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Vocabulaire: CONSCIENCE, substantif féminin.

Publié le 17/11/2015

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conscience
Vocabulaire: CONSCIENCE, substantif féminin. [Chez l'homme, à la différence des autres êtres animés] Organisation de son psychisme qui, en lui permettant d'avoir connaissance de ses états, de ses actes et de leur valeur morale, lui permet de se sentir exister, d'être présent à lui-même; par métonymie, connaissance qu'a l'homme de ses états, de ses actes et de leur valeur morale : Ø 1. La conscience puise ses aliments dans l'immense milieu qu'elle résume en soi; mais elle ne le résume et ne le contient qu'en le dépassant, qu'en formant une synthèse originale, qu'en devenant l'acte de toutes ces conditions et de ces puissances subalternes. MAURICE BLONDEL, L'Action, Essai d'une critique de la vie, 1893, page 103. Ø 2.... il est impossible d'assigner à une conscience une autre motivation qu'elle-même. Sinon il faudrait concevoir que la conscience, dans la mesure où elle est un effet, est non consciente (de) soi. Il faudrait que, par quelque côté, elle fût sans être conscience (d') être. Nous tomberions dans cette illusion trop fréquente qui fait de la conscience un demi-inconscient ou une passivité. Mais la conscience est conscience de part en part. Elle ne saurait donc être limitée que par elle-même. JEAN-PAUL SARTRE, L'Être et le Néant, 1943, page 22. Ø 3.... l'unité de la conscience se construit ainsi de proche en proche par une « synthèse de transition ». Le miracle de la conscience est de faire apparaître par l'attention des phénomènes qui rétablissent l'unité de l'objet dans une dimension nouvelle au moment où ils la brisent. MAURICE MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception, 1945, page 39. — [La conscience chez l'homme, par opposition aux végétaux et aux animaux] : Ø 4. Radicale aussi, (...) est la différence entre la conscience de l'animal, (...) et la conscience humaine. Car la conscience correspond exactement à la puissance de choix dont l'être vivant dispose; elle est coextensive à la frange d'action possible qui entoure l'action réelle : conscience est synonyme d'invention et de liberté. Or, chez l'animal, l'invention n'est jamais qu'une variation sur le thème de la routine. HENRI BERGSON, L'Évolution créatrice, 1907, page 264. · [La conscience en tant qu'elle est prêtée à l'univers dans les visions poétiques, animistes] Dans toute la Nature, il [l'artiste] soupçonne une grande conscience semblable à la sienne (AUGUSTE RODIN. L'Art, entreiens réunis par Paul Gsell, 1911, pages 218-219) : Ø 5. Sache que tout connaît sa loi, son but, sa route; Que, de l'astre au ciron, l'immensité s'écoute; Que tout a conscience en la création... VICTOR HUGO, Les Contemplations, tome 3, La Bouche d'ombre, 1856, page 435. — Par métonymie. L'être humain même, en tant qu'il est doué de conscience. On ne peut pas réaliser que les autres gens sont des consciences qui se sentent du dedans comme on se sent soi-même, dit Françoise (SIMONE DE BEAUVOIR, L'Invitée, 1943, page 14 ). I.— [La conscience en tant qu'elle permet de connaître] A.— [La conscience du point de vue de son fonctionnement, de ses différents niveaux; la connaissance qu'elle donne du point de vue de sa qualité, de ses différents degrés de clarté] 1. PHILOSOPHIE. — Courant, flux de (la) conscience [William James, Henri Bergson] " Flux qualitatif des états intérieurs " (Le vocabulaire intellectuel (JEAN-CLAUDE PIGUET) 1960). — Champ de (la) conscience. Champ de l'activité cérébrale, dirigé par l'attention qui détermine son contenu et sa plus ou moins grande ouverture, auquel se limite la conscience à un instant donné (Confer Henri Ey, La Conscience, Paris, Presses Universitaires de France, 1963, pages 41-42). Contenu de la conscience : Ø 6.... une attention trop contrainte étrique l'action en rétrécissant le champ de conscience et en pliant l'élan spirituel à la courbure égocentrique. EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 462. SYNTAXE : Champ de conscience ouvert, rétréci, étroit; ouverture, ampleur, largeur, resserrement, rétrécissement, étroitesse du champ de conscience; occuper, envahir, quitter le champ de (la) conscience; rétrécir le champ de conscience. · Par extension. Champ de la connaissance claire. Or, pour que les sociétés puissent vivre dans les conditions d'existence qui leur sont maintenant faites, il faut que le champ de la conscience tant individuelle que sociale, s'étende et s'éclaire (ÉMILE DURKHEIM, De la division du travail social, 1893, page 15 ). — Fait, phénomène de conscience. Modification du sujet. Acte de (la) conscience. Acte par lequel le sujet prend connaissance de cette modification : Ø 7. Non seulement l'attention donnée aux faits de conscience les modifie et les altère, mais souvent elle les fait passer du néant à l'être; ou, pour parler plus exactement, elle amène à l'état de faits de conscience des phénomènes psychologiques qui n'auraient pas de retentissement dans la conscience sans l'attention qu'on y donne... AUGUSTIN COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique, 1851, page 547. Ø 8.... quand je veux m'exprimer, je fais cristalliser dans un acte de conscience un ensemble indéfini de motifs, je rentre dans l'implicite, c'est-à-dire dans l'équivoque et dans le jeu du monde. MAURICE MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception, 1945, page 342. — État de conscience. Ensemble des phénomènes existant simultanément dans la conscience à un instant donné et dont la succession représente l'activité cérébrale du sujet : Ø 9.... plus un état de conscience est complexe, plus il est personnel, plus il porte la marque des circonstances particulières dans lesquelles nous avons vécu, de notre sexe, de notre tempérament. ÉMILE DURKHEIM, De la division du travail social, 1893, page 298. SYNTAXE : État de conscience individuel, personnel, actuel, habituel; états de conscience vécus, identiques, contraires, nouveaux; succession, multiplicité des états de conscience; analyser un état de conscience. Remarque : " Il est abusif d'employer l'expression état de conscience comme synonyme de fait de conscience; cette méprise est très fréquente " (LE VOCABULAIRE PHILOSOPHIQUE (EDMOND GOBLOT) 1920). — Conscience (psychologique). Intuition par laquelle l'homme prend à tout instant une connaissance immédiate et directe, plus ou moins complète et claire, de son existence, de ses états et de ses actes : Ø 10. Le psychologue, lui, se bornait à étudier la « conscience de soi », qu'il présentait comme un acte de pure appréhension psychologique obtenu en détachant le regard intérieur de toute liaison avec la vie du corps et les solidarités de milieu. Or la donnée la plus immédiate de la conscience psychologique n'est pas un état, fût-il subtil, fût-il unique, c'est une affirmation, saisie comme telle, par elle-même, dans son exercice d'abord, puis dans sa propre réflexion sur son activité. EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 524. — [La connaissance intervient en dehors de la distinction sujet connaissant — objet connu — acte de connaître, le fait conscient n'étant pas distingué de la connaissance, de la conscience, que le sujet en a] Conscience immédiate, conscience spontanée. Connaissance instantanée, non accompagnée d'effort, du vécu tel qu'il se présente. Synonymes : conscience instantanée, irréfléchie, primaire, brute... La