transposée à son niveau : il doit avoir rempli correctement lui aussi son rôle ici-bas, c'est-à-dire n'avoir en rien is en péril la société. C'est sur ce fondement que se construit une morale, dont on prête la première xpression aux Maximes de Ptahhotep : à la Ve dynastie donc, sauf si l'on considère que ce type de textes s'est en réalité constitué à l'apparition des troubles sociaux, ceci expliquant cela. L'homme qui n'a pas tenu sa partie est un criminel aux yeux du Créateur qui doit refuser de l'intégrer au cosmos après sa mort, puisqu'il a refusé, lui, de jouer le jeu de son vivant. C'est le sens des développements justificatifs des Autobiographies que l'on retrouve au Nouvel Empire dans la « déclaration d'innocence » que le mort fait devant le tribunal d'Osiris, transposant au-delà ce qui faisait ici-bas le fondement de sa conduite : Je n'ai pas commis l'iniquité contre les hommes. Je n'ai pas maltraité les gens. Je n'ai pas commis de péchés dans la Place de Vérité. Je n'ai pas cherché à connaître ce qui n'est pas à connaître. Je n'ai pas fait le mal. Je n'ai pas commencé de journée ayant reçu une commission de la part des gens qui devaient travailler pour moi et mon nom n'est pas parvenu aux fonctions d'un chef d'esclaves. Je n'ai pas blasphémé Dieu. Je n'ai pas appauvri un homme dans ses biens. Je n'ai pas fait ce qui est abominable aux dieux. Je n'ai pas desservi un esclave auprès de son maître. Je n'ai pas affligé. Je n'ai pas affamé. Je n'ai pas fait pleurer. Je n'ai pas tué. Je n'ai pas ordonné de tuer. Je n'ai fait de peine à personne. Je n'ai pas amoindri les offrandes alimentaires dans les temples. Je n'ai pas souillé les pains des dieux. Je n'ai pas volé les galettes des bienheureux. Je n'ai pas été pédéraste. Je n'ai pas forniqué dans les lieux saints du dieu de ma ville. Je n'ai pas retranché au boisseau. Je n'ai pas amoindri l'aroure. Je n'ai pas triché sur les terrains. Je n'ai pas ajouté au poids de la balance. Je n'ai pas faussé le peson de la balance. Je n'ai pas ôté le lait de la bouche des petits enfants. Je n'ai pas privé le petit bétail de ses herbages. Je n'ai pas piégé d'oiseaux des roselières des dieux. Je n'ai pas pêché de poissons dans leurs lagunes. Je n'ai pas retenu l'eau au moment de l'inondation. Je n'ai pas opposé une digue à une eau courante. Je n'ai pas éteint un feu dans son ardeur. Je n'ai pas omis les jours à offrandes de viandes. Je n'ai pas détourné le bétail du repas du dieu. Je ne me suis pas opposé à un dieu dans ses sorties en procession. (LdM ch. 125.) Mais le défunt ne devient pas encore tout à fait un sujet d'Osiris. S'il passe devant son tribunal, c'est pour accéder à une survie calquée sur celle du roi : « Ô Thot, qui as proclamé juste Osiris contre ses ennemis dans le tribunal de : Héliopolis, en ce jour d'hériter des Trônes-des-Deux-Rives de Geb, leur maître ; Bousiris, en ce jour de donner l'oeil-oudjat à son maître ; Pe-Dep, en ce jour de raser les pleureuses ; Létopolis, en ce jour du repas du soir à Létopolis ; Ro-setaou, en ce jour de dénombrer la foule et de redresser les deux mâts; Abydos, en ce jour de la fête-haker, lors du compte des morts et du dénombrement de ceux qui n'ont plus rien ; Hérakléopolis, en ce jour de la fête de piocher la terre et de garder secrète la terre à Narref. Voilà : Horus, il est justifié; les Deux Chapelles en sont satisfaites, et Osiris, son coeur est content. C'est vraiment Thot qui m'a proclamé juste contre mes ennemis dans le tribunal d'Osiris. -- Celui qui connaît cela, il peut se transformer en faucon, fils de Rê. Chacun qui connaît