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L’AFFAIRE Gabrielle russier

Publié le 02/12/2018

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L’AFFAIRE

Gabrielle russier

 

Les années soixante sont la lente maturation de ce qui aboutira à l’explosion de mai 1968. Au cours des «trente glorieuses» (depuis 1950), la France est prospère, elle s’enrichit, se modernise. Mais elle s’ennuie, selon le mot célèbre d’un éditorialiste du Monde. Toutes les «aventures», qu’elles soient militaires, coloniales ou maritimes, s’achèvent; l’insolite, l’exaltant ne sont plus que préfabriqués.

 

Dans cette société qui explose, on commence à jeter tous les bonnets par-dessus tous les moulins. Tout cela est particulièrement sensible dans le domaine des mœurs: on commence à parler sans gêne de l’amour libre, de l’avortement, de l’homosexualité. Pourtant, la France profonde n’a pas vraiment bougé, la morale (laïque ou chrétienne) reste profondément ancrée. Et puis, la loi est là, précise et sans détours. C’est dans ce contexte que va éclater une affaire qui sera un peu comme un point d’aboutissement des générosités et des folies de mai 1968.

 

Fille d’un avocat à la cour, Gabrielle Russier naît le 29 avril 1937 à Paris. Sa mère, atteinte de poliomyélite, reste paralysée, et Gabrielle grandit dans un univers triste et studieux de bourgeoisie intellectuelle. Très bonne élève, elle est aussi passionnée, veut combattre l’injustice, l’hypocrisie, le mensonge. Elle veut se dévouer, et la voilà cheftaine. Son héroïne est Antigone: «Je ne suis pas née pour partager la haine, mais l’amour.»

 

Etudiante en Sorbonne, elle prépare propédeutique. Elle a vingt ans. Elle rencontre alors un jeune ingénieur, Michel Nogues. C’est un garçon doux, intelligent, mais qui ne perçoit pas sans doute la sensibilité à vif et la fragilité de Gabrielle. Ils se marient et s’installent

 

à Casablanca, où elle enseigne le français au lycée franco-musulman. A l’époque, déjà, elle se passionne pour ces grandes questions que sont l'Indochine, le Maghreb, la décolonisation, et elle milite pour l’indépendance de l’Algérie.

 

En 1959, la voici mère de jumeaux, Joël et Valérie. Elle semble heureuse; pourtant il y a déjà comme un fossé entre les époux. En 1961, retour en France, et c’est le divorce, à l’amiable. Gabrielle décide de reprendre ses études et s’inscrit à la faculté des lettres d’Aix-en-Provence. Elle a vingt-cinq ans. Elle est enchantée de l’atmosphère détendue, et s'épanouit dans une vie d'étudiante où elle se montre brillante. Elle est considérée comme anticonformiste, et pleine d’enthousiasme pour les causes qui lui sont chères. En 1964, elle est diplômée d’études supérieures avec un mémoire sur le Nouveau Roman, puis elle prépare l'agrégation. Tout en travaillant avec méthode, elle s’occupe de ses enfants, dont elle a la garde. Elle échoue en 1966, mais est reçue avec aisance l’année suivante. Parmi les professeurs qui la félicitent, un couple dont elle partage les idées d’extrême gauche : lui est professeur de phonétique, elle de lettres. Ils ont un fils de seize ans, Christian...

« C'en est trop, et les parents affirment: Christian, de gré ou de force, doit rentrer dans le devoir.

Si «Cette femme» s'obstine, il faudra prévenir la police.

En attendant, on éloigne Christian qui est inscrit comme interne au lycée d'Argelès, et ses parents intriguent auprès du recto­ rat, des professeurs, des relations: il faut faire cesser le scandale! Cette fois, tout le monde est au courant, et Gabrielle assure une rentrée bien difficile au lycée Saint-Exupéry, dans un climat d'hostili­ té.

Elle obtient alors un congé de maladie et...

gagne Argelès où elle rejoint Christian dans un hôtel.

Le garçon est alors dans un tel état physique et moral qu'un médecin doit lui administrer des calmants.

- J'ai peur pour lui, je suis là pour le calmer, et puis, de toute façon, je l'aime et personne ne peut rien �ontre cela, dit alors Gabrielle.

Retour de Christian à Marseille, en pension, mais il fugue, vient rejoindre sa maîtresse et se cache.

Cette fois, une plainte est déposée pour. »

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