ORAL EMC DEMOCRATURE RUSSE
Publié le 08/05/2025
Extrait du document
«
INTRO:
Une démocratie sans liberté est un corps sans âme", affirmait le politologue Guy
Hermet.
Ce paradoxe incarne parfaitement le concept de "démocrature", un
régime hybride où des élections apparemment libres masquent un pouvoir
autoritaire.
Si des pays comme l’Algérie, l’Égypte ou la Turquie illustrent ce
modèle, la Russie de Vladimir Poutine en est aujourd’hui l’exemple le plus abouti.
Comment cet État, héritier de l’URSS, a-t-il glissé vers ce système ambigu ? Pour
le comprendre, nous analyserons d’abord la mise en place progressive de cette
démocrature, puis les mécanismes de contrôle qui permettent à Poutine de
dominer la société russe
I.
La mise en place de la démocrature en Russie
La transition de la Russie vers une démocrature, un régime hybride mêlant
apparences démocratiques et pratiques autoritaires, s’est faite progressivement
après la chute de l’Union soviétique.
Cette évolution peut être analysée en trois
étapes clés : la fin de l’URSS et l’émergence d’une démocratie fragile dans les
années 1990, l’arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir en 2000, et les réformes
qui ont consolidé un système autoritaire.
1.
La fin de l’URSS et l’émergence de la démocratie russe
Après la chute de l’Union soviétique en 1991, la Russie entame une transition
vers une démocratie libérale sous la présidence de Boris Eltsine.
Cependant,
cette période est marquée par des difficultés économiques, politiques et sociales
qui affaiblissent les institutions démocratiques.
Tout d’abord, la transition entre l’URSS et la Russie est chaotique.
La Russie
adopte une nouvelle constitution en 1993, qui établit en théorie une séparation
des pouvoirs, des élections pluralistes et des libertés individuelles.
Cependant,
les années 1990 sont marquées par une crise économique profonde, une
hyperinflation et une corruption généralisée.
Selon l’historien Stephen Kotkin,
cette période a laissé un héritage de désillusion envers la démocratie et les
réformes libérales.
Les institutions démocratiques, comme le Parlement (Douma), sont fragilisées
par des luttes de pouvoir et une faible légitimité populaire.
Les élections de 1996,
bien que pluralistes, sont entachées par des accusations de fraude et de
manipulation médiatique en faveur d’Eltsine.
Selon Freedom House , cette
période a jeté les bases d’un système politique où les apparences démocratiques
masquent des pratiques autoritaires.
La période de la présidence d’Eltsine est globalement considérée comme négative
par une grande partie des Russes.
La corruption aux plus hautes sphères du
pouvoir (oligarques au sein des instances dirigeantes), les guerres médiatiques
entre concurrents politiques et économiques par le biais de groupes de presse
aux mains d’intérêts privés, expliquent entre autres l’indifférence et la
désapprobation que la population russe ressent à son égard.
Certains analystes
estiment que le mépris ou la haine des Russes vis-à-vis d’Eltsine et sa bonne
réputation en Occident sont dus à sa politique de soutien sans faille aux ÉtatsUnis, aux importantes évasions fiscales au bénéfice de pays occidentaux (du
Royaume-Uni par des placements financiers en Bourse ou dans des clubs sportifs
; de la France et de l'Espagne par des achats de propriétés, etc.) et au fait que
des pans entiers de l’économie russe étaient alors en train de passer entre des
mains occidentales (exemple de Ioukos, avec les négociations quasi achevées,
menées par Mikhaïl Khodorkovski, pour revendre cette société pétrolière majeure
à un groupe occidental)
2.
L’arrivée de Vladimir Poutine
Vladimir Poutine, lui, ne sort pas de nulle part.
En effet, il a lentement
gravi les échelons, passant d’un simple agent du KGB au conseiller du maire de
St-Petersbourg, Sobtchak.
Il devient alors l'éminence grise du maire, contrôlant
une grande partie de la ville dans l’ombre (et notamment la mafia de SaintPétersbourg).
En 1996, l’ancien maire avec qui Poutine avait noué des liens n’est
pas réélu, il va donc démissionner de l’administration municipale.
Cependant, cette phase lui aura permis de se faire reconnaître dans le reste de la
fédération de Russie et de se créer un entourage (grâce à la corruption
notamment) assez fidèle.
