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99 francs de Beigbeder

Publié le 19/12/2013

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99 francs Roman "99 F" de Frédéric Beigbeder, est un roman-réalité, postmoderne et surdopé : vivez la pub française de l'intérieur, avec Octave Parango créatif publicitaire brillant, à qui tout réussit, sauf lui-même... Une description au scalpel du petit monde de la pub. Commentaire Sea, sex, and pub...Octave Parango est rédacteur publicitaire de luxe dans une des plus prestigieuses agences de pub parisienne. Il conçoit des scénarios de films publicitaires et des accroches pour les affiches. Son talent, et surtout son salaire, 13 000 euros par mois, font l'admiration et le respect de ses collègues de travail. Octave est propriétaire d'un appartement de cinq pièces à Saint-Germain-des-Prés (Paris), décoré par Christian Liaigre, porte un costume Éric Bergère et un caleçon Banana Republic. Il passe ses vacances à Saint Barth', prend de la cocaïne à 100 euros le gramme, et a un faible pour le roadster BMW Z3 (6 cylindres en ligne et 321 chevaux). Bref, Octave est le rêve incarné, l'idéal tant vanté par les publicitaires, et tant désiré par des millions d'européens moyens. Heureusement pour le lecteur avide de sensations, si tout le monde aime Octave (et surtout sa réussite), celui-ci se déteste : entre autres déboires sentimentaux, le publicitaire hait son métier et la pub, mais celle-ci ne le lui rend pas. Il n'en peut plus, et cherche désespérément à se faire virer, sans y parvenir ("Dans le hall de la Rosse, tu hurles, mais personne ne t'écoute - Virez-moi !"). Ses arguments anti-pub se comptent à la pelle... Mais sont-ils vrais, ou n'est-ce qu'un roman de fiction ? Roman-réalité ou réalité romancée ?Que reproche exactement ce malheureux concepteur, à la main qui le nourrit ? "Je suis le type... qui vous fait rêver de ces choses que vous n'aurez jamais. Ciel toujours bleu, nanas jamais moches, un bonheur parfait... Quand, à force d'économies, vous réussissez à vous payer la bagnole de vos rêves... je l'aurai déjà démodée.... Je m'arrange toujours pour que vous soyez frustré... Je vous drogue à la nouveauté... il y a toujours une nouvelle nouveauté pour faire vieillir la précédente... Vous faire baver, tel est mon sacerdoce. Dans ma profession, personne ne souhaite votre bonheur, parce que les gens heureux ne consomment pas..." Frédéric Beigbeder, l'auteur de ce roman, à passé dix ans chez Young et Rubicam, filiale française du plus grand groupe de publicité mondiale, où il exerça le même métier que son héros. Il sait donc donc de quoi il parle. Pour la petite histoire, son employeur - l'agence Young et Rubicam - le licencia pour faute grave, à la lecture des épreuves du livre, avant même sa publication. Et Beigbeder perdit son procès contre son ancien employeur, en fin d'année 2001. Les conséquences du système pub sur la sociétéAvec dix-huit millions d'insertions publicitaires délivrées par les médias, les messages délivrés par ceux-ci ne peuvent être sans influence sur le cerveau des "mongoliens de moins de cinquante ans". Le romancier sait ainsi montrer du doigt certains effets, encore méconnus, de l'abus de consommation sur la société : perte de la biodiversité des espèces végétales - trois espèces de pommes aujourd'hui, contre soixante auparavant - 3 goûts de camemberts normands, contre 10 auparavant, augmentation très sensible des cancers de toutes sortes chez les jeunes adultes. La société de l'information, tant vantée (portables, Internet, fax, messageries...) prend le pas sur celle de l'échange (parler à son voisin)... D'autres aberrations de l'idéologie consommatrice sont pointées du doigt, au fil des pages : la machine à laver incassable, et les bas qui ne filent pas, existent, mais personne ne veut les commercialiser. Nous vivons dans un système, qui, paradoxalement vend sciemment de la mauvaise qualité pour assurer un taux de renouvellement des marchandises, et assurer ainsi la croissance du fameux PIB (Produit Intérieur Brut). Les marchands bousculésSur les conseils des avocats de Grasset, certains noms réels furent changés, afin de ne pas s'attirer les foudres des entreprises les plus concernées (Danone en Madone, Young et Rubicam en Rosserys & Witchcraft). Mais la fermeture imposée par Danone à un site de contestation Internet, en mai 2001 est une étape historique : il devient désormais moins risqué en France d'insulter un président de la république qu'un marchand. Démocratie à deux vitesses ? ConclusionCe roman, à l'écriture moderne, bourré d'humour, est plaisant à lire, et fera passer de très bons moments à ses lecteurs, tout en les instruisant sur un milieu au sourire "Colgate". Seule la fin, porno-gore, est sujette à caution. "99 francs" vaut surtout pour sa description carricaturée, mais réaliste du milieu publicitaire, et son analyse pertinente de ses dégât sur la société.

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