Devoir de Philosophie

Rom - anthropologie.

Publié le 19/05/2013

Extrait du document

Rom - anthropologie. 1 PRÉSENTATION Vêtements traditionnels rom Cette photographie montre trois jeune filles rom en vêtements traditionnels durant le festival de musique tsigane de Brno (République tchèque).Communauté très unie régie par un puissant code moral, les Rom vivent un peu partout dans le monde et, bien que possédant des différences culturelles, ont en commun un fort attachement à leur cohésion et à leurs traditions. Liba Taylor/Corbis - anthropologie. Rom, peuple communautaire nomade, parlant le romani, dispersé en petits groupes de par le monde. On estime aujourd'hui le nombre de Rom dans le monde à 12 millions, dont 7 à 9 millions vivraient en Europe. Ces chiffres sont imprécis parce que les Rom ne sont pas souvent recensés comme tels, et ont la nationalité de leur pays de résidence. C'est dans les Balkans (surtout en Roumanie), en Europe centrale, et dans les républiques de l'ex-URSS, qu'ils sont les plus nombreux. Une importante communauté subsiste également au Moyen Orient (Iran, Afghanistan). En Europe, la plupart des Rom sont sédentaires ou semi-sédentaires (déplacements saisonniers liés par exemple aux travaux d'agriculture). Aux États-Unis, où ils seraient aujourd'hui moins de 100 000, les Rom ont voyagé à travers les zones rurales jusqu'à la Grande Dépression des années 1930, lorsque la plupart d'entre eux se sont établis dans les grandes villes des côtes atlantique et pacifique. 2 UNE DÉNOMINATION FLUCTUANTE La multiplicité des dénominations témoigne de l'histoire complexe du peuple rom. Le seul nom utilisé par les Rom pour se désigner, quel que soit leur pays, est celui de Rom (qui signifie « époux «), et ses déclinaisons Romni (au féminin) ou Roma (au pluriel). Ce terme remplace aujourd'hui en français les termes Bohémiens, Romanichels, Gitans, Manouches et Tsiganes (jugés péjoratifs), sous l'influence d'un mouvement identitaire en plein essor qui insiste sur l'unité culturelle et ethnique. Le terme Tsigane provient du grec athinganos, « celui qui ne veut pas toucher ni être touché « ; Gitan provient de l'appellation Egyptiano donnée aux Rom arrivés en Grèce au IXe siècle, et regroupés au pied du mont Gype, dans le Péloponnèse ; Romanichel provient du romani Romani Cel, le « peuple rom «, tandis que Manouche dérive du mot romani mnouch, qui signifie « homme « ; enfin, le terme Bohémien, en français, voulait dire « ceux qui arrivent du royaume de Bohême «, en référence au long séjour des Rom auprès des princes de Bohême aux XVe et XVIe siècles. À l'intérieur du peuple rom, la manière de se désigner, ou de nommer son groupe, dépend de l'interlocuteur, et de la relation que l'on veut établir. Les Rom sont divisés en groupes parfois nommés nations, généralement définies par leur zone géographique d'implantation ou d'origine récente. Parmi les nations européennes, on peut distinguer les Gitans d'Espagne (qui se nomment également Kalés), les Manouches de France, les Sinti d'Allemagne, de Pologne et d'Italie, les Romanichels de Grande-Bretagne et les Rom d'Europe centrale, d'Europe de l'Est et des Balkans. Ces derniers, pour se désigner, précisent souvent leur métier, leur origine géographique ou leur appartenance religieuse : Kalderash ou Calderari (forgerons), Lautari (musiciens), Gurbeti (Rom musulmans de Serbie et de Bosnie, ferblantiers), Boiash (Rom de langue roumaine établis en Hongrie), Arlie (Rom de Macédoine), Lovara (du hongrois lo, qui signifie « cheval «), etc. Les Rom d'Iran sont appelés « noirs « (Karachi) par la population, eux-mêmes se dénommant par leur nom de nation (Kouli Ghorbati, Fiuj). Un certain nombre de groupes nomades, comme les Yéniches (Allemagne) ou les Travellers celtes ou Tinkers (qui se nomment eux-mêmes Pavee), sont abusivement assimilés aux Rom, mais n'ont aucun lien avec le peuple rom, sinon leur mode de vie. En français, l'expression « gens du voyage « désigne l'ensemble des groupes dont le mode de vie est itinérant, de manière saisonnière ou permanente. 3 HISTOIRE D'UNE DIASPORA 3.1 Des migrations successives Bien que les Rom vivent en Europe depuis plus de 800 ans, c'est seulement à la fin du XVIIIe

« Les Rom, cependant, ne sont pas maltraités dans toute l’Europe, ni par toute la population — de nombreux nobles, en Roumanie et en Bohême par exemple, continuent àles protéger.

Dans la Russie des tsars, leurs conditions de vie diffèrent assez peu de celles des paysans pauvres.

Dans les Balkans, pendant la domination turque, denombreux Rom jouissent de privilèges en se convertissant à l’islam. 3.3 Le génocide des Rom : le samudaripen La deuxième vague migratoire des Rom a lieu à partir du milieu du XIXe siècle, initiée par la libération progressive des esclaves rom de Roumanie ; essentiellement constituée de Kalderash et de Lovara, cette migration prend une dimension mondiale.

