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beau (philosophie) - philosophie.

Publié le 08/05/2013

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beau (philosophie) - philosophie. 1 PRÉSENTATION beau (philosophie), (du latin bellus, « joli «, « charmant «, « agréable «), en philosophie, concept désignant ce qui éveille une émotion esthétique (dépendante du goût), ce qui procure un plaisir admiratif et désintéressé. Que Hésiode ait lui-même qualifié Pandore de kalon kakon (« beau mal «) souligne l'extrême versatilité de cette notion. Normatif ou catégorique, applicable aux objets naturels comme aux produits artificiels, la philosophie n'a pu réquisitionner ce concept qu'au prix de sa réduction esthétique (sensible), éthique (bien) et aléthique (vrai). 2 DU BEAU ET DU BIEN Du point de vue esthétique, le beau se rapporte plutôt aux arts plastiques (architecture, peinture et sculpture), c'est-à-dire au sens de la vue (pour autant que la vue est un contact à distance et le toucher une perception sans recul). Cette détermination optique à laquelle la notion de plaisir est attachée remonte au moins à Platon, comme l'atteste l'Hippias majeur (Du Beau), sans doute le premier traité d'esthétique qui nous soit parvenu. D'emblée, à l'encontre même de la langue grecque qui identifie volontiers le beau et le bien (kalonkagathon), Platon subsume -- dans le Banquet notamment -- le premier au second terme, quoiqu'il admette que les beautés corporelles sont susceptibles, successivement et par ordre croissant de généralité, d'inspirer de belles occupations (citoyen), de belles lois (politique), puis de belles sciences (discours) ; à moins que ce beau sensible n'éveille ici-bas le souvenir de la beauté essentielle qu'il nous fut donné de contempler lorsque nous faisions encore partie du cortège des âmes ailées emportées dans le cycle de l'âme universelle, comme le suggère plus tard le mythe du Philèbe. Quoi qu'il en soit, ce beau n'est pas encore celui de la science par excellence ; seule, celle-ci permettrait de contempler le beau en soi, dépouillé « de chairs et de couleurs humaines «, car inengendré, suprasensible et intemporel. Dans le Philèbe, en particulier, le beau est identifié à la proportion qui est le degré intermédiaire entre la mesure (ou la modération) et la sagesse. Car, par rapport aux beautés empiriques, fussent-elles exemplaires, formées par assemblage fortuit et donc périssable, le véritable beau est réglé sur les proportions constitutives du bon mélange (essence). À ce titre, il n'est qu'une modalité du bien absolu dont la beauté ne dépend, ni des sens, ni de l'intelligibilité sophistique. La splendeur du vrai se situe par delà le plaisir et la douleur, car elle est unilatéralement intrinsèque à son Idée. 3 LES ARTISTES ET LE BEAU Bien que Platon ait tenu en piètre estime les artistes, et partant, les productions matérielles qui en procèdent, le beau va poursuivre une carrière théorique, bon an mal an, grâce notamment à Cicéron qui opère un véritable « renversement des conceptions platoniciennes « (Erwin Panofsky). La considération croissante dont jouissent les artistes aux époques hellénistique puis romaine, en autorisant la promotion de la peinture au titre d'art libéral, contribue également à l'autonomie de l'art, qu'on ne réduit plus au seul jeu sur les apparences ou à de « l'idôlatrie «. L'attestent les Ennéades de Plotin qui, en distinguant conception et réalisation, reconnaît une réalité à l'art dans la mesure où l'artiste soumet la matière à la forme (ou à l'esprit). En ce sens, celui-ci n'imite pas un objet quelconque en produisant sa ressemblance extrinsèque, mais s'identifie à la force universelle de l'Un -- celle « qui est dans toutes choses sans en être aucune « -- en la reproduisant intrinsèquement, dans une oeuvre qui la donne seulement à entrevoir ; autrement dit, l'Un n'est susceptible d'être vu qu'en transparence ou voilé, car l'oeuvre issue de la main humaine n'est jamais que l'expression extérieure -- donc inférieure -- d'une réalité intérieure supérieure. 4 L'EXPÉRIENCE ESTHÉTIQUE Depuis Platon jusqu'au XVIIIe siècle, le beau a donc été le concept le plus important de l'esthétique. Or, s'il ne « peut y avoir aucune règle objective du goût, qui déterminerait par concepts ce qui est beau «, on comprend que, de science du beau qu'elle était, l'esthétique soit devenue, et demeurée depuis Kant, une théorie de l'expérience esthétique. Le concept est donc tombé en désuétude car « la beauté en dehors de [la] relation avec le sentiment du sujet, n'est plus rien pour elle-même «. En effet, pour le philosophe critique, la première faculté requise par toute connaissance est la sensibilité ; or, il y a deux formes de connaissances possibles, lesquelles dépendent de deux types de jugements : le jugement logique ou déterminant (dont la fin est la connaissance objective) et le jugement esthétique ou réfléchissant, dont relève précisément le jugement de goût ; le premier se rapporte aux objets par concepts ; le second, privé de concept, « ne désigne rien dans l'objet « sinon une finalité sans fin, c'est-à-dire la simple possibilité ou re-présentation d'un objet en général ; cette dernière doit satisfaire à trois conditions pour donner lieu à un jugement de goût : être dépourvue de tout intérêt (de toute fonction ou résultat théorique ou pratique), ne dépendre d'aucun concept (du beau, entre autres) et ne viser aucune fin (normative ou idéale). C'est pourquoi une simple fleur (naturelle) correspond mieux au jugement esthétique qu'une oeuvre (artistique) car, dans cette dernière, l'esthétique comme Idée conditionne l'oeuvre et induit un plaisir intellectuel alors que dans le premier cas, c'est l'inverse : le plaisir est l'occasion de l'Idée comme sentiment désintéressé, c'est-à-dire « libre jeu des facultés représentatives «. Du coup, la préséance du sujet sur l'objet (du beau) comme du sentiment (esthétique) sur l'artistique est affirmée ; en ce sens, les oeuvres des grands artistes ne dérogent pas à cette règle, car les « génies « sont identifiés par Kant à la spontanéité de la nature : de qualité autrefois appliquée aux objets, le beau n'est plus depuis lors qu'un attribut du sujet réfléchissant. Si « l'art reste pour nous, quant à sa suprême destination, une chose du passé « selon Hegel, si, pour Nietzsche, « l'homme n'est plus artiste, il est lui-même oeuvre d'art « et enfin, « si l'art est encore, ou s'il n'est plus « reste une question ouverte pour et par Heidegger, alors c'est, sinon l'intelligibilité, du moins le sens même du beau qui fait aujourd'hui problème. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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