Devoir de Philosophie

Adler, les Névroses (extrait) Dans ce texte de 1928, publié en

Publié le 27/04/2013

Extrait du document

Adler, les Névroses (extrait) Dans ce texte de 1928, publié en français en 1969 dans un ouvrage intitulé les Névroses, Alfred Adler s'intéresse à « la constellation familiale « et plus précisément à la place occupée par chaque enfant au sein d'une famille, en fonction de sa position dans la hiérarchie fraternelle. Lui-même deuxième d'une famille de six enfants était jaloux de son frère aîné prénommé Sigmund, ce qui n'est pas sans faire écho à la distance voire à l'inimitié qui a présidé à ses relations avec Sigmund Freud. Il décrit ici, dans un langage clair et accessible, des situations familiales que tout un chacun peut avoir vécu ou observé. Les Névroses d'Alfred Adler (chapitre 7, « La constellation familiale «) C'est une erreur commune de s'imaginer que les enfants de la même famille sont formés dans le même milieu. Il va de soi qu'il y a beaucoup de points communs pour tous, dans le même foyer ; mais la situation psychique de chaque enfant est individuelle et diffère de celle des autres, à cause de l'ordre de la naissance. Il s'est produit quelques malentendus sur l'habitude que j'ai de classer les enfants selon leur situation dans la famille. Ce n'est pas, naturellement, le numéro d'ordre de l'enfant dans la succession des naissances qui influe sur le caractère, mais la situation dans laquelle l'enfant est né. Si, par exemple, le fils aîné est faible d'esprit ou découragé, le second est susceptible d'acquérir un style de vie similaire à celui d'un aîné et, dans une grande famille, si deux enfants sont nés beaucoup plus tard que les autres et grandissent ensemble, séparés des aînés, l'aîné de ces deux enfants risque de se développer comme un aîné. C'est également ce qui arrive parfois dans le cas de jumeaux. Le premier enfant a la situation unique d'avoir été seul, au début. Étant ainsi le point de mire de la famille, il est généralement gâté. Il ressemble en cela à l'enfant unique et, dans les deux cas, il est presque inévitable que l'enfant soit gâté. Cependant, le premier enfant souffre, en général, d'un important changement de situation, étant détrôné quand le second bébé est né. Il n'est généralement pas du tout préparé à ce changement et a l'impression qu'il a perdu son privilège d'être le centre de l'affection et de l'amour des parents. Il se produit alors dans son esprit une forte tension et il s'efforce de regagner la faveur perdue. Il se sert de tous les moyens par lesquels il a, jusqu'ici, attiré l'attention des siens. Naturellement, il voudrait s'y prendre de la meilleure manière, se faire aimer pour sa sagesse ; mais celle-ci risque de passer inaperçue, alors que tout le monde s'affaire autour du nouveau venu et il est alors susceptible de changer de tactique, de revenir à d'anciennes activités qui attiraient l'attention, même de manière peu favorable et d'y avoir de plus en plus recours. S'il est intelligent, il agit intelligemment, mais pas en bonne harmonie avec les exigences familiales. L'opposition, la désobéissance, les attaques contre le bébé, ou même des essais de jouer le rôle d'un bébé forcent les parents à reconsidérer son existence. Il lui faut occuper le centre de la scène, même au prix de manifestations de faiblesse et d'imitation d'un retour à la petite enfance. Ainsi, étant hypnotisé par le passé, il atteint son but actuel par des moyens inappropriés, se montrant, tout à coup, incapable de remplir tout seul ses fonctions, ayant besoin d'aide pour manger ou aller à la selle, exigeant d'être constamment surveillé ou forçant la sollicitude en se mettant en danger ou en terrifiant ses parents. L'apparition de caractéristiques telles que la jalousie, l'envie ou l'égoïsme est en rapport certain avec ces circonstances. D'autre part, celles-ci peuvent faire que l'enfant se complaise dans des maladies telles que l'asthme ou la coqueluche (ou qu'il les prolonge). La tension, chez certains types d'enfants, peut produire des maux de tête, de la migraine, des troubles stomacaux, le petit mal ou la danse de Saint-Guy. Des symptômes plus légers se manifestent : aspect fatigué ou revirement regrettable de la conduite, par lesquels l'enfant impressionne ses parents. Naturellement, plus le bébé naît tard, plus les modifications du comportement de l'aîné se montrent intelligentes et compréhensibles. S'il est détrôné de bonne heure, la nature de ses tentatives sera plus proche de l'instinct. Dans tous les cas, ses efforts seront conditionnés par la réaction des autres personnes de l'entourage et la façon dont il la conçoit. Si, par exemple, l'enfant détrôné pense qu'il peut vaincre par la lutte, il devient combatif. Si le combat ne paie pas, il risque de perdre espoir, de faire de la dépression, de marquer un point en tourmentant et en effrayant ses parents, après quoi, il pourra avoir recours à des misères encore plus subtiles pour arriver à ses fins. [...] Source : Adler (Alfred), les Névroses, trad. par Odette Chabas, Paris, Aubier-Montaigne, 1969. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

Liens utiles