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venus rendre au monde latin l'hommage qui lui était dû.

Publié le 06/01/2014

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venus rendre au monde latin l'hommage qui lui était dû. Tous les témoignages effarés du temps le confirment, les invasions barbares ont charrié leur lot d'horreurs. Seulement, à l'aune d'une histoire longue, elles peuvent être considérées tout autant sous l'angle de la synthèse que sous celui de l'affrontement. Rome, en conquérant le monde celte, en avait pratiquement effacé les traces. Les Barbares, en vainquant Rome, s'y superposent, et ajoutent une couche de germanité, en quelque sorte, aux structures préexistantes. C'est là un maillon essentiel pour comprendre notre histoire. Notons enfin, codicille particulier ajouté à ce chapitre très général, que sur certains territoires aujourd'hui français, les Grandes Invasions eurent des conséquences indirectes, mais déterminantes. C'est le cas de la région que nous appelons la Bretagne. Sous l'Empire romain, Britannia, province romanisée peu après la Gaule, désigne cette grande île de l'autre côté de la Manche où vivent les Bretons, c'est-à-dire des Celtes, comme les Gaulois. Les légions la quittent au tout début du ve et, comme partout ailleurs, les populations tentent de se défendre face à de farouches envahisseurs. Ceux-là sont des guerriers germaniques nommés les Jutes, les Angles et les Saxons, venus de ce qui est aujourd'hui le Nord de l'Allemagne et le Danemark. Peu à peu, sous leur poussée, les Celtes sont acculés vers l'Ouest de l'île. Bientôt, il ne leur reste comme solution que de prendre la mer pour chercher refuge sur cette terre cousine avec laquelle ils échangeaient depuis longtemps : l'Armorique. Vous avez compris le transfert. La grande île devient donc la terre des Angles - autrement dit l'Angleterre - quand l'Armorique devient la petite Bretagne - c'est-à-dire la Bretagne -, et si, contrairement au reste de la Gaule, on n'y a jamais perdu l'usage d'une langue celte (le breton) c'est donc, par ce coup de billard, aux Anglais qu'on le doit. Les Bretons s'intégrèrent fort bien dans leur patrie nouvelle, ils y importèrent un christianisme très particulier, centré sur la paroisse et le culte d'hommes pieux, devenus ces innombrables saints bretons que l'on révère toujours aujourd'hui. Il n'empêche, ce petit moment d'histoire nous montre que l'idée que certains se font d'une Bretagne éternellement bretonne n'a aucun sens. Les Bretons furent, à un moment donné des siècles, des immigrés. Tous les peuples, direz-vous, le furent ou le seront. Est-il pour autant inutile de le rappeler ? 1 Samuel Eliot Morison, The Oxford History of the American People, New York, Oxford University Press, 1972. 3 Clovis Un roi franc n'est pas un roi de France La postérité est capricieuse. Au ve siècle, sur les décombres de l'Empire ont fleuri en quelques décennies de nombreux royaumes tenus par ces peuples que les Romains méprisaient souverainement cent ans plus tôt. Les Ostrogoths tiennent ce qui est aujourd'hui l'Italie ; les Burgondes campent sur les rives de la Saône et du Rhône ; les Alamans sont à Bâle et Strasbourg ; les Wisigoths, depuis Toulouse, leur capitale, règnent sur la moitié de la Gaule et de l'Espagne. Cela fait autant de rois qui pouvaient se penser chacun comme les maîtres du monde nouveau. Excepté quelques érudits, qui sait encore leur nom ? Un seul émerge de cette période. À son avènement, vers 480, lorsque, selon la tradition de son peuple, ses guerriers le portent en l'acclamant sur un bouclier qu'on appelle le pavois, il n'est que le petit roi d'une grosse tribu installée autour de Tournai, les Francs Saliens. À sa mort, il règne sur un immense royaume qui court d'un pied des Pyrénées au nord du Rhin. Il s'appelle Clovis (466511), en trente ans il a donc réunifié la Gaule. Ce