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Beckett- Fin de Partie

Publié le 17/04/2011

Extrait du document

beckett

 

Samuel Beckett, 1957 – Fin de partie

 

Contexte:

Auteur contemporain, théatre de l'absurde, auteur irlandais. Joyce à Dublin a été son collaborateur.

Beckett était francophile, il choisit le français comme langue d'écriture.

1957: Peu de temps après la seconde guerre mondiale, 10 ans après les révélations de la guerre. Faillite des valeurs humaines pour un crime contre l'humanité. On ne peut plus écrire, création de nouvelles formes d'art, nouvelles formes d'expressions.

Samuel Beckett:

est né en 1906 et mort en 1989. Il est irlandais. La musique est importante pour lui. Il subit les guerres de religions, protestante et catholiques. Parrallelement il reçoit une éducation très religieuse, il connait bien la Bible, famille aisée de Dublin, éducation très strict. Opposition avec sa mère, la plus rigide, très proche de son père.

C'est un spécialiste de Proust, enfant précoce, il tombe dans l’alcoolisme, il écrit des romans très noirs. Il devient prof, mais n'aime pas cela. En 1933 son père décède, dur coup à encaisser. Il se marie plus tard avec Suzanne, et ils rentrent en résistance, en faisant du renseignement, ils fuient chez Natalie Sarrault, ils restent cachés longtemps.

Années 45-50, En attendant Godot, publié par Lindon.

1954, mort de son frère, Beckett l'accompagne dans son agonie, il écrit « l'idée du bonheur n'a aucun sens pour moi, tout ce que je veux c'est être dans le silence

 

Analyse:

Les didascalies:

La didascalie initiale:

Inflation de précisions sur l'espace scénique, grisâtre, sale, vieux et vide.

Personnages immobiles et qui font partis du décors. Silence

Décors sombre, tragique. Contradiction avec Clov en Clown (maquillage) « teint très rouge »

Clov semble être un automate, avec mécanisme à la Bergson « le rire c'est de la mécanique plaquée sur du vivant ». Clov rit lui même, il parait stupide.

Cette pièce commence par un tableau qui s'anime lui même: mécanique= pantomime.

Il ouvre les rideaux, le spectacle peut commencer.

Mise en scène initiale: personnages qui ne bougent pas, ne parlent pas, pas de décors particulier, on ne rentre pas vraiment dans un monde. Beaucoup de mise en bouche agaçante, répétitive par les déplacements de Clov.

Spectateur frustré en attente, il se pose des questions.

  • Les didascalies annoncent tous les déplacements de Clov,

elles précisent également les intonations des voix des personnages: «  voix blanche », la qualité de la voix: « Plus fort », l'émotion: « excédé »

  • Les didascalies aide le spectateur qui en sait alors plus que Hamm sur les déplacements, gestes de Clov. Notamment lorsque Clov ment à Hamm (pour le chien par exemple). Coté dramatique augmentée.

  • « Un temps », signifie, comme un vide à comblé, la crise du langage, ils ne savent pas quoi se dire, une peine à trouver un véritable intérêt au dialogue. « un temps » peu aussi être remplacé par « ayant réfléchi », p 23, surtout quand il s'agit de Clov.

  • Les actions répétitives données par les didascalies, doivent faire ressentir aux spectateurs l'ennui des personnages, qui peut aussi avoir un effet sur les personnages.

 

Le rapport au titre: Fin de partie:

la fin: peut être représentation du début, un cercle infini, ou alors la répétition du théatre.

La mort, la fin de la vie, fin de la représentation théâtrale, pessimisme croissant.

Le jeu, fin d'un jeu, fin d'une lutte, d'une bataille.

Début de la fin, coté paradoxale. Déjà aussi mise en abyme du théâtre avec la partie à jouer, effet miroir, jeu sur le jeu.

La pièce commence en plus part: « Fini, c'est fini, ça va finir, ça va peut être finir »

Faire rentrer la théatralité, échiquier avec Hamm comme roi. La fin du monde, silence..

 

Relations des personnages:

Clov et Hamm:

Relation de dépendance, d'alliénation.

Problème de communication, Hamm siffle Clov, comme si la parole ne servait qu'à échanger.

Leur dialogue est bref, incompréhension massive. « Tu n'en as pas assez ? » « Si. (un temps) De quoi? »

Réponse mécanique, question rhétorique, routine, ennui.

Dépendance: Clov donne vi au personnage de Hamm. Mais H. relation de pouvoir sur Clov, il est content de l'avoir fait souffrir. Hamm= le marteau (Hammer) et Clov=le clou.

Le Cabotinage: rapport de force; « Pardon, je t'ai di pardon », oblige Clov à lui donner la réplique.

Clov est les jambes et les bras de Hamm, mais il est aussi ses yeux. Hamm s'inquiète pour les membres de Clov. Paradoxalement, il lui dit aussi, qu'un jour ces membres perdront la vie.

Evolution de la relation Clov et Hamm: Plus de haine que d'amour, relations familiales inversés, Clov est plus le père qui s'occupe de Hamm, Hamm à la responsabilité de son père. Cruauté des rapports.

