orthographe - Langues et Linguistique.
Publié le 07/05/2013
Extrait du document
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L’orthographe permet enfin de distinguer les mots homophones, indistincts à l’oral, bien que, dans des énoncés ordinaires, le contexte fournisse les indications nécessaires à leur interprétation sémantique et syntaxique correcte (sot, seau, saut,
sceau ; thym, teint, tain ; vers, vert, verre, ver ; signe, cygne).
2. 4 Rôle morphologique de certaines lettres
2.4. 1 Dans les noms, déterminants et adjectifs
Même si elles ne sont pas audibles, certaines lettres jouent un rôle, dans la mesure où elles donnent des indications morphologiques sur le genre ou sur le nombre.
Dans les formes jolie, jolis, jolies, les marques de genre et de nombre ne sont pas
perceptibles à l’oral, et c’est à l’écrit qu’elles jouent leur rôle de marqueur morphologique.
Le mécanisme de la liaison les rend néanmoins sonores devant une voyelle (de jolis enfants) ou un h muet (de jolies histoires). Le pluriel des noms et des
adjectifs est ainsi indiqué à l’écrit par -s dans la plupart des cas (maisons), sauf pour les mots qui se terminent déjà au singulier par -s, -x, ou -z (tas, croix, nez). Dans les énoncés comportant une occurrence de croix ou tas au pluriel, la consonne
finale ne doit pas être interprétée comme une marque morphologique de pluriel, celui-ci n’étant manifesté par aucune marque.
À l’écrit, le pluriel des noms en -au, -eau et -eu est en -x (tuyaux, seaux, neveux). Le pluriel des noms en -ou est marqué
régulièrement par -s (clous) à l’exception d’une série de sept noms marqués par -x (bijoux, cailloux, choux, genoux, hiboux, joujoux et poux).
Voir aussi adjectif.
L’opposition morphologique est parfois marquée à la fois à l’oral et à l’écrit, mais de façon différente : l’opposition entre les articles le et les (nombre) est marquée à l’oral par une opposition vocalique œ/é, à l’écrit par la présence ou l’absence du s,
l’opposition entre grand et grande (genre) est marquée à l’oral par une prononciation ou non de la consonne, à l’écrit par la présence ou non du e.
2.4. 2 Dans les verbes
On observe le même phénomène en ce qui concerne les formes verbales, dans lesquelles des indications morphologiques systématiques sont données par des lettres muettes.
Le s de chantes, chantas, chantais, chanteras, chanterais est ainsi
caractéristique de la deuxième personne du singulier.
Si la distinction entre le passé simple chantas et l’imparfait chantais est audible, la différence entre chantai et chantais n’est marquée qu’à l’écrit, les formes étant homophones à l’oral et devant,
par conséquent, être interprétées à l’aide des indications fournies par le contexte linguistique.
Il en va de même pour des formes du type voudrai (indicatif futur) et voudrais (conditionnel présent), homophones à l’oral, — du moins dans certaines
prononciations régionales — mais distinctes à l’écrit.
Pour vérifier l’orthographe grammaticale, il peut donc être intéressant de reformuler en remplaçant la forme douteuse par une forme ne posant pas de problème d’homophonie : Si c’était simple, je le ferais et non je le ferai car nous le ferions est
possible et non nous le ferons ; La lettre que j’ai envoyée et non envoyé, car que j’ai écrite est possible et non que j’ai écrit.
Voir aussi verbe.
3 HISTOIRE DE L’ORTHOGRAPHE
3. 1 L’évolution médiévale
Au Moyen Âge, l’« orthographie » ne concernait d’abord que le latin.
Le français était transcrit presque phonétiquement à l’aide de cet alphabet latin de 23 lettres.
L’écriture évolua avec la prononciation : fet remplaça par exemple fait chez certains
copistes.
Mais le français écrit eut tendance, dès le début, à conserver dans l’écriture une prononciation ancienne, pour éviter par exemple des confusions : ainsi oi fut conservé au détriment de oe parce que oe notait déjà une variante dialectale de ue
(anglo-normand troeve pour l’ancien français trueve, le trouve du français moderne).
La disparition des consonnes finales dans la prononciation ne multiplia pas seulement les lettres devenues muettes, elle laissa libre cours du XIII e au XVe siècle à l’ajout latinisant de consonnes trouvées dans les étymons, parfois dans le souci
d’améliorer la lisibilité des manuscrits : on écrivait ainsi doigt au lieu de doi.
3. 2 La Renaissance
C’est à la Renaissance qu’apparut la nécessité de normaliser une orthographe devenue confuse et compliquée.
Certains proposèrent le retour à une orthographe phonétique (traduction du Menteur de Lucien par Meigret, 1548).
D’autres, dont Ronsard
(avertissement au quatrième livre des Odes ), proposèrent une simplification : généralisation de l’accent aigu, abandon des x et z en fin de mots, simplification des consonnes doubles, abandon de ph et ch dans les mots d’origine grecque où ils ont été
utilisés, n devant toutes consonnes, etc.
La distinction ignorée de l’alphabet latin entre u et v, et i et j fut proposée par Ramus (1562), diffusée par les imprimeurs hollandais, adoptée par Corneille (1663).
3. 3 Les tentatives classiques
Le XVII e siècle tenta de fixer une norme unique, mais l’Académie française refusa, en 1694, celle des réformateurs radicaux (comme Poisson, Alfabet nouveau de la vrée et pure ortografe fransoise, 1609).
Au XVIII e siècle, certains imprimeurs
apportèrent de nombreuses modernisations : tête et non plus teste, français et non plus françois.
3. 4 La normalisation et les réformes
C’est au XIX e siècle qu’est née l’orthographe moderne normalisée : les imprimeurs suivirent désormais le Dictionnaire de l’Académie (1835, sixième édition, qui officialisa certaines modernisations mais en refusa aussi beaucoup d’autres) ; l’institution
scolaire se généralisa ; les examens en français nécessitèrent une normalisation officielle (1832).
Dans le Rouge et le Noir de Stendhal (1830), Julien Sorel est repris pour avoir écrit cela avec deux l, comme le mot signifiant prison en latin.
Une.
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