conscience immédiate n'est rien sans l'entendement qui cherche à comprendre ce qu'elle éprouve globalement (PAUL RICOEUR, Philosophie de la volonté, 1949, page 202) : Ø 11.... il y a entre la conscience immédiate et la pensée (le sujet pensant) la relation même qu'il y a entre le donné (quel qu'il soit, même purement psychique) et l'idée, c'est-à-dire le contenu intelligible non posé comme existant qui seul peut rendre raison du donné, tout en maintenant d'ailleurs le caractère contingent. DICTIONNAIRE DE CULTURE RELIGIEUSE ET CATÉCHISTIQUE (LOUIS E. MARCEL), Journal métaphysique, 1914, page 22. — [La connaissance se construit par l'opposition sujet connaissant — objet connu — acte de connaître, le fait conscient est distingué de la connaissance, de la conscience que le sujet en prend] : Ø 12. La conscience qui compare les phénomènes est un acte représentatif de la relation donnée entre eux. (...). La comparaison élémentaire appartient à l'animal. L'homme seul, en comparant, se représente la comparaison même. L'homme prend pour représentés ses actes, ses opérations comme telles. Cette conscience de la conscience est la réflexion. CHARLES RENOUVIER, Essais de critique générale, 3e. essai, 1864, page IX. · Conscience réfléchie. Connaissance claire indirecte, accompagnée d'effort, la conscience effectuant un retour réflexif sur elle-même pour analyser et caractériser avec exactitude le fait conscient ou l'objet de la conscience. Synonyme : conscience claire et médiate. Le temps, tel que se le représente la conscience réfléchie, est un milieu où nos états de conscience se succèdent distinctement de manière à pouvoir se compter (HENRI BERGSON, Essai sur les données immédiates de la conscience, 1889, page 78 ). · [Conscience réfléchie en opposition paradigmatique] Mouvement et poids sont des distinctions de la conscience réfléchie : la conscience immédiate a la sensation d'un mouvement pesant, en quelque sorte (HENRI BERGSON, Essai sur les données immédiates de la conscience, 1889, page 49) : Ø 13. La conscience réfléchie s'arrête sur une muraille infranchissable de conscience brute, qui surplombe directement l'inconscient. RAYMOND RUYER, Esquisse d'une philosophie de la structure, 1930, page 165. Remarque : Conscience primitive, conscience réfléchie, conscience subjective, conscience objective (confer VOCABULAIRE TECHNIQUE ET CRITIQUE DE LA PHILOSOPHIE (ANDRÉ LALANDE) 1968). — Prise de conscience. " Passage à la conscience claire et distincte de ce qui, jusqu'alors, était automatique ou implicitement vécu " (Vocabulaire de psychopédagogie et de psychiatrie de l'enfant (ROBERT LAFON) 1963-69). · Loi de prise de conscience. " " L'individu prend conscience d'une relation d'autant plus tard et plus difficilement que sa conduite a impliqué plus tôt, plus longtemps ou plus fréquemment l'usage automatique de cette relation ". Loi formulée par Édouard Clarapède dans les Archives de Psychologie, en 1918, tome XVII, page 71 " (Vocabulaire technique et critique de la philosophie (ANDRÉ LALANDE) 1968). Remarque : Confer infra I A 2 et I A 3. — [Par opposition, en particulier, à l'état réflexif, à l'état de sommeil, à l'état inconscient ou à l'inconscient] Quand la présence d'un organe atteint le seuil de la conscience, cet organe commence à mal fonctionner. La douleur est un signal d'alarme (ALEXIS CARREL, L'Homme cet inconnu, 1935, page 130 ). Mon passé, (...) s'enfonce dans une conscience crépusculaire où la mémoire sombre et s'éteint (PAUL RICOEUR, Philosophie de la volonté, 1949, page 416) : Ø 14. De ce corps-sujet, nous n'avons donc pas véritablement conscience, mais par lui nous avons conscience de la totalité du monde. « En un mot, la conscience du corps est latérale et rétrospective;... JULES VUILLEMIN, L'Être et le travail, 1949, page 32. SYNTAXE : Conscience obscure, confuse; conscience de veille; seuil, éveil, éclipse de la conscience; lueur, éclair de conscience; arriver à la conscience; atteindre, franchir le seuil de la conscience. · Conscience marginale [William James] " (...) contenu plus ou moins confus de la conscience, en marge de la conscience claire (proche du pré-conscient et du subliminal) " (Vocabulaire des techniques de groupe (ANNE ANCELIN-SCHÜTZENBERGER) 1971). Remarque : Pour conscience claire, confer supra conscience réfléchie. · Conscience hypnagogique. Conscience relative à la phase hypnagogique du sommeil. 2. PSYCHOPATHOLOGIE, PSYCHANALYSE. La conscience psychasthénique présente un mode très particulier que désignent les noms de folie lucide, de délire avec conscience : le malade est plus que conscient de son désordre, il l'observe, le critique, le juge et le repousse (EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 272) : Ø 15. Le sens profond de la cure psychanalytique n'est pas une explication de la conscience par l'inconscient, mais un triomphe de la conscience sur ses propres interdits par le détour d'une autre conscience déchiffreuse. L'analyste est l'accoucheur de la liberté, en aidant le malade à former la pensée qui convient à son mal; il dénoue sa conscience et lui rend sa fluidité... PAUL RICOEUR, Philosophie de la volonté, 1949, page 376. — Conscience morbide. " (...) structure générale de la personnalité du psychopathe telle qu'elle lui apparaît à lui-même (...) " (Manuel alphabétique de psychiatrie clinique et thérapeutique (ANTOINE POROT) 1960). — Prise de conscience. Accès à la conscience claire, par une cure psychanalytique, d'un conflit jusque-là refoulé dans l'inconscient et faisant problème. 3. Courant. [Emplois correspondant à certains des emplois philosophiques exposés supra; le plus souvent avec un adjectif indiquant la qualité de la connaissance et suivi d'un complément déterminatif] a) [Correspond à la notion philosophique de conscience immédiate, spontanée] Conscience de quelque chose. Connaissance immédiate, intuitive, synthétique et assez floue de quelque chose. — Locutions. · Avoir (la) conscience (vague, obscure...) de quelque chose Avoir l'intuition, l'impression, le sentiment de quelque chose; avoir connaissance, se rendre compte de quelque chose de façon très globale. Avoir conscience de + infinitif passé; avoir conscience que. [Souvent dans des constructions négatives] . Ne pas avoir conscience de quelque chose; n'avoir aucune conscience de quelque chose Ne plus avoir conscience de + infinitif passé. « Je n'ai pas eu conscience qu'il pleuvait. J'ai eu conscience d'être suivi. J'ai une vague conscience que ce rouge est plus vif, que ce raisonnement ne conclut pas » (Dictionnaire de la langue philosophique (PAUL FOULQUIÉ, RAYMOND SAINT-JEAN) 1962, Dictionnaire de la langue pédagogique (PAUL FOULQUIÉ) 1971 ). Nul de nous n'a conscience de sa propre nature, sans quoi (...) les mystères de l'âme nous seraient parfaitement connus (VICTOR COUSIN. Histoire de la philosophie du XVIIIe. siècle 1829, page 197 ). À certains instants, la vérité est si forte que je n'ai plus conscience d'avoir été dans l'erreur (JOE BOUSQUET, Traduit du silence, 1935-36, page 171 ). Une amorce de sieste dont il avait l'agréable et vague conscience (ALEXANDRE ARNOUX, Roi d'un jour, 1956, page 288 ). Remarque : Ne pas avoir conscience que : " On emploie le subjonctif dans les phrases subordonnées à ce verbe. Elle n'avait plus conscience que Marius fût là (Victor Hugo). La construction affirmative demande l'indicatif. J'ai conscience que vous avez raison " (G. O. D'Harvé [36, page 209] dans