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Analyse Molière

Publié le 24/12/2012

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Vie de l'auteurLa démolition inattendue du Théâtre du Petit-Bourbon, où Molière donnait ses représentations depuis 1659, laisse la troupe fort démunie, à peine autorisée à sauver quelques loges. Molière obtient tout de même de s'installer au Théâtre du Palais-Royal, construit pour le Cardinal de Richelieu, qu'il faut aménager et restaurer à grands frais. L'échec de Dom Garcie de Navarre, pièce « sérieuse « qui déconcerte le public desPrécieuses ridicules et de Sganarelle, la rude concurrence exercée contre la Troupe de Monsieur, par les Comédiens de l'Hôtel de Bourgogne et du Théâtre du Marais, mettent Molière dans la nécessité de réussir. L'École des maris est écrite en quatre mois, et le succès couronne les efforts de la troupe. La pièce est jouée dans toutes les résidences princières, et, comble de réussite au moment où Foucquet est au pinacle de la gloire, est représentée à Vaux-le-Vicomte au début du mois de juillet. Un mois plus tard, les Fâcheux, première comédie-ballet de Molière, constituent la partie théâtrale des divertissements offerts au Roi par Foucquet. Molière, en procès contre Ribou, libraire peu scrupuleux qui a publié sans son autorisation le texte des Précieuses ridicules et deSganarelle, s'assure d'avance de l'impression de ses oeuvres sous son propre contrôle en obtenant un privilège. À Pâques 1661, Molière demande à la troupe deux parts au lieu d'une, dans la perspective de son mariage, sans que soit nommée celle qu'il épousera en janvier 1662, la toute jeune Armande Béjart, de vingt ans sa cadette.Paysage politique et culturel Le cardinal de Mazarin meurt le 8 mars 1661. Alors que chacun voit dans le fastueux Foucquet, protecteur des arts, le futur maître des destinées du pays, Colbert oeuvre dans l'ombre à la chute de son rival. Le Surintendant des Finances est arrêté le 5 septembre, quelques semaines après les fêtes de Vaux-le-Vicomte offertes le 17 août au jeune Roi. Colbert entre au Conseil du Roi, qui règne désormais personnellement. Monsieur, frère du Roi, épouse Henriette d'Angleterre, dont le frère, Charles II, règne en Angleterre. Le jeune Racine, destiné à la carrière ecclésiastique, est envoyé chez un oncle chanoine à Uzès. Boileau publie sa première satire, tandis que La Fontaine, perdant en Foucquet un généreux protecteur, écrit pour le défendre son Élégie aux nymphes de Vaux. Mère Angélique Arnauld, ancienne abbesse de Port-Royal des Champs, meurt à Paris. Pascal pratique l'ascétisme, Spinoza compose le Traité de la réforme de l'entendement. Vélasquez vient de mourir en Espagne, et Rembrandt en Hollande peint les Syndics des drapiers. Les peintres Philippe de Champaigne et Mignard, le sculpteur Coysevox, les architectes Perrault et Le Vau participent au renouveau des arts qui accompagne l'ascension du jeune roi Louis XIV.Quantièmes 1582 est le nombre de représentations du vivant de l'auteur. La pièce est jouée 39 fois dans la seule année 1661, l'École des maris figure au répertoire de la troupe de Molière quasiment chaque année. Avec 111 représentations, elle vient en seconde position, après Sganarelle ou le Cocu imaginaire (123), dans la liste des pièces le plus souvent représentées du vivant de leur auteur, sans compter les nombreuses  « visites « ou représentations chez les grands seigneurs, et les représentations à la cour. CommentairesDonneau de Vise (les Nouvelles nouvelles, 1663) :L'École des maris est encore un de ces tableaux des choses que l'on voit le plus fréquemment arriver dans le monde, ce qui a fait qu'elle n'a pas été moins suivie que les précédentes comédies. Les vers en sont moins bons que ceux du Cocu imaginaire, mais le sujet en est tout à fait bien conduit, et si cette pièce avait eu cinq actes, elle pourrait tenir rang dans la postérité après le Menteur (de Corneille) et les Visionnaires(de Desmarets de Saint-Sorlin).Sainte-Beuve (Portraits littéraires, 1844) :Après le sel un peu gros, mais franc, du Cocu imaginaire, et l'essai pâle et noble deDom Garcie, l'École des maris revient à cette large voie d'observation et de vérité dans la gaieté. Sganarelle, que le Cocu imaginaire nous avait montré