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Quelles relations entretenons nous avec le marquage corporel, dans le cadre de notre individualité et de la société moderne ; en rapport avec la signification objective des modifications corporelles ?

Publié le 19/08/2012

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La fonction d'un mythe fondateur est d'assurer la cohésion du corps social.  Or les mythes du capitalisme et de la mondialisation ont échoué dans cette tâche.  C'est dans ce contexte que l'on voit se développer dans de nombreuses communautés, une mythologie collective qui passe par le marquage corporelle.    Nous allons traiter du tatouage en tant que lien social mais il faut modérer ce constat.  En effet, les tatoués ne se réfèrent pas forcément à une communauté précise. Les symboles sont choisis en fonction d'affinités culturelles, spirituelles, sexuelles ou tout simplement esthétiques.  Bien sur, on pourra dire qu'un Breton est affilié à un groupe ethnique s'il se tatoue un signe celtique mais en général les signes apposés sur la peau sont juste des « signes reconnaissables «.  S'il existe une communauté de tatoués, elle est informelle. Elle consiste plus dans le partage d'une complicité et d'une sensibilité que dans l'appartenance à une tribu.  Deux tatoués peuvent plus facilement établir un contact. Le sujet de leur conversation est déjà trouvé et il est plus intime de parler de son motif que de s'échanger des banalités mais la plupart du temps ça ne va pas plus loin. Si l'on devait absolument les affilier ce serait à un contre-modèle.

« Cependant, cet aspect de la réalité est assez réducteur.- Le marquage corporel peut a contrario devenir un média pour renverser tous les canons de beauté, d'apparence et d'esthétique qui nous sont imposés par le cinéma,la publicité ou la mode.

Les tatoués ont l'impression d'embellir leur corps et de forger eux même leur apparence. - Il est aussi pretexte à se faire remarquer, à exposer publiquement son individuation.

Dans une société où le volume social croissant nous plonge tous dansl'anonymat, il n'est pas surprenant de voir un nombre important d'individus arborer la représentation de leur différence. - De plus, dans cette masse sociale de plus en plus dense, nous avons une multiplicité de rôles sociaux : nous sommes des citoyens, des employés, des consommateurs,nous avons une vie de couple et une vie de famille.

La fragmentation des identités semble favoriser la pratique du tatouage qui peut satisfaire un besoin de stabilité. - Le marquage possède aussi une dimension évolutive.

Certains tatoués inscrivent sur leur corps différentes étapes de leur vie ou celles d'un questionnementpersonnel.

Inscrire de telles choses sur son corps donne une autre ampleur et une autre dimension à sa propre existence.Les marques se multiplient en parallèle avec l'expérience de la vie.

Le corps devient le support d'une quête identitaire et initiatique. - Le cas des tatouages protecteurs ou aux motifs évoquant la chance, la ruse ou l'invincibilité est aussi intéressant.

Le fait de se penser protégé implique un autrerapport au monde, aux dangers et aléas de la vie.

Comme pour toutes les formes de modifications mentionnées, cela aboutit à une libération symbolique des entraveset à un sentiment de s'appartenir soi même. La question du rituelL'une des fonctions du rituel est de réactualiser un récit mythique, qui explique l'origine des choses et qui donne naissance à un shéma d'habitus.Cependant, dans une société mondialisée, cette mythologie perd de son sens, se mèle à diverses influences et prend plutot racine dans un récit mythique personnalisé. La grande mode autour du tatouage tribal illustre parfaitement ce propos.Il est évident que les occidentaux ont une grande méconnaissance de l'histoire des tribus, de leurs traditions et du sens de leurs symboles.Pourtant ce style reste l'un des plus prisés et il est très fréquent qu'une personne tatouée interprète (et très souvent invente) une signification à son motif.On voit clairement ici une redéfinition des codes et d'une mythologie à son profit.

