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Discours Macron

Publié le 28/10/2021

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discours
Emmanuel Macron a exposé ce lundi les grandes lignes de son quinquennat face au Congrès, réuni à Versailles. Voici son discours tel que l'Elysée l'a fourni, bien que le Président ait pu s'en écarter à quelques moments en modifiant sa formulation ou en ajourant de brefs passages. En son article 18, la Constitution permet au Président de la République de prendre la parole devant le Parlement réuni à cet effet en congrès. Il est des heures qui, de cette possibilité, font une nécessité. Les heures que nous vivons sont de celles-là. Le 7 mai dernier, les Français m’ont confié un mandat clair. Le 18 juin, ils en ont amplifié la force en élisant à l’Assemblée nationale une large majorité parlementaire. Je veux aujourd’hui vous parler du mandat que le peuple nous a donné, des institutions que je veux changer et des principes d’actions que j’entends suivre. * I. Ce sont mille chemins différents qui nous ont conduits ici aujourd’hui, vous et moi, animés par le même désir de servir. Et même si ce désir n’a pas le même visage, pas la même forme, même s’il n’emporte pas les mêmes conséquences, nous en connaissons vous et moi la source : le simple amour de la patrie. Certains font de la politique depuis longtemps ; pour d’autres, au nombre desquels je me range, c’est loin d’être le cas. Vous soutiendrez ou vous combattrez, selon vos convictions, le gouvernement que j’ai nommé. Mais à la fin nous savons tous que quelque chose de très profond nous réunit, nous anime et nous engage. Oui, le simple amour de la patrie - que celle-ci s’incarne dans la solitude des collines de Haute Provence ou des Ardennes, dans la tristesse des grands ensembles où une partie de notre jeunesse s’abîme, dans la campagne parfois dure à vivre et à travailler, dans les déserts industriels, mais aussi dans la gaieté surprenante des commencements. De cet amour nous tirons tous, je crois, la même impatience, qui est une impatience d’agir. Elle prend parfois les traits de l’optimisme volontaire, d’autres fois ceux d’une colère sincère. Toujours elle découle de cette même origine. Nous avons, vous et moi, reçu le mandat du peuple. Qu’il nous ait été donné par la nation entière ou par les électeurs d’une circonscription, ne change rien à sa force. Qu’il ait été porté par le suffrage direct ou par le suffrage indirect ne change rien à sa nature. Qu’il ait été obtenu voici un certain temps déjà, ou bien récemment à l’issue d’une campagne où toutes les opinions ont pu s’exprimer dans leur diversité, et que vous incarniez ces opinions différentes, ne change rien à l’obligation collective qui pèse sur nous. Cette obligation est celle d’une transformation résolue et profonde, tranchant avec les années immobiles ou avec les années agitées – toutes au résultat également décevant. C’est par cette voie que nous retrouverons ce qui nous a tant manqué, la confiance en nous, la force nécessaire pour accomplir nos idéaux. Ce qui nous est demandé par le peuple français, c’est de renouer avec l’esprit de conquête qui l’a fait, pour enfin le réconcilier avec lui-même. En vous élisant, dans votre nouveauté radicale, à l’Assemblée nationale, le peuple français a montré son impatience à l’égard de ce monde politique fait de querelles stériles et d’ambitions creuses où nous avions vécu jusqu’alors. C’est à une manière de voir la politique qu’il a donné congé. En accordant leur confiance à des femmes et des hommes nouveaux, les Français ont exprimé une impérieuse attente, la volonté d’une alternance profonde. Je suis sûr que vous en êtes tous aussi conscients que moi. Et je sais bien, aussi, que les sénateurs en ont une pleine conscience, bien que leur élection soit plus ancienne, parce qu’ils ont perçu, eux si attentifs par nature aux mouvements du temps, les espoirs nouveaux que l’expression du suffrage universel direct a fait naître. Etre fidèle à ce que le peuple français a voulu suppose donc une certaine forme d’ascèse, une exigence renforcée, une dignité particulière. Les mauvaises habitudes reviennent vite. Marqués par une époque de cynisme, de découragement, et j’ose le dire de platitude, nombreux encore sont ceux qui spéculent sur un échec qui justifierait leur scepticisme. Il vous appartiendra, il nous appartiendra de les démentir. Et il nous appartiendra aussi de convaincre tous ceux qui attendent, qui nous font confiance du bout des lèvres, tous ceux qui n’ont pas voté. Tous ceux aussi que la colère et le dégoût devant l’inefficacité de leurs dirigeants politiques ont conduit vers des choix extrêmes, d’un bord ou de l’autre de l’échiquier politique, et qui sont des choix dont la France, dans sa grandeur comme dans son bonheur, n’a rien à attendre. Ce mandat du peuple que nous avons reçu, quel est-il exactement? Pour le savoir, il faut sortir de ce climat de faux procès où le débat public nous a enfermés trop longtemps. Il nous faut retrouver de l’air, de la sérénité, de l’allant. Il y faut un effort parce que ces faux procès sont nombreux. S’agit-il de réformer le droit du travail, pour libérer, dynamiser l’emploi au bénéfice d’abord de ceux qui n’en ont pas? On nous dira qu’il s’agit d’adapter la France aux cruautés de l’univers mondialisé ou de satisfaire au diktat de Bruxelles. S’agit-il de réduire nos dépenses publiques pour éviter à nos enfants de payer le prix de nos renoncements? On nous dira que nous remettons en cause notre modèle social. S’agit-il de sortir de l’état d’urgence ? On nous dira d’un côté que nous laissons la France sans défense face au terrorisme, et de l’autre que nous bradons nos libertés. Eh bien, rien de tout cela n’est vrai. Derrière tous ces faux procès, on trouve le même vice, le vice qui empoisonne depuis trop longtemps notre débat public : le déni de réalité, le refus de voir le réel en face. L’aveuglement face à un état d’urgence qui est autant économique et social que sécuritaire. Là-dessus, j’ai toujours considéré que le peuple français est plus sage et plus avisé que beaucoup ne le croient. Si bien que je pense profondément que le mandat que nous avons reçu du peuple est un mandat à la fois exigeant et