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Analyse incipit La Modification Butor

Publié le 24/03/2012

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Analyse : Michel Butor, La Modification (1957).

 

Eléments biographiques.

(né en 1926)  Butor a exercé comme professeur de français dans plusieurs pays étrangers, dont l'Egypte. Par la suite, Michel Butor entame une carrière universitaire en tant que professeur de littérature. Il commence aux Etats-Unis, puis à l'université de Nice, et enfin à Genève.  Ses activités de romancier le font connaître du public. En 1957, Butor publie La Modification (Prix Renaudot), un roman écrit presque intégralement à la deuxième personne du pluriel. Néanmoins, son œuvre ne se limite pas à cette expérience. Après la publication de plusieurs romans, Michel Butor rompt avec l'écriture romanesque après Degrés, sorti en 1960.  Ses premiers ouvrages cherchaient à concilier une forme de détachement de la tradition du roman, afin de représenter autrement le monde contemporain. En cela, les débuts de Michel Butor le rapprochent des positions du Nouveau Roman, sans toutefois l'inscrire véritablement dans une école.  Dès le départ, Michel Butor construit ses œuvres sur des descriptions de la réalité qui sont volontairement impersonnelles, sur un compte-rendu minutieux des évènements et de leur simultanéité...  Mais il étudie aussi la conscience et ses différentes facettes, ainsi que les objets qui ont tellement de réalités cachées dans ses œuvres, ce qui permet de développer leurs interactions avec les êtres humains.  En 1962 paraît Mobile, qui est caractérisé par sa technique de collage littéraire, et marque un tournant dans l'orientation de l'auteur. En réalité, Michel Butor est l'écrivain de l'expérimentation de diverses techniques narratives et stylistiques, comme on le retrouve aussi dans Description de San Marco en 1963.  On retrouve dans son œuvre une volonté constante de représenter le monde contemporain, qu'il s'agisse de récits de voyage, de rêves ou de collaborations artistiques diverses et variées. Son approche littéraire a donc été influencée par sa collaboration avec les peintres.

 

Bibliographie très sélective :   1954 ; Passage de Milan.  1956 ; L’Emploi du temps.  1962 ; Mobile. Problématique → en quoi cet incipit de M. Butor annonce-t-il déjà les modifications profondes du mode de narration ?

 

Introduction

Paru la même année que la Jalousie d’Alain Robbe-Grillet, Tropismes de Nathalie Sarraute, ce troisième roman de Michel Butor associe une écriture moderne à l’analyse classique d’une « crise » psychologique. Il est aux yeux du grand public un des ouvrages les plus représentatifs du Nouveau Roman. La Modification est le récit d’un homme qui prend le train pour aller rejoindre sa maîtresse à Rome. Le trajet sera l'occasion pour lui de méditer sur sa vie, ce qui aura comme conséquence de réorienter complètement sa vie (la modification).

1. La tradition respectée.       ? Un incipit in medias res : l'installation dans un compartiment.- On rentre directement dans l’action, il n’y a pas de présentation de le situation et divers personnages.- Verbes au présent d’actualité, donne l’effet qui l’action commence directement.- Debut in medias res : signe de roman plus nouveau       ? Le cadre spatio-temporel : un matin, dans un train (aucune indication sur le lieu de l'embarquement).- Indications spatiales floues au début : un simple panneau coulissant dans la première phrase, on ne sait toujours pas ou l’on rentre dans le deuxième paragraphe, les objets commencent simplement a situer le lieu et les personnages mais ce n’est pas explicite.- Indications spatiales plus explicites dans le 5ème # : On sait que l’on se situe dans un compartiment, indications sur la disposition de celui-ci, couloir, place libre + sa direction : Rome.- Suggestions fragmentaire d’indications temporelles : l’heure matinale dans le troisième paragraphe.       ? Les personnages présents : un homme d'environ quarante-cinq ans ; Henriette et Cécile ; un voisin ; Marnai (collègue).- 2ème # : premières indications sur le personnages, « homme habitue au long voyage ».- 3ème # : l’âge du personnage, 45 ans- 4ème # : description des parties du corps du personnage qui complètent son portrait (yeux, tempes, peau, cheveux…) + apparition d’autres personnages, de l’entourage de l’homme (Cécile, Henriette et les enfants)- 5ème # : personnage travaille dans une entreprise, Scabelli, et son collègue s’appelle Marnai- 6eme # : encore des descriptions physiques qui compare le portrait de l’Home a un autre personnage.       ? L’amorce de l’action du récit : un voyage « secret »  à Rome.- 5eme # : Amorce de l’intrigue qui amène le suspens, l’envie de decouvrir la suite – Causes ? Conséquences ?Pourquoi veut-il s’échapper vers Rome, pourquoi une voyage « secret » ? Que va-t-il s’y passer ?- dévoilement fragmentaire des informations nécessaires au début de l’intrigue.

