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Analyse sur Une Vie de Maupassant.

Publié le 11/09/2006

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maupassant

Jolie blonde aux yeux bleus, Jeanne est une jeune aristocrate qui a passé son enfance dans un couvent, à l’écart du monde et de son effervescence. Désireuse de découvrir la vraie vie, Jeanne est impatiente de retourner aux Peuples, la demeure familiale : la pluie qui tombe le jour de son départ ne dérange pas absolument la jeune femme ; au contraire, elle insiste pour que « petit père «, avec lequel elle est très complice, cède à son envie.  Naïve et confiante, Jeanne a foi en la vie qui l’attend et rêve de grand amour. Elle imagine une vie remplie de douceur, de tendresse et de complicité avec un mari attentionné et des enfants charmants. Cette conception idéalisée de l’amour révèle une âme encore très enfantine, bercée par les rêves et les illusions.  Jeanne est également très sensible à la nature qui semble éveiller ses sens : elle aime faire de longues promenades dans la forêt, regarder la mer ou encore les falaises. Son cœur et son corps palpitent à la vue des éléments naturels avec lesquels elle semble en osmose. Très attachée au passé et aux souvenirs, Jeanne aime par ailleurs contempler des objets appartenant à son enfance comme un petit siège ou une horloge : ces objets éveillent en elle des images heureuses, souvent liées à ses parents qu’elle aime tout particulièrement. Son père se révèle très proche d’elle, et sa mère, un peu trop possessive et indulgente, l’inonde de son amour et de sa tendresse. Cette jeune femme gâtée et choyée par ses parents va ainsi faire l’apprentissage de la vie et en découvrir la dure réalité…    Lorsque Jeanne rencontre Julien, elle découvre un jeune homme charmant, doux, attentionné et soigné : il se montre serviable lors de ses promenades avec la baronne, apparaît comme un être sensible et délicat aux côtés de Jeanne. Cette image très positive va cependant peu à peu se fissurer et la véritable personnalité de Julien se révéler au fil du récit. L’avarice, dont il avait fait preuve en Corse, est confirmée dès son retour aux Peuples : Julien cherche par tous les moyens à faire des économies, il soumet la famille à de sévères restrictions budgétaires et n’hésite pas à priver sa femme de son petit plaisir matinal, une galette préparée tout spécialement pour elle. Julien est en réalité un être égoïste qui se soucie peu du bien être des autres : il recherche la reconnaissance sociale et méprise les domestiques.  Très vite, le jeune homme fait chambre à part, se montre indifférent à sa femme et n’hésite pas à la tromper dès qu’il le peut. La relation des jeunes mariés se dégrade donc très rapidement au point que Julien devient un étranger pour sa femme qu’il ignore et rejette parfois de manière brutale. Derrière sa douceur apparente se cachent en réalité une violence et une brutalité parfois choquantes : il rudoie la petite bonne avec laquelle il n’hésitait pas à tromper sa femme, se montre désagréable avec les parents de Jeanne et frappe le petit cocher, ce qui souligne sa cruauté.  Enfin, Julien ne se soucie plus de plaire à sa femme : il laisse sa barbe pousser et porte des vêtements tâchés. Si Jeanne n’existe plus à ses yeux, Julien reste sensible aux charmes des autres femmes pour qui il fera à nouveau des efforts vestimentaires. Gilberte le transforme donc à nouveau en beau jeune homme soigné, lui si laid en présence de sa femme.    Les trois couples principaux de ce roman donnent de la vie conjugale une image fortement dégradée. Maupassant cherche à insister sur l’infidélité de ces trois couples qui commettent sans aucun scrupule l’adultère : Julien trompe ainsi sa femme avec Rosalie et Gilberte sans éprouver le moindre sentiment de culpabilité. Si les parents de Jeanne semblent former un couple paisible et uni, le baron et la baronne ont tous deux eu des aventures extra conjugales qu’ils assument sereinement (la baronne a même gardé toutes les lettres d’amour de son amant pour pouvoir les relire!). Pourtant l’adultère détruit peu à peu les deux autres couples qui ne peuvent plus avoir confiance en leur conjoint. Il mène parfois à une jalousie meurtrière : M. de Fourville, follement épris de sa femme, ne pourra ainsi supporter la traîtrise de Gilberte et la tuera avec son amant. Le mariage apparaît comme une série de mensonges et de tromperies qui dégradent la vie conjugale.  Enfin, Maupassant nous montre qu’une vie de couple est faite de désillusions qui détruisent peu à peu l’amour que se portaient les jeunes mariés. Les conjoints se révèlent des étrangers les uns pour les autres : souvent unis pour des raisons financières (ce qui est le cas pour Julien), ils ne résistent pas au quotidien qui use leur relation. Seul M. de Fourville semble échapper à cette bien triste constatation : Jeanne elle-même a perdu ses rêves d’amour fou et de prince charmant.

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