Au cours du XXe siècle, les persécutions ne cessent pas, bien au contraire : ainsi, en France, le carnet anthropométrique ( baro lil, « gros cahier » en romani), créé en 1912, oblige le chef de famille à signaler le moindre de ses déplacements ; c’est en Allemagne, dès 1905, que se met en place un processus de contrôle : publication d’un « livre tzigane » (Zigeuner Buch), recensant des milliers de Rom, lois de contrôle (1926) et de surveillance (1928).

Le régime du III e Reich met en place des lois de stérilisation (1933) et d’interdiction des mariages mixtes (1934) ; dès 1936, des Rom sont internés dans les camps de concentration, en particulier à Dachau.

Les persécutions s’intensifient à partir de 1939 et, en 1942, les Rom sont déportés dans lecamp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, où, le 1 er août 1944 (Zigeunernacht), près de 4 000 d’entre eux sont gazés et brulés.

Les Rom de Roumanie paient également un lourd tribut, victimes de déportations massives en Transnistrie sur ordre d’Ion Antonescu.

À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, environ 500 000 Rom ont péri dansles camps nazis, sans que la question ne soit jamais abordée dans les procès de Nuremberg.

Certains prisonniers ne sont libérés qu’en 1946, en Allemagne et en France,dans l’indifférence générale.

Il faut attendre les années 1970 pour que le génocide rom ( samudaripen en romani) soit reconnu par les gouvernements des pays impliqués (France, Allemagne, Pologne, Roumanie, Hongrie, République tchèque…). 3.4 Vers une affirmation culturelle et une reconnaissance institutionnelle Après la Seconde Guerre mondiale, les Rom continuent à subir vexations et discriminations, mais leur situation s’améliore lentement : en Grande-Bretagne, instauration duCaravan Site Act (1968), qui oblige les communes à prévoir une aire d’accueil, dans les républiques soviétiques, reconnaissance des Rom comme minorité.

En France, lecarnet anthropométrique est remplacé par un carnet de circulation (1969) — ce carnet doit néanmoins être visé tous les trois mois par les autorités.

Le premier Congrès del’Union romani internationale (URI) a lieu en 1971 : un hymne (intitulé Gelem gelem ) et un drapeau y sont adoptés, et le développement d’une langue commune, un romani normalisé, est mis en œuvre. L’après-guerre froide voit de nouveau une dégradation de la situation des Rom : l’effondrement économique des anciens pays du bloc de l’Est provoque à la fois uneflambée de violence à l’encontre des communautés rom (notamment en Roumanie et en Bulgarie), et une émigration de ces communautés vers les pays les plus riches(Europe de l’Ouest), où elles se heurtent au racisme « tsiganophobe ».

Le conflit yougoslave amène également son lot de persécutions : en particulier les Rom musulmansde Bosnie sont victimes des persécutions des nationalistes serbes et croates, et on estime que plusieurs milliers de Rom sont exécutés.

Les demandes d’asile vers les paysoccidentaux sont rejetées, suspectées d’être opportunistes et sans fondement réel de persécution.

L’éclatement du bloc de l’Est, et plus encore l’entrée de la Roumanie et dela Bulgarie dans l’Union européenne (2007), permettent toutefois à de nombreux Rom de quitter leur pays afin d’aller chercher une vie meilleure dans les pays occidentaux. Dans le même temps, l’organisation des Rom au niveau national et européen se renforce, notamment au niveau associatif, avec des répercussions politiques ; en France,par exemple, la loi Besson (1990) oblige les communes de plus de 5 000 habitants à se doter d’une aire d’accueil, même si de nombreuses communes préfèrent payer uneamende plutôt que de respecter la loi.

C’est dans les régions les moins industrialisées du sud de l’Europe, des Balkans et du Moyen-Orient que les Rom tendent à s’intégrerle mieux du point de vue économique et culturel.

Les instances de l’Union européenne (UE) s’attachent depuis le milieu des années 1990 à défendre le droit des Rom, quiconstituent l’une des plus importantes minorités au sein de l’UE, en particulier depuis les élargissements de 2004 et de 2007 (avec notamment des programmes contre ladiscrimination au travail et au logement, et en faveur de l’accès aux droits sociaux).

Aujourd’hui, ces efforts de reconnaissance politique, au niveau européen et national, nedoivent cependant pas masquer les conditions de vie souvent misérables des Rom, contraints à la sédentarisation par des mesures coercitives, et victimes dediscriminations à l’emploi ainsi que des préjugés millénaires attachés à leur peuple. Village romImplantés depuis des siècles en Roumanie, les Rom ne sont pour autant pas acceptés par les Roumains, et connaissent des conditionsde vie difficiles, marquées par la pauvreté et la discrimination à l'emploi et au logement.Marc Schlossman/Panos Pictures - anthropologie. 4 LA SOCIÉTÉ ROM Enfants roms jouant de la musiqueLa musique traditionnelle des Roms, peuple nomade, a inspiré bon nombre de grands compositeurs européens.ORF Enterprise Ges.m.b.H. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles