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Une heure plus tard, en quittant l'immeuble, il remarqua qu'un journal était tombé de la boîte aux lettres de sa voisine.

Publié le 06/01/2014

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Une heure plus tard, en quittant l'immeuble, il remarqua qu'un journal était tombé de la boîte aux lettres de sa voisine. Elle devait y être abonnée. Il le ramassa pour le remettre dans la boîte mais se ravisa. Quelqu'un d'autre avait déjà dû le feuilleter car il était déplié et les pages en étaient froissées. Yvan y jeta un oeil à son tour et s'arrêta sur un titre en une. DOUBLE DISPARITION EN BANLIEUE PARISIENNE   Une jeune fille âgée de 22 ans, originaire de Saint-Sulpice-de-Favières, dans l'Essonne, n'a plus donné signe de vie depuis une semaine. Elle résidait au domicile de ses parents, et ces derniers ne s'expliquent pas sa disparition. D'après des témoignages recueillis par la police, elle aurait été vue pour la dernière fois vendredi en fin de journée aux abords d'un centre commercial proche du pavillon familial. Cette disparition est d'autant plus inquiétante qu'elle survient quinze jours après celle d'une mère de famille de 24 ans, dans la commune voisine de Breux-Jouy. Une enquête avait alors été ouverte, qui n'a toujours pas donné de résultats. Dans les deux cas, l'hypothèse d'une fugue ou d'un accident semble avoir été abandonnée par les enquêteurs. Les disparues pourraient avoir été victimes d'un acte criminel. Sur place, on évoque déjà la piste d'un tueur en série. Yvan referma le journal et pensa à Marion. 12 Au coeur du Quartier latin, confortablement installée au premier étage du Starbucks Coffee qui fait l'angle du boulevard Saint-Germain et du boulevard Saint-Michel, Marion profitait d'une pause entre deux cours. Elle sirotait un café aux épices, sans quitter des yeux son clavier et son écran. Une miette de cheesecake s'était logée à la commissure de ses lèvres. Elle parcourait un article en ligne du New York Times quand un e-mail tomba dans sa boîte. Battements de coeur. Sourire furtif. Cette fois, Yvan Sauvage ne l'avait pas oubliée. Et il la gratifiait d'une bise amicale avant de signer. Encore un effort, camarade. Le mardi suivant, Marion se rendit comme convenu chez Yvan. En chemin, elle s'aperçut qu'elle était une fois de plus en avance. Elle préféra patienter un quart d'heure assise sur un banc, de l'autre côté de la rue. Le ciel légèrement voilé tamisait la lumière matinale. Dans son salon, près de la fenêtre, Yvan passait une chemise. Comme il se penchait aux carreaux pour s'assurer du temps, la météo étant incertaine, il aperçut Marion, à demi cachée par les platanes qui bordaient le trottoir. Il reconnut chez elle ce geste rapide et félin qu'elle avait pour remettre de l'ordre dans ses cheveux. À cet instant, il sut qu'ils passeraient une belle journée. Il était presque huit heures, de la route les attendait pour rejoindre Chambord. Marion sortait de sa rêverie quand Yvan s'approcha d'elle. -- Prête pour notre rendez-vous avec l'Histoire ? Yvan semblait de joyeuse humeur. Conquérant avec ça. -- Plus que jamais ! Elle portait un jean slim terriblement moulant. Tout d'un coup, Yvan réalisait qu'elle avait un corps en dessous des épaules, et qu'il lui plaisait. -- Je suis garé à deux minutes d'ici, fit-il en la précédant. -- J'ai apporté tout l'équipement du bon petit reporter, dit Marion. Comme Yvan tendait le bras pour lui prendre son sac, elle ajouta : -- Merci, je le garde avec moi, quand il deviendra trop lourd, cher monsieur, vous pourrez vous montrer galant. Yvan désigna sa voiture sans faire de commentaire. Une Twingo de l'autre siècle. Décidément, il aimait se sentir à l'étroit. Elle s'installa sur le siège avant, la mine réjouie. Ils