    2. La remise en cause de la forme narrative.       ? Une situation d'énonciation inhabituelle : l'utilisation du « vous » ; identifications multiples (le personnage, le lecteur).- Ce « vous » est ce qui frappe, surprend le plus le lecteur.- Nouveauté + position du lecteur ambiguë, inconfortable. Comme si on nous obligeait a nous mettre a la place du héros. « vous » = incitation a se mettre a la place du héros.- Superposition de deux instances narratives : le narrateur (celui qui parle) et le narrataire (celui a qui est adressé le discours) ( ambigüité : une seule personne et les deux se confondent- Demande une participation active du lecteur- Fatalité : On ne laisse pas le choix au lecteur. Se transforme presque en accusation ?- « vous » = astuce trouvée par Butor pour présenter l’état de la pensée en train de naitre : montrer un personnage dans le déroulement de sa pensée. « je » sous-entend que le personnage a déjà pris conscience de sa pensée, elle est déjà construite. « vous » ( en processus de construction. + citation de Butor       ? L'absence de précisions : la narration se construit autour de nombreux implicites.       ? Donner à voir l'immédiateté : l'utilisation du présent de l'indicatif (mettre le lecteur au plus près de la narration).- Présent = pas de mise a distance par rapport a la narration.                         Éléments métatextuels : entrée difficile dans le roman, critique l’immobilisme…= Programme de lecture- 1er # : difficile de bouger, mouvements pas naturels, entravé avec le « en vain » - 2ème # : notion de difficulté qui perdure « frottant…étroite…arrachez…collante…échauffés… »( Métaphoriquement, symbolise une entrée difficile dans le roman- 6ème # : utilisation d’objets-symboles pour décrire le personnage, ses gouts et sa psychologie, c’est a partir d’eux que Butor représente le personnage.- critique des livres d’écriture « traditionnelle » ( l.30 « les livres ennuyeux » font référence aux romans du XIXe + l.30 a 32, mode d’emploi de l’écriture de Butor : objets porteurs de sens.+l.34, immobilisme du personnage qui peut faire référencé a l’immobilisme du lecteur passif a qui l’on donne tout ou de la narration classique linéaire.- mise en place d’un pacte de lecture : programme de lecture avec :      Le rôle des objets qui sont des « emblèmes » et « légendes », les objets montrent la pensée      Romancier agacé par l’immobilisme( propose du neuf, du mouvement dans le roman, il faut un lecteur actif