ENCYCLOPÉDIE DU BON FRANÇAIS DANS L'USAGE CONTEMPORAIN (PAUL DUPRÉ) 1972). · Perdre conscience de quelque chose Perdre la notion de quelque chose, ne plus en avoir la connaissance minimale qui permettrait en particulier d'ajuster son comportement. Perdre (toute) conscience de ses actes; perdre (la) conscience du réel, du temps, des lieux; perdre conscience de tout. Dans le même sens ne plus avoir conscience de quelque chose C'était un étonnement pour ses camarades, que de le voir, au milieu de graves préoccupations, perdre conscience des bienséances et de sa dignité (MARCEL ARLAND, L'Ordre, 1929, page 21 ). b) [Correspond à la notion philosophique de conscience réfléchie, claire et médiate] Connaissance claire, acquise par l'analyse et la réflexion, de l'expérience vécue. Cette immense déperdition des forces humaines, qui a lieu par l'absence de direction et faute d'une conscience claire du but à atteindre (ERNEST RENAN, L'Avenir de la science, 1890, page 122 ). Dans la pleine conscience de la responsabilité que j'assume, (...) j'ai cru bien faire en vous parlant ainsi (GEORGES BERNANOS, Sous le soleil de Satan, 1926, page 134 ). — Locutions. · Avoir (la) conscience claire, intense... de quelque chose Avoir une connaissance claire, le sentiment net de quelque chose; sentir avec intensité la réalité de quelque chose. Avoir la conscience distincte de quelque chose; avoir (la) conscience que; donner (une) conscience (nette) de quelque chose avoir une haute conscience de sa valeur. J'aime à le voir ainsi, ayant la confiance de sa force et la conscience de son mérite (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Richard Darlington, 1832, I, 1, page 28 ). Il est indispensable (...) que vous preniez pleinement conscience de l'étendue de votre faiblesse (MICHEL BUTOR, La Modification, 1957, page 113) : Ø 16.... ils ne lui offraient pas de conseils et elle n'en demandait pas. Elle avait conscience qu'il n'appartenait qu'à elle de faire son choix et d'arrêter sa vie,... LOUIS HÉMON, Maria Chapdelaine, 1916, page 194. · Prendre conscience de quelque chose Acquérir la connaissance claire de quelque chose; apercevoir quelque chose avec suffisamment de netteté pour en tenir compte le cas échéant. Prendre claire et précise conscience de quelque chose, prendre une conscience intense de quelque chose, prendre pleine/pleinement conscience de quelque chose; donner (une) conscience (nette) de quelque chose Pour moi, étranger dans cette vie harmonieuse, j'en prenais une conscience intense (MAURICE BARRÈS, Le Jardin de Bérénice, 1891, page 96) : Ø 17. Il y a un mouvement spontané des masses. Le rôle des communistes est d'en prendre conscience, pour le faire aboutir : (...). Il ne s'agit pas pour eux d'infuser en quelque sorte aux prolétaires un idéal qui ne leur serait pas immanent, mais au contraire de leur faire prendre pleine conscience de ce qu'ils sont : JEAN LACROIX, Marxisme, existentialisme, personnalisme, 1949, page 13. Prise de conscience. Fait de prendre connaissance, conscience de quelque chose, en particulier de l'existence d'un problème, par une démarche intérieure souvent plus morale qu'intellectuelle. Le tiers monde, sans une sérieuse prise de conscience individuelle, ne sera jamais pour nous qu'une formule ( [J. R.] dans Les mots dans le vent (JEAN GIRAUD, PIERRE PAMART, JEAN RIVERAIN) 1971). SYNTAXE : Prise de conscience claire, aiguë; prise de conscience d'une idée, d'un phénomène, d'une transformation, d'une difficulté, d'un problème; véritable prise de conscience; provoquer une prise de conscience. · Avoir toute sa conscience. Jouir de toutes ses facultés de connaissance actuelle, avoir tous ses esprits. · Perdre conscience. Ne plus être présent à soi-même, perdre (la) connaissance (de son existence) du fait de l'endormissement, d'une drogue...; s'évanouir. Perte de conscience. Reprendre conscience. Reprendre connaissance, revenir à soi. Synonymes : reprendre ses esprits, ses sens. Recouvrer sa conscience. Le gazon me reçut, étendue et molle (...) Quand je repris conscience, (...) je respirais, le nez frotté d'eau de Cologne, aux pieds de ma mère (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, page 65 ). Il se laissa choir sur le matelas, et perdit conscience. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il faisait jour (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, Le Cahier gris, 1922, page 641) : Ø 18. Opéré le 2. Anéantissement de l'être sous l'action de l'éther, la chute dans un abîme obscur et sonore, ce grand bruit de cloches semblables à celles des trains américains, surtout cette impossibilité de résister, de se retenir à quoi que ce soit, il doit y avoir un peu de tout cela dans la mort. J'ai trouvé curieuse la minute qui a précédé la perte de conscience, mais pas le moins du monde effrayante. JULIEN GREEN, Journal, 1929, page 21. B.— [La conscience du point de vue de son objet] 1. Courant (Confer supra I A 3). 2. PHILOSOPHIE. Conscience de soi (-même), conscience (non-)thétique de soi, conscience poétique; conscience du corps, du vécu; conscience d'autrui, de l'autre; conscience d'objet, de l'objet; conscience du réel; conscience (thétique) du monde; conscience subjective (de soi), conscience objective (du nous); conscience perceptive, percevante : Ø 19. La conscience de soi pour s'affirmer doit se distinguer de ce qui n'est pas elle. L'homme est la créature qui, pour affirmer son être et sa différence, nie. ALBERT CAMUS, L'Homme révolté, 1951, page 174. 3. LINGUISTIQUE. Conscience linguistique [linguistique saussurienne] " (...) sentiment intime que le locuteur a des règles et des valeurs linguistiques (...) " (Dictionnaire de linguistique (JEAN DUBOIS, MATHÉE GIACOMO, LOUIS GUESPIN, CHRISTIANE MARCELLESI, JEAN-BAPTISTE MARCELLESI) 1972); (Confer aussi Dictionnaire de linguistique de l'École de Prague (JOSEF VACHEK) 1960). 4. SOCIOLOGIE. Conscience de classe. Connaissance claire qu'ont les membres d'une classe sociale du statut qu'occupe leur classe dans l'échelle de la société différenciée dont elle fait partie, et les sentiments que suscite cette connaissance : Ø 20.... comment Marx, (...) aurait-il méconnu cette action prolétarienne? (...) cette action, tout en assurant en effet au prolétariat quelques avantages économiques partiels, se résume surtout à accroître sa conscience de classe, à développer en lui le sentiment de ses maux et celui de sa force. JEAN JAURÈS, Études socialistes, 1901, page XXXV. Remarque : Confer infra I C conscience collective. C.