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Beigbeder, 99 francs (fiche de lecture)

Publié le 24/05/2011

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lecture

En 2000 paraît 99 francs, roman autobiographique qui provoqua un scandale car son auteur, un ancien publicitaire, peint au vitriol la société de communication consommation contemporaine. « Ce roman décrit le monde merveilleux de la communication moderne : un monde où l'on dépense des milliards de francs pour donner envie à des gens qui n'en ont pas les moyens, d'acheter des choses dont ils n'ont pas besoin. « Au début du chapitre 4, Octave, le narrateur, justifie son entreprise autobiographique. -un récit autobiographique de fiction -un jugement sur la publicité structure : 1°§ : réflexion sur les intentions du narrateur. 2°§ : début à « collaborer «, l 14 : mea culpa, il veut sauver son âme. L 14-fin : il explique en quoi consiste son crime et celui des publicitaires. I°/ Un récit autobiographique : 1. « je «, il raconte son expérience : l 12-14, et l 21 « j'ai entendu dire « et il nous livre ses réflexions intimes : « confession d'un enfant du millénaire «. allusion à Musset, Confession d'un enfant du siècle (1834), qui exprimait le mal de vivre de la génération romantique, Octave témoigne du mal de vivre moderne. Référence à Musset revient l 37 : « on ne badine pas avec la pub « // « avec l'amour «, pièce de Musset. Dimension spirituelle de son écriture : « âme, « , « Dieu «. cf Rousseau qui veut se mettre en règle avec Dieu dans les Confessions. Il est désenchanté. 2.Il prend à témoin son lecteur : « tu « , il est à la fois l'acteur et le témoin, ou bien le lecteur est comme son double. Puis il s'adresse à son lecteur, il l'apostrophe l 27 : «permettez-moi de vous rappeler « : vous de politesse ou pluriel ? , puis l 36 : « gardez toujours cela à l'esprit «. Il donne des conseils. 3.Une personnalité originale : humour et virulence. Humour : « déguerpir « = mourir, langage familier, « contrat à durée indéterminée avec Dieu «. : comique de la situation, décalage par rapport à la norme. La virulence de sa personnalité apparaît dans la dénonciation de la publicité. II°/ Un réquisitoire contre la publicité : 1.Les principes : « décervelage général «, l 16, repris l 28 : « intoxication cérébrale «. C'est un argument contre les publicitaires. Tout est fondé sur la manipulation des esprits. « général « insiste sur l'ampleur du crime. Inhumanité des publicitaires amplifiée par le cadre : « morbides salles de marbre climatisées « : luxe sans âme, « morbides « souligne l'aspect malsain de cette activité. Avec le rapide historique, on voit que la publicité est liée à la propagande, l 29-31. 2.Les méthodes sont celles d'une armée criminelle. C'est le 2° argument. Métaphore filée de la 2° guerre mondiale : « collaborer « : terme très négatif, renforcé par le champ lexical de la guerre, en italiques. Même l'exemple qu'il prend a trait à la guerre : « Mars «, dieu de la guerre. «. « militaires «, « 3° GM «, « intoxication « = manipulation de l'opinion publique caractéristique des conflits. Allusion au ministre de la propagande nazie, Goebbels, auquel il applique ironiquement les fonctions des publicitaires : « concepteur-rédacteur «. Devises allemandes et nazies (hymne national, 3°Reich, Auschwitz) = slogans. « avec beaucoup d'efficacité « = ironie, car c'est un euphémisme, pour « cruellement, ignominieusement «. Volonté de choquer avec le parallèle entre les intentions des publicitaires et les exactions nazies : « brûler tous les juifs «, et la conclusion qui repose sur un jeu de mots (paronomase) : « consommer et consumer «. « consommer «= détruire, « consumer « = la Solution finale, les autodafés. 3.Un univers déshumanisé : italiques le mettent en relief : « cannibalisation « vampirisation «. On dirait qu'ils ont perdu le contact avec la réalité, ou du moins avec l'humanité. L'exemple l'éclaire : le calendrier est transformé. Choix du 1° avril suggère qu'il pourrait s'agir d'une sinistre plaisanterie. Mais les exclamatives révèlent l'indignation du narrateur. Ceux qu'il attaque ne sont jamais nommés, (sauf Lasker et Goebbels), autrement que par « leurs morbides salles de réunion «, l 15, « leur vocabulaire les trahit «, « ils parlent «, « ils craignent «, « ils numérotent «. Ils ont l'air puissants car ils sont présentés toujours au pluriel, comme un groupe. L'allusion à ce qu'il y a eu de pire dans la guerre au XX° siècle les rapproche de groupes de barbares tout-puissants, despotiques. Les publicitaires sont donc des gens abjects. Conclusion :

Texte très virulent, qui vise à terrasser l'adversaire, c'est donc un pamphlet contre la publicité. Le narrateur pousse à l'extrême sa diatribe en conduisant jusqu'au bout le parallèle entre la pub et le nazisme. Texte qui s'adresse à la fois à la raison et à la sensibilité du lecteur, car il repose sur des arguments et un exemple, mais le registre (le ton) est très polémique.   

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