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l'affaire Omar Raddad

Publié le 06/01/2014

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Le 23 juin 1991, Ghislaine Marchal est assassinée dans sa luxueuse villa, sur les hauteurs de Mougins. Le lendemain, les gendarmes trouvent son corps exsangue dans la cave de sa demeure et n'ont pas à chercher très longtemps pour avoir un suspect puisque la victime semble avoir eu l'énergie d'écrire sur le mur, avec son propre sang, le nom de son assassin : Omar Raddad. Ce marocain de 29 ans est en France depuis six ans et travaille comme jardinier dans la propriété de Mme Marchal, ainsi que pour son amie et voisine Mme Pascal. La police découvre qu'il joue régulièrement et perd beaucoup d'argent, ce qui le poussait fréquemment à demander des avances à ses employeurs, dont Ghislaine Marchal. Elle pense avoir trouvé le mobile du meurtre, d'autant qu'un témoin affirme que le refus de Mme Marchal de continuer à lui avancer de l'argent avait généré une altercation verbale, quelques jours auparavant. Raddad est rapidement appréhendé et placé en détention. Il clame son innocence, mais les évidences sont contre lui et il n'arrive pas à trouver des témoins pour étayer son alibi au moment présumé du crime. De plus, la gendarmerie persuadée d'avoir trouvé le coupable, ne prend pas la peine d'enquêter plus avant. Enfin, le fait qu'il ne parle pas bien le français et ne soit donc pas vraiment en mesure de se défendre correctement ne joue pas en sa faveur. Il est condamné à 18 ans de réclusion criminelle, et les efforts de son avocat, Maître Vergès, n'auront pas suffi à infléchir la décision du juge. Pourtant, les zones d'ombres sont nombreuses dans cette affaire. Quand a réellement été tuée Mme Marchal? Au départ, les experts fixèrent, dans leur rapport, la date du meurtre au 24 juin, une date à ...

« Bref, il dénonce un procès inéquitable, et fustige les tentatives des représentants de l’accusation d’empêcher toute révision du jugement. Grâce à ce livre, et aux efforts conjoints de ses avocats et de son comité de soutien, Omar Raddad finit par obtenir une grâce présidentielle partielle en 1998.

Il est libéré, mais pas innocenté.

Aux yeux de la loi, il est toujours un criminel… Depuis cette date, l’homme continue inlassablement à demander que son cas soit rejugé, pour que son innocence et son honneur soient rétablis.

Jusqu’à présent, toutes ses demandes ont été rejetées. C’est pourquoi Rachid Bouchareb (producteur) et Roschdy Zem (réalisateur) ont décidé de porter cette histoire à l’écran.

En choisissant d’adapter deux livres à décharge dans cette affaire, celui de Jean-Marie Rouart et celui d’Omar Raddad lui-même, ils prennent ouvertement parti pour le condamné.

Une décision qui risque bien de leur valoir les attaques de tous ceux qui sont persuadés de la culpabilité du jardinier marocain… Cependant, il faut bien préciser que le film ne cherche pas à prouver de manière irréfutable l’innocence d’Omar Raddad.

Il s’agit juste de montrer que les éléments le disculpant du meurtre sont aussi nombreux que ceux qui l’incriminent.

En d’autres termes, qu’il y a un doute et que l’affaire doit être révisée. Peut-être Omar Raddad est-il coupable de ce meurtre.

Mais peut-être ne l’est-il pas.

Dans ce cas, il a été injustement emprisonné et a vu sa vie brisée par le drame.

Et il convient alors de le réhabiliter… Le film se concentre sur le côté humain de cette tragédie.

Il montre un homme plongé en pleine tourmente judiciaire et médiatique, bien dérisoire face au rouleau-compresseur de la justice.

Un coupable idéal jeté en pâture aux renards des prétoires et aux meutes de journalistes… On ne peut qu’éprouver une certaine empathie vis-à-vis de ce personnage jugé hâtivement, jeté en prison et séparé de sa femme, de ses parents, de ses enfants pendant plusieurs années pour un crime qu’il n’a probablement pas commis.

Mais Roschdy Zem se garde bien de tout sentimentalisme ou de misérabilisme déplacé.

Il reste toujours à bonne distance de son protagoniste principal, se gardant bien de trop montrer ses convictions personnelles sur l’homme et sur l’affaire. De toute façon, ce drame individuel lui sert surtout à aborder, de manière plus générale, le sort réservé à des milliers d’immigrés installés en France et stigmatisés de par leur origine ethnique, leur classe sociale souvent défavorisée – du fait d’une intégration compliquée – leurs spécificités culturelles.

Il faut voir le juge affirmer, d’un ton condescendant, “ Vous dites, Madame, que votre mari ne ferait pas de mal à une mouche, et pourtant, il égorge bien des moutons ”, laissant bien entrevoir les relents de xénophobie qui ont pesé sur les délibérations du jury et qui continuent de se propager dans certaines régions de France… Le cinéaste montre aussi qu’une des principales barrières de l’intégration est la difficulté à parler correctement le français.

Il insiste sur cette différence de maîtrise de la langue en opposant le français approximatif, balbutié, de Raddad au style flamboyant de ses défenseurs, la plaidoirie virtuose de Jacques Vergès et la prose alambiquée de Vaugrenard/Rouart lors de son admission à l’Académie Française.

Et si, finalement, le seul tort d’Omar Raddad était de n’avoir pas pris la peine de mieux maîtriser le français au cours de ses six premières années passées sur le sol français ? S’il avait été jugé uniquement sur son incapacité à se faire comprendre?. »

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