— [Emplois métonymiques dans lesquels la conscience apparaît comme pouvant être le fait d'un sujet isolé ou d'une collectivité] Ensemble des faits psychiques, saisis par la conscience spontanée, propres à une personne ou à un ensemble de personnes qui les ont en commun; par métonymie siège de ces phénomènes présenté comme un lieu où ils se dérouleraient. Ma conscience est une forteresse (ALFRED DE VIGNY, Le Journal d'un poète, 1846, page 1249 ). Ce qu'il y a de meilleur dans la conscience moderne est le tourment de l'infini (GEORGES SOREL, Réflexions sur la violence, 1908, page 39) : Ø 21.... il le contemplait maintenant du même regard avide qu'il eût regardé sa propre conscience. Et comme sa propre conscience, il eût voulu aussi le jeter hors de lui, revenir dessus, le piétiner, l'anéantir... GEORGES BERNANOS, L'Imposture, 1927, page 454. — SOCIOLOGIE. Conscience collective, ou commune, ou de groupe [Durkheim] Ensemble des faits psychiques (représentations, idées, sentiments, aspirations, croyances, interdits...) communs aux membres d'une même société, qui se manifeste par les rites, les traditions, les institutions... et dont l'existence est particulièrement ressentie lors de certains rassemblements. Ses poussées de fièvre [de la monnaie] , ses dépressions, ses surexcitations, ses langueurs correspondent à des maladies de la conscience collective (ALEXANDRE ARNOUX, Pour solde de tout compte, 1958, page 160 ). Remarque : " Dans la psychologie des foules de G. Le Bon, la conscience collective est l'unité affective de la foule, réalité née du rassemblement et de la tension groupale et déterminant les réactions, les conduites, les croyances de la masse qui se comporte comme un vaste corps. Cette conscience aurait pour caractéristique d'être incapable de réflexion ou d'intelligence et ne comporte que des sentiments et émotions collectives, contagieuses et poussant à l'action immédiate " (Lexique des sciences sociales (ARLETTE MUCCHIELLI, ROGER MUCCHIELLI) 1969). II.— [La conscience en tant qu'elle juge la moralité de ce qu'elle connaît] Conscience (morale). Propriété particulière de la conscience humaine (supra I) qui permet à l'homme de porter des jugements normatifs immédiats, fondés sur la distinction du bien et du mal, sur la valeur morale de ses actes; connaissance intuitive, sentiment intime de cette valeur. La conscience prononce sur toutes choses avec l'équité (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, De l'Allemagne, tome 4, 1810, page 324 ). Je suis parvenu à avoir la ferme conviction que (...) ce qu'on appelle conscience n'est que la vanité intérieure (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1838, page 39) : Ø 22. L'entretien intime de deux scélérats n'est jamais long... Quelque secret que soit leur entretien, il a toujours deux insupportables témoins; Dieu, qu'ils ne voient pas; et la conscience qu'ils sentent. VICTOR HUGO, Han d'Islande, 1823, page 180. — Allusion littéraire. " Science sans conscience n'est que ruine de l'âme " (Rabelais, Pantagruel, II, 8). — Par métonymie de sujet. [La conscience morale en tant qu'elle est le fait d'un ensemble de personne] Conscience publique. « Un acte pareil est une insulte à la conscience publique » (Dictionnaire de l'Académie française. 1878-1932). Conscience du genre humain, conscience morale des nations (Confer Émile Durkheim, De la Division du travail social, 1893, page 4). · Par dérision : Ø 23. Quelques généralités sans précision sur la fidélité et le dévouement que les salariés de toutes sortes doivent à ceux qui les emploient, sur la modération avec laquelle ces derniers doivent user de leur prépondérance économique, une certaine réprobation pour toute concurrence trop ouvertement déloyale, pour toute exploitation par trop criante du consommateur, voilà à peu près tout ce que contient la conscience morale de ces professions. ÉMILE DURKHEIM, De la division du travail social, 1893 page 11. A.— [La conscience morale du point de vue de sa qualité, de ses différents degrés d'intensité appréciés relativement au système des valeurs morales communes à tous les membres du groupe] Conscience droite, intègre, délicate, scrupuleuse, timorée. Comme il n'était à la cour que depuis quelques heures, sa conscience de province était terriblement pointilleuse (PROSPER MÉRIMÉE, Chronique du règne de Charles IX, 1829, page 108 ). Mon mari a beaucoup plus d'estime pour Michel Korsakof à cause de son caractère irréductible et pour sa conscience de granit (GASTON LEROUX, Rouletabille chez le tsar, 1912, page 39 ). — Conscience large. Conscience peu scrupuleuse. Synonymes : conscience facile, souple, élastique (familier). Avoir la conscience large, facile, souple, élastique (familier). Ne pas être scrupuleux et se juger avec une grande indulgence. Synonyme : ne pas avoir la conscience chatouilleuse (familier). Il ne me plaît pas, comme à vous, de revenir sur des incidents oubliés. — C'est que vous avez la conscience facile (ÉDOUARD ESTAUNIÉ, L'Empreinte, 1896, page 201) : Ø 24.... les idéalistes petits bourgeois n'ont pas toujours la conscience chatouilleuse; à l'occasion ils sont capables d'en encaisser gros sans broncher. SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 547. — Homme de conscience. Homme de devoir. Être homme de conscience; avoir de la conscience. Avoir à conscience de + infinitif Tenir pour une obligation de, se faire un devoir de. Faire preuve de conscience. Les hommes de conscience voulaient marcher avec la Constitution à laquelle on leur avait fait jurer d'être fidèles (CÉLINE BUISSON DE LA VIGNE, VICOMTESSE DE CHATEAUBRIAND, Mémoires et lettres, 1847, page 59 ). · [Dans un sens antonymique] Homme sans conscience; être sans conscience; faire quelque chose sans conscience; manquer de conscience; ne pas avoir de conscience. Tu es donc sans conscience, puisque tu enseignes et démontres des choses que tu ne sais pas (GUSTAVE FLAUBERT, Smarh, 1839, page 17 ). Votre conscience a besoin de trouver un écho dans une autre conscience. Vous tombez mal, Monsieur Ancelot, je n'ai pas de conscience (MARCEL AYMÉ, Travelingue, 1941, page 939 ). · Avec la conscience du devoir accompli. En jugeant avoir accompli son devoir conformément au système moral accepté : Ø 25.... mon pauvre homme voit la grande charrette de l'hôtel riverain s'enfoncer sous les arbres (...) et criant, sous le poids des malles et des valises, tandis que lui philosophe pensif, s'en retourne à la lueur des étoiles avec sa brouette vide. (...) mais il n'en vient pas moins là chaque jour, avec la conscience du devoir accompli,... VICTOR HUGO, Le Rhin, 1842, page 290. — Par métonymie. Personne douée d'une conscience morale particulièrement vive, à laquelle elle se conforme sans compromis. Conscience droite; (être) une haute conscience, une conscience pure; tenir quelqu'un pour une conscience. Il faut, en ces heures périlleuses (...) la tranquille résolution des hautes consciences dans l'accomplissement du devoir (GEORGES CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899, page 441 ). Clemenceau, qu'il [Swann] déclarait maintenant avoir tenu toujours pour une conscience, un homme de fer (MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 2, 1921, page 582 ). B.— [La conscience morale du point de vue de son fonctionnement, en tant qu'entité personnelle, comme détachée de soi et personnifiée, que l'on interroge ou interpelle, qui réagit et juge, avec laquelle il faut transiger, auprès de laquelle on doit se justifier, qui manifeste son approbation ou sa désapprobation avant ou après l'accomplissement d'un acte...] Notre conscience est un juge infaillible, quand nous ne l'avons pas encore assassinée (HONORÉ DE BALZAC, La Peau de chagrin, 1831, page 150 ). Si vous avez... dans votre passé... de ces... ces fautes qui troublent notre conscience... ne semblent pas... mériter de pardon... des fautes en apparence irréparables, (...) le pouvoir m'est donné de vous en absoudre (GEORGES BERNANOS, Monsieur Ouine, 1943, page 1520) : Ø 26.... au moment de contracter des devoirs envers cette dame, un scrupule de conscience m'est venu. Depuis le temps que j'ai perdu l'habitude de... de... de l'amour, enfin je ne savais plus si je serais encore capable de... de..., vous savez bien... GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, La Rouille, 1882, page 795. SYNTAXE : Conscience bourrelée, inquiète; remords de