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Analyse Les funréailles d'Atala

Publié le 05/04/2011

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Ce tableau est réalisé en 1808 et est inspiré du roman Atala de Chateaubriand publié en 1801. Il met en scène l'enterrement de la jeune Atala par son amant l'Indien Chactas, et par un vieil homme, le père missionnaire Aubry. Les deux hommes portent le corps d'Atala en robe blanche et abordant une posture sereine. Chactas est assis, vêtu d'un drap rouge, et le père Aubry porte une robe à capuche orange. La scène a lieu dans une grotte où nous pouvons voir, sur le sol, une pelle qui servira à l'enterrement du cadavre. En second plan nous avons vue sur une nature sauvage mais neutre, avec un ciel dégagé qui éclaire une croix chrétienne.

Ce tableau s'attache clairement au courant romantique, nous verrons donc par quels aspects elle s'y associe avec, dans un premier temps, l'illustration de la souffrance des personnages causée par la mort d'Atala, puis l'importance de la religion dans cette oeuvre, et dans un dernier temps la notion d'exotisme qui apparaît dans la scène.

 

Le thème de la souffrance est un thème majeur du romantisme : l'artiste romantique est déchiré, nostalgique, passionné, il souffre d'un profond mal-être qu'il exprime à travers ses oeuvres. Ici, l'atmosphère de la douleur des deux hommes est particulièrement forte. Elle est notamment représentée par les postures et les expressions des personnages : Chactas est assis, courbé, il serre les jambes de la jeune fille sontre lui, s'y accroche et semble ne jamais vouloir les lâcher. Son visage est tendu, son expression désespérée, il est accablé par la perte de celle qu'il aime, ses yeux sont fermés. Son dos est éclairé par la lumière du soleil. Son habit rouge vif symbolise à la fois son amous passionné et la violence de sa souffrance. Cette couleur contraste avec la blancheur éclatante de la robe d'Atala, qui contraste également avec la pénombre de la grotte dans laquelle elle sera enterrée. Le père Aubry est debout, il soutient le dos de la jeune fille, et possède également une expression accablée : le visage partiellement caché sous sa capuche, tête baissée, et ses cheveux et sa barbe grise qui dépasse. La pelle posée au sol à l'intérieur de la grotte sombre, la nature neutre mais sauvage et mystérieuse, ainsi que la croix, renforcent l'idée de tragédie de la scène.

La religion chrétienne est très présente dans ce tableau. Elle est notamment évoquée par la présence d'un verset du Livre de Job gravé sur un rocher : \"J'ai passé comme la fleur ; j'ai séché comme l'herbe des champs\". Mais une autre évocation explicite du christianisme est visible sur cette toile : la position des personnages. En effet, Atala est soulevée par ces deux hommes d'après l'épisode de La mise au Tombeau du Christ. De plus, sa posture et son expression sereine ainsi que la blancheur de sa robe, symbole de pureté, fait directement référence à la Vierge. Enfin, la croix au second plan semble l'éclairer, et Atala paraît aspirée par la lumière sainte, elle s'offre à la mort et s'apprête à rejoindre les cieux.

Comme plusieurs artistes romantiques, Chateaubriand se passionne pour l'exotisme, et il voyage en Amérique où il rencontre des Indiens qui lui inspireront plusieurs de ses oeuvre dont Atala. Dans ce tableau, Girodet retranscrit parfaitement cette fascination pour les peuples primitifs, notamment dans les traits de Chactas qui sont ceux d'un jeune homme indien idéalisé, avec son corps musclé, ses cheuveux noirs tressés et une boucle d'oreille. Atala, quant à elle, est métisse et représente également un idéal de beauté féminin avec son visage angélique et la lumière qui met son corps en valeur. L'exotisme est également illustré par la nature du second plan qui est composée de végétation abondante et sauvage : elle est associée aux Indiens qui y vivent et en sont proches.

 

Les Funérailles d'Atala est donc un tableau romantique dans lequel on retrouve le déchirement des passions avec la décès de l'être aimé, la mise en valeur des Indiens d'Amérique, donc l'exotisme, mais aussi la présence de la religion. En s'inspirant d'une oeuvre de Chateaubriand, Girodet a retranscrit le romantisme de la littérature à le peinture, en gardant et en illustrant les idées principales délivrées par l'auteur.

 

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