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LES THEMES DE L’EXISTENCE MORALE : LES PRINCIPES ET LES VERTUS

Publié le 03/11/2016

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morale

Lorsque le sujet moral réfléchit sur les raisons de son action et sur les valeurs ou les vertus que son engagement exprime, il aboutit généralement à une valeur ou à une vertu qui lui semble détenir en puissance toute la moralité et être grosse d’une quantité inépuisable d’actions morales. Ces thèmes de l’existence morale sont pratiquement aussi nombreux que les philosophies morales. Nous passerons en revue les principaux, en les groupant selon la tradition en morales de la raison, morales du sentiment, morales du plaisir, morales de la volonté, et nous verrons qu’en fin de compte, elles expriment toutes la même exigence : l’exigence d’un progrès dialectique de la personne et son  ouverture  sur un horizon  humain .

 

Qu'est-ce qu'être « humain » ? Entendu en compréhension, ce terme vague implique à la fois l’usage de la raison et le goût de l’ordre universel introduit dans les choses par la raison, les sentiments de sympathie, d’amour d’autrui et de solidarité, le respect de la personne humaine en soi et en autrui, et la force d’âme qui implique : la maîtrise de soi, le courage, la victoire sur les éléments et les forces naturelles de la terre, de la société et de l’égoïsme. « Etre-humain » est un inépuisable ; c’est un donné et un idéal, un être-là et un devoir-faire. Rien n’est plus difficile aux humains que d’être véritablement humains et à la moindre occasion l’inhumanité des hommes éclate, et l’homme redevient un loup pour l’homme. Il est souvent surhumain d’être simplement humain et il est paradoxalement vrai de dire avec Nietzsche que l’homme doit se surpasser pour mériter d’être un homme.

Dissertations traitées dans ce cours :

 

  1.  Peut-on fonder l'existence morale sur la raison ?
  2.  Peut-on fonder l'existence morale sur le sentiment?
  3. Peut-on fonder l'existence morale sur le plaisir et sur l'intérêt ?
  4. Peut-on concevoir une morale fondée sur la volonté ?
  5. Comment définir la moralité ?

Peut-on fonder l’existence morale sur la raison ?

 

Nous étudierons deux morales rationnelles : celle des stoïques et celle de Kant.

 

I — La morale stoïcienne (cf. Hist. de la Philosophie). La morale stoïcienne s’exprime comme la morale épicurienne par la formule « Vivre conformément à la nature ». Mais le contenu du concept « nature » n’est pas le même pour les deux écoles. Pour les stoïciens, la nature de l'homme est son essence spécifique et elle est la raison. Par le « logos », le sage stoïcien comprend l’Ordre de l’univers et le logos divin, dont la raison en lui-même est une étincelle La raison est sa participation à l’âme du cosmos, et l’attitude morale du sage stoïcien consiste à supprimer en lui tout ce qui risque de perturber cette raison et, en premier lieu, les sentiments.

 

De là l'impassibilité que le langage courant a retenu dans le mot même de « stoïque », et qui est refus volontaire de toutes les émotions, sentiments et passions. Les servitudes réelles de l’homme lui viennent de son affectivité, liée au corps, aux biens, à l’avoir, aux valeurs sociales, aux événements, c’est-à-dire à tout ce qui ne dépend pas de nous. Le stoïcien (comme le reprendra Descartes dans sa 3e règle du Discours de la méthode) cherche à se changer plutôt qu’à changer le cours des choses, donc agit sur ce qui dépend de lui, c’est-à-dire en premier lieu sur son jugement. L’impassibilité stoïcienne exclut la résignation, si l’on implique dans ce mot une tristesse et un abandon à ce qui arrive, mais elle est résignation si l’on implique dans ce mot l'indifférence envers tout ce qui ne peut pas être notre œuvre directe. « Sustine et abstine » (supporte et abstiens-toi) n’est pas en effet, dans le cadre de la philosophie stoïque. l’expression d'un fatalisme passif. Les maîtres du Stoïcisme (depuis Zénon de Cyttium, Chrysippe, au IIIe siècle avant Jésus-Christ..., puis à Rome Epictète au Ier siècle après J.-C. et Marc-Aurèle empereur de Rome..., jusqu’au renouveau stoïcien du XVIIe siècle français : Juste Lipse et Guillaume du Vair qui influencèrent Descartes) recommandent de ne pas réagir, de ne pas participer affectivement aux choses qui arrivent ici-bas sans que notre vouloir ou notre responsabilité soit engagé (si la grêle détruit ma récolte, je n’ai pas à gémir ni à maudire le Ciel ni à me pendre..., j’ai à accepter l’actualité avec une froideur attentive et à tirer la leçon de l’événement pour les années prochaines. Si un être cher est enlevé par la mort, le stoïque reste impassible), et de transformer d’abord notre attitude envers le monde (objectivité, rationalité, maîtrise de soi...) plutôt que de vouloir changer le cours de l’Univers et de l’Histoire. Au contraire c’est par la raison que le stoïque pense participer à la loi et à l’ordre du cosmos. Ainsi l’œuvre dont le sage stoïcien se sent pleinement responsable, c’est l’abandon, le dépouillement de tout attachement particulier à ce qui concerne son corps,