cela sur terre..., son âme ne périra pas, pour lui, jamais; c'est l'ennemi qui périra; lui, il mangera du pain dans la demeure d'Osiris, il entrera dans le temple de tout dieu puissant, il y recevra des offrandes; il ne peut pas manger d'excréments. » (CT Spell 339.) ue ce soit dans les textes sapientiaux ou funéraires, la base de la morale est le respect de l'équilibre, incarné dans la déesse Maât, à l'aune de laquelle on peut mesurer la conduite des hommes sur terre. Les Égyptiens ont ris cette image au pied de la lettre en faisant juger le mort par un tribunal composé de quarante-deux dieux, un par nome, présidé par Osiris. Le mort est introduit devant eux, puis placé devant une grande balance, près de laquelle se tiennent Thot et un animal fabuleux, partie lionne, partie crocodile, la « Grande Dévoreuse », dont le nom dit assez la fonction. Sur l'un des plateaux de la balance, on place un petit vase qui représente le coeur du défunt. Sur l'autre, il y a une image de la déesse Maât, assise sur une corbeille. Que le fléau penche d'un côté ou de l'autre du couteau, et c'en est fait du malheureux, qui est livré à la Grande Dévoreuse. S'il triomphe de cette « pesée de l'âme », il est mis en présence d'Osiris qui l'accueille parmi les bienheureux. L'art provincial La prise de conscience de l'individu transparaît également dans l'art. La raison en est encore l'affaiblissement du pouvoir central. Bien que l'on ne soit pas en mesure de retracer l'histoire de l'école artistique de Memphis, on peut supposer qu'elle suit le déclin du gouvernement. Sans doute exécute-t-elle bon nombre d'oeuvres pour les rois hérakléopolitains, mais chaque région développe sa propre école. Les canons restent les mêmes ; les oeuvres perdent toutefois en Fig. 69 Le chancelier Nakhti. Statue provenant de sa tombe à Assiout. Bois. H = 1,75 m. Louvre E 11937. Fig. 70 Porteuse d'offrandes. Statue provenant d'Assiout (?). Bois. H= 1,04 m. Louvre E 10781. académisme ce qu'elles gagnent en spontanéité, fût-ce au prix de certaines maladresses. Le tarissement des ources classiques d'approvisionnement en pierres dans les carrières par les grandes expéditions organisées epuis la capitale contribue à l'emploi de matériaux nouveaux. Au premier rang de ceux-ci se situe le bois, qui ermet des recherches de modelés qui prennent parfois de grandes libertés avec le réalisme. La nécropole des rinces d'Assiout a livré un matériel abondant, parmi lequel se trouve une statue en bois représentant le hancelier Nakhti, contemporain de la Xe dynastie, qui est l'un des chefs-d'oeuvre du genre. Fig. 71 Archers. Ensemble provenant d'Assiout. Bois. H = 1,93 m. CGC 257. es tombeaux ont fourni parmi les plus beaux exemples de « modèles », la transposition plastique des scènes ui décoraient auparavant les murs de la chapelle funéraire, qui s'est développée, elle aussi, pour des raisons ratiques. Les hypogées n'offrant plus de parois faciles à décorer, il a fallu recourir à ces formes d'art mineur, roches de la sensibilité populaire à la fois par les thèmes traités et les techniques mises en oeuvre. Cette roduction, comme celle de la statuaire en général, se distingue nettement de l'Ancien Empire, mais ratiquement pas de l'ère qui s'ouvre avec la conquête de Montouhotep II. Cette constatation vaut également our la littérature, qui a déjà atteint la perfection classique dont elle ne déviera que très peu pendant un illénaire. L'architecture funéraire restera inchangée au Moyen Empire, au moins pour les particuliers, et les randes nécropoles provinciales comme celles d'Assiout, Assouan, Gebelein,