profondément réaliste, et que pour l’accomplir nous devons nous placer au-delà de la stérilité de ces oppositions purement théoriques et qui, si elles garantissent de beaux succès de tribune, n’apportent rien. Notre premier devoir est tout à la fois de retrouver le sens et la force d’un projet ambitieux de transformation de notre pays et de rester arrimés au réel. De ne rien céder au principe de plaisir, aux mots faciles, aux illusions pour regarder en face la réalité de notre pays sous toutes ses formes. Ce mandat du peuple, donc, quel est-il? A. C’est d’abord le mandat de la souveraineté de la nation. C’est de pouvoir disposer de soi-même, malgré les contraintes et les dérèglements du monde. Voyons la réalité en face. Les forces de l’aliénation sont extrêmement puissantes. Aliénation à la nouvelle division du travail qui s’esquisse dans un univers en transformation profonde, où le numérique recompose des secteurs entiers de l’économie, bouscule des équilibres et des emplois. Aliénation à la misère, à la pauvreté, ou même seulement à l’insatisfaction, si nous ne permettons pas à chacun de trouver un travail qui lui corresponde, qu’il soit heureux d’accomplir, une place et une dignité qui soit la sienne dans la société. Aliénation à la contrainte financière, si nous ne rétablissons pas notre budget, si nous ne réduisons pas notre dette publique. Aliénation à la volonté d’autres pays, dans l’Europe comme au sein de nos alliances, si nous ne remettons pas nos affaires en ordre. Aliénation à la terreur islamiste, si nous ne trouvons pas le moyen de la détruire sans rien lui céder de nos valeurs, de nos principes. Aliénation de notre avenir, si nous ne parvenons pas à organiser la transition écologique, à protéger la planète. Aliénation de notre vie dans ce qu’elle a de plus quotidien, si les aliments que nous mangeons, l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons, nous sont imposés, et pour le pire, par les seules forces d’une compétition internationale devenue anarchique. Je crois fermement que sur tous ces points, le peuple nous a donné le mandat de lui rendre sa pleine souveraineté. B. Mais c’est aussi le mandat du projet progressiste, d’un projet de changement et de transformation profonds. Nos concitoyens ont fait le choix d’un pays qui se remette en marche. Ils l’ont fait parce qu’ils savent bien, parce que nous savons bien, que, dans un monde bouleversé par des changements profonds, sans ce mouvement, sans cette énergie créatrice la France n’est pas la France. Ils savent, parce que cela a été notre expérience commune de ces dernières années, qu’une France arrêtée s’affaisse, se divise, qu’une France apeurée, recroquevillée et victime, s’épuise en querelles stériles et ne produit que du malheur, malheur individuel et malheur collectif. Elle est là, notre mission historique. Cette mission, la mienne, celle du Gouvernement et la vôtre, n’est pas dévolue à un petit nombre. Elle est dévolue à tous, chacun pour sa part. La France possède des trésors de créativité et des ressources inépuisables. En disant cela je ne pense pas seulement à nos médailles Fields, à nos prix Nobel, aux grands artistes, aux grands chercheurs, aux créateurs d’entreprises, aux grands serviteurs de l’Etat, civils et militaires. Je pense à chaque Française, à chaque Français, soucieux de bien faire et de mener une vie digne de lui. Elle est là, la vraie richesse d’un pays et le mandat qui nous est donné, c’est de créer de l’unité où il y avait de la division. De redonner à ceux qui sont exclus la simple dignité de l’existence, leur juste place dans le projet national. De permettre à ceux qui créent, inventent, innovent, entreprennent, de réaliser leurs projets. De rendre le pouvoir à ceux qui veulent faire et font. Le mandat du peuple, ce n’est pas d’instaurer le gouvernement d’une élite pour elle-même, c’est de rendre au peuple cette dignité collective qui ne s’accommode d’aucune exclusion. Seulement voilà: jusqu’ici, nous avons fait fausse route. Nous avons préféré les procédures aux résultats, le règlement à l’initiative, la société de la rente à la société de la justice. Et je crois profondément que par ses choix récents notre peuple nous demande d’emprunter une voie radicalement nouvelle. Je refuse de choisir entre l’ambition et l’esprit de justice. Je refuse ce dogme que pour bâtir l’égalité il faudrait renoncer à l’excellence, pas plus que pour réussir, il ne faut renoncer à donner une place à chacun. Le sel même de notre République est de savoir conjuguer ces exigences. De faire tout cela, en quelque sorte, "en même temps". Cette voie désoriente tous ceux qui s’étaient habitués à faire carrière sur les schémas anciens. Il en est ainsi à chaque période de renouveau et nous n’avons pas à nous en inquiéter. Mais nous avons à prendre la mesure des efforts que va nous imposer cette formidable soif de renouvellement dont nous sommes, vous et moi, les porteurs. C. Le mandat du peuple, c’est aussi le mandat de la confiance et de la transparence. Nous sommes un vieux peuple politique. La politique est importante pour nous. Et c’est parce qu’elle l’est que les Français avaient fini par s’exaspérer de voir l’espérance confisquée par des professionnels.. Vous êtes aujourd’hui, ici, l’expression de ce désir de changement qu’il nous est interdit de trahir. Et ce changement doit aussi porter sur les comportements. Il ne peut y avoir de réforme sans confiance. Il ne peut y avoir de confiance si le monde politique continue d’apparaître comme le monde des petits arrangements, à mille lieues des préoccupations des Français. La loi que le gouvernement proposera à vos suffrages n’a pas d’autre but. Nous avons déjà changé depuis plusieurs années et nous avons changé en bien. Nous avons cessé de supporter ce qui semblait presque normal autrefois, l’opacité, le clientélisme, les conflits d’intérêt, tout ce qui relève de la corruption ordinaire, presque impalpable. Pour autant, nul n’est irréprochable. Car si l’exigence doit être constante, si nous sommes tous dépositaires de la dignité qui sied à no...
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« Qu'il nous ait été donné par la nation entière ou par les électeurs d'une circonscription, ne change rien à sa force.