son avoir ou sa réputation, pour se constituer lui-même comme pure raison.
_ Mais la raison stoïcienne n'est pas la froide capacité d’abstraction, elle est compréhension et participation au grand-être du cosmos. Si la morale stoïcienne consistait à se durcir et à s'endurcir devant les diverses catastrophes de la vie (la douleur, les dommages, la mort), elle serait un dessèchement progressif de l’homme. Il y a une foi stoïcienne, foi eu l’égale dignité des hommes considérés en dehors de leur condition sociale, foi en la volonté qui permet de réaliser l’impassibilité. Il y a du surhumain dans cette pure raison par laquelle les stoïciens définissent l’ « être-humain », comme Pascal le fit remarquer dans son célèbre « Entretien avec M. de Saci ».
_II_La morale de Kant et les impératifs de la raison pratique.
 Dès les « Fondements de la métaphysique des mœurs »
(1785), Kant oppose nature et morale. « Le devoir est ce qui est contraire à la nature ». Ce qui est moralement bon » n'est pas ce qui est empiriquement bon. Tout ce qui est « empiriquement bon », c’est-à-dire les valeurs que nous voyons effectivement approuvées et recherchées dans notre expérience sociale quotidienne : l’intelligence, le talent, le courage, et aussi la richesse, le pouvoir, les honneurs, ...tout cela peut servir à faire le bien comme le mal. Ils ne deviennent bons que par rapport à « la volonté d’en user moralement », c’est-à-dire à la bonne volonté. Celle-ci manque-t-elle, toute moralité manque à l’action et il reste une habileté cherchant la satisfaction d’une inclination personnelle. A la rigueur, l’acte considéré dans son objectivité peut avoir les apparences de la moralité, mais il n’est pas moral si son intention n’était pas pure.
2 — Les impératifs catégoriques. Cette distinction entre l’acte moral et l’acte pseudo-moral se traduit chez Kant par la distinction entre l’action conforme au devoir et l’action faite par devoir. « Conforme » signifie ici « qui a les apparences objectives » du devoir, sans en avoir l’inspiration réelle. Si vous aidez un aveugle à traverser la rue, pour la satisfaction non pas de l’acte charitable, mais du regard approbatif que vous cherchez à éveiller chez telle personne présente (l'action dans ce cas est faite par désir de se faire remarquer et non par devoir), si vous épargnez le prisonnier dans l’intention d’en tirer rançon (l’action est faite par calcul d’intérêt personnel et non par devoir), si vous rendez l’objet trouvé parce que vous avez peur d’avoir été vu et identifié, etc., etc., vous avez le masque de la moralité, mais non pas le sens du devoir.
morale

« ID Pe ut-on fo nd e r l'existe n ce m.oral e sur la raison ? Nous étudie ron s de ux m o rales rationn ell es : ce lle des stoï qu es e t celle de Kan!.

-I - La mo ral e etolcienne (cf.

Hist.

de la Philo sophie).

La mora le stoïcienne s'exprime comme la mora le épicurienne par la formul e • Vivre conformé ment à la n ature •.

i\lai s le contenu du co ncep t • nature • n'est pas le mêm e pour les deux écoles.

Pour les s toïciens, la natur e de l' homme est son essence spécitlq ue et elle est la raison.

Pa r le • logos • , le sage stoïcien comprend l'Or d re de l'uni· vers el le logos divin, dont la raison en lui-mê me est une étincelle La raison est sa l>arti eipation à l' âme du cosmos , et l'allitude morale du sage stoïcien consiste à s upp rimer en lui tout ce qui risque de perturber cette raison ct, en premi er lieu, l es sentiment s.

Oc là l'impassibilité que le langag J) couran t a r etenu dans le m ot même de • stoï qu e •, et qui est refus volontaire de toutes les émotions, sentiments et passi on s.

L es servitudes rée lles de l'homm e lui viennent de son a fTeclivité, liée au corps, aux biens, à l' avoir, aux valeurs socia les .

aux évén ements, c'es t- à -d ire à tou t ce qui ne dép end pas de nous.

Le stoïcien (co mme le r eprendra Descartes dans sa 3• règle du Disco urs de la méthode) cherche à se ch ange r plutôt qu'à changer le co urs des choses , don c agit sur ce qui dépend de lui, c'est-à-di re en p re mie r lieu sur son jug emen t.

L'impassibilité stoïcienne exclu t la r ésignatio n, si l'on implique dans ce mot une tristesse et un abando n à ce qui arri\'e , mais elle es t résignati on si l 'on im plique dans ce mol l 'indifTé renc e envers t out ce qui ne peut pas ètre notre œuvre directe.

• Susline el abstine • (suppo r te et abstiens-toi) n'e st pa s en effet, dan s le cad re rie la philosop hie stoïque.

l 'expre ssion d'un fatalisme passif.

Les maîtres du Sto ïcis me (depuis Zéno n de Cyttium, Chrysippe, au 111 • siè cle avant J és us-C hrist ...

, pui s à Rome.

Épi ctè te au l " siècle après J.-C.

et Marc -;\ur è le emper eu r de Rome ...

, jusqu 'au renou­ veau stoïcien du XVII • siècle fran çais: Juste Lipse el Guillaume du Vair qui influencè r ent Descartes) recommande nt de ne pas réagir, de ne pas participer afTec tivemem aux choses qui arriven t ici- bas sans que notre v ouloir ou notre responsabilité soit engagé (si la grêle détruit ma récolte, je n'ai pas à gém ir n i à maudire le Cie l ni à me pendre ...

, j 'al à accepte r l 'act ualité avec une fro ideur attenliv c ct à tire r la leçon de l'évé nem e nt pour les années prochaines .

SI un être cher est enlevé par la mort , le s toïque reste impassible), el de transform er d'ab ord notre attitud e envers le monde (objectivit é, r ationalité, maîtri se de soi.

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) plutô t que de vouloir changer le cours de l'U n ive rs et de l'Histoire.

Au contraire c'est par la raison que le st oïque pense participer à la loi el Il l'ordre du cos mos.

Ainsi l'œuvre dont le sage s to tcie n se sent ple in ement responsabl e, c 'est l'abandon, le dépouil ­ lement de tout attach em e nt particulier à ce qui concern e son corps,. »

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