Devoir de Philosophie

BAUDELAIRE : LES FLEURS DU MAL : RECUEILLEMENT

Publié le 11/09/2006

Extrait du document

baudelaire

Introduction : Recueillement, écrit en 1861, reflète de l'état moral et spirituel de Baudelaire durant les années qui précèdent sa mort en 1867. Ce sonnet nous montre un Baudelaire solitaire, attendant sa mort à la fois avec patience mais aussi avec anxiété. Texte étudié : Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille. Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici : Une atmosphère obscure enveloppe la ville, Aux uns portant la paix, aux autres le souci. Pendant que des mortels la multitude vile, Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci, Va cueillir des remords dans la fête servile, Ma Douleur, donne-moi la main ; viens par ici, Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années, Sur les balcons du ciel, en robes surannées ; Surgir du fond des eaux le Regret souriant ; Le Soleil moribond s'endormir sous une arche, Et, comme un long linceul traînant à l'Orient, Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche. Analyse : I) La sensation de la fin qui approche 1. Une fin attendue Expression de sa Douleur avec : personnification de la Douleur (majuscule) ; présence d'allégorie : la Douleur devient sa "compagne". Sentiment d'impatience : "sois sage... tiens-toi plus tranquille", elle devient intenable. Tentative par Baudelaire de l'amadouer (vers 8) avec l'allitération en [m] qui donne un sentiment de bien-être et de soulagement. Champ lexical du premier quatrain : celui du caprice de la Douleur comme le caprice d'un enfant. 2. Une fin aussi redoutée Description de l'atmosphère de la ville au vers 3 : atmosphère sinistre annonçant un événement grave prêt à survenir. Par cette description Baudelaire décrit son paysage intérieur : on peut donc voir "la scène finale" c'est-à-dire sa mort telle que Baudelaire l'imagine. La fin arrive : Baudelaire devient anxieux (vers 2). Baudelaire se rend compte que le Spleen a gagné (les points virgules marquent l'anxiété du poète). 3. L'apaisement Le calme revient : la Douleur s'apaise : cela est marqué par la bilinéarité des alexandrins (vers 2). Arrivée en force de la nuit qui accentue cette idée de relâchement. Les points virgules marquent des pauses. La Douleur est devenue chère à ses yeux, il ne peut plus s'en passer (vers 8 et 14). Il privilégie l'ouïe à la vue pour mieux ressentir l'atmosphère présente. Autre explication pour la Douce nuit : elle pourrait référer à sa mort (majuscule au mot Nuit). Allitération en [s] qui marque un effet de glissement et donc d'apaisement. Le parallélisme au vers 4 et l'oxymore montrent la différence de pouvoir du crépuscule. II) Isolement du poète et de sa douleur avec le reste de la ville 1. Dépit du poète face au Plaisir des autres Vers 5, 6 et 7 sont consacrés à l'évocation de la foule en quête de Plaisir. Volonté de se différencier des autres en les nommant "les mortels". Personnification du Plaisir avec la majuscule. Antithèse entre Plaisir et bourreau : cela marque la non compréhension par Baudelaire de l'envie de se procurer du Plaisir. Pour Baudelaire, il n'y a pas de raison d'avoir du plaisir puisqu'il mourra : le Spleen l'a entièrement envahi. Consternation de Baudelaire face à ceux qui se laissent avoir par le jeu du Plaisir. Présentation péjorative des hommes : dénonciation de la difficulté pour le genre humain à résister au Plaisir, et enfin dénonciation de leur inconscience face à la mort. 2. La description du Plaisir L'antithèse entre "Plaisir" et "bourreau" montre la définition du mot Plaisir que se fait Baudelaire. Le champ lexical du deuxième quatrain est celui de la souffrance. Sa vie antérieure est implicitement décrite (la débauche, la drogue...). La référence au fouet fait référence au caractère bestial du Plaisir. Sentiment immédiat de faute et de culpabilité (vers 7). Envie pour Baudelaire de s'éloigner des personnes qui s'adonnent au Plaisir : ceci est marqué par un rejet au début du premier tercet. III) Le passé avant la mort 1. Le passé Le premier tercet fait allusion au passé de Baudelaire : personnification des années. Le champ lexical est celui de la vieillesse et du mauvais goût. Certains adjectifs sont là pour rappeler à Baudelaire qu'il a fait son temps dans ce Monde. Mise en valeur du regret (vers 11) : métaphore "du plus profond des eaux" pour parler de l'esprit de Baudelaire. Non seulement il resurgit mais il lui sourit. Le regret pourrait donc être le Spleen fier de l'avoir emporté sur Baudelaire. Les allitérations en [r] (vers 11) montrent la dureté du Spleen et du mal qu'il lui cause. 2. Son voyage vers la mort Champ lexical de la mort amorcé dès le vers 9. Rappel de la correspondance au vers 13 entre la nuit et la mort. Baudelaire souhaite que ce moment soit solennel et il fait savoir en imposant une lenteur perceptible : les verbes "s'endormir, traînant" y contribuent. Accentuation de cette solennité avec les alexandrins binaires et la diérèse sur Orient. Les allitérations en [l] provoquent une sonorité douce et entraînante.

Conclusion : Baudelaire a choisi d'évoquer son angoisse, sa souffrance, sur un mode bien différent des poèmes consacrés au Spleen. La solitude et la vieillesse, avec son cortège de souvenirs pathétiques en elles-mêmes, sont ici adoucies, transfigurées par le pouvoir libérateur du crépuscule et du souvenir. Loin d'accentuer la douleur, ces souvenirs et ces sensations l'apaisent.

Liens utiles