conscience; être tourmenté par sa conscience; se faire un scrupule de conscience de quelque chose; interroger sa conscience, tenir à l'approbation de sa conscience, prendre le chemin tracé par la conscience; composer, transiger, trouver des accommodements avec sa conscience; blesser, gêner la conscience de quelqu'un; conscience qui reproche quelque chose à quelqu'un. Remarque : " La question de savoir si le jugement est antérieur ou postérieur au sentiment dans la conscience morale, est controversée : selon J. Lachelier, " le propre de la conscience est d'approuver ou de blâmer, la joie et la douleur ne venant qu'après le jugement moral "; selon M. Bernès, il faudrait au contraire la définir : « propriété qu'a l'esprit humain de sentir la valeur morale, et de rendre ce sentiment explicite au moyen de jugements normatifs» (VOCABULAIRE TECHNIQUE ET CRITIQUE DE LA PHILOSOPHIE (ANDRÉ LALANDE) 1968). — Voix de la conscience. Injonction de la conscience relative à un acte futur. Être attentif à la voix de sa conscience, étouffer la voix de sa conscience. Il n'y a pas une voix qui vous crie [Mgr. Sibour] que vous devez prêter à la critique, pas une voix, celle de votre conscience moins que les autres, qui vous avertisse en secret (EUGÈNE DELACROIX, Journal, tome 2, 1854, page 143 ). Il [Mr. Machelin] se fit honte d'une pareille faiblesse, et écouta la voix de sa conscience. Lucien épouserait l'apprentie modiste comme son devoir l'obligeait (MARCEL AYMÉ, Le Nain, 1934, page 79 ). Remarque : " M. Bernès ajoute que l'expression classique « la voix de la conscience » est une image qui n'a rien d'essentiel. Elle n'exprime que le caractère immédiat et spontané de la conscience; mais elle en fait disparaître l'intériorité. Elle se rattache à la conception théologique d'un Dieu étranger qui se fait entendre dans l'âme, non à la donnée psychologique d'une vie intérieure qui est nous-mêmes. On peut remarquer d'autre part, en faveur de cette image, qu'elle correspond à un fait réel d'objectivation souvent observé en psychologie; par exemple dans les dédoublements de la conscience, l'inspiration artistique, etc. " (VOCABULAIRE TECHNIQUE ET CRITIQUE DE LA PHILOSOPHIE (ANDRÉ LALANDE) 1968)., 1968). — Crise, drame de conscience : Ø 27. Le seigneur communiste, demeuré seul à l'écart du champ de bataille, se débattait dans une crise de conscience hésitant s'il marcherait contre le peuple. MARCEL AYMÉ, Le Puits des images, 1932, page 72. — Affaire de conscience. Problème mettant en jeu la conscience morale parce qu'il implique, pour que soit préservée la paix de la conscience, le besoin et la nécessité, malgré certaines difficultés, de se conformer à une obligation morale. C'est (une) affaire de conscience; ce n'est pas une affaire de conscience; faire de quelque chose une affaire de conscience. Il faut voir les choses comme elles sont. Quoi! d'être malade, ce n'est pas une affaire de conscience! (GEORGES BERNANOS, La joie, 1929, page 578 ). — (Faire quelque chose) selon, suivant, contre sa conscience. Parler selon sa conscience. Agir contre sa conscience. [En parlant de quelque chose] Être contre la conscience (de quelque chose). Je désapprouve toutes ces mesures; elles sont contre ma conscience, et je ne signerai pas (EUGÈNE SCRIBE, Bertrand et Raton, 1833, IV, 5, page 199 ). Si les juges ont décidé selon leur conscience, on ne saurait leur en faire un reproche (MARCEL AYMÉ, Vogue la galère, 1944, page 46 ). — Avoir sa conscience pour soi. Avoir, quoi qu'il arrive, la certitude et la satisfaction d'agir — ou d'avoir agi — selon sa conscience. Il me reste ma conscience : Ø 28. Il avait renoncé à beaucoup de choses, il n'écrivait plus, il ne s'amusait pas tous les jours mais ce qu'il avait gagné en échange, c'est qu'il avait sa conscience pour lui, et ça c'était énorme. SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 217. — Bonne conscience. Conscience satisfaite de l'homme qui a le sentiment d'agir conformément aux valeurs morales et de n'avoir aucun reproche à se faire. Avoir bonne conscience : Ø 29. Mystérieuse candeur, et inquiétante, mais d'une inquiétude charmante et qui est à la fausse, à la coupable sécurité du libertinage... la sécurité même, par l'effort incessant d'une bonne conscience... PAUL VERLAINE, Confessions, 1895, page 118. · Synonyme : conscience satisfaite. La conscience satisfaite est triste, et l'accomplissement du devoir se complique d'un serrement de coeur (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 408 ). · [Souvent par dérision] " Convictions ". Mot qui permet de mettre, avec une bonne conscience, le ton de la force au service de l'incertitude (PAUL VALÉRY, Mauvaises pensées et autres, 1942, page 178 ). · Péjoratif. Se donner bonne conscience. Trouver les accommodements et l'indulgence nécessaires vis-à-vis de soi-même pour avoir à moindre frais le sentiment de s'acquitter de ses obligations morales et de n'avoir rien à se reprocher [Le sujet désigne quelque chose] Donner bonne conscience (à quelqu'un); s'acheter une bonne conscience. Jamais cet homme ne créera un vrai parti de gauche; il sert tout juste d'alibi aux gens qui veulent s'acheter une bonne conscience à bas prix... (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 524 ). — Mauvaise conscience. Conscience insatisfaite et culpabilisée de l'homme qui a le sentiment de n'avoir pas — ou d'avoir mal — respecté les valeurs morales. Avoir mauvaise conscience [Le sujet désigne quelqu'un ou quelque chose] Donner mauvaise conscience (à quelqu'un). Ainsi risque-t-elle [la littérature] , après avoir été au 18e. siècle, la mauvaise conscience des privilégiés, de devenir, au 19e. siècle, la bonne conscience d'une classe d'oppression (JEAN-PAUL SARTRE, Situations II, 1948, page 136 ). · Être la mauvaise conscience de quelqu'un. Rappeler à quelqu'un les raisons qu'il a d'avoir mauvaise conscience : Ø 30. « Je le gêne, tu comprends. (...). Tu as vu le genre de gens qu'il fréquente? Nous sommes sa mauvaise conscience; il ne demande qu'à s'en débarrasser. » SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 401. — (Avoir la) conscience nette, pure; être de conscience pure; conscience sans reproche; (avoir la) conscience tranquille; (faire quelque chose) avec la conscience tranquille; avoir sa conscience en règle; se mettre en règle avec sa conscience; avoir la conscience en paix, en repos; assurer le repos de sa conscience; (faire quelque chose) pour le repos de sa conscience, pour apaiser sa conscience. Rollin a répandu sur les crimes des hommes le calme d'une conscience sans reproche (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Le Génie du christianisme, tome 2, 1803, page 97 ). Elle qui n'avait jamais fait de mal, et dont la conscience était si pure! (GUSTAVE FLAUBERT, Un Coeur simple, 1877, page 45 ). · Par ironie. Le pauvre Bayvet se promenait tranquillement avec la conscience tranquille de ses cent mille livres de revenu (EUGÈNE DELACROIX, Journal, tome 2, 1853, page 90 ). · Par acquit de conscience; pour l'acquit de sa conscience (littéraire); par ellipse, par conscience. Pour s'acquitter d'une obligation et assurer, quoi qu'il arrive, la tranquillité de sa conscience, mais sans conviction et en se donnant le moins de peine possible. Elle les talocha [les deux enfants] encore par conscience (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, En famille, 1881, page 358 ). Je cherchai plutôt par acquit de conscience qu'avec conviction s'il