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LES TENDANCES ET LES BESOINS

Publié le 03/11/2016

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Le langage dispose de beaucoup de mots pour signifier les tendances et leurs modalités plus ou moins immédiates : tendance, impulsion, pulsion, inclination, penchant, appétit etc. Il convient d’abord d’y mettre de l’ordre.

 

M. Revault d’Allonnes (« Les inclinations », 1907) pense que les tendances sont les énergies latentes primaires et les inclinations, des formations secondaires, complexes et durables. Ribot identifie tendance et inclination, disant seulement que « tendance est plus général ». Dans le « traité de Dumas », Challaye distingue dans la tendance un aspect « organique » qu’il appelle « appétit » et un aspect psychologique qu’il appelle « inclination ».

 

D’autre part, les impulsions, au sens large représentant les gestes, les réactions, les esquisses de mouvements, sont soit des réactions à la douleur et au plaisir, soit des actions réflexes, soit des penchants à agir venant de l'habitude, des émotions, des sentiments. Elles seront donc à exclure de l’étude des tendances qui sont plus « primitives » que les impulsions et penchants.

Qu’est-ce qu’une tendance ?

 

La tendance se définit par le besoin et inversement. Dans la mesure où elle oriente l’activité, elle semble positive et mérite le nom de « tendance » (« tendre vers... ») ; dans la mesure où elle est le signe d’un manque, et qu’elle vise sa satisfaction, elle est « besoin ». La tendance est le nom que la psychologie classique a donné à toute modalité de la relation vitale entre un organisme et son milieu. Le terme même de

L'égoïsme fait-il le fond de la nature humaine ?

 

Si tout être humain est un faisceau de tendances, doit-on chercher une tendance fondamentale dont toutes ne seraient que le déploiement ou la spécification ?

 

I — L'égoïsme serait vraiment la tendance foncière.

 

C’est la thèse défendue par La Rochefoucauld au XVIIe siècle (« Maximes »), au XVIIIe siècle par Bentham, Hartley, Priestley, Helvètius, et au XIXe siècle par Stuart Mill et les utilitaristes.

 

1 — Selon La Rochefoucauld, L'égoïsme mine le monde et « les vertus se perdent dans l’intérêt comme les fleuves dans la mer ». Derrière nos actes et nos intentions les plus désintéressées, les plus « morales », il fait apparaître toujours l’arrière-pensée sordide ou la tendance primitive égoïste : « La reconnaissance n’est qu’une secrète envie de recevoir de plus grands bienfaits », « nous donnons du secours aux autres pour les engager à nous en donner en de semblables occasions », « La clémence des princes n’est qu’une politique pour gagner l’affection des peuples ». L’égoïsme parle donc toutes sortes de langues et joue toutes sortes de personnages, même celui de l’altruisme.

 

2 — Bentham dans sa « Déontologie » a montré de son côté que le principe universel des actions, la tendance fondamentale, était la recherche de l’intérêt personnel. « Les plus vicieux des hommes comme les plus vertueux ont des motifs absolument semblables, tous se proposent d’accroître leur plaisir ». L’altruisme ou les belles intentions paraissent à Bentham comme autant de « trucs » pour obtenir quand même la satisfaction de la tendance égoïste. Socrate ? « Son refus des richesses était affectation et orgueil, pas plus méritoire que l’action de se tenir debout sur une jambe » ; Epictète ? « Il se payait sur le respect qui l’environnait et spéculait pour obtenir par l’abnégation plus qu’il n’eût obtenu sans elle. »

 

Stuart Mill développant l’ « utilitarisme » comme principe de la morale objective, finit par proposer une hiérarchie des plaisirs et par recommander aux hommes le » plaisir suprême » : faire plaisir à autrui. On peut se demander si, dans ce genre d’action, il y a toujours de l’égoïsme.

 

II — L'altruisme serait la nature foncière de toute tendance. Cette thèse est soutenue de nos jours par Pradines, et il se fonde sur une analyse purement psychologique de la tendance et non sur une analyse morale des intentions. Il distingue deux types de tendances : tendre à... et tendre vers... La première est commen-

III — Tendance et besoin. Le terme de besoin semble, à première vue, avoir une acception plus large que celui de tendance.