pour la première fois, reparaît et se développe par l'École des maris ; Sganarelle va succéder à Mascarille dans la faveur de Molière. [...]Le Sganarelle de Molière, dans toutes ses variétés de valet, de mari, de père de Lucine, de frère d'Ariste, de tuteur, de fagotier, de médecin, est un personnage qui appartient en propre au poète, comme Panurge à Rabelais, Falstaff à Shakespeare, Sancho à Cervantès ; c'est le côté du laid humain personnifié, le côté vieux, rechigné, morose, intéressé, bas, peureux, tour à tour piètre ou charlatan, bourru et saugrenu, le vilain côté, et qui fait rire.Maurice Donnay (Molière, 1911) :C'est une pièce gaie, optimiste, une pièce de fiançailles, que le poète met dans la corbeille de la jeune Armande. AnecdotesÀ propos de la diatribe de Sganarelle contre les excès de la mode :Sous Louis XIII et Louis XIV, des édits somptuaires sont promulgués interdisant aux classes sociales autres que les gens de cour l'usage excessif des broderies et des dentelles, fixant les sortes de tissus autorisés et limitant l'emploi de l'or et de l'argent sur les habits. Même si les édits somptuaires furent peu respectés, les comédiens - dont les habits se devaient de trancher sur l'habit de ville et étaient le plus souvent des habits de cour relevés de matériaux prenant bien la lumière : rubans, dentelles et broderies or, argent et feu - ont pu jouir des mêmes privilèges que la noblesse de cour. L'édit du 27 novembre 1660, affiché pour la seconde fois avant la première de l'École des maris, et mentionné par Sganarelle au début de la scène 6 de l'acte II, portait « règlement pour le retranchement du luxe des équipages « et défendait de porter « aucune étoffe d'or et d'argent, fin ou faux, broderie ni autres choses semblables. « La vente des dentelles étrangères était interdite, et les dentelles originaires de France ne devaient pas dépasser un pouce de largeur. L'École des maris est une comédie en trois actes et en vers de Molière, représentée pour la première fois à Paris au Théâtre du Palais-Royal le24 juin 1661 par la troupe de Monsieur, frère unique du Roi. L'intrigue de cette comédie, qui repose le contraste radical entre deux frères, dont l'un a pour principe la sévérité dans l'éducation des enfants et l'autre l'indulgence, s'inspire des  HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%A9rence" \l "Les_Adelphes" \o "Térence" Adelphes de Térence. Léonor et Isabelle sont deux soeurs aimées par deux frères qui en ont la tutelle. Léonor jouit d'une certaine liberté accordée par Ariste, alors que Sganarelle isole Isabelle du monde avec une grande sévérité. (pour éviter entre autre qu'elle ne devienne une précieuse) Mais Isabelle a soif de liberté : elle se lie à son jeune amant, Valère, blessant ainsi Sganarelle, agent de son propre malheur... Deux frères sont tous deux tuteurs de deux soeurs orphelines. Tolérant et compréhensif, Ariste laisse Léonor libre de ses choix. Son cadet, Sganarelle se montre, en revanche, rébarbatif et circonspect envers Isabelle qui, amoureuse de Valère, devra avoir recours à des subterfuges pour avoir raison des soupçons de son impérieux tuteur. Elle se rendra ainsi, en se faisant passer pour sa soeur, chez son amoureux pour se faire épouser légitimement par lui. Ariste se verra, au contraire de Sganarelle, récompensé de sa largeur d'esprit envers Léonor, en l'épousant. Le 24 juin 1661, une nouvelle comédie en trois actes, L'École des maris (6e pièce de Molière qui joue Sganarelle) est un succès. Succès qui amène le surintendantFouquet à commander une pièce pour une fête qu'il organise pour le roi dans son château de Vaux-le-Vicomte. C'est la première fois que Molière crée une pièce pour la cour. Connaissant le goût de Louis XIV pour les ballets, il crée un nouveau genre, la comédie-ballet, intégrant comédie, musique et danse : les entrées de ballet sont placées au début et dans les entractes de la comédie et ont le même sujet. Le 17 août 1661, Les Fâcheux sont un succès. Le roi ayant observé qu'un fâcheux auquel Molière n'avait pas pensé méritait sa place dans la galerie, Molière modifie rapidement le contenu de sa pièce. C'est un tournant décisif pour lui : il a attiré l'attention de Louis XIV.

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