était possible, (...) de donner à mes attributions toute l'ampleur et toute l'autorité qui me paraissaient indispensables (MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, 1916, page 431 ). — Locution adverbiale. En (toute) conscience. En toute honnêteté, en toute probité. Être tenu en conscience de + infinitif; en bonne conscience, en toute tranquillité de conscience; en sûreté de conscience. Sans porter aucunement atteinte à la conscience morale. Mes devoirs sont remplis et je ne me crois plus engagé à rien en conscience (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Correspondance gén, tome 2, 1789-1824, page 112) : Ø 31.... en demeurant irréprochable comme homme privé, on pourra, comme homme public, être en sûreté de conscience et d'honneur le dernier des misérables. FÉLICITÉ-ROBERT DE LAMENNAIS, De la Religion considérée dans ses rapports avec l'ordre politique et civil, 1re partie, 1825, page 45. · En mon âme et conscience, dans ma conscience. Dans ma plus intime conviction. Par dérision. En mon âme et conscience (...) et la main sur le coeur, je te trouve moche (MARCEL AYMÉ, Le Boeuf clandestin, 1938, page 131 ). · [Formule du serment que prononce le premier juré avant de faire connaître le verdict du jury] Sur mon honneur et ma conscience, devant Dieu et devant les hommes, la déclaration du jury est... Jurer quelque chose sur son âme et conscience. Elle a repris son air affable quand je lui ai juré sur mon âme et conscience que, (...) le métier de farceur littéraire ne convenait nullement à mon caractère et à ma position (JULES JANIN, L'Âne mort et la femme guillotinée, 1829, page 5 ). — [Locutions liées aux notions de faute et de remords en tant qu'ils sont ressentis par l'être humain comme ayant un caractère pesant et constituant une charge à porter] · Familier. Avoir quelque chose sur la conscience. Avoir un grave manquement à la morale à se reprocher. En avoir gros sur la conscience. se charger la conscience; mettre, laisser quelque chose sur la conscience de quelqu'un. Faire, laisser peser sur lui l'entière responsabilité de quelque chose. Observons les règles, afin de n'avoir aucun poids sur la conscience (ALEXANDRE ARNOUX, Rêveries d'un policier amateur, 1945, page 46 ). Par métaphore, populaire ou argotique. Se mettre (un aliment) sur la conscience. Mettre (un aliment) dans son estomac, charger son estomac de (cet aliment), manger quelque chose. Se coller un cataplasme sur la conscience. Manger beaucoup. « Allons, colle-toi ça sur la conscience, lui dit la bonne femme en lui tendant un bol de bouillon » (Dictionnaire français-argot (ARISTIDE BRUANT), 1901, page 207 ). · [Le sujet désigne un manquement aux valeurs morales ou le sentiment de culpabilité consécutif à ce manquement] Charger la conscience de quelqu'un; peser sur/à la conscience de quelqu'un; rester sur la conscience de quelqu'un. Il y a un péché qui doit lourdement charger sa conscience (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Don Juan de Maranaou la chute d'un ange. 1836, I, 4, page 9 ). [Voiturier] sentait peser sur sa conscience trente cinq ans d'action anticléricale et progressiste (MARCEL AYMÉ, La Vouivre, 1943, page 247 ). · Dire tout ce qu'on a sur la conscience. Dire, avouer tout ce que l'on a à se reprocher. Décharger, soulager, libérer sa conscience. C.— Par métonymie. 1. [La conscience morale en tant que pouvoir, droit de juger et d'agir selon ce jugement] — Liberté de conscience. Liberté laissée à chacun, en particulier par les pouvoirs publics, de juger des doctrines, religieuse et philosophique notamment, qui lui conviennent, accompagnée de la liberté d'y conformer sa vie. Respecter la liberté de conscience, reprendre sa liberté de conscience : Ø 32.... celui qui n'est aux prises qu'avec des niais injustes doit s'interroger avant de leur céder, et partir de là pour reconnaître qu'il n'y a nulle part, entre Dieu et lui, de contrôle légitimement absolu pour les faits de sa vie intime. La conséquence étendue à tous de cette vérité certaine, c'est que la liberté de conscience est inaliénable. AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 3, 1855, page 348. · Étouffer, opprimer, violenter les consciences. Empêcher par quelque moyen, en particulier par la force et la répression, l'usage et/ou la manifestation de la liberté de conscience. · DROIT DU TRAVAIL, JOURNALISME. Clause de conscience. Disposition légale permettant à un journaliste de rompre le contrat le liant à son employeur, pour des raisons de liberté de conscience, en cas de changement d'orientation du journal, et cela dans des conditions d'indemnisation équivalant à celles prévues pour les licenciements abusifs (Confer Gérard Belorgey, Le Gouvernement et l'administration en France, 1967, page 144). — Vendre sa conscience. Abandonner à d'autres personnes, en échange de certains avantages, son pouvoir et son droit de juger par soi-même et de se déterminer librement. Marchander, acheter la conscience de quelqu'un. — Objection de conscience. Action d'objecter des devoirs supérieurs d'ordre religieux, ou simplement moral, pour refuser d'accomplir une obligation légale; en particulier, refus d'accomplir ses obligations militaires au nom de la religion, ou de la morale, qui condamne la violence et le fait de tuer. Objecteur de conscience. Celui qui oppose une objection de conscience à l'accomplissement de ses obligations militaires : Ø 33. Des militants de l'antimilitarisme comme des pacifistes comprirent que la défense de la nation et de la justice ne faisait qu'un et que cette défense exigeait parfois que l'on prenne les armes. Des objecteurs de conscience voulurent être des soldats. BENIGNO CACÉRÈS, Histoire de l'éducation populaire, 1964, page 137. 2. [La conscience morale en tant qu'ensemble des jugements en fonction desquels une personne agit; par suite, la conscience en tant que lumière qui permet d'orienter ses actes, de diriger sa vie] Éclairer, diriger, endormir, obscurcir les consciences. « L'honneur national! » grommela-t-il, de nouveau. « Tous les grands mots sont déjà mobilisés, pour endormir les consciences!... » (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 484 ). — Par métonymie. [La conscience morale en tant que siège des pensées, des sentiments les plus intimes ou les plus secrets] Lire, pénétrer dans les consciences; sonder les consciences. Il avait le don de conseil; on l'appelait le voyant; il lisait dans les consciences (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 5, 1859, page 396 ). 3. [La conscience morale considérée comme ayant son siège dans le coeur] a) [Le passage de conscience à coeur s'explique par le fait que le premier symbolise l'honnêteté morale et le second la sincérité; par référence au geste qui consiste à mettre la main sur son coeur pour protester de sa sincérité, et pour inviter quelqu'un à dire la vérité] Littéraire, vieilli. (Mettre) la main sur la conscience. (S'interroger) en toute honnêteté. Je parie que vous-même vous avez fait vos farces. Voyons, la main sur la conscience, est-ce vrai? (GUY DE MAUPASSANT, Une Vie, 1883, page 127 ). b) MARBRERIE, SERRURERIE. " Pièce en bois (...) garnie de fer ou seulement en fer, que l'on pose sur la poitrine pour soutenir et pousser le foret pendant qu'on le fait tourner avec un archet " (Dictionnaire des termes employés dans la construction (PIERRE CHABAT) tome 1 1875, Dictionnaire des termes employés dans la construction (Pierre Chabat)1881). Plaque de conscience (RENÉ CHAMPLY, Nouvelle encyclopédie pratique, tome 11, 1927, page 89 ). D.