 

Il y a en effet des besoins organiques, tels que le besoin en ions calcium, en phosphore, en vitamines, en glucides, acides gras, acides aminés, en fer, en eau etc., etc., qui sont couverts par des automatismes (les fonctions de l’organisme), bardés d’une série de réflexes présidés par des centres régulateurs situés dans les noyaux du bulbe, de la protubérance, et de l’hypothalamus. Mais à l’analyse c’est seulement le degré de conscience (ou d’inconscience) qui distingue ces besoins-là des autres, qualifiables de tendances. Si la soif est une tendance à chercher l’eau et un besoin d’eau, il n’y a pas de raison pour que la carence en vitamine D ne nous donne pas un certain mouvement spontané vers le soleil, ou le besoin de glucides un goût accentué pour les sucreries, comme on le voit chez les enfants. La différence est donc de degré de conscience, mais toujours la tendance est l’envers d’un besoin et réciproquement.

IV — La hiérarchie des tendances. Notre vie est un tissu de besoins, mais ceux-ci sont de nature très diverse depuis les besoins vitaux de notre organisme jusqu’aux besoins les plus artificiels que crée notre vie civilisée.

« • tendance vers •··· qui met l'accent sur la relation dynamique, montre qu'on ne peut ni penser ni analy ser la tendance sans référence à une réalité autre que l'organisme et vers laquelle cet organisme s'ouvre .

Tout se passe comme si l'être vivant était par essence i nac hevé, et, se trouvant continuellement en un état de déséqu ilib re, cherchait hors de lui les facteurs indispensables à un équilibre toufours à recommencer.

L'être vivant ne se suffit pas à lui-mêm e et par là la relation a son milieu est constitutive de sa nature .

C'est donc des modalités et des structures de cette relation qu'il se ra question sous le nom de tendances , comme principe du mouvement de l'organisme, ou comme schème de l'action du vivant vers telle qualité formelle du monde extérieur ou pour éviter telle autre qualité , dans le cadre général de la reche rche de son propre équilib re.

-I - Tendance et instinct.

La tendance chez l'animal n'est pas la tendance humaine.

Chez l'animal, la tendance n'existe pas séparée d'un automatisme spécifique q ui la réalise et d'un organe qui en est le moyen vivant, et cet ensemble Tendance -Besoin-Auto­ matisme-Organe constitue un instinct au sens stric t.

L'insecte paralyseur, dont parle Fa/Ire, qui p iqu e la chenille dans ses ganglions nerveux pour pondre ensu ite ses œufs dans cette réserve vivante de nourri ture pour ses larves, a un Instinct que l'on peut considér er à volonté comme une tendance, un besoin, un automa­ tisme ou une fonction dotée d'un organe (le dard) .

En fait, toutes ces réalit és font bloc dans l'instinct.

CHez l'homme, ces réalités semblent sortir de cet embottement réciproque et • se déplier • pour ainsi dire ; la tendance, en particulier, cesse d'être nécessairement impliquée dans un automatisme Inné et devient libre de construire d'autres automatismes : les habitudes.

SI le nouveau -né a encore des instincts au sens anima l du terme : l'instinct de succion (où l'on retrou ve d'ailleurs la ten dance-bes oin, l'automatisme inné et l'organe) , il semble que la tendance humaine puisse se définir comme un instinct qui tend à perdre son automa­ tisme et ses organes, pour les remplacer par des habitudes et des instruments, mais il reste à savoir si l'instinct ainsi dépouillé de ce qui fait sa structure essentielle mérite encore Je nom d'instinct.

Nous verrons (Ch.

sur l'instinct) que Je sens commun emploie le mot dans ces deux acceptions : on dit aussi bien • instinct • pour l'automatisme de succion chez le nouveau-né, que pour le besoin de vie sociale de l'homme en général.

Pour éviter les ambiguïtés, nous dirons qu'il y a instinct au sens s trict dans le premier exemple et tendance au sens strict dans le second.

- II - Tend ance et réflexe.

Si le réflexe est, comme nous le verrons, une réaction instantanée essentiellement liée à une excitation généralement nuisible (par exemple, réflexe du grattage, réflexe. »

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