sera de provoquer sa propre mort. Si votre âme meurt avant votre corps, le lien entre le monde des âmes et celui de la matière sera rompu à jamais. Votre chaîne de naissance et de mort mourra avec vous. Ce sera fini. L'obscurité absolue elle-même vous sera interdite. Il se mit à remuer sa mixture dans le bol. -- Sans doute n'en croyez-vous pas un mot. Je n'ai moi-même aucun moyen de savoir si c'est vrai ou pas, ou s'il s'agit d'une superstition du chaman qui m'a enseigné cela. Mais ça n'a pas vraiment d'importance car, dans tous les cas, vous serez mort. Et ça me suffira amplement. 66 Je sentais le tuyau qui écrasait mon oesophage. J'avais désespérément envie de recracher, mais j'essayais de ralentir ma respiration pour atténuer la douleur. Navarro avait fini de remuer sa concoction moutarde. Il ochait la tête, visiblement satisfait de sa préparation. Stephenson ne le quittait pas des yeux, le visage pâle, terrifié. En un mot, nous étions foutus. Il n'y avait aucune issue. Tess et Alex mourraient - lentement -, et sans doute ne serait-ce pas encore fini. Le monstre se lancerait probablement à la poursuite de Kim. On récolte toujours ce qu'on a semé. Avec des intérêts. Je fermai les yeux, et pour une raison parfaitement incongrue l'envie me vint de voir un prêtre. Cette idée me rasséréna. Navarro dut remarquer que mon expression se modifiait, même si le tuyau me rendait à moitié méconnaissable. Il avait l'air narquois. Il devait se demander pourquoi je ne me pissais pas dessus, pourquoi je ne le suppliais pas de m'épargner. Ce qui me faisait le plus mal, c'était de ne pas pouvoir dire adieu à Tess. -- Prêt ? fit-il, comme si un « non » aurait changé quoi que ce soit. Il leva l'extrémité du tuyau et commença à verser le liquide visqueux. Je voyais la mixture couler goutte à outte dans le tuyau. Encore quelques secondes et elle pénétrerait dans mon corps. Et dans quelques minutes elle se mélangerait à mon sang. Je ne pouvais absolument rien faire, aucun mouvement de Ninja fantasque ne pourrait, en quelques instants, libérer mes bras et massacrer mes bourreaux. Je commençai à me résigner. Une autre pensée bizarre me traversa alors l'esprit. Pour la première fois de ma vie, je regrettais de n'avoir pas pris un peu plus de bon temps à l'université. J'avais essayé une ou deux fois de prendre des hallucinogènes, j'avais donc une vague idée de ce qui allait se passer. Ça aurait pu atténuer un peu ma peur. Et apparemment je n'aurais même pas droit à une nouvelle vie. J'avais les yeux fixés sur la boue qui coulait lentement dans le tuyau, quand un bruit assourdissant retentit, accompagné par un éclair de sodium. Une flashbang. La maison tout entière trembla. Navarro lâcha le bol et tourna la tête, stupéfait... Il y eut une seconde explosion, presque plus forte que la première. Je me jetai de tout mon poids vers la gauche. La chaise bascula, juste au moment où un objet vola dans la pièce. Une nouvelle grenade incapacitante projeta sa lueur aveuglante. Elle fut suivie immédiatement d'une rafale de mitraillette, à l'extérieur du bâtiment. Là où j'étais, écrasé au sol, je ne voyais pas grand-chose. Mais je devinais les mouvements frénétiques qui se succédaient dans la pièce. Navarro était peut-être cinglé, mais il avait déjà montré qu'il savait faire preuve de pragmatisme quand il s'agissait de sa propre survie. Je les vis, lui et ses hommes de main, disparaître par une porte située à l'autre extrémité de la pièce. Puis une voix familière aboya : -- Relevez-le ! La cible se dirige vers le bâtiment principal ! Vous, allez-y ! Deux soldats vêtus de la tenue noire des Forces spéciales me surplombaient. Je sentis qu'on me libérait les bras et qu'on ôtait lentement le tuyau de ma gorge. Je vomis la bile qui s'était accumulée. J'avais le crâne en compote. Ils m'accordèrent trois secondes pour reprendre mes esprits et me soulevèrent. Je me retrouvai en face de Munro. -- Tu es d'attaque ? fit-il. J'avais l'impression qu'on s'était servi de ma tête dans une partie de flipper géant. -- Comment tu nous as retrouvés ? Il éluda la question avec une grimace. -- C'est une longue histoire... -- Alex, Tess... Où sont-ils ? -- Dans le bâtiment principal. J'étais stupéfait. -- Ils ne sont pas avec vous ? -- Ils sont dans le bâtiment principal, répéta-t-il, d'une voix dure, un peu plus lentement, comme si j'avais du mal à en comprendre la signification. J'étais furieux. -- Pourquoi ne les avez-vous pas récupérés d'abord ? -- Merde, amigo, tu allais crever ici. Tu as vraiment envie de contester mes décisions ? Incrédule, je lui jetai un regard furieux. -- Il est où, ce foutu bâtiment ? -- Suis-moi. -- Il me faut une arme... Munro fit basculer sa mitraillette MP-4 sur le côté, sortit son Glock de son étui et me le tendit. Il partait déjà vers la sortie lorsqu'un détail me revint.