    3. L'éclatement du personnage.       ? Un récit qui se construit autour des variations de point de vue : interne (monologues intérieurs) ; omniscience.- Monologue interne, on suit la pensée du personnage : « mais non » (4ème#), on suit la pensée du personnage qui se corrige lui-même la pensée n’est pas linéaire ( donc la syntaxe n’est pas structurée et linéaire. Flux de pensée est caractérisé par de longues phrases. Longueur des paragraphes/phrases traduit le mouvement du train qui entraine le personnage a penser.- 6ème# : l.34( point de vue du voisin donc changement de focalisation et on passe au point de vue omniscient « cet homme […] agacé par votre immobilisme » + Emploi du « il » ( « il voudrait vous demander …»- Interne poussé a l’extreme (sous sa peau), on a les sensations du personnage.- Utilisation du « vous »= bouleversement de l’énonciation( on ne sait plus a qui l’on s’adresse( destruction du personnage, plus d’intermédiaire, relation directe auteur-lecteur. ( Ceci permet l’éclatement du personnage, il se projette sur le voisin et imagine des histoires sur lui à partir de ses propres expériences. Donc il est éclaté dans tous ses personnages. Cependant, autre ce but précis, ces personnages n’ont pas d’importance pour l’intrigue et pourrait être remplacé par d’autres.≠ du roman classique ou chaque personnage joue son rôle dans l’intrigue.       ? La primauté donnée aux objets, aux éléments inanimés : la valise, les dossiers, les livres...- Éléments sur le personnage a travers les objets. Ex : La valise légère mais qu’il n’arrive pas a porter ( faiblesse physique.- Primauté des objets qui sont détailles avec minutie : la valise « couverte de granuleux cuir sombre… »- Détail de la couleur, soin très particulier apporte aux objets ( le Nouveau Roman voulait être attentif a l’objectivité de la description/de la vision. Décrire purement ce que l’on voit : l’école du regard.- Objets environnant mis en valeur : panneau coulissant       ? La déréalisation du personnage : une description par touches successives, sans réelles vision d'ensemble (le dos, les doigts).- 1er # : Description très précise (gauche, droite).- Grande présence du touché, on se sent a l’intérieur du personnage, le lecteur est actif car il sent les sensations du personnage. Ex : champs lexical du touché : « frottant…granuleux…collante…doigts qui se sont échauffés »- description du personnage par touches successives, certains membres du corps mais pas de vison d’ensemble. EX : 2eme# ( description précise des bras et des mains        4eme# ( les yeux du personnage. « mal lubrifiés » transparence, on voit aussi a l’intérieur du corps, description biologique, intérieur du corps. Description interne qui ne donne pas une image du personnage dans son ensemble. --> Malaise du lecteur qui n’a pas l’habitude- 6eme # : l’ « homme » est décrit en comparaison avec le narrateur, ce qui ajoute quelques détails mais toujours pas de vison d’ensemble a notre personnage. C’est également a travers les geste de certains membres particulier que l’on devine son état psychique (nerveux). Ex : « yeux clignotants…mains longues et agitées…ongles rongés…doigts qui se croisent et se décroisent nerveusement… » . Expression pleine d’expansions du nom pour ajouter a la description( détail de l’ordre du microscopique de chaque partie du corps.

4. Le titre : Modification est un nom abstrait mais avec un déterminant défini « la ». Il induit des le départ une idée de transformation/transgression (= traverser, passer d’un état a un autre). Série de transformations :- Psychologique : il ne veut plus revoir son amante / vision de Paris et de Rome, de sa femme et de sa maitresse qui change / changement de vie- Spatiale : voyage en train- littéraire : écriture nouvelle, réflexion sur l’écriture du roman au XXème( Paradoxe : En réalité rien a changé, le personnage et sa situation n’ont pas changé alors que le titre et tout le livre annoncent un changement. Tout va recommencer comme avant. On peut donc comprendre le titre comme une sorte de contre-point ironique qui diraot les ambitions du personnage. Mais en fait, il est faible et incapable de mener a bien son projet de modification. Il est condamner à végéter, continuer sa vie routinière, banale et monotone. ( appariton des anti-heros caractéristiques du Nouveau Roman. Conclusion.On perçoit chez M. Butor la volonté de travailler la forme narrative, d'entrer dans le récit par le détour, à savoir ces détails auxquels on n'accorde pas forcément d'importance, et qui pourtant ne manque pas d'être signifiants. C'est toute le roman  qui s'en trouve transformé, un peu comme le suggère d'emblée ce titre à valeur métatextuelle : La  Modification.

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