tour de force rend sa vie fascinante. La façon dont elle pèse sur la mythologie nationale depuis plus de mille cinq cents ans ne l'est pas moins. Voyons tour à tour ce que l'on peut retenir de l'une et l'autre. Repères - 480 : début du règne de Clovis sur les Francs Saliens - 486 : Victoire à Soissons sur les troupes de Syagrius, général romain - 496 (?) : Victoire de Tolbiac (près de Cologne) sur les Alamans, suivie du baptême à Reims - 511 : mort de Clovis, partage de son royaume entre ses fils La prodigieuse ascension du petit Franc peut se résumer en trois dates : En 486, le jeune chef à longs cheveux (chez les Francs, la chevelure est l'insigne royal) dont la tribu servait hier encore de force d'appoint à l'armée romaine bat à Soissons le général romain Syagrius. Celui qui se vivait comme « le roi des Gaulois » tentait, à sa manière, de faire vivre un des lambeaux de la puissance de Rome. Il restera le dernier représentant d'un monde qui, après lui, n'existera plus dans cette partie-ci de l'Europe. En 496, notre Franc vainc les Alamans à Tolbiac (près de Cologne). Doutait-il de ses forces ? Selon la tradition, c'est à l'occasion de cette bataille qu'il a juré de se convertir à la religion de sa femme si le Dieu de celle-ci lui accordait la victoire. Il l'obtient. Clotilde, princesse burgonde, est catholique. À Noël 496 (ou à Pâques d'une année qui suit, ou encore quelques années plus tard, nul ne sait exactement, mais peu importe, le tout est qu'aux âmes pieuses le symbole soit fort), Clovis tient sa promesse. Remi, évêque de Reims et futur saint, baptise celui qui n'est toujours qu'un petit roi barbare, et 3 000 guerriers avec lui, si l'on en croit ce que rapporte notre source principale sur l'événement, Grégoire de Tours, un autre évêque, qui réécrit au siècle suivant l'histoire des Francs. On n'ose imaginer ce que donnent 3 000 guerriers en aube de communiant chantant des cantiques. La pratique était courante et Grégoire n'en dit pas plus. En 507, enfin, le roi bat les Wisigoths à Vouillé, près de Poitiers. Ils doivent abandonner leur belle capitale de Toulouse et sont chassés vers l'Espagne, leur nouveau territoire. En 511, à sa mort, sur notre carte de Gaule, à l'exception du littoral méditerranéen et du royaume des Burgondes (auxquels il est allié par sa femme), tout est à lui. Clovis lègue à ses fils un immense royaume. Ils l'agrandiront un peu, et pourront bien vite commencer à le dépecer, et à le morceler lors des incessantes guerres fratricides qui accompagnent chaque succession. Chez les Francs, un royaume ne constitue pas un État mais un patrimoine, qu'on se dispute entre frères comme une vieille maison de famille. Ce sera l'histoire constante et la malédiction de cette nouvelle dynastie qui vient de se former et prend le nom de Mérovée, l'ancêtre réel ou légendaire de Clovis (on ne sait exactement) : les Mérovingiens. En abandonnant ses dieux anciens à la porte de l'église de Reims - « dépose tes colliers, fier Sicambre », lui aurait dit l'évêque -, le Franc a légué également à notre histoire ce mythe avec lequel on n'en a donc toujours pas fini : le « baptême de la France ». Il faudra du temps pour qu'il se constitue et, comme c'est toujours le cas pour des faits perdus dans la nuit du passé, la légende ne cesse, au long des siècles, d'être embellie de fleurs nouvelles. Au ixe siècle, quatre cents ans après les faits supposés, Hincmar, un autre évêque de Reims, se souvient soudain d'un détail que, bizarrement, nul n'avait mentionné auparavant. Lors du baptême, Dieu lui-même, par le ministère d'une colombe, a envoyé à saint Remi une petite fiole contenant l'huile sacrée avec laquelle il a pu oindre le front du glorieux catéchumène : la sainte ampoule. Une star de la vie monarchique française est née. On ressortira la

« 3 Clovis Un roifranc n’estpasunroi deFrance La postérité estcapricieuse.

