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Le problème de la liberté.

Publié le 12/11/2016

Extrait du document

I. — ORIGINES DU PROBLÈME.

 

C’est surtout avec les premiers théologiens chrétiens que le problème métaphysique de la liberté s’est posé.

 

Nous voyons Saint-Augustin (534-430) se heurter à une difficulté soulevée soit par des adversaires de la religion, soit par quelques théologiens eux-mêmes soucieux d’aller au devant des objections et d’y chercher réponse : Comment concilier la prescience divine et la liberté humaine ? En créant le premier homme, Dieu ne savait-il pas d’avance qu’Adam pécherait ? Et si Dieu le savait, Adam était donc déterminé ; il n’était pas libre de ne pécher point. D'une façon plus générale, si Dieu prévoit nos actions, celles-ci perdent leur caractère contingent ; elles deviennent nécessaires, fatales...

 

Pour admettre l’idée d’une juste sanction, il faut que le sujet (la responsabilité) ait été en possession d’un libre-arbitre. Double préoccupation : juridique et théologique.

 

La tâche que se donnèrent bon nombre de philosophes fut de démontrer, de prouver l’existence de la liberté.

 

L’antinomie, dans les temps modernes, ne se posa plus entre prescience divine et liberté, mais entre déterminisme et liberté.

 

II. — LES SIMPLIFICATIONS ABUSIVES.

 

les termes où la philosophie traditionnelle a posé le problème, celui-ci paraît, à vrai dire, insoluble. L’habitude de raisonner dans l’abstrait a ses inconvénients. Partisans et adversaires ne s'accordent en somme que sur un seul point : ils conçoivent, les uns et les autres, la question sous forme d’un dilemme (deux propositions contradictoires, entre lesquelles on est mis en demeure de choisir)...

 

L’Homme est libre. L’Homme n’est pas libre, il est déterminé. L’infini ou le zéro... Et, naturellement, ici encore, comme nous l’avons remarqué maintes fois, il s’agit de l’Homme, supposé partout et toujours identique à lui-même.

 

Alors, la liberté existe également, chez tous. Ou bien (thèse adverse) nul homme n’est libre.

 

L’oratorien Malebranche dira, de façon judicieusement nuancée : « On s’imagine ordinairement que la liberté est égale dans tous les hommes et que c’est une faculté essentielle aux esprits... Mais on se trompe : il n’y a pas deux personnes également libres ... ».

Le problème de la liberté.

pose l’alternative du déterminisme et de la liberté n’est pas un vrai problème. Il rappelle que H. Bergson y voit également « un malentendu ». Mais il ajoute pour son compte que, du point de vue logique même (et non pas seulement du point de vue de l’intuitionnisme), « l’antinomie apparente du déterminisme et de la liberté n’a aucune valeur réelle ».

 

J’appelle liberté morale, dit-il, l’état de l’être qui porte en lui, dans sa conscience claire, la motivation de l’acte qu’il accomplit. Elle manque à l’enfant, au fou, à l’esprit faible, à l’impulsif.

 

Il y a, qu’on le veuille ou non, dépendance d’un acte par rapport à des états de conscience antérieurs. La fausse position de certains défenseurs d’un libre-arbitre (prétendûment « démontré ») c’est de vider le moi de tout contenu psychologique, puis d’affirmer, aussitôt après, une inconcevable « causalité ». L’action devient alors une sorte de miracle, un « commencement absolu ».

 

Or, le n’est rien sans ses états de conscience.

 

Et le déterminisme psychologique est chose bien normale, si l’on y réfléchit. On s’y réfère sans cesse dans la vie de chaque jour. « Je prends une résolution : le choix d’une carrière, par exemple. On m’en demande les raisons. Je les expose. Mon interlocuteur tombe d’accord que j’ai raison, c’est-à-dire que mes idées, mes goûts, mes sentiments sont intelligemment satisfaits par ma détermination ». C’est bien là un acte libre, et pourtant il ne contredit en rien, au contraire, le déterminisme. Comme le faisait si bien observer J.Stuart-Mill, à quel moment nous jugeons-nous le plus libre, sinon quand nous pouvons montrer une dépendance rigoureuse de ce que nous sommes à ce que nous faisons ?

« 262 PHILOSOPHIE GÉNÉRALE D' autre part, les représentants du déter minisme philosophique (ne pas confond re avec le déterminisme expérimental) raisonnent comme si la personne humaine n'était pas une synthèse, mais un assemblage mécanique.

Nous reviendrons plus loin sur ce point important.

Bref, d'un côté comme de l'autre, on méconnaît cette règle énoncée par Kant (cf.

notre chap.

sur la vérité) qui est de ne pas faire un usage illég itime du principe de càusalité.

La liberté, dit Jaspers, n'a pas de place dans le monde des objets.

En réalité, elle ne peut être ni réfutée par la science, ni prouvée par la science.

Prétendre s'appuyer sur la science pour nier la liberté, ou bien combattre la science pour établir la liberté, ce sont deux positions également fausses .' II I.

-D E LA LIB ERT É D'INDIF FÉRENCE A LA LIBERT É .

DU SAGE.

Selon les auteurs classiques, comme Descartes, ou Bossuet (qui reprennent d'ailleurs une thèse médiévale) il existerait une liberté d' indiff érence consistant en une indépendance à l'égard des motifs.

Le philosophe scolastique Buridan (env.

1300- 1365) imaginai t, dit-on, un âne, placé à égale distance d'une botte de foin et d'un seau d'eau : l' animal serait mort de faim et de soif , s'il n'avait manifesté une liberté d ' indifférence ...

Laissons les ânes et revenons à l'homme.

L'idée de se décider sans motif , lorsqu'il s'agit d'actes sans conséquence , est-ce un aspect valable de la liberté ? ...

Thomas Reid (É cossais, I710- I796}, partisan de cette thèse, prend l'exemple suivant : il a vingt guinées en poche et doit eff ectuer un achat d'une guinée ; il prend n'importe quelle pièce au hasard : il est libre ...

Cela ne nous paraît présenter aucune espèce de valeur, ni pour, ni contre la liberté.

Mais prolongeons le raisonnement :lorsqu'il s'agit d'actes importants, qui mettent en jeu des intérêts, temporels ou spirituels, pour ,nous ou pour autrui, comment qualifier une décision grave ...

prise sans motifs dûment réfléchis ? Ce serait sottise ou caprice, sinon pure folie ...

Il semble bien normal , au contraire , que nos décisions , en pareils cas, soient le résultat d'une sérieuse délibération, d'un examen du « pour " et du « contre •.

Et s'il arrivait, par extraordinaire, que les motif s pour et contre se fissent exactement équilibre dans notre esprit, nous aurions en nous décida nt- surtout si la décision ne souffre pas de retard -l'impression pénible, allant parfois jusqu'à l'angoisse, de choisir peut-être la mau­ vaise solution (Nous ne le saurons qu'après ! Et, souvent, nous serons ju gés par autrui d'après les résultats ...

).

Ce n'est pas là un cas purement théorique : un médecin, un chirurgien, un chef militaire, mais bien d'autres aussi ont pu connaître ces alternatives dramatiques.

Nous. »

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