Qu'il ait été porté par le suffrage direct ou par le suffrage indirect ne change rien à sa nature. Qu'il ait été obtenu voici un certain temps déjà, ou bien récemment à l'issue d'une campagne où toutes les opinions ont pu s'exprimer dans leur diversité, et que vous incarniez ces opinions différentes, ne change rien à l'obligation collective qui pèse sur nous.

Cette obligation est celle d'une transformation résolue et profonde, tranchant avec les années immobiles ou avec les années agitées – toutes au résultat également décevant.

C'est par cette voie que nous retrouverons ce qui nous a tant manqué, la confiance en nous, la force nécessaire pour accomplir nos idéaux.

Ce qui nous est demandé par le peuple français, c'est de renouer avec l'esprit de conquête qui l'a fait, pour enfin le réconcilier avec lui-même.

En vous élisant, dans votre nouveauté radicale, à l'Assemblée nationale, le peuple français a montré son impatience à l'égard de ce monde politique fait de querelles stériles et d'ambitions creuses où nous avions vécu jusqu'alors.

C'est à une manière de voir la politique qu'il a donné congé.

En accordant leur confiance à des femmes et des hommes nouveaux, les Français ont exprimé une impérieuse attente, la volonté d'une alternance profonde.

Je suis sûr que vous en êtes tous aussi conscients que moi.

Et je sais bien, aussi, que les sénateurs en ont une pleine conscience, bien que leur élection soit plus ancienne, parce qu'ils ont perçu, eux si attentifs par nature aux mouvements du temps, les espoirs nouveaux que l'expression du suffrage universel direct a fait naître.

Etre fidèle à ce que le peuple français a voulu suppose donc une certaine forme d'ascèse, une exigence renforcée, une dignité particulière.

Les mauvaises habitudes reviennent vite.

Marqués par une époque de cynisme, de découragement, et j'ose le dire de platitude, nombreux encore sont ceux qui spéculent sur un échec qui justifierait leur scepticisme.

Il vous appartiendra, il nous appartiendra de les démentir.

Et il nous appartiendra aussi de convaincre tous ceux qui attendent, qui nous font confiance du bout des lèvres, tous ceux qui n'ont pas voté.

Tous ceux aussi que la colère et le dégoût devant l'inefficacité de leurs dirigeants politiques ont conduit vers des choix extrêmes, d'un bord ou de l'autre de l'échiquier politique, et qui sont des choix dont la France, dans sa grandeur comme dans son bonheur, n'a rien à attendre.

Ce mandat du peuple que nous avons reçu, quel est-il exactement? Pour le savoir, il faut sortir de ce climat de faux procès où le débat public nous a. »

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