C’est pourquoi il est rapidement engagé dans
l'administration présidentielle en 1997.
En 1998, il est nommé chef du FSB (=
Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie) (“le nouveau KGB”, chargé
de la sécurité nationale).
Un événement lui permettra d'ailleurs de se mettre les
oligarques et la justice russe dans la poche.
En effet, le procureur général de
Russie, Skouratov, mène en 1999 une enquête sur une affaire de
fraude/corruption qui menace les oligarques.
Poutine noyera l’affaire en faisant
passer dans les médias une vidéo du fameux procureur ayant des relations
sexuelles avec 2 jeunes femmes.
Skouratov démissionne 2 jours plus tard,
mettant fin à l'enquête.
C’est un exemple du “Kompromat”, qui consiste à
divulguer des documents privés aux médias pour nuire à une personnalité
(d'autres cas existent en Russie comme Mikhaïl Kassianov, un homme politique
Russe).
En septembre 1999, plusieurs attentats contre des immeubles d’habitation ont
lieu en Russie et font plusieurs centaines de victimes.
Poutine accusera
rapidement les indépendantistes tchétchènes et ordonnera (avec le soutien
d'Eltsine et de l'État Major) une “opération antiterroriste”, la 2nd guerre de
Tchétchénie, pour y “rétablir l’ordre”.
En réalité, cette opération permettra à la
Russie de gagner de l’influence dans la région et elle rendra Poutine
extrêmement populaire grâce à l’image d’ordre et de stabilité contrastant avec le
chaos des années 1990.
Il deviendra donc le favori et succédera à Boris Eltsine
après sa démission en décembre 1999.
II.
Comment Poutine contrôle-t-il la société russe ?
Pour comprendre comment Vladimir Poutine contrôle la société russe, il est
essentiel de s’appuyer sur des sources fiables et variées, telles que des rapports
d’organisations internationales, des analyses de chercheurs spécialisés et des
articles de presse reconnus.
Voici une analyse détaillée des mécanismes de
contrôle, étayée par des sources :
1.
Le contrôle des médias
Dès son arrivée au pouvoir, Vladimir Poutine a compris l’importance des médias
pour façonner l’opinion publique.
Il a progressivement réduit l’indépendance des
médias russes, en particulier des chaînes de télévision, qui restent la principale
source d’information pour une grande partie de la population.
Nationalisation des médias : Les grands médias russes, comme les chaînes de
télévision NTV et ORT, ont été repris par l’État ou par des oligarques proches du
Kremlin.
Selon un rapport de Reporters sans frontières (2022), la Russie se
classe parmi les pays les plus répressifs en matière de liberté de la presse, avec
une concentration des médias entre les mains de l’État.
Propagande et censure : Les médias russes diffusent une image positive de
Poutine, le présentant comme un leader fort et indispensable (ex : les nombreux
bustes, portraits, livres, émissions TV).
En parallèle, les voix dissidentes sont
étouffées.
Par exemple, des médias indépendants comme Dozhd (TV Rain) ou
Novaya Gazeta sont soumis à des pressions constantes, voire interdites.
Le
Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a documenté de nombreux cas
de journalistes emprisonnés ou assassinés, comme Anna Politkovskaïa en 2006.
Lois restrictives : Des lois comme celle sur les « agents étrangers » (2012)
visent à discréditer et à criminaliser les médias indépendants recevant des fonds
de l’étranger.
En effet, cela force des médias ou des ONG à se qualifier/se
présenter comme “agent étranger” (connotation péjorative car associé à
l'espionnage) si elle reçoivent quelconque aide financière extérieure à la Russie,
sous peine d’avoir des sanctions pénales et administratives pouvant aller de
l’amende à la pure dissolution de l’institution ciblée.
Selon Amnesty
International, ces lois sont utilisées pour réduire au silence les critiques envers le
gouvernement.
Et discréditer.
2.
L’instrumentalisation des élections
Bien que la Russie organise régulièrement des élections, celles-ci sont largement
manipulées pour assurer la victoire de Poutine et de son parti, Russie Unie.
Fraudes électorales : Des rapports d’observateurs indépendants, comme ceux de
Golos (une ONG russe de....
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