gagnèrent rapidement le périphérique à l'approche de la porte d'Ivry et roulèrent en direction de l'autoroute A10. Le frais parfum qui émanait du cou de Marion enveloppait l'habitacle. Yvan jeta furtivement un oeil sur les Converse roses de sa passagère. Il se sentit soudain très vieux. -- Nous devrions arriver dans deux heures, déclara-t-il pour meubler le silence. J'ai prévu des repérages indispensables à notre enquête. Un guide nous accompagnera pour une partie de la visite. La journée sera courte, j'ai également relevé un tas de choses à voir. C'était parti... Ils échangèrent sur leur programme le reste du trajet, établissant l'ordre des priorités, et pinaillant sur des questions de détail. Marion s'affirmait la plus méthodique des deux. Enfin, ils pénétrèrent sous le couvert forestier et la route devint plus sinueuse. Quand la silhouette du château se découpa à l'horizon, chacun se tut. Ils approchaient d'un palais de légende. Marion réprima un frisson, saisie par une prémonition à la fois terrifiante et attirante, inéluctable. Yvan remarqua que la jeune fille s'agitait sur son siège et se frottait discrètement les bras, comme s'ils la démangeaient. Elle ne quittait pas des yeux la façade de l'édifice. Yvan suivit le chemin de terre qui menait au parking. Le château avait disparu, masqué par des frondaisons. Marion recouvra son calme. Elle pensait aux cartes que lui tirait sa tante. Marion n'accordait aucun crédit à ce jeu de voyance, mais Jane y croyait dur comme fer. Et si elle n'avait pas tout à fait tort ? -- Nous y sommes, dit Yvan en détachant sa ceinture de sécurité. Marion agrippa son sac. -- Au travail ! Ils suivirent le chemin balisé pour les touristes, derrière un couple de visiteurs dont les enfants, des jumeaux, restaient à la traîne, jouant aux chevaliers et bataillant l'un contre l'autre avec des branches mortes. Soudain, un grognement parti des buissons interrompit leurs joutes et les gamins se mirent à galoper vers leurs parents en jetant des regards inquiets autour d'eux. -- Je n'aime pas trop les sangliers, avoua Marion. Elle s'était rapprochée de son compagnon. -- Le domaine de Chambord est le plus giboyeux d'Europe, mais rassure-toi, les sangliers chargent principalement en hiver. -- Si tu le dis... La chaleur naissante de la matinée réveillait les parfums d'humus des sous-bois alentour. Des rambardes en bois se profilèrent, invitant Marion et Yvan à emprunter une allée bordée de chalets qui abritaient des restaurants et des boutiques de souvenirs. Le château apparut de nouveau. Au loin, ils virent une embarcation manoeuvrer dans les douves et s'engager sous un pont. Ils longèrent les cent dix-sept mètres de l'aile ouest du château pour rentrer par l'arrière. Une fois dans l'enceinte, Marion sortit le plan qu'elle avait crayonné avec Yvan et rappela l'ordre de la visite qui avait été prévu. Tous deux gravirent l'escalier à double révolution attribué à Léonard de Vinci, avant de poursuivre leur ascension jusqu'aux terrasses du toit. Ils contournèrent plusieurs tourelles, passèrent devant la tour-lanterne et rejoignirent le quartier nord-est du bâtiment. Ils inspectaient chaque fenêtre, détaillant les motifs façonnés par les tailleurs de pierre de l'époque. Un immense « FRF » gravé avait déjà fait l'objet de débats chez les spécialistes de l'ésotérisme. Dans un recoin, Marion déplia directement sur le sol le plan intégralement redessiné. Yvan fit de même avec la carte de France qu'il avait apportée. Les notions de directions et d'alignements qu'ils avaient étudiées leur indiquaient la marche à suivre. Yvan plaça la boussole sur le plan du château. Toutes leurs analyses se vérifiaient. Le « FRF » se trouvait bien dans la direction voulue. -- Ce « FRF » peut signifier plusieurs choses, suggéra