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Alfred de VIGNY

Publié le 03/12/2010

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vigny

« Je lutte en vain contre la fatalité ; j'ai été garde-malade de ma pauvre mère, je l'ai été de ma femme pendant trente ans, je le suis maintenant de moi-même « écrit Alfred de Vigny à la fin de sa vie. Il est vrai que l'histoire de sa vie n'a pas les riches couleurs de celle de Dumas ou Hugo. Voué tout d'abord à la carrière militaire, il est prêt à offrir son sang mais la Restauration ne lui donne que des cours de casernes en guise de champs de bataille. Servitude et grandeur militaires (1835) témoigne de ses désillusions.

Ayant été obligé d'abandonner Delphine Gay, le grand amour de sa jeunesse, sous la pression familiale, il épouse une Anglaise, Lydia Benbury, un peu lymphatique mais que la famille espère fortunée. En 1822, ses Poèmes qui paraissent en même temps que les Odes de

Victor Hugo, sont salués par le cercle romantique. Son goût pour l'Angleterre le mène à rencontrer Walter Scott, qui avait apprécié son roman historique Cinq-Mars publié en 1826.

L'amour du théâtre... et de Marie Dorval

Pendant que Hugo devient le chef de file des romantiques, Vigny, avec un peu de rancoeur, traduit Shakespeare et pense à la scène : sa traduction d'Othello est acceptée et Mlle Mars tiendra le rôle de Desdémone, que Vigny aurait volontiers donné à la charmante Marie Dorval qu'il rencontre à cette époque. Mun comme Hugo, Vigny pense rajeunir le dictionnaire :Othello dit à Desdémone : « Je souffre. Prêtez moi, mon amie, un mouchoir s. Quel scandale ! C'était la première fois qu'un mot aussi trivial apparaissait dans une tragédie ! En 1732, Voltaire avait utilisé un billet, en 1792 Ducis avait eu recours à un bandeau, en 1820, le mouchoir apparaît mais baptisé tissu, il passe inaperçu.

En 1830, il commande une compagnie de la Garde nationale, mais il n'accorde pas sa confiance à Louis-Philippe soutenu par les puissances d'argent pour lesquelles il n'a que du mépris : la vie politique commence à éveiller en lui un pessimisme qui va s'accentuer. Cette même année, il écrit La Maréchale d'Ancre en pensant donner le premier rôle à Marie Dorval, devenue sa maîtresse, hélas !, ce fut la trop plantureuse Mlle Georges qui créa le rôle à l'Odéon (on dit que le corset qu'elle devait porter pour donner à Éléonora Galigaï une ligne vraiment harmonieuse la comprimait tant qu'elle ne put aller au-delà du premier acte).

Enfin en 1835, c'est bien Marie Dorval qui- incarne Kitty Bell dans Chatterton, qui comme Stello (1832) ou Servitude montre l'isolement ressenti par le poète ou le soldat tenu lui aussi à l'écart de la société des hommes.

Vigny batailla rudement pour imposer Chatterton. Les Comédiens-Français, influencés par Mlle Mars, persuadée à juste titre que la pièce avait été écrite pour Dorval, pensionnaire de la Comédie-Française depuis un an seulement, la refusèrent dans un premier temps.

Le 12 février 1835, le public surveillait Marie Dorval que l'on savait passionnée, à la limite du vulgaire ; pourtant, dès la fin du premier acte des applaudissements nourris saluèrent l'amour douloureux, la retenue qu'elle avait su montrer.

Les Destinées

Élu à l'Académie française, Vigny témoigne de fidélité à ses propres idées en refusant d'inclure dans son discours de réception un éloge de Louis-Philippe, ce qui lui vaudra une réponse fielleuse du comte Molé. Il voit 1848 d'un bon oeil: « Depuis un an, tout le monde voyait une révolution s'amasser et s'avancer, excepté le roi Louis-Philippe «. Après plusieurs échecs à des élections législatives, Vigny, retiré dans la demeure familiale de Maine-Giraud, se consacre à la poésie et lentement élabore Destinées, ou à nouveau s'exprime le sentiment douloureux de la solitude. II voit dans le coup d'État du 2 décembre le moyen d'assommer d'« un coup de massue le communisme « et rêve à nouveau, mais encore en vain, d'un rôle politique. Peu avant sa mort, il achève L'Esprit pur, dernier poème des Destinées et véritable testament spirituel.

 

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