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tient à la fonction, et d'asymétrie qui répond au rôle.

Publié le 06/01/2014

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tient à la fonction, et d'asymétrie qui répond au rôle. Le problème est résolu par l'adoption d'une composition ymétrique, mais selon un axe oblique, échappant ainsi à la formule complètement asymétrique, qui eût satisfait au rôle mais eût contredit la fonction ; et à la formule inverse, complètement symétrique, entraînant un effet contraire. Ici aussi, l s'agit d'une situation complexe correspondant à deux formes contradictoires de dualité, et qui aboutit à un compromis, réalisé par une opposition secondaire entre l'axe idéal de l'objet et celui de la figure qu'il représente. Mais, pour parvenir à cette conclusion, nous avons été obligé de dépasser le plan de l'analyse stylistique. Il ne suffit pas, pour comprendre le tyle des cartes à jouer, de considérer leur dessin, il faut aussi se demander à quoi elles servent. À quoi donc sert l'art aduveo ?   Fig. 19-20 - Deux motifs de peinture faciale et corporelle.   Nous avons partiellement répondu à la question, ou plutôt les indigènes l'ont fait pour nous. Les peintures de visage onfèrent d'abord à l'individu sa dignité d'être humain ; elles opèrent le passage de la nature à la culture, de l'animal « stupide » à l'homme civilisé. Ensuite, différentes quant au style et à la composition selon les castes, elles expriment dans une société complexe la hiérarchie des statuts. Elles possèdent ainsi une fonction sociologique. Si importante que soit cette constatation, elle ne suffit pas à rendre compte des propriétés originales de l'art indigène ; tout au plus explique-t-elle son existence. Poursuivons donc l'analyse de la structure sociale. Les Mbaya étaient divisés en trois castes ; chacune était dominée par des préoccupations d'étiquette. Pour les nobles et jusqu'à à un certain degré pour les guerriers, le problème essentiel était celui du prestige. Les descriptions anciennes nous les montrent paralysés par le souci de garder la face, de ne pas déroger, et surtout de ne pas se mésallier. Une telle société se trouvait donc menacée par la ségrégation. Soit par volonté, soit par nécessité, chaque caste tendait à se replier sur elle-même aux épens de la cohésion du corps social tout entier. En particulier, l'endogamie des castes et la multiplication des nuances e la hiérarchie devaient compromettre les possibilités d'unions conformes aux nécessités concrètes de la vie collective. insi seulement s'explique le paradoxe d'une société rétive à la procréation, qui, pour se protéger des risques de la ésalliance interne, en vient à pratiquer ce racisme à l'envers que constitue l'adoption systématique d'ennemis ou d'étrangers. Dans ces conditions, il est significatif de rencontrer sur les frontières extrêmes du vaste territoire contrôlé par les Mbaya, au nord-est et au sud-ouest respectivement, des formes d'organisation sociale presque identiques entre elles, en dépit de la distance géographique. Les Guana du Paraguay et les Bororo du Mato Grosso central possédaient (et ossèdent toujours dans le dernier cas) une structure hiérarchisée, voisine de celle des Mbaya : ils étaient ou sont divisés n trois classes dont il semble bien qu'au moins dans le passé elles impliquaient des statuts différents. Ces classes étaient éréditaires et endogames. Toutefois, le danger plus haut signalé chez les Mbaya était partiellement compensé, aussi ien chez les Guana que chez les Bororo, par une division en deux moitiés dont nous savons, pour le dernier exemple, uelles recoupaient les classes. S'il était interdit aux membres de classes différentes de se marier entre eux, l'obligation nverse s'imposait aux moitiés : un homme d'une moitié devait obligatoirement épouser une femme de l'autre et éciproquement. Il est donc juste de dire que l'asymétrie des classes se trouve, en un sens, équilibrée par la symétrie des oitiés. Faut-il envisager comme un système solidaire cette structure complexe, constituée de trois classes hiérarchisées et de eux moitiés équilibrées ? C'est possible. Il est aussi tentant de distinguer les deux aspects et de traiter l'un comme s'il était plus ancien que l'autre. Dans ce cas, les arguments ne manqueraient pas en faveur de la priorité soit des classes, soit es moitiés.   Fig. 21. - Peinture faciale.   La question qui nous intéresse ici est d'une autre nature. Si brève qu'ait été ma description du système des Guana et des Bororo (qui sera reprise plus loin, quand j'évoquerai mon séjour parmi ces derniers), il est clair qu'il offre sur le plan sociologique une structure analogue à celle que j'ai dégagée sur le plan stylistique, à propos de l'art caduveo. Nous avons toujours affaire à une double opposition. Dans le premier cas, elle consiste d'abord dans l'opposition d'une organisation ternaire à une autre binaire, l'une asymétrique et l'autre symétrique ; et, en second lieu, dans l'opposition de mécanismes sociaux fondés les uns sur la réciprocité et les autres sur la hiérarchie. L'effort pour rester fidèle à ces rincipes contradictoires entraîne des divisions et des subdivisions du groupe social en sous-groupes alliés et opposés. Comme un blason réunissant dans son champ des prérogatives reçues de plusieurs lignes, la société se trouve taillée, coupée, partie et tranchée. Il suffit de considérer le plan d'un village bororo (je le ferai plus loin) pour s'apercevoir qu'il est organisé à la façon d'un dessin caduveo. Tout se passe donc comme si, placés en face d'une contradiction de leur structure sociale, les Guana et les Bororo étaient parvenus à la résoudre (ou à la dissimuler) par des méthodes proprement sociologiques. Peut-être possédaient-ils les moitiés avant de tomber dans la sphère d'influence des Mbaya, et le moyen se trouvait ainsi déjà à leur disposition ; peut-être ont-ils postérieurement inventé - ou emprunté à d'autres - les moitiés, parce que la morgue aristocratique était moins assurée chez les provinciaux ; on pourrait aussi concevoir d'autres hypothèses. Cette solution a fait défaut aux Mbaya, soit qu'ils l'aient ignorée (ce qui est improbable), soit plutôt qu'elle eût été incompatible avec leur fanatisme. Ils n'ont donc pas eu la chance de résoudre leurs contradictions, ou tout au moins de se les dissimuler grâce à des nstitutions artificieuses. Mais ce remède qui leur a manqué sur le plan social, ou qu'ils se sont interdit d'envisager, ne ouvait quand même leur échapper complètement. De façon insidieuse, il a continué à les troubler. Et puisqu'ils ne ouvaient pas en prendre conscience et le vivre, ils se sont mis à le rêver. Non pas sous une forme directe qui se fût eurtée à leurs préjugés ; sous une forme transposée et en apparence inoffensive : dans leur art. Car si cette analyse est xacte, il faudra en définitive interpréter l'art graphique des femmes caduveo, expliquer sa mystérieuse séduction et sa omplication au premier abord gratuite, comme le phantasme d'une société qui cherche, avec une passion inassouvie, le oyen d'exprimer symboliquement les institutions qu'elle pourrait avoir, si ses intérêts et ses superstitions ne l'en mpêchaient. Adorable civilisation, de qui les reines cernent le songe avec leur fard : hiéroglyphes décrivant un naccessible âge d'or qu'à défaut de code elles célèbrent dans leur parure, et dont elles dévoilent les mystères en même emps que leur nudité.