Cela correspond à un rejet des codes de notre monde moderne et à une nostalgied'un Âge d'Or où la société aurait était moins hétérogène et matérialiste. Pour revenir à l'aspect rituel du marquage contemporain, celui ci n'a pas grand-chose à voir avec celui des sociétés traditionnelles même si de nombreuses fonctionspeuvent lui être attribuées :- Beaucoup voit ce moment comme un rite de passage vers une autre période de la vie : un nombre important de jeunes se tatouent pour ''fêter'' le bac par exemple- La planification et la codification donne un sentiment de maîtrise et d'équilibre.- De la même manière, s'infliger volontairement une douleur est une reprise de contrôle dans une société où tout semnle nous échapper.

C'est une manière de contrerles Institutions qui disposent de nos corps et nous imposent des barrières concrètes et morales.- La douleur ramène aussi l'individu à sa propre présence.

Elle est hypnotisante et cristallise dans la mémoire le moment où l'on a changé d'existence.

Le sang quis'écoule de la peau est souvent perçu comme une purification des souillures d'une vie révolue- Le fait que la marque soit indélébile ancre définitivement la transition vers une existence qui s'avère assumée et choisie. La crise du sacré :Cette personnalisation des formes rituelles est à mettre en relation avec la difficulté des institutions religieuses à susciter l'adhésion de nouveaux fidèles.En effet, l'expérience du sacré proposé par les religions est enfermée dans un dogme et une lithurgie.

On peut dire plus simplement que le clergé dépossède du sacré.La tendance actuelle veut que chaque homme s'individualise et se forge une conscience propre du monde.Cela concerne également notre conception du sacré.

Elle tend à devenir plus personnelle et instituante. Cependant, il faut comprendre qu'au-delà d'une simple individualisation, c'est un refus de s'instituer qui se manifeste dans le marquage corporelle.Les autorités comme la Famille, la Religion ou l'Etat ont perdu énormément d'influence sur le corps social.Les hommes se sentent plus libres et n'acceptent plus qu'on leur dicte une conduite à suivre.

Au final, le tatouage concrétise une reprise de contrôle et la libérationd'une certaine allegeance a la société et à ses valeurs. III) Le rapport aux autres et tribalisation du monde Dans nos sociétés modernes, les Grands Mythes sont morts.

Alors que dans le passé, les hommes pouvaient se reconnaitre dans une doctrine, nous assistonsaujourd'hui à un effondrement des idéologies antagonistes.Nous avons quand même notre Axe du Mal, comme en 1945 ou pendant la Guerre Froide mais le monde n'est plus perçu comme bipolaire. C'est là un effet de la mondialisationLes modes de vie s'uniformisent.Les médias délivrent une information univoque.Les modèles économiques sont tous basés sur le système capitaliste et même les partis politiques ennemis proposent des programmes similaires.Par contre, les mouvements artistiques se déclinent sous de très nombreuses formes mais ne parviennent plus au statut de mouvement culturel, comme la culturehippie qui a su mobiliser un grande part des contestataires dans le passé. La fonction d'un mythe fondateur est d'assurer la cohésion du corps social.Or les mythes du capitalisme et de la mondialisation ont échoué dans cette tâche.C'est dans ce contexte que l'on voit se développer dans de nombreuses communautés, une mythologie collective qui passe par le marquage corporelle. Nous allons traiter du tatouage en tant que lien social mais il faut modérer ce constat.En effet, les tatoués ne se réfèrent pas forcément à une communauté précise.

Les symboles sont choisis en fonction d'affinités culturelles, spirituelles, sexuelles ou toutsimplement esthétiques.Bien sur, on pourra dire qu'un Breton est affilié à un groupe ethnique s'il se tatoue un signe celtique mais en général les signes apposés sur la peau sont juste des «signes reconnaissables ».S'il existe une communauté de tatoués, elle est informelle.

Elle consiste plus dans le partage d'une complicité et d'une sensibilité que dans l'appartenance à une tribu.Deux tatoués peuvent plus facilement établir un contact.

Le sujet de leur conversation est déjà trouvé et il est plus intime de parler de son motif que de s'échanger des. »

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