— [La conscience morale du point de vue de son application dans des domaines particuliers] 1. [La conscience morale appliquée aux obligations professionnelles] Conscience (professionnelle). Scrupuleuse honnêteté que l'on apporte à l'exécution de son travail, inspirée par le sens des exigences de sa profession accompagné de la volonté de s'en acquitter au mieux quelles que soient les difficultés. Mettre beaucoup de conscience dans son travail; faire (un travail) avec conscience; travailler en conscience; (travail) qui est de conscience. Synonymes : conscience du métier, conscience de métier, conscience exemplaire. Le travail était de conscience : (...) cent et cent fois j'avais fait, défait et refait la même page (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 2, 1848, page 251 ). Nous le vîmes [le nouveau] qui travaillait en conscience, cherchant tous les mots dans le dictionnaire et se donnant beaucoup de mal (GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, tome 1, 1857, page 4 ). La conscience de certains journalistes est au niveau de leur talent (GUY DE MAUPASSANT, Bel-Ami, 1885, page 156) : Ø 34. Ce manque de conviction dans la valeur de la tâche se traduit d'ailleurs chez nombre de bourgeois (...) par un affaiblissement de la conscience professionnelle. MARCEL AYMÉ, Le Confort intellectuel, 1949, page 146. — Par extension. Application, minutie, soin que l'on apporte à l'accomplissement d'un acte quelconque. J'ai recommencé d'aujourd'hui à faire des armes. J'étudie avec conscience cet art compliqué (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1847, page 78 ). Et il [Voillenier] lisait le journal du matin avec la conscience qu'il apportait à ses moindres actions (PAUL BOURGET, Une Fille-mère, 1928, page 199 ). — IMPRIMERIE. Travail en conscience. Travail particulièrement délicat pour l'exécution duquel on s'en rapporte à la conscience professionnelle du typographe qui est, en conséquence, rémunéré à l'heure ou à la journée, contrairement à ce qui se passe pour le travail à la pièce. Une journée de conscience. Mettre un compositeur en conscience (Dictionnaire de l'Académie Française). Homme de conscience, équipe de conscience; ouvriers en conscience; être en conscience. · Par métonymie. Ensemble des ouvriers travaillant en conscience. C'est ordinairement la conscience qui corrige les tierces (Dictionnaire de l'Académie française. 1835-78). Local où se fait le travail en conscience, où se tiennent les hommes de conscience. Aller à la conscience (Dictionnaire de l'Académie Française). Ce compositeur travaille à la conscience (Dictionnaire de l'Académie française. 1835-1932). 2. [La conscience morale appliquée aux obligations religieuses] — Examen de conscience. Examen approfondi, prescrit par l'Église, de ses pensées, de ses intentions, de ses actes du point de vue de leur valeur morale, fait en particulier pour se préparer à la confession. Faire son examen de conscience; examen de conscience quotidien. Ces examens de conscience tout faits, où les imaginations pures se dépravent en réfléchissant à des monstruosités ignorées (HONORÉ DE BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes, 1847, page 518) : Ø 35. L'examen de conscience est un exercice favorable, même aux professeurs d'amoralisme. Il définit nos remords, les nomme, et par ainsi les retient dans l'âme, comme en vase clos, sous la lumière de l'esprit. À les refouler sans cesse, craignez de leur donner une consistance et un poids charnel. GEORGES BERNANOS, L'Imposture, 1927, page 328. · Par extension. Examen de conscience politique. — État fidèle de l'empire, sa prospérité. — Idées libérales de l'empereur sur la différence des partis (EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 1, 1823, page 447 ). Il entreprit (...) un examen de conscience artistique de tous ses écrits (LUCIEN CAPET, La Technique supérieure de l'archet, 1916, préface, page 6 ). — Cas de conscience. Difficulté créée par une situation ambiguë où la conscience hésite à se déterminer dans un sens précis faute d'une prescription religieuse à laquelle se référer dans un tel cas. SYNTAXE : Examen d'un cas de conscience; poser, résoudre un cas de conscience; cas de conscience qui pèse sur quelqu'un. · Faire à quelqu'un un cas de conscience de + substantif ou de + infinitif Le tenir pour obligé de faire quelque chose au nom de la morale, quelles que soient les difficultés qui en résultent : Ø 36. C'est vraiment une désolation que de te voir réprimer et lier avec je ne sais quels scrupules ton âme, qui tend de toutes les forces de sa nature à se développer de ce côté. On t'a fait un cas de conscience de suivre cet entraînement, et moi je t'en fais un de ne pas le suivre. MAURICE DE GUÉRIN, Correspondance, 1834, page 128. · Par extension, courant. Situation conflictuelle délicate à résoudre, sa solution engageant la conscience morale du sujet; scrupule. Se faire un cas de conscience de quelque chose a) Avoir scrupule à faire quelque chose que l'on ressent comme allant à l'encontre de sa conscience morale. b) Se tenir pour obligé de faire quelque chose parce que l'on en ressent l'obligation morale. Par ellipse, vieilli. Se faire (une) conscience de + substantif ou de + infinitif Se faire un cas de conscience de. C'est (une) conscience de. C'est un cas de conscience de. Si vous avez encore des scrupules, qu'à cela ne tienne : tout cas de conscience est respectable (JULES SANDEAU, Mademoiselle de la Seiglière, 1848, page 118 ). C'est un mot de vérité que je te demande, et il ne faut pas te faire conscience de me le dire (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, François le Champi, 1850, page 136 ). Quand nous touchions à un magnifique cas de conscience, et dans un problème où toute une nation était intéressée, il ne pensa qu'à sa personne (MAURICE BARRÈS, Au service de l'Allemagne, 1905, page 30 ). — Directeur de conscience. Homme d'Église qui dirige la conscience de quelqu'un pour l'aider à vivre selon les valeurs morales et religieuses. Diriger la conscience de quelqu'un. Avoir un directeur de conscience, avoir la conscience dirigée, cela lève le coeur de dégoût (PAUL LÉAUTAUD, Journal littéraire, tome 1, 1893-1906, page 85 ). — HISTOIRE. Conseil de conscience. Conseil ecclésiastique appartenant au conseil royal et chargé de régler certaines affaires ecclésiastiques. Conseil de conscience de la reine Anne d'Autriche (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 1, 1840, page 509 ). Remarque : On rencontre dans la documentation a) Le verbe transitif conscienciser, néologisme d'auteur formé sur le modèle d'humaniser. Donner la conscience à. L'homme est un fabricateur de conscient. Son éminente dignité vient précisément de son aptitude à « conscienciser » la nature et à l'humaniser (LÉON DAUDET, L'Hérédo, 1916, page 108). b) L'adjectif conscientiel, ielle, philosophie Qui est relatif à la conscience. Étapes conscientielles (confer Philosophie, Religion (sous la direction de Gaston Berger), 1957, page 3215). Le mouvement premier de la réflexion est... pour transcender la qualité conscientielle pure de douleur vers un objet-douleur (JEAN-PAUL SARTRE, L'Être et le Néant, 1943, page 401). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 15 179. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 12 637, b) 13 693; XXe. siècle : a) 21 720, b) 33 375.
conscience