« d’étrangers. Dans cesconditions, ilest significatif derencontrer surlesfrontières extrêmesduvaste territoire contrôléparles Mbaya, aunord-est etau sud-ouest respectivement, desformes d’organisation socialepresque identiques entreelles,en dépit deladistance géographique.

LesGuana duParaguay etles Bororo duMato Grosso central possédaient (et possèdent toujoursdansledernier cas)unestructure hiérarchisée, voisinedecelle desMbaya : ilsétaient ousont divisés en trois classes dontilsemble bienqu’au moins danslepassé ellesimpliquaient desstatuts différents.

Cesclasses étaient héréditaires etendogames.

Toutefois,ledanger plushaut signalé chezlesMbaya étaitpartiellement compensé,aussi bien chez lesGuana quechez lesBororo, parune division endeux moitiés dontnous savons, pourledernier exemple, quelles recoupaient lesclasses.

S’ilétait interdit auxmembres declasses différentes desemarier entreeux,l’obligation inverse s’imposait auxmoitiés : unhomme d’unemoitié devaitobligatoirement épouserunefemme del’autre et réciproquement.

Ilest donc justededire quel’asymétrie desclasses setrouve, enun sens, équilibrée parlasymétrie des moitiés.

Faut-il envisager commeunsystème solidaire cettestructure complexe, constituée detrois classes hiérarchisées etde deux moitiés équilibrées ? C’estpossible.

Ilest aussi tentant dedistinguer lesdeux aspects etde traiter l’uncomme s’il était plusancien quel’autre.

Danscecas, lesarguments nemanqueraient pasenfaveur delapriorité soitdesclasses, soit des moitiés.   Fig. 21.– Peinture faciale.  La question quinous intéresse iciest d’une autrenature.

Sibrève qu’ait étémadescription dusystème desGuana et des Bororo (quisera reprise plusloin, quand j’évoquerai monséjour parmicesderniers), ilest clair qu’il offre surleplan. »

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