Hamm s'amuse de la stupidité de Clov.

«  C'est moi qui t'es servi de père ».

Clov veut partir, désir profond :« Bon, ça ne finira donc jamais, je ne partirai donc jamais. » (p. 106). Pourtant à la fin, évolution des personnages, Clov à fait sa valise et s'en va, il ne répond plus à l'appel de Hamm.

De la même façon Hamm, n'arrive pas à mourir.

Clov est soumis à Hamm: « Tes chiens sont là », pourtant à un moment il arrive à frapper son maître avec le chien, Hamm l'encourage en lui demandant d'aller chercher la batte.

Les liens des personnages met en évidence l'absence de liberté et d'autonomie.

« Sans moi pas de père, sans Hamm pas de Home ».

Nagg et Nell:

exclus de la société, déchets de l'humanité, mais ils sont les lumières de la pièce par leur relation d'amour. Deux seules personnes à vouloir encore se donner du plaisir.

Registre élégiaque entre les deux personnages, plainte liée a un souvenir heureux.

Hamm se prend pour le grand. «  vous n'allez donc jamais finir, ça ne va donc jamais finir », ils sont assimilés à des choses.

Nostalgie de leur passé, absurdité de la vie, qui amène à en rire. Nagg n'a toujours pas renoncé à la bagatelle, « embrasse ».

En contrepoint ils sont dans des poubelles.

La famille:

Ils forment à quatre une famille, dépendants de Clov, fils adoptif. Dégradation des liens familiales. «  Famille je vous haie » Gide.

 

Le temps

-Un silence assourdissant, avec « un temps ». On retrouve une métaphore du temps avec les graines de sables qui marquent un temps insaisissable « un petit tas, l'impossible tas ». Saisir le temps, c'est saisir sa propre vie. Ici ils ne peuvent plus. Il veulent un temps qui se finit.

Objets qui rappellent le temps: le réveil, l'heure du jugement dernier, humour noir avec le réveil. P 25, Nagg dit avoir perdu sa dent, il ne s'était pas rendu compte qu'il était en train de mourir.

Métaphore des graines, elles ne germeront pas; plus jamais. Arret du temps, plus de reproduction. Angoisse du temps qui passe.

Paradoxalement, Hamm a comme envie qu'elles germent: «  C'est peut être encore trop tôt ».

Les leit motiv: « ça avance », « c'est l'heure de mon calmant? »

« Pourquoi cette comédie, tous les jours? »

Pourtant le temps se régénère, avec évocation de la puce, qu'il faut exterminer tout de suite. « Hamm (très inquiet)- Mais à partir de là l'humanité pourrait se reconstituer ! ». Peur de l'avenir.

« Hier ! Qu'est ce que ça veut dire hier? »; « tu ne crois pas que ça a assez duré »?

Rien que la pièce n'est pas structurée, temps de la pièce est le temps théâtral, pas d'actes, tout s'enchaine, cela pour renforcer l'ennui, et la longueur du temps pour les spectateurs. Défi de représenter le temps sur scène ce que fait très bien Beckett.

Temps tourné en dérision, les personnages arrivent à trouver des distinctions dans la sonnerie. On se moque du temps. Absence de repères spatio-temporel.

 

Le corps

Les corps posent problème. Ils sont tous infirmes. Seul la voix reste.

Le corps impose ses besoins, « et ce pipi? ». Rire jaune, doit on rire de leurs handicaps? Déchets humains, ¾ des personnages on ne verra que leurs têtes. Pourtant « ça avance ».

Les corps souffrent, donc ils sont vivants. Clov va voir Nagg pleurer : « Il pleure donc il vit ». particulière perception des corps.

Les corps sont vieux et sales.

Un corps tragique, comique: la pantomime, les poubelles: la décomposition.

Corps martyrisé « vivre c'est mourir », femme grande absente, « tout l'univers pu le cadavre ». Le corps fou le camps mais l'esprit reste, encore pire.

Le corps libère la parole, solitude, ennui, condition humaine, le corps devient un ennemi à abattre. Voix humaine qui s'oppose au silence de Dieu.

La faillite du désir « on ne peut pas »

 

Le comique

  • théâtre de l'absurde, jeux de mots, répétitions.

Le rire est associé au malheur. Humeur noir, ironie désespérée sur la vie avec Nagg et Nell dans les poubelles par exemple.

Refus de l'émotion, la condition humaine nous fait rire, on se moque nous même d'eux par le biais de Hamm.

Hamm dit même « fini la rigolade ».

Inclure la parodie du théâtre.

Mise en scène d'un rire qui se pose des question sur sa nature.

La théâtralité

Jeu du théâtre du début à la fin. On peut croire que le début est la fin, qu'on assiste à une répétition de la pièce. Mouvement circulaire, on arrête pas de jouer.

Le vide de leurs perspectives. Jeu ou les comédiens soulignent qu'ils sont en train de jouer.

Pas de Dieu, confronté à la réalité.