Marion, ce peut être « François, roi de France », mais on a vu que la symétrie et le chiffre 8 avaient une importance majeure. -- Notre tracé sur la carte désigne Fontainebleau, et la notion de milieu ne nous a pas déçus jusqu'à présent. Il ne me reste plus qu'à confirmer nos hypothèses. Yvan s'exécuta en prolongeant son trait. La ligne tracée coupait la ville de Reims. -- F, de Fontainebleau et R, de Reims, commenta Marion. -- Je ne serais pas étonné de trouver une fois encore la clé 8 à Reims. Yvan colla son nez sur la carte. -- En regardant avec précision le tracé, nous tombons pile sur la basilique Saint-Remi de Reims. -- Et le château de Fontainebleau se trouve au milieu, entre Chambord et Reims ! s'écria Marion. -- Le « FRF » est orienté avec une précision incroyable vers Fontainebleau et Reims. Au degré près, il nous indique la route. Marion posa sa main sur l'épaule d'Yvan pour l'inviter à prendre du recul. -- Quand on parle de la basilique Saint-Remi de Reims, remarqua-t-elle, on désigne également la plus importante église romane du nord de la France. -- C'est aussi un bâtiment classé à l'Inventaire du patrimoine mondial de l'Unesco. Yvan plongea la main dans sa poche et sortit son Blackberry. Le signal était faible, mais la page Google finit par s'afficher. Marion patientait, se demandant ce qu'Yvan cherchait. -- D'après toi, les flèches de la basilique Saint-Remi s'élèvent à quelle hauteur ? lança Yvan. -- Je dirais une cinquantaine de mètres, répondit Marion. -- Cinquante-six mètres exactement, soit la même hauteur que la fleur de lys sommitale de Chambord. -- Bingo ! -- Logique, ces édifices font partie des plus hauts construits à cette époque. On pourrait presque y voir une analogie avec leurs bâtisseurs, car saint Remi et François Ier étaient des géants. Ils replièrent chacun leur carte, l'esprit en ébullition, prêts à bondir sur le moindre indice supplémentaire. Les évidences et les signes se multipliaient. Marion promena sa main sur la pierre, caressa longuement les courbes d'un des donjons, espérant que ce contact l'aiderait à mieux percevoir le mystère entourant l'édifice. Mais alors qu'ils se dirigeaient vers leur prochain lieu d'investigation, Yvan se figea. -- Quelque chose ne va pas ? demanda Marion. Il scrutait le sommet des cheminées et des toits. -- Ce qui cloche, c'est la répartition des fleurs de lys. Marion fit quelques pas de côté, puis se haussa sur la pointe des pieds. -- Plus on se rapproche de Reims, plus il y a de fleurs de lys, dit-elle en souriant. -- Reims, l'emblème royal, la ville du sacre... Yvan reprit sa marche et s'engouffra dans un escalier secondaire, excité comme un gamin. -- Des codes... des codes... Il y en a partout ! Il était temps d'aller retrouver le guide. Yvan avait obtenu un droit de visite spécial grâce à l'une de ses connaissances. Le guide ne disposait que d'une heure. Le parcours serait chronométré. Ils consultèrent le plan une dernière fois pour ne pas se perdre et manquer le rendez-vous. -- Nous y sommes presque, c'est au bout de ce couloir, constata Yvan. Une fois arrivés, ne voyant personne, ils contemplèrent les plafonds, à la recherche d'un détail qui viendrait appuyer leur thèse. Une voix se fit entendre derrière eux. Le coeur de Marion bondit, bien qu'elle restât silencieuse. Le guide se tenait dans l'ombre d'une colonne. -- Vous êtes bien les deux visiteurs qui m'ont été recommandés ? demanda-t-il. -- Bonjour, oui, c'est exact, répondit Yvan. Le guide s'avança jusqu'au milieu de la salle. Il avait une démarche d'ours et une mine renfrognée. Il récita sa leçon. -- Nous sommes ici dans l'appartement royal. Ce que peu de gens savent, c'est qu'il n'y était pas à l'origine. François Ier l'a fait déplacer quand il a ordonné d'agrandir les plans du château.

