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LA RELIGION

Publié le 02/11/2016

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religion

cette entreprise : d’abord il ne vient pas à l'idée du primitif de prouver l’existence des Ames des ancêtres, car personne n’en doute. Donc prouver l’existence de Dieu ne convainc que celui qui est déjà convaincu. D’autre part, il y a contradiction entre la foi et la raison (« fides quaerens intellectum », dit Saint Anselme). Enfin la forme des preuves (syllogistique) et leur nombre jouent contre elles. S’il y en a plusieurs, aucune n’est décisive ; si elles sont de type logique, comment pourraient-elles s’appliquer au mystère? On assiste à des comportements réflexes, du type du « comme si », qui se perpétuent à propos d’un sacré absent. Ce qui donne aux preuves un caractère trop humain : ainsi la première preuve aristotélicienne par la première cause (« il faut bien s’arrêter quelque part », dit la preuve ; et c’est Dieu, première cause de la chaîne causale). Mais ce souci de finitude est humain et ne concerne peut-être en rien le sacre, le divin.

 

Finalement la pensée philosophique du Moyen Age apparaît comme un colonialisme de la pensée religieuse, qui annexe la Raison citadelle de sa défense. Rappelons les preuves de l’existence de Dieu, chez Aristote et Saint Thomas:

LA RELIGION

La religion est d’abord un lien d’un type particulier (re-lego: attacher). Ce lien est manifeste dans la cérémonie de fondation d’une ville romaine : un prêtre consacré, à l’aide d’un bâton recourbé (lituus), délimite dans le ciel un espace (templum). Cet espace constitue le « territoire consacré », le sanctuaire, puis le » temple ». Le lien est donc d’abord établi entre le ciel et la terre, l’au-delà et ici-bas. Mais le lien a été senti de manière différente comme précision absolue et contraignante d’un rite auquel la religion astreint. La religion devient donc, étymologiquement, le « scrupule religieux ». Un problème dès lors se poserait : la religion permet-elle la créativité? Roger Bastide l'affirme, en étudiant les réponses diverses à une même situation. Certains Africains au Brésil résisteront au travail servile en restructurant leur religion et en lui donnant une signification de révolte. D’autres la laisseront telle quelle, et profiteront de toutes les possibilités d’ascension qui leur sont offertes. Chaque individu interprète donc pour son compte la syntaxe et la sémantique religieuse, et donne un sens au « lien ».

 

_ / — Phénoménologie de la religion.

 

Il y a une expérience religieuse dont le mode d’être est d’une part intuitif et affectif, d’autre part existentiel. C’est ce dernier aspect qui nous intéresse : quelle est la manière d’être-au-monde de « l’homo religiosus » (AL Eliade), quel sens donne-t-il à ce qui l’entoure, quels sont les axes structurels de son comportement? Nous distinguerons le « sacer » ou « sacré », et l’« espace-temps » religieux.

 

1 _ Le sacré. Antérieurement à tout concept, qu’est-ce que le

 

sacré ?

 

Le sacré forme couple avec le profane. Le sacré est « station de la divinité », le profane « néant actif » : c’est-à-dire qu'il peut faire disparaître le sacré. Ce dernier est une énergie très volatile, fluide, très dangereuse et efficace. Le sacré est a tabou  (interdit, en polynésien), le profane « noa » (libre). Il faudra donc des rites précis d’entrée et de sortie, des sacrifices de purification et de désacralisation, fonctionnant comme un sas entre deux éléments différents, pour que le sacré et le profane aient des contacts.

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« Le sacré est à la fois pur el Impur, saint ~~souillé (mê me mot dans plusieurs langues, en grec • agios •).

La pureté est conçue comme guéri son possible, accroissement de la vie.

L 'impureté détruit.

Le côté droit dans la repr ése ntation du monde est associé à la pu r eté, ln droiture, l'adresse (avec les connota tions de clarté, sécheresse, a l titude) .

Le côté gauche est associé à l'Impuret é par la • gaucherie • (avec les connota tions d'obsc urité, hum idité, bassesse) .

Il existe chez les primitif s un e géog raphie de la puret é ; le cen tre du village comporte tout le sacré, l'épa u le droite doit être tournée vers lui ; la gauche vers la jungle, source de tout es les impuretés (Canaques).

On peul essayer d'expliquer cette bipolurité du sacré en la rappro­ chant de dichotomi~s fondamen tales : la dichotomie sociale (les deux phratr ies avec chacune un totem), la dichotomie physio­ log i que (les deux sexes), 1:1 dichotomie nntu œ lle (les deu x saisons, été -hiver).

En fa it ces dil'holomies son t touj ours données ensemble et intervien n ent (selon les rites, les f êtes, les événements) en pro­ portion var i able.

Mai s un sacré de type parti culier, le sacré de J' i nterdit (du respe ct) provi ent directement de la dichotomie sociale: on doit respecter les femm es de son clan (cxol!nm ic et prohibition de l'inces te) et ne chercher femme que dans l' autre c lan dépendant d'une autre p hratrie (es t profane t out ce quj est sacré pour l'autre tr ib u).

Cel ui qu i y rontrevient est • maudit •.

Cette règle permet l'échange généralisé (voir chap itre Les f:cbanges), el renforce les lien s dans ln tribu qui n'est pas originellement une dans t ous les cas.

En conséquence de ce sacré de l'interdi t, il y a un 'sacré de violence t l de lrrmsgression • (R.

Caillois).

Il apparalt nota mment lors de lu fête.

Le temps usé (chrono ..

qui u se) doit être remplacé , raje u ni.

JI fnut reven ir au tem ps de la créa tion du mond e par les • ancê tres • ou les • dieux •.

JI en ré su lte une mascarade (les officiants ont par le masque les mêm es pouvoirs de métamorph ose que les ancêtres ; voir Carnava l).

De plu s tout doit être inversé : licences ritueUe s, débauche, pillage, meurtres (Brésil ), union s Incestue uses rituelle s.

En conséquence le sacré est d ouble, en deux sens .

D'une part il est saint eté et souillur e, d'autre part inhibition (Interd it) et stimu­ lation (transg ression), féminin et masculin (pa r exemple les tote m s son t du côté mat ernel, les d ieux , du côté paternel).

2 - Espace et temp s religieux .

La religion sous sa lorme primi­ tive (s ens du sacré) imprégnait tout acte de la vie ; nous ne pouvons plu s nous en rend re compte clairement.

Certes il y a encore pour no us des • chifTres • (Jaspers), ou élém ents du monde qui • par lent •; mais l e monde n'est pus str ucturé se lon le sac ré.

Au co ntraire, à l'or igine, l'Espace et l e Temps sont saturés de sacré, forme parti­ culière du rapport du primitif au monde.

C'est que le passage du ch aos au cosmos e st l'acte même du sac ré, et cu m e me temps consiste en l'appar ition des ordre s temporels et spatiaux.

L'espace religieux.

L e lieu sacré est un pont entre Je ciel et la tetTe.

Quelles que so ie n t ses fonctions, il n'y a pas d'esp ace homogène pour l'homme religieux.

L'espace présente des ruptures : un espace. »

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