Auve  siècle, surlesdécombres del’Empire ontfleuri enquelques décennies de nombreux royaumestenusparcespeuples quelesRomains méprisaient souverainement centansplus tôt.Les Ostrogoths tiennentcequi estaujourd’hui l’Italie ;lesBurgondes campentsurlesrives delaSaône etdu Rhône ; les Alamans sontàBâle etStrasbourg ; lesWisigoths, depuisToulouse, leurcapitale, règnentsurlamoitié dela Gaule etde l’Espagne.

Celafaitautant derois quipouvaient sepenser chacun comme lesmaîtres dumonde nouveau.

Exceptéquelques érudits,quisait encore leurnom ? Unseul émerge decette période.

Àson avènement, vers 480, lorsque, selonlatradition deson peuple, sesguerriers leportent enl’acclamant surunbouclier qu’on appelle lepavois, iln’est quelepetit roid’une grosse tribuinstallée autourdeTournai, lesFrancs Saliens.

Àsa mort, ilrègne surunimmense royaumequicourt d’unpieddesPyrénées aunord duRhin.

Ils’appelle Clovis(466- 511), entrente ansila donc réunifié laGaule.

Cetour deforce rendsavie fascinante.

Lafaçon dontellepèse surla mythologie nationaledepuisplusdemille cinqcents ansnel’est pasmoins.

Voyons touràtour ceque l’onpeut retenir del’une etl’autre.

Repères – 480 : débutdurègne deClovis surlesFrancs Saliens – 486 : Victoire àSoissons surlestroupes deSyagrius, généralromain – 496 (?) :Victoire deTolbiac (prèsdeCologne) surlesAlamans, suiviedubaptême àReims – 511 : mortdeClovis, partage deson royaume entresesfils La prodigieuse ascensiondupetit Franc peutserésumer entrois dates : En 486, lejeune chefàlongs cheveux (chezlesFrancs, lachevelure estl’insigne royal)dontlatribu servait hier encore deforce d’appoint àl’armée romaine batàSoissons legénéral romainSyagrius.

Celuiquisevivait comme « le roides Gaulois » tentait,àsa manière, defaire vivre undes lambeaux delapuissance deRome.

Ilrestera le dernier représentant d’unmonde qui,après lui,n’existera plusdans cette partie-ci del’Europe. En 496, notre Franc vainclesAlamans àTolbiac (prèsdeCologne).

Doutait-ildeses forces ? Selonlatradition, c’est à l’occasion decette bataille qu’ilajuré deseconvertir àla religion desafemme sile Dieu decelle-ci luiaccordait la victoire.

Ill’obtient.

Clotilde,princesse burgonde, estcatholique.

ÀNoël 496(ouàPâques d’uneannée quisuit, ou encore quelques annéesplustard, nulnesait exactement, maispeuimporte, letout estqu’aux âmespieuses le symbole soitfort), Clovis tientsapromesse.

Remi,évêque deReims etfutur saint, baptise celuiquin’est toujours qu’un petitroibarbare, et3 000 guerriers aveclui,sil’on encroit ceque rapporte notresource principale sur l’événement, GrégoiredeTours, unautre évêque, quiréécrit ausiècle suivant l’histoire desFrancs.

Onn’ose imaginer ceque donnent 3 000guerriers enaube decommuniant chantantdescantiques.

Lapratique était courante etGrégoire n’enditpas plus. En 507, enfin, leroi bat lesWisigoths àVouillé, prèsdePoitiers.

Ilsdoivent abandonner leurbelle capitale de Toulouse etsont chassés versl’Espagne, leurnouveau territoire. En 511, àsa mort, surnotre cartedeGaule, àl’exception dulittoral méditerranéen etdu royaume desBurgondes (auxquels ilest allié parsafemme), toutestàlui.

Clovis lègueàses filsun. »

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