« permettait derevivre desvies antérieures.

Etilallait s’enemparer grâceàl’expérience devie antérieure de quelqu’un (monfils!),qui était laréincarnation dutype quiavait possédé laformule. Le sang battait derrière mestempes. Navarro s’approcha deStephenson etlui passa unbras autour ducou. — Docteur, j’aibesoin devous pourobtenir cetteformule d’Alex.Vousallezm’aider àprouver quejen’ai pas perdu montemps.

Jepeux êtretrèsgénéreux.

Jepeux aussi êtretrèsdésagréable. Il prit lementon deStephenson etserra trèsfort. — Etpour bienmefaire comprendre, jeveux quevous regardiez trèsattentivement… Ilest dommage que tout cela nesoit que desmots, pourvous, poursuivit-il ensetournant versmoi.Aumoment oùvotre âme s’apprête àfaire sondernier voyage.

Unvoyage sansretour… Navarro ouvrituncoffret debois recouvert desculptures complexes.

Ilen sortit untuyau desilicone, unbol en terre cuite, unbâton debois sculpté etcinq fioles engrès.

Ils’accroupit etse mit àverser danslebol le liquide contenu danslesfioles, toutenmarmonnant desparoles incompréhensibles.

Laconcoction, quiavait la consistance delaboue, pritune teinte écœurante demoutarde. Ses hommes prirentposition àma gauche etàma droite, etm’entraînèrent versunelourde chaise debois. Je décidai dene pas leur faciliter latâche.

Jebousculai lepremier d’uncoup del’épaule droite,àla manière d’un linebacker.

Monpoids nousentraîna touslesdeux jusqu’au mur,contre lequeljel’écrasai dumieux queje pus, expulsant l’airdeses poumons. C’est alorsquejesentis unedouleur fulgurante aubas dudos.

Lesecond tueurm’avait frappéàla volée avec untuyau métallique.

Ilremit çaaussitôt, aumême endroit.

Jetentai deme retourner, maislecomparse que j’avais poussé contrelemur mesaisit lesbras etles immobilisa.

Levoyou autuyau demétal lebalança une troisième fois,pour fairebonne mesure.

Ladouleur m’arracha unhurlement etjem’écroulai surlesol en gémissant.

Ilsme soulevèrent enme prenant parlesaisselles etme traînèrent jusqu’àlachaise.

Navarro setenait à côté.

Ilsm’attachèrent.

Mondosquienflait déjàappuyait douloureusement contreledossier debois, cequi n’arrangeait rien. Un des voyous meprit lementon d’unemainetm’écrasa lenez del’autre pourm’obliger àouvrir la bouche.

D’ungeste adroit, Navarro m’introduisit letuyau danslagorge.

Jerésistai aubesoin decracher, mais je ne pouvais pasrespirer.

Magorge essaya envain d’expulser lecorps étranger qu’onyinsérait deforce. Navarro retintlebout dutuyau jusqu’à ceque jesois obligé dedéglutir.

Alorsilcontinua delepousser versmon estomac.

L’homme melâcha lenez, cequi me permit derespirer àfond plusieurs fois.Puis lesdeux voyous s’écartèrent delachaise etNavarro vintseplacer enface demoi. — Vous m’avez vraiment emmerdé danscettevie,etjene tiens pasàce que votre âmevienne mecréer des problèmes danslefutur.

Après votremort, elledoit eneffet passer devotre corps dansceluidequelqu’un d’autre.

D’unevieàl’autre.

Maisl’âme peutaussi êtreanéantie.

Ilfaut pour celaqu’elle abandonne lecorps et ne trouve paslechemin duretour.

Etque ladouleur soittelle qu’elle n’aitd’autre choixquedes’éteindre, comme sil’on avait soufflé uneflamme. Il souleva lebol. — Cela forcera votreâmeàquitter votrecorps.

Puisçal’attaquera avecunetelle violence, unetelle brutalité, quelaseule manière pourelledemettre finau supplice seradeprovoquer sapropre mort.Sivotre âme meurt avantvotrecorps, lelien entre lemonde desâmes etcelui delamatière serarompu àjamais.

Votre chaîne denaissance etde mort mourra avecvous.

Cesera fini.L’obscurité absolueelle-même voussera interdite.

Ilse mit àremuer samixture danslebol. — Sans doute n’encroyez-vous pasunmot.

Jen’ai moi-même aucunmoyen desavoir sic’est vraioupas, ou s’il s’agit d’une superstition duchaman quim’a enseigné cela.Maisçan’a pas vraiment d’importance car, dans touslescas, vous serez mort.Etça me suffira amplement.. »

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