« conscience correspond exactement ? la puissance de choix dont l'?tre vivant dispose; elle est coextensive ? la frange d'action possible qui entoure l'action r?elle?: conscience est synonyme d'invention et de libert?.

Or, chez l'animal, l'invention n'est jamais qu'une variation sur le th?me de la routine. HENRI BERGSON, L'?volution cr?atrice, 1907, page 264.

? [La conscience en tant qu'elle est pr?t?e ? l'univers dans les visions po?tiques, animistes] Dans toute la Nature, il [l'artiste] soup?onne une grande conscience semblable ? la sienne (AUGUSTE RODIN.

L'Art, entreiens r?unis par Paul Gsell, 1911, pages 218-219) : ? 5.

Sache que tout conna?t sa loi, son but, sa route; Que, de l'astre au ciron, l'immensit? s'?coute; Que tout a conscience en la cr?ation... VICTOR HUGO, Les Contemplations, tome 3, La Bouche d'ombre, 1856, page 435.

? Par m?tonymie.

L'?tre humain m?me, en tant qu'il est dou? de conscience.

On ne peut pas r?aliser que les autres gens sont des consciences qui se sentent du dedans comme on se sent soi-m?me, dit Fran?oise (SIMONE DE BEAUVOIR, L'Invit?e, 1943, page 14 ).

I.? [La conscience en tant qu'elle permet de conna?tre] A.? [La conscience du point de vue de son fonctionnement, de ses diff?rents niveaux; la connaissance qu'elle donne du point de vue de sa qualit?, de ses diff?rents degr?s de clart?] 1.

PHILOSOPHIE.

? Courant, flux de (la) conscience [William James, Henri Bergson] " Flux qualitatif des ?tats int?rieurs " (Le vocabulaire intellectuel (JEAN-CLAUDE PIGUET) 1960).

? Champ de (la) conscience.

Champ de l'activit? c?r?brale, dirig? par l'attention qui d?termine son contenu et sa plus ou moins grande ouverture, auquel se limite la conscience ? un instant donn? (Confer Henri Ey, La Conscience, Paris, Presses Universitaires de France, 1963, pages 41-42).

Contenu de la conscience?: ? 6....

une attention trop contrainte ?trique l'action en r?tr?cissant le champ de conscience et en pliant l'?lan spirituel ? la courbure ?gocentrique. EMMANUEL MOUNIER, Trait? du caract?re, 1946, page 462.. »

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