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L'HISTOIRE (processus réel).

Publié le 01/04/2014

Extrait du document

histoire

- L'homme n'est devenu que tardivement un objet de réflexion

pour lui-même. Si les interrogations philosophiques traditionnelles partent

de l'existence humaine saisie comme une donnée, pour évaluer son

statut dans l'univers, ses possibilités de connaissance ou d'action, elles

ne posent que tr�s rarement le probl�me de la formation de l'homme

lui-même, de sa gen�se historique. Indépendamment des représentations

religieuses qui substituent une théorie de la création à ce probl�me,

l'affirmation de l'existence d'une «nature humaine� prédéfinie

ne semble pas avoir été réellement mise en question jusqu'à une époque

récente. Le xviiie si�cle lui-même, que l'on prend souvent - et à

tort - pour le si�cle de l'histoire, continue à poser les probl�mes en

termes de «nature humaine�, même si les problématiques de l'origine

(Rousseau) s'efforcent de dissocier, en une démarche de déduction

théorique, la nature «premi�re� de l'homme et ce qu'elle est devenue

historiquement. Mais le statut de l'histoire réelle reste encore flou dans

cette perspective, dans la mesure où l'on tend à la ranger encore dans

lordre de laccidentel, de ce qui est extérieur

histoire

« temporel, ce dernier restant aléatoire et contingent, puisqu'il aurait pu ne pas être si le libre-arbitre de l'homme en avait décidé autrement (cf.

sur ce point Rousseau : Discours sur /'origine de /'inégalité et Kant : La philosophie de /'histoire, Éditions Gonthier-Médiations).

-Le statut traditionnel de l'histoire, qui découle d'une telle problé­ matique, se réduit en fait à celui d'une «Odyssée».

pure et simple aventure temporelle qui advient à une essence prédéfinie.

Cf.

Saint Augustin : le seul niveau de rationalité est celui de la théologie.

L'homme s'y définit comme créature, en relation constante avec Dieu.

L'histoire ne peut affecter son essence profonde.

La finitude et l'imper­ fection humaines, qui produisent leurs effets dans l'histoire, lui préexis­ tent.

Cf.

aussi Bossuet.

Discours sur /'histoire universelle (l'histoire vécue par l'homme lui échappe en partie.

Mais la foi lui garantit qu'il y a un plan divin, un agencement des événements où Dieu manifeste sa bienveillance : thème de la Providence divine.

Même si l'histoire échappe à l'homme, elle est faite pour lui.

Son être ne pâtit qu'en apparence, car il existe une justice immanente).

• Le renversement matérialiste.

On comprend que le fait de penser l'homme comme un produit de l'histoire implique du même coup un abandon des problématiques du fondement, de lorigine, et du libre-arbitre essentiel.

Le dualisme de la substance et des accidents, du fondement originel et de laventure temporelle, est alors définitivement abandonné : c'est avec Marx et Engels que s'accomplit ce renversement, qu' Althusser a appelé « rup­ ture épistémologique » dans la mesure où il inaugure un type de problé­ matique radicalement nouveau (matérialisme dialectique).

L'histoire réelle devient constitutive.

Il n'y a plus d' Homme essentiel, ni d'« essence générique» (expression de Feuerbach ) mais une diversité de conditions concrètes d'existence, déterminant une diversité des hommes eux-mêmes.

On peut suivre la démarche de ce renversement de problématique dans trois textes célèbres : les Thèses sur Feuerbach de Marx ; la première partie de L'idéologie allemande de Marx et Engels ; La fin de la philosophie classique allemande d'Engels.

(Édi­ tions Sociales, « Classiques du marxisme »).

Pour Marx et Engels, non seulement il est arbitraire de juger l'his­ toire au nom d'une norme placée en dehors d'elle, mais il est erroné de la réduire à un processus extérieur, inessentiel.

Si lon présuppose une essence humaine antérieure à tout processus matériel, quels critères peut-on adopter pour la définir ? Quel contenu précis lui donner·? Inévi­ tablement, celui qui aborde l'histoire réelle avec des lubies idéalistes (expression employée dans L'idéologie allemande) définira l'être humain dans son essence en reprenant implicitement les normes et les repré­ sentations de son époque.

L'inversion idéaliste est du même coup pro­ jection idéologique.

Ainsi, les économistes contemporains de la montée de la bourgeoisie croient-ils reconnaître dans la nature humaine qu'ils posent comme immuable l'individualisme, l'esprit d'initiative, la volonté de puissance, le sens de lépargne, etc.

Cf.

sur ce point la critique des 41. »

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