Devoir de Philosophie

Autrui - cours

Publié le 27/02/2008

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  I- La connaissance d’autrui        • Rousseau, Essai sur l’origine des langues       ( 1er devoir envers autrui, en tant qu’alter ego (même et autre à la fois ( figure énigmatique et contradictoire), est de le connaître : les malentendus et les conflits qui surgissent entre les hommes ne résultent que de l’ignorance mutuelle de ce qui la rassemble et les unit. « Ils ne haïssaient que ce qu’ils ne pouvaient connaître ».       ( Mais connaissance d’autrui problématique, est-elle même possible ?       ( Connaissance par analogie, supposition de la connaissance d’autrui forcément incertaine.       ( Mais similitude avec autrui n’est pas une pure hypothèse, elle s’éprouve même immédiatement = sympathie, compassion, pitié, etc.        • Merleau-Ponty, La Phénoménologie de la perception       ( Mais si elle est véritable, la sympathie peut tout au plus me permettre de me sentir avec autrui, non de sentir comme lui, sauf à nier sa différence, càd son altérité, précisément.       ( Si autrui se dérobe au savoir que je crois posséder sur lui, ce n’est pas seulement parce qu’il diffère de moi, mais aussi et plus essentiellement encore parce qu’il diffère de lui-même. Il est par suite imprévisible aux autres et à lui-même. Connaître, c’est pourtant prévoir. Si autrui surprend et change, c’est qu’il n’est pas un objet – inscrit dans le réseau de régularités repérables – mais un sujet dont l’identité n’est pas donnée une fois pour toutes, mais au contraire sans cesse construite et assumée librement.       ( Le comportement d’autrui n’est pas autrui.        Connaissance d’autrui comme limite de fait mais encore de droit.   II- La reconnaissance ou le conflit        • Hegel, Propédeutique philosophique, 2e cours « Phénoménologie de l’Esprit », I, 2e degré B, § 31 à 34       ( Problème de la relation à autrui est moins celui de la connaissance que de la reconnaissance. Reconnaître autrui, c’est admettre que je ne suis pas le seul sujet et qu’il existe une pluralité de consciences ?       ( Solipsisme comme position philosophique intenable.       ( Conflit des consciences dont chacune veut en effet être reconnue par l’autre, parce qu’enfermée dans la simple certitude subjective d’elle-même, elle est encore privée de vérité objective.       ( Autrement dit, seule la reconnaissance de son existence comme conscience de soi par une autre conscience de soi peut transformer la certitude subjective en vérité. Mais aucune des deux consciences ne peut atteindre l’autre dans son essence . L’autre, en effet, ne peut m’apparaître, càd se présenter à moi comme objet, dans l’extériorité de son existence concrète et sensible. Inversement, j’apparais à l’autre comme objet, non comme sujet.       ( C’est pourquoi chacune des deux consciences cherche à se faire connaître indépendamment de son apparence et ne pourra le faire qu’en s’en montrant indépendante, dans le risque de sa propre vie. La liberté ou la mort, telle est l’alternative qu’impose la nécessité d’une reconnaissance. A l’issue du duel, l’une – parce qu’elle a tenu jusqu’au bout le risque de la mort – prend la figure du Maître, tandis que l’autre – qui a préféré la vie – est la figure du Serviteur.        • Sartre, L’Etre et le Néant       ( Il voit le conflit comme le fondement constitutif de toute relation à autrui (alors que le conflit est voué à être dépassé chez Hegel).       ( Par le regard qu’autrui pose sur moi, je suis destitué de ma liberté originelle et transformé en objet. C’est pourquoi affronter le regard d’autrui est tjrs angoissant.       ( Mais il est aussi le médiateur indispensable entre moi et moi-même = autrui n’est pas seulement celui qui me fige et m’aliène, mais aussi celui qui me libère en m’arrachant au repli frileux où croit pouvoir trouver refuge la conscience solitaire.  III- L’intersubjectivité ou le partage        • Merleau-Ponty, La Phénoménologie de la perception       ( Le retrait ou le refus d’autrui de communiquer sont d’ailleurs illusoires.       ( Même absent, autrui habite ma solitude, parce qu’il est ce par quoi se constitue indéfiniment mon rapport à moi-même et au monde.       ( Notion d’intersubjectivité = rompt avec la conception cartésien qui fait du cogito le fondement originel de la vérité. L’idée même d’une vérité ou d’une objectivité suppose le rapport autrui, ne serait-ce qu’à titre d’exigence idéale.       ( Accord possible ou exigé sur un monde commun qui garantit la possibilité d’une vérité qui dépasse la sphère privée de ma croyance.       ( Sans autrui, le monde serait réduit au point de vue que j’en ai : il serait simple représentation. La présence d’autrui comme extériorité radicale, est aussi le signe de l’extériorité du monde et de sa présence.        • Deleuze, La Logique du Sens, « Michel Tournier et le monde sans autrui », 8       ( De même, l’existence d’autrui donne au monde une épaisseur, un relief. elle l’enrichit d’autres points de vue possibles, de perspectives différentes, dans l’espace et le tps.       ( Enfin, à travers le langage et la communication, non seulement j’accède à un autre univers de sens, mais encore c’est mon propre univers qui se transforme et se modifie.   IV- Le respect ou la distance        • Kant, Métaphysique des mœurs, « la Doctrine de la Vertu »       ( Mais autrui est aussi celui qui m’oblige au respect. Au-delà de la sympathie et du partage, comme au-delà de toute lutte pour la reconnaissance, il est à distance, parce qu’autre que moi.       ( Respecter autrui, c’est alors le poser comme limite à mon droit naturel d’user de toutes choses et des autres à mon profit. Autrui me destitue de mon amour-propre et de l’égocentrisme inhérent à la conquête de soi.       ( Mais la limite qu’il impose n’est pas une limite négative et simplement subie, comme pourrait le laisser entendre la formule « ma liberté s’arrête où commence celle des autres ».       ( Marque du respect, elle ne vaut et n’a de sens que comme limite de droit, librement consenti. Dans la mesure où le respect que je dois à autrui pose la limite qui m’en sépare, il transcende aussi bien l’amour, comme désir de fusion, caractéristique du « Nous », que l’indifférence, comme mise à distance du « On », où se dissout toute différence, dans une équivalence abstraite.       ( Le respect comme seul sentiment moral.       ( L’autre pour moi ce n’est pas « les autres », mais cet être unique, en face de moi. C’est le « Tu » qui me requiert et exige que je lui réponde et dont, par conséquent, la responsabilité m’incombe, ou encore qui m’oblige.       ( cette subordination de l’amour de soi au respect d’autrui ne signifie pas pour autant un effacement de soi, dans un altruisme mal fondé. Au contraire, respecter autrui, c’est respecter l’autre en moi-même, càd l’humanité en ma personne.        « Agis de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse tjrs valoir en même tps comme principe d’une législation universelle » ( Kant fait passer le devoir envers autrui du domaine du sentiment ou de la foi à celui de la morale qui m’enjoint au double respect de soi et des autres.        • Lévi-Strauss, Race et histoire       ( Mais respect de l’humanité comme tâche difficile = autrui n’est pas seulement le prochain, mais aussi l’étranger ou le lointain, celui qui vit dans un autre univers de sens, celui-là même qui ne croit pas à l’idée d’humanité universelle (cf. déf. de barbarie).       ( Trop proche et trop lointain, autrui est celui qui me commande le respect de la distance et de la proximité.

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