« 12 Au cœur duQuartier latin,confortablement installéeaupremier étageduStarbucks Coffeequifait l’angle duboulevard Saint-Germain etdu boulevard Saint-Michel, Marionprofitait d’unepause entredeux cours.

Ellesirotait uncafé auxépices, sansquitter desyeux sonclavier etson écran.

Unemiette de cheesecake s’étaitlogéeàla commissure deses lèvres.

Elleparcourait unarticle enligne du New York Times quand une-mail tomba danssaboîte.

Battements decœur.

Sourire furtif.Cette fois,Yvan Sauvage nel’avait pasoubliée.

Etilla gratifiait d’unebiseamicale avantdesigner.

Encore uneffort, camarade.

Lemardi suivant, Marionserendit comme convenu chezYvan.

Enchemin, elles’aperçut qu’elle était unefoisdeplus enavance.

Ellepréféra patienter unquart d’heure assisesurunbanc, del’autre côté delarue.

Leciel légèrement voilétamisait lalumière matinale.

Danssonsalon, prèsdelafenêtre, Yvan passait unechemise.

Commeilse penchait auxcarreaux pours’assurer dutemps, lamétéo étant incertaine, ilaperçut Marion,àdemi cachée parlesplatanes quibordaient letrottoir.

Ilreconnut chezelle ce geste rapide etfélin qu’elle avaitpourremettre del’ordre danssescheveux.

Àcet instant, ilsut qu’ils passeraient unebelle journée.

Ilétait presque huitheures, delaroute lesattendait pourrejoindre Chambord.

Marion sortaitdesarêverie quandYvans’approcha d’elle. — Prête pournotre rendez-vous avecl’Histoire ? Yvan semblait dejoyeuse humeur.

Conquérant avecça. — Plus quejamais ! Elle portait unjean slimterriblement moulant.Toutd’uncoup, Yvanréalisait qu’elleavaituncorps en dessous desépaules, etqu’il luiplaisait. — Je suisgaré àdeux minutes d’ici,fit-ilenlaprécédant. — J’ai apporté toutl’équipement dubon petit reporter, ditMarion. Comme Yvantendait lebras pour luiprendre sonsac, elleajouta : — Merci, jelegarde avecmoi,quand ildeviendra troplourd, chermonsieur, vouspourrez vous montrer galant. Yvan désigna savoiture sansfairedecommentaire.

UneTwingo del’autre siècle.

Décidément, il aimait sesentir àl’étroit.

Elles’installa surlesiège avant, lamine réjouie.

Ilsgagnèrent rapidement le périphérique àl’approche delaporte d’Ivry etroulèrent endirection del’autoroute A10.Lefrais parfum qui émanait ducou deMarion enveloppait l’habitacle.Yvanjetafurtivement unœil sur lesConverse roses desapassagère.

Ilse sentit soudain trèsvieux. — Nous devrions arriverdansdeuxheures, déclara-t-il pourmeubler lesilence.

J’aiprévu des repérages indispensables ànotre enquête.

Unguide nousaccompagnera pourunepartie delavisite.

La journée seracourte, j’aiégalement relevéuntas dechoses àvoir. C’était parti… Ilséchangèrent surleur programme lereste dutrajet, établissant l’ordredespriorités, et pinaillant surdes questions dedétail.

Marion s’affirmait laplus méthodique desdeux.

Enfin, ils pénétrèrent souslecouvert forestier etlaroute devint plussinueuse.

Quandlasilhouette duchâteau se découpa àl’horizon, chacunsetut.

Ilsapprochaient d’unpalais delégende.

Marionréprima unfrisson, saisie parune prémonition àla fois terrifiante etattirante, inéluctable.

Yvanremarqua quelajeune fille s’agitait surson siège etse frottait discrètement lesbras, comme s’ilsladémangeaient.

Ellenequittait pas desyeux lafaçade del’édifice. Yvan suivitlechemin deterre quimenait auparking.

Lechâteau avaitdisparu, masquépardes frondaisons.

Marionrecouvra soncalme.

Ellepensait auxcartes queluitirait satante.

Marion n’accordait aucun créditàce jeu devoyance, maisJane ycroyait durcomme fer.Etsielle n’avait pastout àfait tort ? — Nous ysommes, ditYvan endétachant saceinture desécurité. Marion agrippa sonsac. — Au travail ! Ils suivirent lechemin balisépourlestouristes, derrièreuncouple devisiteurs dontlesenfants, des jumeaux, restaientàla traîne, jouantauxchevaliers etbataillant l’uncontre l’autreavecdesbranches mortes.

Soudain, ungrognement partidesbuissons interrompit leursjoutes etles gamins semirent à galoper versleurs parents enjetant desregards inquiets autourd’eux. — Je n’aime pastrop lessangliers, avouaMarion. Elle s’était rapprochée deson compagnon. — Le domaine deChambord estleplus giboyeux d’Europe, maisrassure-toi, lessangliers chargent principalement enhiver. — Si tuledis… La chaleur naissante delamatinée réveillait lesparfums d’humus dessous-bois alentour.Des rambardes enbois seprofilèrent, invitantMarionetYvan àemprunter uneallée bordée dechalets qui abritaient desrestaurants etdes boutiques desouvenirs.

Lechâteau apparutdenouveau.

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