« à moi de jouer », « j'amorce mon dernier soliloque », « aparté con ! », « a me donner la réplique ».

Personnages qui jouent leurs vies. Hamm recourt au théâtre pour se donner un minimum d'importance.

Les personnages en appellent même à l'aide aux spectateurs, en s'adressant à eux. Clov dit du public: « une foule en délire », il se moque même de cela.

Nagg qui joue également un rôle, celui du tailleur.

On a ici, le contraire du théâtre traditionnel

Hamm à lui seul représente le théâtre, levé de rideaux, 4eme mur qui est abattu.

Le spectateur en étant interpelé est obligé de suivre, il ne se repose pas comme Hamm, cela l'amène à se questionner, à avoir conscience qu'il se divertie, qu'il s'agit bel et bien du théâtre.

 

Les objets et les animaux

Le tableau retourné peut signifier le refus de l'art et de la vie. Il va être en plus remplacé par un réveil qui signifie le temps, on préfère regarder le temps en face, plutôt que la vie, monde retourné comme les personnages, on ne peut plus peindre après Auschwitz. Il dénonce surement les convention du théâtre, du beau.

Objets détournés de leurs fonctions initiale, sens réinventé, qui deviennent des objets de tous les jours.

Le réveil: symbolique, attente de la mort

L'escabeau et la lunette: le désir de la sortie

Le radeau: métaphore du radeau de la méduse, aussi au déluge de la bible avec Noe. Étouffement des personnages. Mais viennent rythmer la vie des personnages.

Ces Objets remplacent l'intrigue, ils comblent le vide

Le fauteuil roulant, la gaffe ou encore le mouchoir, sont ici pour rappeler la terrible condition humaine.

On a aussi des objets qui ne sont pas montrer mais qui sont lieu de conversation; tout la nourriture, qui disparait au long de la pièce « il n'y a plus de bouillie ».

 

Les animaux: le rat: définition du dernier survivant, fin du monde. La puce, elle est une vermine, porteuse de maladie.

Le chien, est lui aussi handicapé, c'est un animal désexualisé, mort de la reproduction, de la vie, peluche enfantine, ici recherche d'affection pour Hamm.

 

L'espace

Lieu définissable, scène minimaliste, sombre petite et vide. Tout ça pour montrer un enfermement des personnages, endroit dépouillé et stérile.

Endroit qui est un refuge, un radeau, le « home » de Hamm. Allusion au déluge.

Échiquier, Hamm est le roi, Clov le fou qui circule en diagonal. Nagg et Nell sont juste des pions. Une partie se joue.

Le Hors scène, très présent. La cuisine lieu de liberté pour Clov, lieu symbolique de l'esclave, du serviteur, mais il ne ramène jamais rien d'important.

Le dehors, l'au delà « l'autre enfer ». Nature dénaturée, la mer envahie même le fanal. Espace de cataclysme. Espace entre vite et mort.

L'ailleurs, tout ce que raconte les personnages, dans leurs histoires. Espaces perdu, qu'ils ne retrouveront jamais: nostalgie.

Espace théâtral.

Espace scénique tellement sombre, qu'on s'intéresse plus à l'espace imaginaire.

 

Les histoires racontées

Histoire de Nagg, le tailleur:

« ah hier », dénonce Nell ironiquement, par le recours au passé.

L'histoire de Nagg, raconte l'histoire d'un tailleur, l'artisan est donc lui aussi un artiste, on met en place la patience. Evocation de Dieu, «Mais regarder le monde Monsieur, et regardez mon pantalon !». La divinité est absente, chaque homme est dépendant de lui même à présent.

Nagg la raconte de plus en plus mal, il ne reste à présent plus que le malheur, Nell l'a bien compris, elle n'essaye même plus de se divertir.

On assiste à une véritable mise en abyme du théâtre, avec Nagg qui prend la voie du tailleur.

L'histoire rappelle véritablement un report de la fin, ce qui renvoi bien à la pièce Fin de partie.

 

Histoire de Hamm:

Hamm l'appelle son histoire, il y fait allusion trois fois dans la pièce, on a ici encore un report de la monotonie, son roman lui permet de déjouer la routine.

Ambiguïté de l'histoire, les saisons se ne sont jamais les mêmes, qui est sûrement à l'image des personnages.

Mise en scène de la vérité par Hamm, il invente un conte de Noël, avec Jesus, qui fait naître Clov.

Hamm se sert de se roman pour montrer sa bonne personne: bon, fortuné. Il essaye de maintenir Clov à l'écoute. Il montre qu'il n'a rien à faire de l'enfant.

Fausse comédie, c'est également l'histoire de Clov, comment il a été recueilli, Hamm attend de Clov une reconnaissance de l'avoir accueilli.

Appel à Dieu, qui répond par le silence, la paternité semble maudite.

Idée du pardon de Hamm, cette histoire semble être un passe temps, dérision de la création.

Homme seul, solitude, pathétique.

Exister les uns par rapport aux autres, création maudite. « maudit fornicateur ».

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